Points de cours Flashcards
Quels sont les effets des inégalités sur la croissance ?
Effets positifs :
- stimulent l’épargne et l’investissement, pouvant être favorables à la C si la richesse accumulée est investie dans des secteurs dégageant des gains de Pté (Kaldor, 1957, théorie du ruissellement)
- incitent à l’innovation par l’entrepreunariat
- si les inégalités de salaire proviennent des inégalités de rendement de l’éducation, les individus peuvent être encouragés à accroitre leur niveau de compétence, ce qui augmente le capital humain et peut augmenter le niveau de vie pour tout le monde (Deaton, 2013)
Effets négatifs :
-freinent conso
- nuisent à l’investissement en générant de l’instabilité politique et sociale et de la criminalité qui menacent les droits de propriété (Perotti, 1996)
- en diminuant la cohésion sociale, pèsent sur le financement des biens publics (Putnam, 2000)
- l’inégalité de revenus entraine inégalités des chances : l’impossibilité d’accès au marché du crédit empêche les plus pauvres d’investir en K physique ou éducation, les enfermant dans des trappes à pauvreté
- Alesina et Rodrik, 1994 : plus la répartition primaire des revenus est inégalitaire, plus l’électeur médian vote en faveur d’une fiscalité redistributive jusqu’au point où elle devient un frein à l’accumulation de K et donc à la C
Empiriquement
o Deininger et Squire, 1996 : ce sont surtout les inégalités de patrimoine qui ont un effet négatif sur la C dans les pays au PIB/tête faible ou au contraire élevé
o FMI, 2014 : les inégalités nuisent à la C et les politiques de redistribution n’ont pas d’effet négatif sur la C
Que peut-on attendre des exonérations de CS ?
Objectif : baisser le coût du T => déplacer la courbe de demande vers la droite pour “enrichir le contenu en emploi de la C” (L’Horty et al., 2012)
Effet : son impact sur l’emploi est d’autant plus fort que l’O et D est plus élastique pour le T peu qualifié que pour le qualifié
=> expliqué par le fait que le T qualifié et le K sont complémentaires, mais qu’ensemble ils sont substituables au T peu qualifié (Hamermesch, 2014)
Risques et effets pervers :
- Augmentation du salaire plutôt que de l’emploi.
=> Cahuc et Carcillo, 2014 : une diminution de 1% des CS se traduit par une hausse des salaires de 0,75% et une hausse de l’emploi de 0,25%, ce qui n’est pas l’effet voulu. Toutefois, une baisse de 1% du cout du travail ciblé sur les salaires sous 1,6 Smic accroit l’emploi de 2% au bout d’un an - Trappes à bas salaires (Malinvaud, 1998)
=> Dress, 2024 : pour augmenter de 100€ un salarié au SMIC, l’employeur doit débourser 442€ (coin socialo-fiscal) - Entreprises zombies (Carbonnier, Palier et Zemmour, 2014) : risque du maintien en vie d’entreprises peu performantes et faisant peu d’efforts de Pté et d’innovation
- Risque d’enfermer l’économie dans une spécialité moyenne/bas de gamme, en concurrence avec les PED
Evaluations
- Rapport Ferraci-Guedj, 2023 : 2/3 des 80Md€ d’exos ont des effets positifs sur l’emploi. Toutefois, elles ne profitent pas assez aux secteurs exposés à la concurrence internationale, et sont très peu efficaces > 2,5 SMIC. Toutefois, ils n’observent pas d’effet empiriques de trappe à bas salaire car il n’y a pas de pic dans la distribution des salaires autour de 2,5 SMIC.
- Rappot Bosio-Wasmer, 2024 : impact significatif sur l’emploi, bien adapté dans la période où le chômage de masse touchait en priorité la population moins qualifiée. Les risques de trappes à bas salaires sont difficilement prouvables mais il n’est pas possible de rejeter leur existence.
Quels sont les externalités positives pour l’économie d’une base industrielle forte ?
