Politique étrangère Flashcards
Valerie Hudson 2005 (Foreign Policy Analysis: Actor-Specific Theory and the Ground of International Relations)
L’approche de l’Analyse de la Politique Étrangère (FPA) se caractérise par plusieurs éléments distinctifs : elle intègre les processus de prise de décision humaine ayant des conséquences pour des entités externes, privilégie des explications multifactorielles, explore des variables à plusieurs niveaux d’analyse, embrasse des disciplines telles que la psychologie, la sociologie et l’économie, met l’accent sur les acteurs individuels dans la politique étrangère, et favorise des théories auteur-spécifiques. La valeur de la FPA réside dans son identification du rôle central des décideurs politiques humains dans l’interaction entre les facteurs idéels et matériels qui influencent le comportement de l’État en politique étrangère. Elle permet d’intégrer des théories à différents niveaux d’analyse, d’incorporer une conception robuste de l’agentivité, d’expliquer le comportement de l’État de manière plus complète, et de servir de pont entre les Relations Internationales et d’autres domaines. L’origine de la FPA remonte aux années 50 et 60, influencée par les travaux de Snyder, Rosenau et les Sprout. Elle s’est développée pour inclure des aspects tels que l’analyse des petits groupes, les processus bureaucratiques, la politique étrangère comparative, les facteurs psychologiques et sociétaux dans la prise de décision. La FPA contemporaine se concentre sur l’interprétation situationnelle, la cartographie cognitive automatisée, la culture, l’identité, l’analyse de contenu automatique et l’impact du changement sur le comportement en politique étrangère. En passant d’approches en RI qui sont acteur-général, on passe à des approches acteur-spécifique.
Ole R. Holsti 1976 (Cognitive Process Approaches to Decision-Making)
L’article de Holsti explore les contraintes cognitives sur la rationalité des acteurs en politique étrangère et en relations internationales. Il souligne que les orientations des décideurs politiques sont façonnées par leurs croyances sur la vie sociale, ce qui peut entraîner un écart entre leur environnement psychologique et la réalité. De plus, il reconnaît des variations significatives au sein de l’élite politique. Les individus développent des croyances structurées simplifiées, appelées “cartes cognitives”, qui organisent la manière dont ils interprètent les signaux de leur environnement. Malgré le délaissement de la cognition et de la perception des décideurs en politique étrangère et en relations internationales, Holsti plaide en faveur d’une analyse plus approfondie de ces facteurs, soulignant leur importance pour comprendre la prise de décision. Il distingue les décisions de l’implémentation et met en évidence l’importance des processus cognitifs dans certaines décisions. En dépit de la diversité des approches, il existe deux prémisses partagées : l’insuffisance des boîtes noires pour comprendre les résultats des décisions et la variation potentielle dans les stratégies choisies en fonction des systèmes de croyances, attitudes et comportements des décideurs.
Philip Zelikow et Graham Allison 1999 (Essence of Decision: Explaining the Cuban Crisis)
Dans ce livre, Zelikow et Graham critiquent la saturation des RI avec les attentes rationnelles venant de la science économique. Cette approche viole le principe de falsification, de plus l’analyste rationnel doit ignorer beaucoup de faits pour cadrer le modèle avec la rationalité. En utilisant la crise des missiles à Cuba (« hard case », car modèle rationnel facile), ils ouvrent la boîte de la prise de décision gouvernementale avec deux modèles : organisationnel et bureaucratique (politique). Le cas de la Crise des missiles à Cuba est un bon cas, car dans le contexte d’un danger ultime pour la nation, un petit groupe d’hommes ont pondéré les options et décidé. Il développement trois « lentilles » (modèles) pour expliquer les événements à travers trois questions (pq les missiles?, pq blocus?, pq retrait?). (1) Modèle 1 (rationnel): Rationalité, gouvernement acteur primaire, maximisation de leur objectif (2) Modèle 2 (organisationnel): Se basant sur March et Simon, la bureaucratie gouvernementale limite les actions des gouvernements (division des enjeux, SOP, donc limités à des plans préexistants « satisfaisants »). Modèle 3 (bureaucratique politique: La position de chaque joueur détermine ses priorités et perceptions, ainsi que ses avantages et handicapes dans le jeu. Les décisions du gouvernement ne sont pas des choix rationnels, mais par le va et vient qu’est la politique. C’est le résultat de compromis, coalitions, compétitions et confusions entre les membres du gouvernement.
