Querelle des méthodes Flashcards
Monisme épistémologique
Les classiques, Marx et les Néo-classiques avaient pour but de réaliser une connaissance scientifique, avec un monisme épistémologique : les règles scientifiques sont strictement identiques dans le domaine des sciences de l’Homme et de la nature.
Elaborer des hypothèses
Construire des modèles
Tester empiriquement des propositions
Une majorité d’économistes s’inscrivent dans le monisme épistémologique en s’inspirant de Gaston Bachelard et Karl Popper. Pour ces économistes, il faut produire des propositions réfutables ou vérifiables.
Risque de dérapage du monisme épistémologique vers le scientisme : la science produit des connaissances définitives et indiscutables, éternelles et absolues.
Face au scientisme, les épistémologues affirment que toute proposition scientifique est une connaissance approchée et provisoire. On a accusé les néoclassiques d’avoir dérivé vers le scientisme.
Dualisme épistémologique
Le grand fondateur est W. Dilthey. Les sciences de la nature et les sciences de l’Homme doivent adopter des démarches épistémologiques différentes pour une raison majeure : l’expérimentation n’est pas possible en sciences sociales. Impossible de distinguer jugement de fait et de valeur.
F. List a produit des analyses sur le développement sur les services mis au service de la nation allemande et la protectionnisme éducateur.
S. De Sismondi, un des derniers classiques qui tente de mettre en situation économique et sociale l’économie.
Ces auteurs vont inspirer plusieurs générations d’auteurs avec l’école historique allemande, institutionnalisme américain.
On retiendra : G. Roscher, B. Hildebrand, G. Schmoller, A Wagner.
Ces auteurs récusent l’individualisme méthodologique des néoclassiques, refusent de fonder l’analyse économique sur l’individu. Pour eux, l’économie est inscrite dans l’histoire des peuples, chaque moment est unique et forge des institutions qui régulent un type donné d’économie concrète. La plupart de ces économistes récusent le marginalisme anglais, le libre échange et les analyses néoclassiques anglaises et celle de Lausanne. Ces auteurs sont nationalistes au service de la puissance allemande, ils ont une conception de l’économie comme étant au service de l’histoire.
G. Schmoller oppose une méthode empirique et inductive à l»approche déductive des marginalises anglais et de l’école de Vienne. Emploie le terme d’ « organes sociaux » comme la famille, les corporations, les communes et l’Etat; ceux là priment sur les individus. L’approche doit être institutionnelle et globalisante, non fondée sur la microéconomie. Il faut étudier les instituons sociales : propriété, esclavage, monnaie, marché…
L’économie politique doit accumuler des observation sans recourir aux mathématiques. Sur ces bases, il s’oppose à toute forme de philosophie de l’histoire et considère qu’il faut étudier les phénomènes économiques singuliers, d’une manière exhaustive, dans la totalité de leur manifestation à travers des monographies.
Position de Hayek
En général, on oppose les libéraux (monisme) aux hétérodoxes (dualisme). Un auteur échappe à cette généralité : Hayek. Il opère une critique du scientisme en 1952. D’une part, dans les sciences de la nature, quand on parvient à connaitre le réel, cela permet de transformer le réel à partir de projets construits et cohérents. Pour Hayek, cette attitude n’est pas possible en sciences sociales. Les uns et les autres sont confrontés à un ordre social spontané qu’il est impossible de transformer, modifier à partir de projets. Cet ordre est là, c’est le meilleur.
Approches déductives et inductives : Adam Smith
Influencé par David Hume, en contact avec D’Alembert et Helvetius qui le conforte dans une démarche d’individualisme méthodologique. L’égoïsme est au coeur des comportements individuels. Quesnay et Turgot vont l’initier à l’économie. En partant de comportements individuels fondés sur l’égoïsme, il aboutit à l’harmonie collective et la « main invisible ». Poussé par l’aiguillon de l’intérêt personnel, chaque individu cherche à satisfaire au mieux ses intérêts pour en retour un bénéfice maximal. L’Homme est égoïste mais peut compter sur autrui grâce à la division du travail. JB. Asy est influencé par Smith mais, pour lui, l’ouvrage de Smith fait trop de concession à la statistique.
Approches déductives et inductives : Say
Il considère qu’il faut s’interroger sur la nature de la science économique en distinguant deux types de sciences :
Expérimentales
Descriptives
Une science expérimentale permet de « connaitre les actions réciproques que les choses exercent les unes sur les autres ou en d’autres termes, les liaisons des effets avec leurs causes. »
Elle doit se fonder sur des faits, ce n’est pas le cas des physiocrates qui, au lieu d’observer des faits et d’en déduire des généralités, posaient des axiomes (vérités indémontrables mais évidentes pour quiconque en comprend le science, est considéré comme universel) et en déduisaient des règles. Il faut rejeter cela. « L’économie politique est devenue une science qu’en devenant une science d’observation. » En effet, Say tente d’expliquer à partir d’observations de faits, comment les richesses se détruisent, se forment et se répandent.
