Sécurité internationale Flashcards

1
Q

Barry Buzan et Lene Hansen 2009 (The Key Questions in International Security Studies: The State, Politics, and Epistemology)

A

Il est impossible de comprendre la façon dont les débats en sécurité internationale ont évolué sans bien comprendre l’objet de référence qu’est l’État. Quatre questions structurent le champ : l’État comme objet de référent, la division interne/externe, la restriction aux menaces militaires, et les politiques d’exception. Il y a deux transformations historiques importantes dans la formation de l’État moderne : (1) Un système d’État médiéval vers un modèle territoriale moderne. (2) Une forme monarchique de gouvernement vers un gouvernement national et populaire. Ce texte explore aussi la tension entre les concepts de rationalité et d’exception dans le domaine de la sécurité internationale. Il met en évidence comment les approches traditionnelles en ESI adoptent des hypothèses de rationalité tout en reconnaissant que la sécurité peut impliquer des décisions exceptionnelles prises sous pression et sans informations parfaites. Finalement, il souligne que la compréhension de la sécurité dépend de la manière dont elle est étudiée et des approches épistémologiques adoptées (objective, subjective, linguistique).

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2
Q

Michael C. Williams 2010 (The Public, The Private, and the Evolution of Security Studies)

A

L’auteur souligne l’importance cruciale de la distinction entre le public et le privé dans le domaine de la sécurité, mettant en évidence son rôle historiquement construit, lié à des intérêts sociaux et des relations de pouvoir. Cette distinction a eu un impact profond sur la conception politique et pratique de la sécurité, notamment dans le contexte de l’État moderne. L’article explore comment cette division a évolué dans les études sur la sécurité, remettant en question la prédominance de l’État dans ce domaine. Il identifie quatre implications majeures de l’examen de la dimension public/privé : la façon dont cette distinction affecte la définition et la théorisation de la sécurité, l’émergence de la police comme acteur important dans la sécurité internationale, la relation entre la violence et l’ordre politique, et la montée des acteurs privés dans le domaine de la sécurité. En fin de compte, l’article souligne que la frontière entre le public et le privé reste pertinente pour comprendre les dynamiques actuelles de la sécurité internationale et les nouveaux défis qui se posent.

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3
Q

Peter Burgess 2014 (The Future of Security Research in the Social Sciences and Humanities)

A

Le paysage de la recherche en sécurité en Europe est en pleine mutation, avec un changement dans la nature et les causes de l’insécurité au cours des deux dernières décennies. La sécurité est désormais perçue comme un enjeu sociétal complexe, avec des dimensions culturelles, sociales, politiques et historiques cruciales. Les débats actuels opposent souvent la recherche technologique axée sur l’industrie à une approche sociétale de la sécurité, créant des désaccords significatifs. La notion de sécurité a évolué d’une vision nationale pendant la Guerre froide à une perspective thématique et multiniveaux, mettant l’accent sur la gestion plutôt que l’élimination des menaces. De plus, la sécurité est devenue une question de gouvernance et d’éthique, impliquant une responsabilité sociale. Les domaines de recherche en sécurité ont élargi leurs horizons au-delà des relations internationales traditionnelles, intégrant des disciplines telles que la psychologie et la sociologie. Le futur de la recherche en sécurité nécessite une évolution conceptuelle pour tenir compte des nouveaux enjeux, des menaces émergentes et des pratiques contemporaines, telles que la surveillance, la gestion urbaine et la privatisation.

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4
Q

Olaf Corry 2014 (From Defense to Resilience: Environmental Security beyond Neo-liberalism)

A

Cet article se penche sur l’évolution des concepts de sécurité et de défense, mettant en lumière la montée en importance du concept de résilience. Il avance que, depuis que la sécurité est devenue un élément clé dans les États-Unis dans les années 1940, la défense a été au centre des pratiques de sécurité stato-centrées. Cependant, il affirme que la défense est de moins en moins adaptée pour faire face aux menaces contemporaines qui sont diffuses et souvent non militaires. Dans ce contexte, la résilience est présentée comme une alternative à la défense. Contrairement à la défense, la résilience ne se concentre pas sur des scénarios spécifiques de menaces, mais elle vise plutôt à développer des capacités ouvertes pour faire face à diverses situations.

L’article explore également les origines du concept de résilience, qui trouve ses racines dans des domaines tels que la psychologie et l’économie, où il désigne la capacité d’une entité ou d’un système à résister aux chocs, à s’adapter, à apprendre, à évoluer ou à atteindre un nouvel équilibre tout en maintenant ses fonctions de base. Ce concept a récemment gagné en importance dans le discours politique, en particulier en ce qui concerne la sécurité nationale et les questions environnementales.

L’auteur reconnaît que la résilience a souvent été critiquée en tant que concept intrinsèquement lié au néolibéralisme, mais il plaide en faveur d’une perspective plus nuancée. Il soutient que la résilience peut être utilisée dans des contextes de gouvernance qui contestent directement le néolibéralisme. Par exemple, le texte mentionne le Centre de Résilience de Stockholm, qui utilise le concept de résilience pour argumenter en faveur d’une régulation des activités économiques mondiales dans le respect de neuf “limites planétaires”, y compris la biodiversité, le changement climatique et d’autres questions environnementales.

Enfin, l’article examine les implications de remplacer la défense par la résilience. Il met en avant trois points clés : la résilience est axée sur le long terme, l’adaptabilité et la réflexivité par rapport à la défense, qui est souvent associée à la préservation du statu quo ; la résilience encourage l’apprentissage et l’amélioration des systèmes, tandis que la défense vise principalement à la préservation ; enfin, la résilience évite la logique du “nous contre eux” qui est souvent associée à la défense, en reconnaissant que les menaces peuvent émaner de sources variées, y compris la nature. En résumé, l’article met en avant la résilience en tant que concept clé dans l’élaboration de nouvelles approches de sécurité, tout en soulignant sa complexité et son potentiel pour des gouvernances diverses, au-delà du néolibéralisme.