Bruce Bueno de Mesquita, James D. Morrow, Randolph M. Siverson et Alastair Smith 1999 (An Institutional Explanation of the Democratic Peace)
L’article examine le lien entre les institutions politiques domestiques et les choix politiques dans le contexte de huit régularités empiriques qui constituent la « paix démocratique ». Ils démontrent que les leaders d’États démocratiques, lorsqu’ils font face à la guerre, sont plus prompt à muter des ressources additionnelles dans l’effort de guerre que les autocrates. C’est le cas, parce que la survie des leaders politiques avec une coalition gagnante plus large dépend d’une politique qui fonctionne. Cet « effort extra » des démocrates permet un avantage militaire sur les autocrates. Cela rend les leaders démocratiques des cibles moins « attrayantes », parce que leurs contraintes institutionnelles les amènent à mobiliser des ressources pour l’effort de guerre. En plus d’essayer plus fort que les autocraties, les démocrates sont plus sélectifs dans leur choix de cible. Parce que la défaite risque de mener à un remplacement domestique pour les démocrates plus que pour les autocrates, les démocrates initient seulement des guerres qu’ils croient gagner. Ces deux facteurs amènent à une interaction entre unités politiques souvent caractérisées comme la « paix démocratie ». Leur cadre théorique soutien aussi le modèle de guerre de diversion.
John R. Oneal et Bruce Russett 1999 (The Kantian Peace: The Pacific Benefits of Democratic Interdependence and IO, 1885-1992)
Depuis 1950, une majorité du monde vit un moment de paix. Mais, la théorie de la paix démocratique est incomplète. L’article teste de façon complémentaire les influences réalistes et libérales. La théorie de Kant incorpore les deux perspectives. Il postule que le système international est anarchique et la puissance importante. Mais, les États ne sont pas toujours en guerre, contraintes de puissance, d’alliance et de distance. On y ajoute les trois contraintes Kantiennes : (1) démocratie (2) interdépendance économique (3) OI. Ils proposent une méthodologie statistique; analyse de régression de dyades dans le temps (permet d’étudier divers systèmes + omission première année PGm/DGm). VD : Engagement dans les disputes militaires. Ils proposent des variables dyadiques (ex. niveau de démocratie, interdépendance économique, alliance, contiguïté, etc) et structurelles (libérales; variables structurelles kantiennes venant des VI dyadiques + réalisme; influence hégémon). L’analyse de la période conforte Kant : la démocratie, l’interdépendance économique et l’engagement en OI (plus modeste que les autres) réduit le risque de guerre. L’effet de l’influence kantienne systémique est importante : tout le système est plus pacifique quand plus de démocraties et de commerce. Au niveau systémique, l’hégémon a un rôle, mais pas toujours celui cru par la théorie : plus de guerre quand l’hégémon est fort que faible (paix années 90 vient plus de paix kantienne, qu’hégémonie US).
Christopher H. Achen and Snidal Duncal 1989 (Rational Deterrence Theory and Comparative Case Studies)
L’article d’Achen et Snidal explore la théorie de la dissuasion rationnelle en politique internationale, en se penchant sur les avantages et les limites des études de cas comparatives. Ils remettent en question l’efficacité des études de cas pour la construction et la vérification de théories, soulignant que ces approches manquent souvent de généralisation empirique et sont biaisées dans la sélection des cas. Dans le contexte de la dissuasion rationnelle, les études de cas ont examiné les limites de la théorie en se concentrant sur les différents facteurs conduisant à l’échec des calculs rationnels. Les auteurs mettent en évidence que la dissuasion rationnelle se concentre sur les actions observables des acteurs plutôt que sur leurs calculs mentaux, ce qui limite la capacité des études de cas à valider empiriquement la théorie. Ils concluent que la dissuasion rationnelle est un cadre explicatif plus qu’une croyance et que son utilité réside dans sa capacité à générer des généralisations empiriques plausibles, plutôt que dans des analyses détaillées de cas individuels.