- facteur d’innovation et de Pté (80% de la R&D et gains de Pté plus importants que dans les services)
- multiplie la VA avec des effets d’entrainement dans le reste de l’économie (1 emploi industriel crée 3 emplois hors industrie)
- diminution des inégalités en créant des emplois de meilleurs qualités (Rodrik, 2011)
- si le secteur est exportateur, augmentation de la balance commerciale (important pour FR qui importe produits énergétiques)
- incidence positive sur les territoires - clusters, technopoles (Krugman 1991)
Quelles sont les causes économiques de désindustrialisation ?
Demmou, 2010
- Ce n’est pas un phénomène spécifique à la FR. Avec -5p dans la VA entre 1995 et 2019, la FR est dans le milieu de tableau et l’Allemagne est une exception.
- Comme l’industrie connait des gains de Pté plus rapide que les autres secteurs, ses prix relatifs diminuent. Si ce n’est pas compensé par une hausse de la consommation, sa part dans la VA diminue aussi mécaniquement.
- Les entreprises industrielles externalisent de manière croissante leur consommation de services.
- La préférence des consommateurs, des entreprises et des investisseurs évolue vers moins de biens et plus de services.
Banque de France, Kalantzis et al., Les causes de la désindustrialisation en France, 2017
Le commerce international n’a joué qu’un rôle secondaire (13%), la perte de la compétitivité prix s’expliquant essentiellement par
- une hausse du coût du travail indirect contenu dans les consommation intermédiaires de l’industrie (forte hausse dans les secteurs abrités de la concu internationale, peu compétitifs, CAE 2019)
- l’importance de la fiscalité sur la P, qui désavantage les entreprises industrielles fortement capitalistiques
Harberger, 1954
dans une situation de monopole, le producteur unique est price-maker et peut fixer un prix supérieur à son coût marginal (rente de monopole), se traduisant par une perte sèche sur le marché en réduisant la production et en augmentant les prix
Effet de laurier des monopoles
Leur position dominante assurée ne les incite pas à :
- baisser leurs coûts (innefficience productive, Leibenstein, 1966)
- innover (innefficience dynamique, Arrow, 1962)
La réglementation excessive peut conduire à une baisse de l’intensité concurrentielle et une hausse des prix qui a des conséquences sur la PGF, l’emploi et les inégalités
- Baisse de la PGF
- Aghion et al., 2005 : relation en U inversé entre concu et innovation
§ a quantité des brevets déposés est à son maximum dans les secteurs où l’intensité concurrentielle est « moyenne », car les bénéficies liés à l’innovations sont très faibles dans les marchés très concurrentiels où l’innovation sera rapidement répliquée
§ invite à mener analyse approfondie de chaque secteur, car moins de concurrence crée des rentes, notamment si les gouvernements sont capturés par des intérêts privés
§ MAIS Phillippon, 2019 : le progrès technologiques récents n’ont pas d’effets sur la baisse des prix car la rente d’innovation est captée par les firmes proches de la frontière technologique - Les barrières à l’entrée empêchent l’arrivée de nouveaux entrants et donc le processus de destruction créatrice
- Diminution de l’emploi
- Des prix plus élevés sur le marché affaiblissent la demande globale
- Cette et al., 2018 : les rentes sont partagées avec les travailleurs sous forme de salaire d’équilibre concurrentiel, constituant une utilisation faible et inefficiente de la main d’œuvre
- Augmentation des inégalités
- Azar et al., 2017 : La hausse du pouvoir de marché des entreprises diminue le pouvoir de négociation des salariés
- Les rentes captées par les salariés créent des inégalités avec les autres salariés
- La hausse des profits accroit les revenus du K au détriment des consommateurs (transfert des consommateurs vers le K)
- Empiriquement, la présence de rentes augmente inégalités au profit des 10% des ménages les plus riches (Ennis et al., 2019)
La concurrence permet des gains d’allocation et des gains de stabilisation
Gains d’allocation :
- Gains de Pté : Le renforcement de la contestatbilité des marchés incite les entreprises à innover, y compris pour les entreprises en amont qui ne peuvent pas s’accaparer la rente (théorie des marchés contestables, Baumol, Panzar et Willig, 1982). MAIS la plus forte intensité concurrentielle diminue les marges des entreprises, ce qui limite leur capacité d’autofinancement.