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5
Q

Michael Williams et Rita Amrahamsen 2009 (Security Beyond the State: Global Security Assemblages in International Politics)

A

Cet article examine la privatisation de la sécurité au-delà des soldats privés, mettant en lumière l’expansion des activités commerciales de sécurité privée, de la sécurité physique aux domaines de l’analyse des risques et de la surveillance. La privatisation de la sécurité, observée à l’échelle mondiale, représente une transformation significative dans la gouvernance de la sécurité globale, marquant un passage du concept de police à celui de maintien de l’ordre. Cette évolution est profondément liée à la montée du néolibéralisme, favorisant une approche de gouvernance en réseau, où l’État n’est plus le seul fournisseur de sécurité. Elle est également influencée par un changement dans la compréhension dominante de la criminalité, basée sur des approches économiques et calculatoires. La sécurité privée devient un acteur clé dans la reconfiguration des relations entre public et privé, ainsi qu’entre local et global, créant des assemblages de sécurité globale complexes et interconnectés. Émergence « d’assemblages de sécurité » où la sécurité est séparée du monopole de l’État, où l’État devient un nodule dans un réseau de pouvoir et d’activités allant au-delà du territoire national. C’est indicatif d’une transformation dans l’exercice du pouvoir public et privé. Cas Sierra Leone : Création d’une structure hybride publique/privée. Il n’y a pas de relations hiérarchiques claires, où le pouvoir et l’autorité sont évidents. Les deux sont négociés et mis en œuvre avec ceux du privé et leurs clients.  Ce n’est pas un exemple de privé qui soutien « un État de l’ombre », c’est plutôt existence d’assemblage global. Le public garde un rôle en mettant un cadre légal et intégrant le public dans les structures privées. Il est clair que le cadre public est influencé par l’international et que le gouvernement voit la sécurité privée comme une façon d’asseoir sa légitimité avec des investissements étrangers. C’est un réseau complexe public/privé et global/local.

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6
Q

Anna Leander 2005 (The Power to Construct International Security: On the Significance of Private Military Companies)

A

Cet article examine le pouvoir des sociétés militaires privées (SMP) dans le façonnement des politiques de sécurité. Il argumente que le pouvoir des SMP ne doit pas être sous-estimé, car ils ont une influence significative sur la manière dont les questions de sécurité sont formulées et sur la compréhension même de ce qu’est la sécurité. Les auteurs proposent trois dimensions du pouvoir des SMP : le pouvoir de façonner l’agenda de sécurité en déterminant quels enjeux sont sécurisés, le pouvoir épistémique en influençant les discours de sécurité par la collecte et l’analyse d’informations, et le pouvoir structurel en contribuant à la création d’un champ d’expertise militaire et technique. Cette influence des SMP a tendance à dépolitiser la sécurité en la replaçant dans le domaine privé et militaire, érodant ainsi le pouvoir civil de l’État et de la société civile. En résumé, le pouvoir des SMP réside dans leur capacité à façonner la compréhension de la sécurité et les discours qui l’entourent, ce qui a des implications significatives pour les politiques de sécurité.

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7
Q

Cyril Magnon-Pujo 2013 (Des mercenaires aux compagnies de sécurité privée : Construction et pratiques de légitimation de la violence privée commerciale dans le système international)

A

Les compagnies de sécurité privée travaillent à légitimer leurs activités depuis le début des années 2000, cherchant à obtenir une acceptation au-delà de la reconnaissance gouvernementale. Ce processus de légitimation est décrit comme en cours et non linéaire, impliquant des actions plutôt que simplement de la rhétorique. L’auteur analyse les pratiques des compagnies de sécurité privée et leurs efforts pour établir une norme professionnelle qui définit leur rôle légitime, malgré la perception publique que l’usage de la force est un monopole de l’État. Ces entreprises se différencient des mercenaires et cherchent à légitimer leur intervention dans des domaines traditionnellement sous le contrôle de l’État. L’émergence de cette norme professionnelle reflète leur désir de regagner de la légitimité dans un domaine qui a été discrédité. Cependant, l’industrie de la sécurité privée s’appuie sur l’autorité de l’État pour valider leur norme, en mettant l’accent sur le monopole de l’État en matière de force physique légitime. La validation de l’État est considérée comme cruciale pour légitimer l’usage privé et externe de la force. En fin de compte, l’État est l’autorité suprême qui valide la légitimité construite par les compagnies de sécurité privée, qui prétendent être non offensives, non autonomes, contrôlées et non controversées.

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8
Q

Nicole Sunday Grove 2019 (Weapons of Mass Participation: Social Media, Violence Entrepreneurs and the Politics of Crowfunding for War)

A

L’auteur de cet article avance deux arguments essentiels. Tout d’abord, il souligne que les combattants engagés contre des groupes comme Daesh se distinguent des acteurs traditionnels de la sécurité privée, car leur motivation réside davantage dans la recherche d’une expérience violente, voire dans le plaisir de la violence, que dans la simple poursuite d’objectifs financiers ou professionnels. Ces combattants sont ainsi qualifiés d’“entrepreneurs de la violence,” remettant en question les conceptions habituelles de la sécurité privée. Deuxièmement, l’auteur met en lumière l’importance des plateformes en ligne de financement participatif dans la distribution de fonds pour ces combattants et leurs opérations auto-organisées, ce qui crée des formes hyper-médiatisées de patronage. Cela a pour effet de brouiller les distinctions entre civils et combattants, donnant aux donateurs individuels un rôle à la fois de producteurs et de consommateurs de sécurité, tout en remodelant les structures nationales et les modèles organisationnels conventionnels liés à la guerre. Dans l’ensemble, l’auteur explore comment les entrepreneurs de la violence émergent en marge des institutions étatiques, remodelant ainsi la politique et la souveraineté dans un contexte de guerre décentralisée et d’innovation violente. Ce qui rend ces entrepreneurs de violence politique au sens de Schmitt, c’est qu’ils tentent d’éliminer la vie d’un autre. Cela requiert une décision de nous contre eux, ami et ennemi. La décision souveraine vient hors du cadre de l’État, soit dans l’assemblage complexe et imaginée de communautés de financement en réseau, ou pas la singularité d’un homme armé.

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9
Q

Jack S. Levy et William R. Thompson 2010 (Causes of War)

A

Ce livre parle des guerres civiles et des guerres entre États. Les guerres entre États sont plus rares, mais possibles et caractère destructeur sans équivalences. Ce livre se veut une étude de certaines des théories les plus influentes sur les causes de la guerre. Pour les auteurs, la guerre est « sustained, coordinated violence between political organizations ». Le livre procède par niveaux d’analyses pour rendre compte du monde. On diffère entre théories qui mettent l’accent sur le système, l’État et la société, mais aussi les niveaux d’analyse de prise de décision, soit niveaux individuels et organisationnels. Les auteurs ajoutent un autre niveau, soit l’interaction entre les États.