Richard Ned Lebow and Janice Gross Stein 1989 (Rational Deterrence Theory: I think, Therefore I Deter)
L’article examine les théories du choix rationnel et de la dissuasion en politique internationale, en soulignant les limites et les insuffisances de ces approches. Il met en lumière le fait que les théories du choix rationnel ne tiennent pas compte de la formation des préférences et ne considèrent pas les écarts par rapport aux normes rationnelles dans le processus de prise de décision. De plus, la théorie de la dissuasion, qui repose sur des postulats tels que la rationalité instrumentale, la maximisation des gains, l’absence de contraintes domestiques et l’identification correcte des initiateurs et des défenseurs, est critiquée pour son manque de capacité prédictive et de réalisme. Les auteurs remettent en question l’efficacité de ces modèles idéalisés pour prédire le comportement politique en raison de leur éloignement des réalités du processus de décision politique dans le monde réel.
James D. Fearon 1995 (Rational Explanations for War)
Cet article vise à fournir une déclaration claire des arguments rationalistes de la guerre et de caractériser tous les schémas rationnels d’explications. C’est un exercice fondamental pour le néoréalisme, car malgré sa place en RI, elle manque d’explications claires de la guerre. Argument principal : Aucun argument rationnel est une explication qui se tient, parce que aucun ne répond au puzzle central : guerre est risquée et dispendieuse, alors les États rationnels ont des incitatifs à mettre sur pied des règlements négociés. (1) Beaucoup ne répondent pas à la question importante : qu’est-ce qui empêche les États d’arriver à un marchandage que les deux préféreraient à la guerre ? Ils ne répondent pas à cette question, car il est supposé incorrectement que les États rationnels font face à une situation d’impasse, où il n’existe pas d’accord préférable à la guerre. (2) Les arguments qui s’intéressent à ce problème (# 4 et 5, soit erreur de calcul par manque d’information ou capacité relative) ne vont pas assez loin. Quand développées, ils s’avèrent être un des deux problèmes majeurs identifiés : soit un problème d’engagement ou un problème d’information privée et incitatif à déformer. Argument : ces deux mécanismes (prob d’info, prob d’engagement) sont la base d’une théorie néoréaliste de la guerre.
Rose McDermott 2004 (Prospect Theory in Political Science)
Cet article s’intéresse à la place de la théorie des perspectives (prospect theory) en RI, où sont déjà dominants les choix rationnels et la théorie des jeux. En schématisant la littérature sur cette théorie, la recherche se pose deux questions : (1) Est-ce que la théorie des perspectives est une contestation suffisante en RI, comparativement à ce qui existe déjà ? (2) Comment évaluer l’utilité relative de modèles psychologiques alors qu’ils ont le même niveau d’analyse (individu) ? Points forts (gains) : Le modèle débute avec le décideur politique individuel, mais impact du rôle de l’environnement politique aide à déterminer le choix et l’action, alors que les autres modèles psychologiques mettent trop l’accent sur l’individu avant toute autre chose (modèle alternatif fondé sur des données empiriques, capacité d’expliquer le changement dynamique, pose d’autres questions, importance de la situation dans les choix politiques, le contexte politique d’une décision ou action, importance de la valeur ). Pertes : Il existe aussi trois limites principales à ce modèle théorique (pas de théorie de cadrage, c’est développé comme modèle de choix individuel de comportement, jamais développé pour être appliqué aux individus en interaction ou en groupe, peu inclue les notions et modèle d’émotion).
David Campbell 1992 (Writing Security: United States Foreign Policy and the Politics of Identity)
L’argument central du livre repose sur l’idée que la politique étrangère est une pratique politique centrale à la construction, à la production et au maintien de l’identité politique américaine. Cette approche combine des éléments de la théorie critique et du postmodernisme, remettant en question la neutralité du concept de “danger” et montrant comment les interprétations de ce danger ont joué un rôle crucial dans la formation de l’identité des États-Unis.
L’auteur examine la période de la Guerre froide comme une crise de l’identité américaine. Il souligne que la représentation de l’URSS en tant que menace a été essentielle pour définir cette identité. La Guerre froide a été interprétée comme une lutte pour (re)produire l’identité américaine, et cette interprétation a été alimentée par des considérations morales et éthiques plutôt que par des menaces territoriales. La Guerre froide a conduit à une réinscription de l’identité américaine, avec l’accent mis sur la liberté individuelle, les institutions démocratiques et l’entreprise privée, créant une opposition entre le “civilisé” et le “barbare”.
Le livre analyse également comment la “guerre contre la drogue” et la perception du Japon comme une menace économique ont influencé la construction de l’identité américaine. La “guerre contre la drogue” a été accompagnée par la moralisation du comportement et de la société, ce qui a permis de délimiter les frontières de l’identité américaine en opposition à un comportement jugé “non-américain”. En ce qui concerne le Japon, l’auteur examine comment il a été représenté comme différent des États-Unis en raison de sa société hiérarchique et rigide. Cette représentation visait à maintenir la souveraineté économique des États-Unis à une époque de globalisation économique.