=> Empiriquement, plus un secteur est concurrentiel, plus la productivité y est élevée, augmentant le PIB/hab (OCDE, 2017)
=> Les mouvements de dérégulation sont empiriquement suivis de gains de Pté positives pour la croissance (Nicoletti & Scarpetta, 2005). - Gains de PA : la concurrence réduit les rentes de producteurs et fait pression sur les prix => baisse de 12%/an sur 2011-2016 après l’arrivée de Free sur le marché des telecoms
- Gains en emploi :
=> A CT, les effets dans le secteur concerné sont ambigus (transfert d’emploi intrasectoriel)
· Effet négatif : les entreprises les moins performantes disparaissent et les entreprises en place voient leur activité se réduire
· Effet positif : l’arrivée de nouveaux entrants crée de l’emploi
=> A LT, effet plus favorable sur l’emploi (transfert intersectoriel)
· L’augmentation du PA du fait de la baisse des prix augmente la demande globale, stimulant l’investissement et l’emploi - Gains redistributifs : la présence de rentes augmente inégalités au profit des 10% des ménages les plus riches (Ennis et al., 2019)
Gains de stabilisation : la concu sur le marché des B et S diminue la rigidité des prix, rendant l’ajustement aux chocs macro moins coûteux (Stiglitz et Mankiw)
Arrow, Théorie du bien-être, 1951
l’Etat doit intervenir en cas de défaillance de marché
- en situation de monopole ou de forte concentration (transports, communications, énergie), l’intervention de l’Etat est nécessaire pour assurer accès aux produits à des prix raisonnables sur l’ensemble des territoires (Ramsey et Boiteux, 1956)
- en présence d’externalités, l’Etat peut intervenir pour assurer niveau de P optimal en termes de bien-être social (Pigou, 1920)
- en présence d’asymétries d’info provoquant aléa moral et sélections adverses (Akerlof, 1971), Etat peut intervenir pour que le prix reflète correctement qualité du produit à exigences en termes de qualifications pro, standardisation par autorisations d’exercice et labels (name and shame), règlementation des prix
Comment l’Etat peut-il empêcher un acteur en situation de monopole de capter une rente sur les consommateurs ?
- Assurer directement l’exploitation de cette activité.
- Réglementer le prix du monopole pour contrôler la rentabilité de l’investissement.
- Un prix plafond peut être fixé de sorte à ce qu’il soit inférieur à celui qu’aurait choisi le monopole pour maximiser son profit.
==> D’après la règle de Ramsey-Boiteux (1956), ce prix dépend de l’élasticité de la demande : plus la demande est élastique, plus le prix doit être faible est proche du cout marginal.
=> les consommateurs élastiques au prix vont payer moins chers (vente à perte) et seront subventionnés par les consommateurs inélastiques au prix qui paieront plus chers pour compenser - Un contrat incitatif avec un budget selon une logique de prix plafonné (price cap) pour réguler les situations de monopole par les prix (Laffont et Tirole, 1993). Incite à réduire coûts pour augmenter les profits.
- Une tarification au coût moyen ou au cout marginal, avec une subvention pour compenser les pertes (Dupuy, 1849).
==> ce système n’incite pas l’entreprise à réduire ses coûts car elle sait que cela se transformera en baisse du prix
==> effet Averch-Johnson (1962) : lorsque l’Etat garantit un taux de rendement au moins égal à celui du marché, l’entreprise est incitée à substitution du K au T pour augmenter ses profits, ce qui donne une combinaison productive qui n’est plus optimale
Quelles sont les situations qui favorisent la concentration des marchés ?