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10
Q

Dominique Linhardt et Cédric Moreau de Beillaing 2014 (Ni Guerre ni paix : Dislocations de l’ordre politique et décantonnements de la guerre)

A

Le texte introduit la notion d’une sociologie des formes politiques instables, en se penchant sur les contextes situés entre la guerre et la paix. Il souligne l’importance d’observer les phénomènes de transformation et de réadaptation de la guerre, au-delà des “nouvelles guerres”, à travers des actions et dispositifs guidés par une rationalité guerrière coexistant avec une relative stabilité politique et sociale. Le texte évoque également le défi que pose la thèse des “nouvelles guerres” en mettant en lumière la transformation des violences armées et l’évolution des rapports entre la guerre et les États. Il insiste sur le caractère spatial et temporel changeant de ces conflits, marqués par des frontières moins définies et une fluidité entre guerre et paix, ce qui rend difficile la distinction nette entre ces deux états. Enfin, le texte encourage une approche graduelle pour comprendre comment la guerre et la paix coexistent et évoluent, en mettant en lumière l’importance des revendications de droits subjectifs et des dynamiques liées à l’exercice de la violence collective dans ces contextes.

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11
Q

Tarak Barkawi 2016 (Decolonising War)

A

Ce texte critique le concept eurocentrique de la guerre dans les enquêtes sociales et politiques, en mettant en lumière comment la guerre est principalement imaginée en termes provinciaux, se concentrant sur les grandes guerres de l’Occident. L’auteur plaide pour la décolonisation du concept de guerre afin de le libérer de cette pensée eurocentrique. Il remet en question la distinction entre guerre et paix, soulignant que la guerre est souvent une dimension ordinaire de la politique. L’auteur suggère un schéma alternatif de bataille/répression pour réfléchir à la violence et à la menace de la force dans la société. De plus, l’auteur remet en question l’idée d’État-nation souverain en tant que modèle dominant de la guerre, soulignant que les relations militaires impériales et transnationales ont façonné la politique mondiale. Le texte met en évidence l’importance des petites guerres et des relations impériales pour une compréhension globale de la guerre. Enfin, il encourage une réévaluation de la relation entre la force, la politique et d’autres processus sociaux et historiques, tout en mettant en garde contre les suppositions eurocentriques dans l’étude de la guerre et de la politique mondiale. En résumé, l’article met en évidence la nécessité de dépasser le concept binaire de guerre/paix pour comprendre pleinement l’interaction complexe de la guerre avec la société.

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12
Q

Swati Parashar 2013 (What Wars and ‘War Bodies” Know About IR)

A

Tente de comprendre la guerre non pas comme un élément des relations inter/intraétatiques, mais comme une institution socioculturelle et transhistorique qui a un impact sur la vie « quotidienne » des hommes, des femmes et des enfants. Dans cet article, l’auteur soutient que la guerre n’est pas une perturbation du « quotidien », une abstraction qui a un début et une fin définis, quelque chose dans lequel nous entrons et sortons. Au contraire, elle peut être saisie dans les expériences quotidiennes et banales vécues par les gens et dans les émotions puissantes qui constituent le « soi », la communauté et « l’autre ». En s’appuyant sur des recherches sur les guerres en Asie du Sud, il réfléchit en particulier à la manière dont la guerre façonne le banal et le fervent et dont les récits culturels et politiques des « corps de guerre » mettent en scène l’« international » de diverses manières. Il souhaite surtout attirer l’attention sur la façon dont les relations internationales, en tant que discipline universitaire, sont si profondément engagées dans la guerre et semblent pourtant avoir une relation distante avec elle.

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13
Q

Emmanuel Adler et Michael Barnett 1998 (Security Communities)

A

Le texte se compose de deux chapitres qui examinent la notion de communautés de sécurité en relations internationales. Il fait référence au concept de “communauté de sécurité” de Karl Deutsch, qui souligne la possibilité de la paix stable au sein de communautés politiques internationales. Le premier chapitre explore les origines du concept et son importance pour repenser la sécurité internationale, en mettant l’accent sur les interactions sociales, les dynamiques de pouvoir, les idées et les normes qui sous-tendent la formation de ces communautés. Le deuxième chapitre propose un cadre analytique en trois parties pour étudier le développement des communautés de sécurité, en mettant en lumière les facteurs déclencheurs, les éléments structurels et les processus de formation de la confiance et de l’identité collective au sein de ces communautés. Les auteurs soulignent l’importance de la compréhension des phases du développement des communautés de sécurité, tout en notant qu’elles peuvent être sujettes à la désintégration, en particulier après des crises ou des changements dans l’ordre mondial. Il explique le développement des communautés de sécurité en trois phases.

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14
Q

Jennifer Mitzen 2016 (Security Communities and the Unthinkabilities of War)

A

L’auteur examine la notion d’impensabilité de la guerre dans le contexte des relations internationales. Il soutient que cette impensabilité peut avoir des dimensions distinctes : la disponibilité (cognition) et l’acceptabilité (normes sociales et affect). Il propose une typologie 2x2 pour explorer quatre types d’impensabilité de la guerre : (1) Guerre disponible et acceptable : Dans ce cas, la guerre est une option politique ouvertement discutée et socialement acceptable. Cela correspond à une absence de communauté de sécurité. (2) Guerre indisponible mais acceptable : La guerre est rendue indisponible en tant qu’option politique grâce à des pratiques de résolution non violente des conflits institutionnalisées. Les membres de la communauté de sécurité la considèrent également comme inacceptable. (3) Guerre disponible mais inacceptable : La guerre est une option politique disponible, mais elle est devenue socialement inacceptable et taboue au sein d’un groupe d’États. Cela peut impliquer une stigmatisation ou une expulsion active de la guerre. (4) Guerre indisponible et inacceptable : Dans ce scénario, la guerre est à la fois indisponible en tant qu’option politique et inacceptable en raison de la répression émotionnelle, de la honte, ou du traumatisme associé à son souvenir. Cette impensabilité peut rendre la guerre plus probable car elle empêche la confrontation avec les implications de la violence. L’auteur remet en question l’idée que l’impensabilité de la guerre toujours positivement associée à la paix, suggérant que certains types d’impensabilité peuvent en réalité augmenter la probabilité de la guerre. Cette analyse offre un cadre pour explorer comment différentes formes d’impensabilité de la guerre peuvent influencer la politique internationale et les relations entre États.