Approches déductives de Marx et Ricardo
Les économistes classiques dont Ricardo utilisent une méthode hypothético-déductive en posant des hypothèses simplificatrices :
La recherche de sont intérêt personnel par un individu rationnel (Smith)
Immobilité internationale des facteurs de production (Ricardo)
…
Ensuite, ils élaborent des modèles qui visent à rendre compte du réel. La première débouche sur la main invisible qui permet de conduire de la recherche d’un intérêt individuel vers un intérêt collectif.
La deuxième conduit à la baisse du taux de profit et à l’état stationnaire. Dans le cadre d’une démarche abstraite. Le constat et la critique que l’on peut faire et que les exemples issus du réels n’ont qu’un but, illustrer la démarche. Rien ne prouve qu’ils vérifient ces hypothèses. Ricardo utilise une méthode d’analyse qui permet de réduire la complexité économique grâce à une succession d’hypothèses et réduite par la déduction de relations causales entre les variables principales. Ricardo a inauguré le raisonnement hypothético déductive avec un gout pour l’abstraction.
Mais, J.B Say considère que l’on peut reprocher à David Ricardo de raisonner sur des principes abstraits auxquels il donne trop d’importance. Une fois placé dans une hypothèse que l’on ne peut réfuter parce qu’elle est observée, il pousse ses raisonnements jusque’à leurs dernières conséquences sans comparer avec ceux de l’expérience. L’économie politique peut aboutir à des résultats contredits par l’observation. Cela devient une métaphysique que l’on ne peut pas appliquer. Ricardo a mathématisé l’économie à travers le draps et le vin mais aussi, dans l’analyse de la péréquation du taux de profit d’un secteur à l’autre. Face à ça, Say écrit : « on s’est égaré en économie politique, toutes les fois qu’on a voulut se rapporter au calcul mathématique. »
Karl Marx dans Le capital considère que l’abstraction est essentielle en économie et lui même, l’avait théorisé dans Critique de l’économie politique, il faut appliquer une méthode…
Il faut partir de l’économie marchande simple pour en déduire à travers différentes étapes l’arrivée vers l’économie capitaliste de M A M au A M A’.
Il évoque les contradictions au sein du mode de production capitaliste notamment (Pl / cc + cv). Cela peut conduire à des effets comme les crises économiques. L’hypothèse est que de crise en crise, le capitalisme s’effondrerait.
La contestation de la méthode par l’Ecole historique allemande et institutionnalistes américains
La méthode hypothético-déductive va être mise en cause par l’Ecole historique allemande à travers List, Schmoller… Qui dénoncent le cosmopolitisme de l’école anglaise qui, néglige les spécificités nationales, il faut, pour eux, adopter, une démarche historique et inductive, ne formuler des lois que par généralisation à partir des faits. Exemple de la loi de Adolphe Wagner : il existe « une loi de l’extension croissante de l’activité publique ou de l’Etat. » C’est l’affirmation que la part de l’activité publique dans l’économie augmente en liaison avec l’industrialisation. On mesure cela en comparant les dépenses publiques dans le revenu national.
Un second débat intervient dans le dernier tiers du XIXe siècle en opposant l’école autrichienne de Menger aux membres de l’économie historique allemande et institutionnalisme américain.
Carl Menger critique l’Ecole historique allemande considérant qu’elle se contente de multiplier les descriptions sans parvenir à une véritable connaissance scientifique. On ne peut construire une connaissance scientifique qu’en formulant des propositions logiquement déduites d’hypothèses. Son principal ouvrage en 1871 : Principe d’économie politique. Dans ce livre, il jette les bases du marginalisme autrichien. Carl Menger va abandonner l’élaboration de théories économiques tout en restant professeur d’économie. Borkiewicz écrira à Walras que Menger n’a aucune idée de l’analyse mathématique ou de la physique or les principes mis en oeuvre en physique sont nécessaires pour enrichir l’individualisme méthodologique autrichien et donc élaborer un des socles de la pensée néoclassique. Menger en Europe centrale sera le principal concepteur de l’individualisme méthodologique rejoignant la théorie de la moindre jouissance, l’approche de Jevons à propos du degré final d’utilité qui décroit. En 1883, dans Recherches sur la méthode des sciences sociales et de l’économie politique, ils critiquent les erreurs de l’historicisme de Gustave Schmoller et les présupposés de l’école allemande. Adepte de l’Homo-Oeconomicus, il considère que le comportement de l’individu est rationnel, il faut partir des choix individuels pour comprendre le monde économique.