- Les situations de concurrence monopolistique : produits similaires mais non substituables, incitant à la différenciation pour se positionner en leader
- La présence de coûts fixes importants (Bighelli, 2020) : Dans une économie mondialisée caractérisée par un environnement compétitif “winner takes all”, la concentration peut permettre de maximiser l’utilité notamment via les économies d’échelle.
- Les effets de réseau (l’utilité du produit augmente avec son nombre d’utilisateurs)
Quelles stratégies peuvent développer les entreprises pour échapper à la concurrence ?
- Prix prédateurs : prix de vente inférieurs au cout unitaire de P (interdit depuis 1993)
- Cartel : concertation entre concurrents pour réduire la P, fixer les prix, se répartir les segments
==> Stiegler, 1964 : cette situation n’est pas durable car chaque firme a individuellement intérêt à tricher dans le cartel (situation de dilemme du prisonnier) - Stratégies de M&A :
- Fusions horizontales (entreprises concurrentes) : faire des économies d’échelle ou réduire l’intensité concurrentielle
- Fusion verticale (intégration en amont/aval) : mieux coordonner les différents stades de P, réduction de la concurrence en restreignant l’accès aux fournisseurs / distributeurs
Quelles sont les causes et les conséquences de la baisse de la part du travail dans la VA des pays développés et PED ?
Causes : L’évolution du partage de la VA dépend du degré d’élasticité de substitution entre capital et travail
- si > 1, capital peut facilement se substituer au travail => une hausse des salaires de 1% entraine une baisse de la qté de travail > 1% => part du revenu rémunérant le travail diminue
- si = 1, hausse du revenu de 1% entraine baisse de la qté de travail de 1% => pas de changement de répartition
- si proche de 0, facteurs complémentaires => hausse des salaires de 1% augmente part du revenu rémunérant le travail
Conséquences
1. hausse des inégalités, car la propriété du K est particulièrement concentrée (Milanovic, 2015)
2. la faible propension à consommer des plus riches contribue à la stagnation séculaire en freinant la conso et boostant l’épargne (Summers, 2015)
Piketty, Le capital au 21e siècle, 2013
il existe un effet multiplicateur entre inégalités de revenu et du patrimoine car taux d’épargne et rendement du capital différent selon déciles de richesse
Insee, Revenu et Patrimoine des ménages, 2021
la part des PO est élevée en France, sans pour autant directement contribuer à réduire les inégalités : les 5% les + pauvres paient 55% d’impôts en moyenne, à peu près la même part que les 5% les + riches
C’est surtout après les prestations sociales, autres transferts en nature et services publics que l’écart interdécile passe de 18 à 3
4 principes sur la fiscalité
- le cout éco de l’impôt doit être mis en balance avec l’utilité des dépenses pub
- celui qui supporte le coût de l’impôt n’est pas toujours celui qui en est juridiquement redevable (incidence fiscale)
- les agents éco les moins affectés sont ceux dont l’élasticité prix est la plus forte (mobilité du patrimoine, consommation non-essentielle)
- le coût éco de l’impot est d’autant plus fort que les élasticités sont fortes, générant une évaporation de la base fiscale
==> sous certaines conditions, le coût éco est proportionnel au carré du t% d’imposition, ce qui explique la préférence des économistes pour impot à t% faible sur une assiette larges
Impact de +1% de PO (Mésange Trésor)
diminution du PIB de LT de 1p, mais on ne récupère que 0,3p de recettes publiques
Thiebout, 1956
la concu fiscale peut, sous certaines conditions strictes (parfaite mobilité du capital), conduire à une convergence du degré d’efficience des PP. Dans les faits, cela aboutit plutôt à privilégier le dumping fiscal comment instrument pour attirer les investissements
Oates, 1991
avec des hypothèses plus réalistes, la concurrence fiscale se révèle plutôt dommageable, en transférant la charge fiscale vers les assiettes les moins mobiles (consommation, immobilier, travail peu qualifié), posant des problèmes de perte de capacité productive, hausse des inégalités et moindre rendement budgétaire
CAE, Renforcer l’harmonie fiscale en Europe, 2014
En Europe, la concurrence fiscale se joue surtout sur le taux d’IS. Pour les autres impôts il n’y a pas de consensus
Quels sont les effets du CC sur l’économie ?