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15
Q

Vincent Pouliot 2017 (La logique du praticable : une théorie de la pratique des communautés de sécurité)

A

Cet article soutient qu’une grande partie de ce que les gens font, en politique mondiale comme dans tout autre domaine social, n’émane pas de la délibération consciente ou d’une réflexion approfondie concernant leurs intérêts, les règles sociales ou la vérité. Les pratiques sont plutôt le résultat de savoirs non réfléchis, qui font que certaines manières de faire vont de soi ou relèvent du bon sens. On retrouve dans cette « logique du praticable », dans cette logique de la chose évidente à faire, une dimension fondamentale de la vie sociale qui est trop souvent négligée par les chercheurs. Cet article s’inscrit d’ailleurs dans une tendance plus large en faveur d’un « virage pratique » (practice turn) en théorie sociale. Pour simplifier, les théoriciens de la pratique cherchent « à faire justice à la nature pratique de l’action en rattachant les activités humaines à une strate non réfléchie ». Face à un penchant pour la connaissance réflexive qui est omniprésent en sciences sociales, la théorie de la pratique ramène les savoir-faire tacites au premier plan de l’analyse. Cet article poursuit deux principaux objectifs. (1) D’abord, il cherche à approfondir le virage pratique en théorie des RI en s’interrogeant sur les tenants et aboutissants de la logique du praticable. (2) Ensuite, l’article démontre la portée analytique de la logique du praticable au regard d’un enjeu incontournable de la politique mondiale : la paix internationale.

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16
Q

Ryerson Christie 2010 (Critical Voices and Human Security: To Endure, to Engage or to Critique?)

A

Le concept de sécurité humaine, qui a déplacé l’accent de la sécurité de l’État vers l’individu, a été adopté par une variété d’acteurs, tant du Nord que du Sud et des milieux politiques progressistes et conservateurs. Les chercheurs critiques, bien que tardivement, se sont également intéressés à ce concept. Il a été développé dans un contexte où l’ordre international libéral prévalait, mais les inégalités économiques et les conflits internes dans le Sud ont mis en évidence les limites de la sécurité traditionnelle centrée sur l’État. La sécurité humaine visait à placer l’individu au centre de la sécurité, révélant ainsi les failles de l’approche stato-centrée. Cependant, malgré son élasticité conceptuelle, il est devenu un cadre qui a renforcé le rôle de l’État en matière de sécurité et a été adopté par les gouvernements pour justifier des politiques de développement et de sécurité. Les chercheurs critiques ont abordé la sécurité humaine à travers quatre thèmes principaux, notamment l’élargissement des discours de sécurité, les analyses féministes en relations internationales, l’émancipation et le virage éthico-politique. Malgré son potentiel initial, la sécurité humaine est maintenant devenue une orthodoxie, perdant ainsi son tranchant critique, et risque même de renforcer les pratiques contre lesquelles elle était censée lutter. Il est donc nécessaire de la remettre en question et de la critiquer pour éviter de perpétuer les inégalités Nord-Sud.

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17
Q

Barry Buzan, Ole Waever, et Jaap de Wilde 1998 (Conceptual Apparatus)

A

La sécurité en RI est un concept complexe et subjectif. Elle repose sur la perception de menaces existentielles à un objet de référence, qui peut varier selon les secteurs (militaire, politique, économique, sociétal, environnemental). La “sécuritisation” est le processus par lequel un enjeu est présenté linguistiquement comme une menace existentielle, justifiant des mesures extraordinaires. Cela dépend de l’acceptation de l’audience. La sécurité peut être institutionnalisée, mais certaines pratiques sécuritaires restent en dehors du domaine public. La sécurité est intersubjective et socialement construite, dépendant de l’acceptation et du pouvoir social. Il y a trois types d’acteurs : les objets de référence (les choses menacées), les acteurs sécuritisants (ceux qui déclarent une menace), et les acteurs fonctionnels (qui influencent un secteur). La sécurité ne repose pas sur une mesure objective, mais sur des perceptions et des relations sociales.

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18
Q

Thierry Balzacq 2005 (The Three Faces of Securitization: Political Agency, Audience and Context)

A

L’article remet en question la théorie de sécurisation de l’École de Copenhague, qui considère la sécurité comme un acte de langage formel et universel, en faveur d’une approche stratégique de la sécurisation. L’auteur argue que la sécurisation doit être comprise comme une pratique pragmatique, ancrée dans des circonstances spécifiques telles que le public visé, le contexte, et l’agent de sécurisation. Contrairement à l’idée d’un acte de langage avec des règles fixes, cette approche reconnaît l’influence du contexte social, de la disposition de l’audience, et de l’agence politique de l’orateur dans la construction du discours de sécurité. En mettant l’accent sur la persuasion et l’utilisation d’artefacts discursifs, cette perspective offre une vision plus nuancée de la sécurisation en tant que pratique stratégique, dépassant les limites de la formalité linguistique pour inclure des éléments contextuels et politiques essentiels.

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19
Q

Jef Huysmans 1998 (Security! What do you Mean? From Concept to Thick Signifier)

A

L’article examine l’évolution des études de sécurité dans les années 1980 et 1990, marquée par un élargissement de la notion de sécurité au-delà des aspects militaires. Les auteurs remettent en question l’approche qui se concentre sur la définition conceptuelle de la sécurité et proposent plutôt de la considérer comme un “signifiant épais” dont le sens est construit dans le contexte. Cette perspective met l’accent sur la manière dont le langage de la sécurité façonne les relations sociales et crée une réalité. Ils distinguent la sécurité quotidienne (liée aux menaces concrètes) de la sécurité ontologique (qui concerne l’ordre et la stabilité de la société). L’article souligne que la sécurité n’est pas simplement une description des menaces, mais qu’elle influe sur la manière dont les sociétés se structurent et gèrent l’incertitude. Il encourage une réflexion approfondie sur la signification de la sécurité et son rôle dans la politique internationale.