En fin de compte, l’auteur soutient que la politique étrangère américaine est un outil essentiel pour définir l’identité politique, et que cette identité est constamment en évolution à travers des pratiques de discours sur le danger et la différence. Il souligne que la construction de l’identité politique est ancrée dans des pratiques discursives, et que l’identité politique des États-Unis est loin d’être fixe, mais plutôt en constante évolution à travers la reproduction de certaines représentations et pratiques.
Peter Katzenstein 1996 (Culture of National Security)
Le volume propose une perspective institutionnelle sociologique sur la politique de sécurité nationale. Il examine deux déterminants de la politique de sécurité - le contexte culturel-institutionnel et l’identité construite des États, des gouvernements et d’autres acteurs. Les essais discutent de l’impact de la culture et de l’identité sur la sécurité nationale. Katzenstein soutient que le livre est utile car il privilégie des concepts analytiques que les études traditionnelles de sécurité (néoréalisme et néolibéralisme) ignorent ou mentionnent seulement de manière marginale. Les déterminants énoncés ici sont : (i) Le contexte culturel-institutionnel est important, ce qui oblige les scientifiques politiques à regarder au-delà des institutions en tant que principes, normes, règles et procédures et à tenir compte des aspects culturels. (ii) Identité collective : les théories rationalistes ont tendance à ne pas considérer les identités des acteurs comme ayant un impact sur la définition des intérêts des acteurs. Les contextes culturels-institutionnels modifient les incitations qui façonnent le comportement des acteurs et les identités des acteurs eux-mêmes. Les identités étatiques émergent de l’interaction avec les contextes nationaux et internationaux. À mesure que les identités changent, les politiques qu’elles influencent peuvent aussi changer. Ainsi, le livre présente une vision plus sociale de l’environnement politique et argumente que les identités politiques sont construites en résultat de l’interaction au sein de l’environnement, et non données de manière exogène.
Ronald L. Jepperson, Alexander Wendt et Peter J. Katzenstein 1996 (Norms, Identity, and Culture in National Security)
Cet essai vise à développer la perspective analytique du livre. Argument 1 : Les environnements de sécurité au sein duquel les États agissent comprennent des aspects non pas seulement matériels, mais aussi institutionnels et culturels. Argument 2 : Les environnements culturels affectent les incitatifs pour le comportement des États et la nature des États. Cinq types d’arguments : (1) Effets des normes qui façonnent les intérêts (2) et des identités (3) effets de l’identité qui affectent les intérêts et politiques (4) les configurations de l’identité des États affectent les structures normatives interétatiques (5) les politiques de l’État reproduisent et reconstruisent à la fois la structure culturelle et institutionnelle. Trois effets des environnements culturels externes sur les identités des États (1) Effet sur les perspectives de survie (2) l’effet de l’environnement sur la modalité de la souveraineté de l’État dans le système au fil du temps (3) Variation dans le caractère de la souveraineté de l’État.
Dana P. Eyre et Mark C. Suchman 1996 (Status, Norms, and the Proliferation of Conventional Weapons: An Institutional Theory Approach)
À travers la théorie institutionnaliste, la prolifération des armes et la diffusion des organisations militaires sont interprétées comme phénomène social : la prolifération des armes est façonnée par les mêmes forces qui façonnent le développement des autres éléments de l’État nation moderne. Le militaire moderne émerge comme élément d’un modèle plus large, un processus culturel mondial qui donne naissance à l’État nation. Le militaire ne bâtit plus les nations modernes, mais c’est plutôt le système politique et social mondial qui bâtit l’État moderne, et qui en retour bâtit une armée moderne et achète des armes modernes. Action obligatoire et théorie institutionnelle de la prolifération des armes : Les armes sont diffusées, non pas dû à une adéquation entre leurs capacités techniques et besoins de sécurité, mais plutôt à cause de leur nature symbolique et normative des armées et de leurs armes. Les armes prolifèrent dû au sens socialement construit qui est devenu associé à celles-ci. Cela signifie modernité, efficacité et indépendance. La diffusion des armes est menée et façonnée par des structures normatives institutionnalisées qui lient armées et armes avec souveraineté de l’État, avec modernisation et légitimité social. Cela souligne aux modèles culturels mondiaux qui mènent à un isomorphisme dans la structure et la pratique. Pour les nouveaux États, la possession d’armes modernes aurait une signification symbolique. Le militarisme est une réponse à la guerre et au lien très institutionnaliste entre l’État nation et l’armée. Le niveau de sophistication est un élément contribuant à la valeur symbolique, mais le degré de visibilité de l’armée peut aussi avoir une valeur symbolique.