Sur l’offre :
- Diminution de la disponibilité de certaines ressources naturelles
- Destruction du stock de capital liés aux dommages
- La hausse des températures peut avoir un impact sur la santé et la capacité des personnes à travailler par températures plus élevées => diminution de la Pté et Qté de MO dispo
- Impact du climat sur les transports diminue le commerce international
Sur la demande :
- Les entreprises anticipent un ralentissement de la croissance économique => diminution des I
- Les ménages deviennent plus pessimistes quant à leurs revenus futurs => hausse de l’épargne et diminution de la consommation
Rapport Stern 2007 : alors que le coût de l’action est e 1% du PIB, le coût de l’inaction peut atteindre 20% du PIB en 2050
DG Trésor, Impact économique du changement climatique, 2020 : la transmission à la population des coûts du changement climatique s’effectuerait via le canal de la santé (dégradation du capital humain), par celui de la productivité (moindre efficacité des infrastructures), mais aussi du commerce international (augmentation de son coût), voire de l’instabilité politique.
Quels sont les effets de la TE sur l’économie ?
Sur l’offre :
- Réaffectation de l’emploi et des innovations des industries intensives en carbone déclinantes vers les secteurs émergents => I pour substituer du capital vert au brun sans gains de Pté = choc d’offre négatif (coup d’opportunité)
Sur la demande :
- Les politiques d’atténuation et d’adaptation nécessiteront des investissements importants
- Cette hausse devrait avoir un impact négatif sur la consommation des ménages
DG Trésor, Croissance et décarbonation de l’économie, 2022 : il existe deux interprétations du concept de croissance verte.
- La première, d’inspiration keynésienne, postule que les investissements verts soutiennent l’activité à CT.
- L’autre approche soutient que la transition est bénéfique à LT, notamment au regard du coût de l’inaction, mais que celle-ci s’accompagne de coûts à CT qui diminuent les perspectives de croissance (la sortie des énergies fossiles peut être perçue comme un choc d’offre négatif).
FR Strat-IGF, Enjeux macroéconomiques et budgétaires de la neutralité carbone, 2022 : de scénarios de transition affichent un « double dividende » en PIB et en réduction des émissions à CT. Toutefois, le consensus tend à se former en faveur d’une transition coûteuse à court et moyen terme
Quelles sont les théories classiques faisant le lien entre l’économie et les ressources naturelles ?
Malthus, Essai, 1798 : il considère la terre comme une valeur finie, qu’il faut protéger des excès démographiques.
Ricardo, Principes de l’économie politique et de l’impôt, 1821 : il perçoit les perspectives de rendements décroissants du capital naturel, qui risquent de plonger l’économie vers un état stationnaire.
Say, Cours économie politique pratique, 1828 : les ressources naturelles sortent par définition du champ de la science économique chargée d’analyser la répartition des ressources rares (« ne pouvant être multipliés ni épuisés, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques »).
Jevons, Sur la question du charbon, 1865 : à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer
Schnabel, A new age of energy inflation, 2022
Structurellement, il existe trois risques inflationnistes liés au réchauffement climatique :
1. Climateflation : l’inflation provoquée par la hausse des évènements naturels graves
2. Fossilflation : l’inflation liée au recours continu aux énergies fossiles et à la réduction des investissements dans ce domaine
3. Greenflation : l’inflation sur les minerais utiles pour la transition énergétique. Cette dernière relève d’un choc de demande et serait particulièrement ciblée par la BCE
3 approches de l’action climatique
Pigou, The economics of welfare, 1920 : il faut fixer le taux de taxe au niveau permettant l’indemnisation du dommage marginal subi. L’objectif est de faire supporter au pollueur la différence entre le coût social et le coût privé de son activité. L’entreprise choisit de manière autonome de polluer et de payer le coût correspondant de dépollution à la collectivité, où d’internaliser l’externalité, c’est-à-dire d’investir pour prévenir elle-même la pollution.