20
Q

Deborah Cowen 2014 (From National Borders to Global Seams : The Rise of Supply Chain Security)

A

Le chapitre explore comment les États nationaux, les organes de gouvernance supranationales, les entreprises transnationales et les détaillants ont travaillé ensemble pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement et rendre les systèmes logistiques sans faille. Cela a entraîné des changements majeurs dans les relations entre sécurité, espace et économie. L’accent croissant sur la logistique mondiale a élargi l’échelle de l’économie, renouvelé l’intérêt pour les corridors et les passerelles, et suscité des projets d’infrastructure logistique massifs. La circulation rapide des marchandises à travers un espace fluide a créé de nouvelles vulnérabilités, nécessitant des modèles de sécurité basés sur les réseaux (infrastructures) plutôt que sur les frontières traditionnelles. En fin de compte, l’essor de la logistique commerciale remet en question les calculs géopolitiques traditionnels et les formes de sécurité nationale et territoriale qui ont historiquement prévalu. Le diagramme met en évidence diverses préoccupations en matière de sécurité le long de l’itinéraire de la chaîne d’approvisionnement, telles que la manipulation potentielle de conteneurs, des problèmes avec les technologies d’inspection et des lacunes dans la sécurité physique des installations. Cependant, contrairement aux initiatives de sécurité nationale typiques, il n’y a pas de pivot géographique clair à la frontière nationale. La sécurité de la chaîne d’approvisionnement transcende les frontières nationales, ce qui remet en question les formes géopolitiques basées sur les États-nations. La sécurité de la chaîne d’approvisionnement a émergé comme un nouveau paradigme de sécurité qui redéfinit non seulement ce qui est sécurisé, mais aussi les logiques et les formes spatiales de la sécurité. Cela a des implications profondes pour la politique, l’espace et la citoyenneté.

21
Q

Shiri Pasternak et Tia Diafnos 2018 (How Does a Settler State Secure the Circuitry of Capital?)

A

L’article explore comment les perturbations autochtones, en particulier en ce qui concerne les activités économiques, sont perçues comme un risque par l’État canadien. Cela a conduit à la mise en place d’infrastructures institutionnelles de gestion et de mitigation du risque pour protéger la chaîne d’approvisionnement critique. Les auteurs argumentent que cette approche transforme les questions autochtones en un enjeu international de gestion de la chaîne d’approvisionnement, tout en donnant au gouvernement de nouveaux pouvoirs juridictionnels pour réglementer et étendre son autorité. De plus, le texte aborde la manière dont la spatialité du risque est liée à la géographie des territoires autochtones, y compris les réserves, qui se trouvent souvent sur des corridors de transport essentiels. Les mouvements tels qu’« Idle No More » ont montré la capacité des Autochtones à perturber ces corridors, ce qui peut avoir un impact sur l’économie nationale. Enfin, l’article évoque la gestion du risque en lien avec l’urgence, en particulier dans le contexte colonial, où l’autodétermination autochtone est perçue comme une menace constante pour la souveraineté de l’État. La gestion de l’urgence est présentée comme un moyen de rationaliser les interventions, tout en servant les intérêts d’accumulation économique.

22
Q

Robert Jervis 1978 (Cooperation Under the Security Dilemma)

A

La question clé abordée par Jervis concerne les conditions qui favorisent la coopération dans un système international anarchique, en se basant sur des modèles de jeux comme la Chasse au Cerf ou le dilemme du prisonnier répété. Les incitations à la coopération dépendent des coûts de l’exploitation (CD), des gains de la coopération (CC) et des coûts d’un échec (DD). Jervis examine également l’impact de l’avantage de l’offense sur la défense, ainsi que de la distinction entre armes défensives et offensives, sur le dilemme de sécurité. Il conclut que quatre scénarios sont possibles, avec le cas où les postures offensives/défensives sont distinguables, mais le dilemme de sécurité subsiste, étant le plus courant dans l’histoire.

23
Q

Glenn H. Snyder 1984 (The Security Dilemma in Alliance Politics)

A

Le dilemme de sécurité dans le contexte des alliances implique des défis majeurs à la fois dans la formation et le maintien des alliances. Dans un monde multipolaire, les États sont incités à former des alliances en raison de la structure du système, mais ces alliances sont fragiles en raison de la crainte d’abandon et de l’entrapment. Les intérêts spécifiques, les affinités idéologiques et les configurations politiques internes réduisent l’indétermination des alliances. Une fois formées, les alliances multipolaires restent vulnérables, car la suspicion d’un réalignement peut conduire à des actions préventives, entraînant un dilemme de sécurité. Dans un système bipolaire, le risque d’abandon est plus faible, mais le risque d’entrapment persiste, ce qui peut être problématique pour les petits États. Les dilemmes d’alliance sont exacerbés par les armes nucléaires, car les conséquences de l’entrapment et de l’abandon sont considérables, comme illustré dans la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS.

24
Q

Robert Gilpin 1981 (War & Change in World Politics)

A

L’analyse de Gilpin se concentre sur la structure du système international, en mettant en avant la distribution de la puissance et les dynamiques de changement. Il postule que l’équilibre dans le système est temporaire, car tout changement dans la distribution de la puissance peut entraîner un déséquilibre, conduisant éventuellement à une guerre hégémonique. Les États cherchent à maximiser leurs gains en fonction de perceptions subjectives des coûts et des bénéfices, influencées par des facteurs historiques, économiques et technologiques. L’expansion est limitée par des rendements décroissants, et le déclin d’une puissance dominante peut être causé par des facteurs internes et externes. Gilpin envisage la possibilité de guerres hégémoniques en cas de crise fiscale. Cependant, sa théorie manque de données empiriques et ne propose pas d’arguments causaux ou prédictifs, se concentrant plutôt sur une vision théorique des schémas historiques.

25
Q

Carol Cohn 1993 (War, Wimps and Women: Talking Gender and Thinking War)

A

L’auteure a entrepris une observation participative au sein de la communauté d’intellectuels et d’analystes de sécurité et de défense aux États-Unis, principalement composée d’hommes blancs. Ces acteurs influencent la politique de sécurité nationale et la manière dont la guerre est discutée. L’auteure se penche sur la dimension genrée du discours, montrant comment il façonne les discussions sur la guerre, les armes nucléaires et la sécurité nationale. Elle révèle comment ce discours impose des limites à ce qui peut être dit et pensé, privilégiant des notions masculines d’agressivité et de compétitivité, et réduisant la complexité de la pensée au sein de cette communauté. Elle souligne également comment l’utilisation du genre dans le discours de sécurité nationale peut effacer la réalité complexe des acteurs internationaux et des conflits.