Richard Price et Nina Tannenwald 1996 (Norms and Deterrence: The Nuclear and Chemical Weapons Taboos)
Le concept de dissuasion est devenu central aux études de sécurité au 20e s. : non usage des armes nucléaires et non usage des armes chimiques. Or, évident que la conception rationaliste du concept est inadéquate pour comprendre certains événements. Il faut tenir compte d’éléments normatifs. Cet essai offre une alternative qui souligne la nature socialement construite de la dissuasion. Arguments : (1) Pour pleinement comprendre pourquoi les armes nucléaires sont restées inutilisées, il faut problématiser, et non supposer leur statut de dissuadeur. On ne peut comprendre ses schémas de dissuasion sans prendre en compte le développement de normes qui ont façonné ces armes en armes de destruction massive. (2) Il faut un point de vue constructiviste. Le problème avec la théorie de la dissuasion, c’est qu’elle n’explique pas pourquoi certaines armes, et pas d’autres, sont devenues tabous. Comment expliquer cette anomalie ? Avec son approche ahistorique, la théorie rationaliste a peu à dire sur le développer des normes qui n’est pas un calcul des intérêts. Pour comprendre les tabous, il faut étudier les sens et pratiques sociales qui ont constituées des normes. (1) Approche généalogie : comprendre comment les normes sont constituées à travers des pratiques discursives et sociales et comment celles-ci légitiment un comportement. (2) Le constructivisme social met de l’avant sur les normes, identités et intérêts pour comprendre le résultat. Pour ce faire, les auteurs le démontrent à travers deux cas empiriques : armes chimiques et armes nucléaires. La norme contre l’arme chimique émerge au niveau systémique, alors que nucléaire émerge aux É-U puis diffusion transnationale. Le tabou armes chimiques est mieux compris comme une construction politique qui est le résultat d’événements fortuits. Son origine est impliquée dans des pratiques d’exclusions qui distinguent entre zones civilisées et non civilisées. Pour les armes nucléaires, cela ne vient de l’après-guerre, mais processus historique graduel, ni linéaire, ni inévitable. Les normes ont un effet contraignant, permissif ou constitutif. C’est un rejet de la dichotomie norme/matériels comme facteurs. Le sens des facteurs matériels dépend de la façon dont ils sont interprétés.
Martha Finnemore 1996 (Constructing Norms of Humanitarian Intervention)
Cet essai étudie le rôle des normes humanitaires dans le façonnage des interventions dans les 150 dernières années. L’échec des théories traditionnelles pour expliquer les schémas et corrélations de normes changeantes avec le comportement établit la plausibilité d’un argument basé sur les normes. Contrairement aux prédictions réalistes ou libérales, les États sont souvent intervenus militairement pour protéger leurs citoyens autre que les leurs depuis la fin de la Guerre froide. Ces théories n’expliquent pas les interventions (ex. protéger les kurdes contre les Shiites en Iraq) souvent dans des cas qui ne sont pas « importants » géostratégiquement, comme en Somalie et au Cambodge. Il n’y a pas d’intérêt national à le faire. Pourquoi les États interviennent-ils alors ? Les normes permettent une explication alternative plausible pour ces interventions. Argument : les schémas d’interventions ne peuvent être compris hors du contexte normatif dans lequel il se produit. Cela façonne la conception des intérêts. Les normes sont une justification qui connecte les actions à des standards de justice ou de comportement acceptable. Ces normes ont beaucoup évolué à travers le temps, particulièrement en ce qui a trait à quels types d’humaines méritent l’intervention et comment elle devrait être menée. Des mutations dans le comportement d’intervention correspondent à des changements dans les standards normatifs articulées par les États concernant les fins et moyens d’interventions militaires. Plus spécifiquement, les compréhensions normatives de quels humains méritent la protection militaire et comment celle-ci doit être implémentée a changé, et les États ont réagi en fonction. L’institutionnalisation de ces normes dans des organisations telles l’ONU augmente leur pouvoir.