Pearce, The role of carbon taxes in adjusting to global warming, 1991 : il fut le premier à montrer que la fiscalité écologique pouvait procurer simultanément deux avantages à la collectivité :
premièrement, réduire la pollution et les dommages qui en découlent ; deuxièmement, fournir les recettes permettant de réduire d’autres impôts ayant un effet distordant, formant ainsi un double dividende. D’un point de vue théorique, le second dividende ne devrait être que transitoire, le comportement nuisible de l’agent disparaissant sous l’incitation de la taxe.
Coase, The problem of social cost, 1960 : la mauvaise définition des droits de propriété initiaux serait à l’origine d’inefficacités (le coût de transaction) auxquelles les sociétés ont tenté de remédier par un coûteux travail réglementaire. Il condamne l’intervention étatique « à la Pigou » qui modifie la répartition des revenus et des comportements. Pour lui, il suffirait d’attribuer aux agents du marché des droits de propriété sur les biens communs (des permis négociables), qui seraient ensuite échangeables sur le marché.
Cout du carbone idéal
Rapport Stern-Stiglitz, 2017 : le plein effet d’incitation des mécanismes serait atteint pour des prix du carbone entre 50 et 100€ en 2030
Rapport Quinet II (France Stratégie), 2019 : afin de respecter les objectifs SNBC de la France il faudra une valeur tutélaire carbone d’environ 250€/tCO2 en 2030 et jusqu’à 775€ en 2050.
BDF, Transition verte et finances publiques, 2024
Si les politiques de tarification du carbone génèrent des revenus pour le gouvernement, soutenir la transition par des mesures de dépenses publiques entraîne des coûts budgétaires importants qui peuvent rendre la dette publique insoutenable. L’augmentation de la dette publique entraîne à son tour une plus grande probabilité de défaillance et une augmentation de la prime de risque souverain. Cela peut encore augmenter le coût du financement de la transition verte, surtout si cela se répercute sur les conditions de financement du secteur privé. Il est donc nécessaire d’adopter une approche équilibrée qui protège les finances publiques.
Qu’est ce que l’incidence fiscale et quelles sont ses implications économiques?
def : Effet de la charge d’un impôt sur une personne, ou une catégorie de personnes, qui supporte finalement cette charge à la place du contribuable légalement chargé de l’acquitter
il ne faut pas raisonner en équilibre partiel (sur un seul marché) mais en équilibre général, car les consommateurs déterminent leur panier de consommation globalement
==> la fiscalité sur un marché particulier altère les comportements sur les autres marchés en modifiant les prix relatifs (effets de substitution) et le PA (effet de revenu)
Une taxe sur le K augmente son prix relatif par rapport au T, ce qui peut induire des effets de substitution favorables à l’emploi. MAIS des effets de LT peut être une perte pour les revenus du T, et donc avoir un effet opposé à celui anticipé
==> Arulampalam, 2012 : 54% des hausses d’IS se sont traduites par des moindres hausse de salaire
Dans quelles conditions la concurrence fiscale peut ne pas mener à une course au moins-disant fiscal ?