26
Q

Laura Sjoberg 2010 (Gendering Security)

A

Ce chapitre vise à démontrer trois façons avec lesquelles le viol, et donc le genre et la sécurité peuvent être comprises. Elle prend l’exemple de six personnes qui violent une fille (mineure) dans un camp de déplacés au Darfour. Ce chapitre de livre se base sur le postulat que les pratiques de sécurité sont effectuées par et sur des corps genrés. Ce n’est pas toujours présent dans l’optique analytique, mais c’est produisant et produit de la façon dont on pense à la sécurité a politique globale. L’auteur souhaite démontrer que peu importe l’apport méthodologique, ontologique ou épistémologique, le genre est important. Trois approches : (1) Approche empirique au genre et à la sécurité, soit l’étude la violence contre les femmes. (2) Approche constructiviste qui cherche à expliquer le viol comme violence de genre. (3) Approche poststructuraliste qui comprend le genre comme performatif (Butler), qui suggère qu’on peut conceptualiser le viol en guerre et d’autres pratiques genrées de sécurité comme actes de violence qui reproduisent une identité de genre : « security as the violent reproduction of gender ».

27
Q

Lene Hansen 2011 (The Little Mermaid’s Silent Security Dilemma and the Absence of Gender in the Copenhagen School)

A

L’article examine la pertinence de l’École de Copenhague dans l’analyse des problèmes de sécurité genrés, en particulier à travers l’étude des crimes d’honneur au Pakistan. L’auteur remet en question la catégorisation traditionnelle de la sécurité genrée comme relevant de la sécurité sociale plutôt que de la sécurité nationale, en soulignant que la menace sur la survie collective peut être présente même si elle n’implique pas toute une communauté. Deux problèmes majeurs sont identifiés : le silence imposé sur l’insécurité genrée et l’absence de processus de sécurisation pour des groupes qui ne sont pas des leaders. Pour résoudre ces problèmes, l’article propose d’inclure le corps comme un élément épistémologique crucial, intégrant la théorie de Judith Butler. Cette approche élargie considère le langage corporel comme un moyen d’expression de la sécurité, remettant en question les notions d’individuel et de collectif dans les discours de sécurité et mettant en lumière la manière dont le discours et les actions corporelles contribuent à construire les sujets de sécurité.

28
Q

Mark B. Salter 2004 (Passports, Mobility, and Security: How Smart Can the Border Be?)

A

Cet article examine les changements dramatiques dans le régime de sécurité aux frontières et les politiques de passeport après les attentats du 11 septembre 2001, mettant en lumière la balance délicate entre sécurité et mobilité. La création du département de la Sécurité intérieure, la sécurisation des passeports, et le passage d’un régime d’examen à un régime de surveillance sont présentés comme des réponses aux défis posés par l’identification frauduleuse. Cependant, l’article souligne les limites de ces mesures, notamment la difficulté à prévenir la radicalisation terroriste. En explorant les leçons tirées des expériences de Schengen et de la frontière Canada-États-Unis, l’auteur conclut que la solution réside davantage dans le renseignement que dans des frontières strictes, bien que cela soulève des dilemmes liés aux libertés individuelles.

29
Q

Didier Bigo 2005 (La mondialisation de l’insécurité? Réflexions sur le champ des professionnels de la gestion des inquiétudes et analytique de la transnationalisation des processus d’(in)sécurisation)

A

L’auteur s’inspire largement de la notion de “champ” telle que définie par Pierre Bourdieu, où un champ représente un réseau de relations objectives entre des positions occupées par des acteurs, déterminées par leur pouvoir et leurs rapports de domination. Cependant, l’auteur critique la vision de Bourdieu selon laquelle les critères de différenciation au sein du champ sont fixes, préférant emprunter des concepts de Michel Foucault, notamment celui de “dispositif”, pour illustrer la fluidité et la dynamique des configurations sociales en jeu. Dans le contexte du champ des professionnels de la sécurité, l’enjeu réside dans la définition des menaces et des modes de gestion de la sécurité. Les acteurs de ce champ cherchent à monopoliser cette définition, entraînant des luttes pour l’autorité et la légitimité. Les effets de champ engendrent des convergences de représentations, une perception du danger lié à toute transformation sociale, et des réallocations de missions et de budgets par les décideurs politiques. Finalement, le maintien dans ce champ dépend de la possession de technologies spécifiques et de la capacité à agir à distance.

30
Q

Clauda Ardau et Reus Van Munster 2007 (Governing Terrorism Through Risk: Taking Precautions, (Un)Knowning the Future)

A

Cet article explore la complexité de la guerre contre la terreur post-11 septembre en analysant le concept de risque, remettant en question la pertinence de la société du risque mondial de Beck. La guerre contre la terreur affiche une quête insatiable pour le savoir, alors que Beck présente une société du risque qu’on ne peut savoir, ni mesurer. C’est une nouvelle forme de gouvernementalité qui imbrique savoir et décision à la limite du savoir, guerre et stratégie de surveillance, injonctions à l’intégration et des politiques drastiques contre le comportement anti-social.  Ce qui nouveau ce n’est pas la société du risque, mais l’émergence d’éléments de précaution qui donne lieu à une nouvelle configuration de risque qui requiert que l’éventualité catastrophique du futur soit évitée à tout prix. Les auteurs soutiennent qu’une conception différente du risque comme risque de précaution souligne le développement contradictoire et complexe du monde post 11 septembre 2001. Le travail s’ancre dans le travail de Foucault sur la gouvernementalité et des analyses du risque plus récente. On conceptualise le risque comme un « dispositif » pour gouverner les problèmes sociaux. La gouvernementalité est la « conduite de la conduite », ou les pratiques sociales qui cherchent à façonner, guider ou affecter le comportement des gens. La gouvernementalité comme façon d’analyser les représentations des problèmes sociaux, les moyens de les régler et leurs effets sur la construction de la subjectivité a informé plusieurs approches en RI. Le dispositif du risque comme assemblage d’éléments discursifs et matériels permet d’étudier le développement de guerre en Irak et en Afghanistan, le ciblage des communautés musulmanes au Royaume-Uni, comme éléments d’une gouvernance de précaution à travers le risque.

31
Q

Marieke de Goede 2008 (Beyond Risk: Premeditation and the Post-9/11 Security Imaginary)

A

Ce n’est pas tant la catastrophe qui est à éviter, mais l’immédiateté qui accompagne une catastrophe inattendue. La préméditation déploie et excède le discours de risque. En conceptualisation le risque sécurité de cette façon, cela met l’accent sur le fait que la gestion du risque entraîne une économie de l’anxiété et du désir, où la demande du risque zéro du citoyen neurotique amène des promesses commerciales. Contrairement au risque qui est une prédiction, la préméditation vers le renseignement actionnable dans le présent. Argument : la préméditation en elle-même est devenue la catastrophe : fantasme de contrôle rationnel dépolitise les limites du savoir et en plus c’est performatif. La vision de certains futurs, et de pas d’autres, contraint le décideur politique dans le présent. Plus que favorisant l’imagination, la préméditation limite notre imaginaire. Cela favorise aussi la fragilité de la société. Il faut que la catastrophe causée par la préméditation soit débattue. Cela ne veut pas dire d’abandonner l’imagination.

32
Q

David C. Chandler 2007 (The Security-Development nexus and the Rise of ‘Anti-Foreign Policy’)

A

Cet article remet en question l’idée courante selon laquelle le lien entre sécurité et développement indique une préoccupation accrue des problèmes des États non occidentaux pour les décideurs occidentaux. Au lieu de refléter une approche sérieuse des enjeux de sécurité et de développement dans le monde non occidental, il met en lumière un recul de l’élaboration de politiques stratégiques et une orientation politique davantage centrée sur l’image que sur les conséquences réelles. Les discussions autour de ce lien entre sécurité et développement révèlent un écart entre la rhétorique politique et la mise en œuvre, illustrant l’émergence d’une politique anti-étrangère, où la sphère internationale est utilisée pour des déclarations politiques autoréférentielles, dissociées des problèmes réels. L’article suggère que ce lien ne repose pas sur le désir de réguler les États non occidentaux, mais plutôt sur le besoin de faire des déclarations politiques de mission et d’objectif tout en se désengageant de l’élaboration de politiques sérieuses dans ces régions. Il met en évidence un manque de cadre politique cohérent, une réorganisation institutionnelle visant à partager les responsabilités, et une orientation politique limitée, marquée par des revendications utopiques déconnectées de la réalité politique.

33
Q

Mark Duffield 2010 (The Liberal Way of Development and the Development-Security Impasse: Exploring the Global Life-Chance Divide)

A

Cet article aborde la question du lien entre sécurité et développement dans le contexte post-Guerre froide, soulignant que le développement a historiquement été lié à des préoccupations de sécurité, mais que de nouvelles tendances ont émergé. L’accent est mis sur la biopolitique du développement, où l’accent est mis sur la vie et la communauté, et la gestion des besoins humains. Cela implique l’idée que l’autonomie locale et l’adaptabilité sont essentielles, mais cela crée un état d’urgence permanent, alimentant ainsi une intervention cyclique. Le développement est lié à la sécurité humaine, mais la surveillance et la gestion de la migration non documentée ou informelle sont devenues prédominantes. L’article soutient que le « liberal way of development » tend à maintenir la division entre le Nord et le Sud en reproduisant et en maintenant la division biopolitique entre le développement et le sous-développement, tout en faisant de l’aide humanitaire un dernier recours pour les non-assurés, ce qui crée une tension entre l’autonomie acceptée à l’international et celle existante.

34
Q

Qu’est-ce que le constructivisme conventionnel?

A

Il présente un contrepoint aux analyses matérialistes en soulignant l’importance des facteurs idéationnels, c’est-à-dire la culture, les croyances, les normes, les idées et l’identité. Généralement centré sur l’analyse du comportement de l’État, il comprend des épistémologies positivistes et post-positivistes et est principalement situé aux États-Unis.

35
Q

Qu’est-ce que le constructivisme critique?

A

Il se tourne vers d’autres collectivités que l’État, mais surtout préoccupées par la sécurité militaire. Adopte des méthodologies post-positivistes narratives et sociologiques. Ses origines sont principalement aux États-Unis, mais depuis la fin des années 1990, il a acquis une forte position en Europe.

36
Q

Qu’est-ce que l’École de Copenhague?

A

Il se développe en partie sur l’élargissement des menaces et des objets réfèrent, en particulier la sécurité sociétale / identitaire, en partie sur l’octroi d’une plus grande attention au niveau régional, mais surtout sur la sécurisation (les processus sociaux par lesquels des groupes de personnes construisent quelque chose comme une menace), offrant ainsi un contrepoint constructiviste à l’analyse matérialiste de la menace des études stratégiques traditionnelles. Particulièrement fort en Scandinavie et en Grande-Bretagne, et influent dans la plupart des pays d’Europe.

37
Q

Qu’est-ce que sont les études critiques sur la sécurité?

A

C’est similaire au Peace Research dans ses objectifs normatifs, en particulier en ce qui concerne l’accent mis sur la sécurité humaine plutôt que sur la sécurité de l’État, mais en utilisant principalement une méthodologie post-positiviste. Une branche de la théorie critique en RI en général, avec l’émancipation comme concept clé. Particulièrement fort en Grande-Bretagne.

38
Q

Qu’est-ce que sont les études féministes sur la sécurité?

A

C’est une variété d’approches allant de la recherche sur la paix au poststructuralisme. Soutiens que les femmes soutiennent les politiques de sécurité des États par le biais de fonctions militaires et non militaires, et qu’elles sont confrontées à une série de problèmes de sécurité sexospécifiques qui ne sont jamais reconnus dans une conception de la sécurité centrée sur l’État. Souligne le rôle que joue la masculinité hégémonique dans le maintien des politiques de sécurité militaristes. Originaire du milieu des années 1980 aux États-Unis et en Grande-Bretagne et a grandi pour avoir une présence mondiale.

39
Q

Qu’est-ce que la sécurité humaine?

A

C’est étroitement lié à la recherche sur la paix et aux études critiques sur la sécurité. Dédié à l’idée que les êtres humains devraient être le principal objet référent de la sécurité, et donc que le ÉSI devraient inclure les questions de pauvreté, de sous-développement, de faim et d’autres atteintes à l’intégrité et au potentiel humains. Cherche à fusionner les agendas de l’ ÉSI et des études de développement. La sécurité humaine a une présence universitaire à travers l’Occident et le Japon et a été adoptée par les Nations Unies (ONU), l’Union européenne (UE) et le gouvernement canadien, norvégien et japonais.

40
Q

Qu’est-ce que la recherche sur la paix?