Krugman 1991, Baldwin 2003 : Des écarts de fiscalité peuvent persister s’ils correspondent à des avantages géographiques
Certains pays bénéficient de rentes d’agglomération leur permettant de maintenir des taux d’imposition plus élevés sans souffrir d’un délocalisation
Ces rentes sont liées aux économies d’échelle qui :
- incitent les entreprises à concentrer leurs activités en un petit nombre de lieux, pourvu que les coûts de transports entre les lieux de P et les marchés ne soient pas trop élevés (arbitrage proximité/concentration)
- créent les ressources nécessaires à la P de biens publics (infrastructures, éducation), qui, à leur tous, attireront de nouvelles entreprises
Empiriquement, le choix de localisation dépendent plus de l’ampleur de la demande locale que de la pression fiscale
Quelles caractéristiques du marché du T ont un impact direct sur la distribution des salaires ?
- L’existence de contraintes réglementaire sur la fixation des salaires (ex : SMIC)
- Les modes de négociation des salaires entre syndicats et entreprises : la puissance des syndicats et le degré de centralisation des négociations jouent bcp
- L’asymétrie d’information entre employeurs et employés peut conduire à fixer le salaire à un niveau ne correspondant pas à la Pté du T
Flux de création et destruction d’emplois
Cahuc et Zylberberg, 2004 : le fonctionnement de l’économie entraine en permanence des créations et destructions d’emploi
=> environ 10 000 emplois sont créés et 10 000 emplois sont détruits chaque jour
Davis et Haltiwanger (1992, 1998) : Partout, et quelle que soit la conjoncture, le taux de création nette d’emploi (taux de croissance de l’emploi) est d’un ordre de grandeur inférieur au taux de création d’emploi de destruction d’emplois
Courbe de Beveridge : définition et applications pour la France
Mesure l’efficacité de la capacité d’appariement d’un marché du T en observant la relation entre le taux de chômage et le taux d’emploi vacant
Elle est
- décroissante : plus il y a d’offres d’emploi, plus faible est le taux de chômage ; inversement, quand le taux de chômage baisse, le taux d’emplois vacants augmente
- convexe : la probabilité de trouver un emploi n’augmente pas à concurrence du nombre d’offres emploi
DG Trésor, Assurance-chômage contra-cyclique : pourquoi ?, 2023 :
la courbe de Beveridge en France se déforme et connait une pentification lorsque le taux de chômage passe au-dessous de 7,5%, i.e. la hausse des offres d’emploi ne s’accompagne pas d’une diminution du chômage
=> cette pentification devrait intervenir à un niveau beaucoup plus faible (3-4% en Allemagne, UK ou US), ce qui traduit une inefficacité du marché du travail spécifique en France
Faut-il contraindre les chômeurs à rapidement retrouver un emploi ?
Il existe un arbitrage à faire entre vitesse et qualité de l’appareillement
- Un appariement rapide (et un t% de chômage faible) peut s’accompagner d’une mauvaise association entre les caractéristiques des demandeurs d’emploi et les postes à pourvoir, ce qui peut dégrader la Pté et la satisfaction des travailleurs
Diamond, 1981 : son modèle d’appareillement montre que l’assurance chômage favorise la qualité des emplois (et donc la Pté) en laissant aux chômeurs un temps raisonnable pour trouver un nouvel emploi en adéquation avec leur profil
- En revanche, un appareillement plus long peut
- favoriser l’apparition de phénomènes d’hystérèse (Blanchard et Summers, 1986)
- représente une charge supplémentaire pour les finances publiques (plus longue durée de versement des indemnités de retour à l’emploi).
- Les employeurs pourraient tirer profit de cette précipitation en proposant des salaires plus faibles
- Empiriquement, l’allongement de la durée d’indemnisation a des effets quasi nuls sur la qualité de l’emploi (Le Barbanchon et al., 2016 et 2019)
Un bon système d’assurance chômage doit trouver un bon équilibre sur la durée d’indemnisation et “activer les dépenses”, i.e. remplacer des dépenses passives d’indemnisation par des dispositifs mettant l’accent sur la recherche d’emploi et l’incitation à la recherche d’emploi
Effort budgétaire pour l’emploi
Très important en France (2,6 pp), 2 fois plus élevé que dans le reste de l’OCDE