A

C’est le contrepoint normatif classique aux études stratégiques, cherchant à réduire ou à éliminer l’usage de la force dans les relations internationales, à mettre en évidence et à critiquer les dangers dans le débat stratégique (en particulier nucléaire) et à donner un statut à la sécurité individuelle aux côtés, ou parfois contre, de la sécurité de l’État (nationale). Recoupe les études stratégiques en ce qui concerne la maîtrise des armements et le désarmement, et la course aux armements, et dans certaines branches également, dans l’utilisation de méthodes quantitatives et de la théorie des jeux. La recherche sur la paix s’est fortement institutionnalisée dans les pays scandinaves, en Allemagne et au Japon, et dans une moindre mesure en Grande-Bretagne et, avec des orientations théoriques différentes, aux États-Unis.

41
Q

Qu’est-ce que sont les études de sécurité postcoloniales?

A

Ça souligne le centrisme occidental de l’ISS et soutiens l’idée que l’étude du monde non occidental nécessite des théories de sécurité qui intègrent l’histoire coloniale ainsi que l’attention portée aux formations étatiques spécifiques du tiers monde. Comme le Premier et le Tiers Monde sont liés, Post-colonial Security Studies soutient qu’il donne un aperçu de la dynamique du Premier et du Tiers Monde. Habituellement critique de l’état-centrisme et a été développé par des érudits occidentaux et non occidentaux.

42
Q

Qu’est-ce que sont les études poststructuralistes sur la sécurité?

A

Ça adopte le concept de discours plutôt que d’idées, soutiens que la souveraineté et la sécurité des États sont des produits de pratiques politiques. Critique de la façon dont le stato-centrisme limite les possibilités d’autres objets référents de sécurité, mais refuse le traditionnel tournant de la recherche sur la paix vers la sécurité individuelle. Commencé en Amérique du Nord au milieu des années 1980, mais à partir du début des années 1990, plus fort en Europe.

43
Q

Qu’est-ce que sont les études stratégiques?

A

C’est la littérature classique et traditionaliste qui définit le sujet en termes politico-militaires et se concentre sur la dynamique militaire. Cela inclut ses propres sous-littératures, telles que celles sur la guerre, la prolifération nucléaire, la théorie de la dissuasion, les courses d’armements, le contrôle des armements, etc. C’est une approche fortement matérialiste avec une tendance à adopter une position normative centrée sur l’État comme donnée plutôt que comme un sujet de discussion. Généralement fort à travers l’ouest, mais particulièrement aux États-Unis et en Grande-Bretagne, et avec une tradition distincte en France.

44
Q

Qu’est-ce qu’un complexe de sécurité?

A

La notion de complexe de sécurité est née avec la fin de la Guerre froide et la résurgence du régionalisme en théorie des RI. Dans son livre, Buzan (1991) s’intéresse au niveau d’analyse régional : entre l’État et le système international. Les relations de sécurité au sein d’une région sont relativement autonomes et jouissent de leurs dynamiques propres, notamment en termes d’amitié et d’inimité ou de distribution de la puissance. Ainsi, un complexe de sécurité se définit comme « un groupe d’États dont les préoccupations premières en matière de sécurité les lient suffisamment pour que la sécurité nationale de l’un ne puisse être considérée de manière réaliste sans se référer à celle des autres ». À cet époque, Buzan est structuro-réaliste. Avec le temps, il se rapproche du constructivisme à travers l’École de Copenhague et apporte deux modifications au concept : (1) L’État en tant qu’acteur principal de la sécurité a perdu sa préséance au profit de référents variés. (2) La dimension rationaliste du concept a cédé le pas à une conception constructiviste centrée sur la notion de sécuritisation.

45
Q

Qu’est-ce qu’une sécurité ontologique?

A

La notion de sécurité ontologique se réfère au besoin de sécurité que ressent l’individu à propos de lui-même et de ce qu’il est, et comprend par extrapolation, la société, les groupes qui la composent et l’État. Elle se distingue de l’idée de sécurité physique qui se trouve au cœur des études de sécurité traditionnelles, en se préoccupant en particulier des rapports entre la sécurité et l’identité. Elle prétend ainsi offrir une nouvelle manière d’aborder l’étude des forces qui alimentent les tensions et les conflits internationaux. C’est un concept qui provient de la psychiatrie et de la sociologie (R.D. Laing 1971) : quelqu’un qui jouit de la sécurité ontologique possède « une notion de son existence dans le monde, en tant que personne vivante, véritable, entière et dont l’existence perdure dans le temps ». Définition enrichie par Giddens (2008) : « une représentation de la confiance que la plupart des êtres humains ont dans la continuité de leur identité et dans la constance de l’environnement social et matériel dans lequel ils agissent ».

En RI, ce concept permet d’expliquer, entre autres, pourquoi un État adopte des comportements qui tendent à la préservation de son identité (sécurité ontologique), en plus de leur sécurité physique (ex. protection territoire). Un État se sent en sécurité lorsque son identité est constante dans le temps, et reconnu par les autres.

46
Q

Qu’est-ce que la défense?

A

Les termes de défense et de sécurité sont fréquemment utilisés comme des synonymes, pourtant dimensions différentes. La sécurité est un concept plus global qui inclut, notamment, des dimensions en lien avec l’économie, l’environnement, voire l’identité. La défense n’est qu’un aspect de la sécurité parmi d’autres. On a aussi tendance à limiter le concept de défense aux aspects strictement militaires. Il faut éviter une restriction hâtive de concept qui peut occulter ses importantes ramifications sur les plans socio-économiques et politiques (emplois, industries, haute technologie, etc.).

47
Q

Qu’est-ce qu’une pratique de sécurité?

A

Il existe une grande variété de définitions de la pratique. Cependant, ces définitions s’accordent plus ou moins sur trois éléments fondamentaux dont se compose une pratique (1) Les mouvements corporels sous forme de faire et de dire. (2) Les connaissances pratiques qui peuvent être tacites ou explicites. (3) Les objets (artefacts et choses) utilisés dans une pratique. Une pratique ne se développe pas de nulle part. Lorsqu’une nouvelle pratique émerge, elle s’appuie sur des éléments de pratiques antérieures. Les théoriciens ont développé différents termes pour parler de ces configurations plus larges. Les plus établis sont les concepts de « champs », « communauté », « acteur réseau » et « assemblage ». Bien que les pratiques fassent toujours partie de configurations plus larges, il est important de reconnaître que celles-ci ne structurent ni ne déterminent une pratique.