Le travail comme "construction(s)" de soi Flashcards
Commenter : «Le concept de travail dont nous disposons aujourd’hui est constitué de couches de signification différentes que les derniers siècles ont déposées et qui se sont en quelque sorte sédimentées, mais dont nous avons oublié le caractère historique. Nous faisons comme si, de toute éternité, le travail avait été doté de tous les attributs et de toutes les finalités qui le caractérisent aujourd’hui: l’effort, la contrainte, la transformation créatrice d’un donné, l’ajout de valeur, l’utilité, l’existence de contreparties», Dominique Méda Dans Le travail (2018), Paris, PUF, pages 3 à 5
Il existe différents points de vue qualifiant notre rapport au travail :
“Le travail, c’est la santé.”
Le travail comme épanouissement personnel
Le travail vu comme rémunérateur.
Le travail vu selon le rapport à la hiérarchie
Personnes âgées qui disent que les jeunes ne veulent plus travailler.
Si on est dans un discours de l’épanouissement, que faire des tâches ingrates mais pourtant fort utiles? du travail épanouissant mais peu rémunérateur?
Les autorités sociales, par les medias, entretiennent l’intérêt pour le travail (cf discours d’Elisabeth Borne sur la réquisition des ouvriers pour débloquer des dépôts de carburant)
Perspective genrée du travail : L’homme doit ramener plus d’argent que la femme dans le foyer pour ne pas se sentir diminué
Importance symbolique du lieu de travail.
Aujourd’hui, comment le travail définit les gens?
«La place du travail dans les identités», Economie et Statistiques, Hélène Garner, Dominique Méda et Claudia Senik, 2006.
L’enquête Histoire de vie permet de mettre en évidence la place qu’occupe le travail parmi les différents éléments constitutifs de l’identité des personnes ainsi que l’importance relative que celles-ci lui accordent. Si 40 % des personnes interrogées et 54 % des actifs jugent que le travail est l’un des trois éléments qui « leur correspondent le mieux, qui permettent de les définir », il vient en seconde position loin derrière la famille. 7 % des personnes interrogées considèrent le travail comme l’élément principal de leur identité et 60 % des enquêtés ne citent pas le travail parmi les trois thèmes d’identification. Les deux tiers des actifs en emploi indiquent que pour eux « le travail est assez important, mais moins que d’autres choses ». Deux effets semblent à l’œuvre dans le fait que le travail semble concurrencé par d’autres activités, domaines de vie ou valeurs : l’un lié au travail et à ses conditions d’exercice, susceptible d’expliquer notamment la position de « retrait » des professions intermédiaires, des employés et des ouvriers, l’autre, extérieur au travail, qui met en évidence la concurrence objective dans laquelle se trouvent vie professionnelle et vie familiale, notamment pour les femmes. Les immigrés et les individus issus de l’immigration, surreprésentés dans l’enquête, développent par rapport au travail une position que ces deux effets ne suffisent pas à expliquer.
Cet article met en évidence une certaine « relativisation » du travail au regard d’autres activités ou d’autres valeurs, aussi bien comme élément de l’identité que comme activité jugée plus ou moins importante que d’autres. Elle est principalement le fait des professions intermédiaires, des employés et des ouvriers ainsi que des femmes avec jeunes enfants ; elle ne relève pas d’une appétence accrue pour les loisirs mais plutôt de conditions d’emploi peu propices à la valorisation du travail, ainsi que de conditions de vie nécessitant un arbitrage temporel, notamment de la part des femmes, entre travail et prise en charge des contraintes familiales. Ce dernier point explique sans doute les différences de taux d’emploi qui subsistent entre les hommes et les femmes mais aussi la prédominance du temps partiel chez les femmes et d’autres caractéristiques de l’emploi féminin (Milewski et al., 2005).
Quelle est la difficulté majeure des questionnaires sur l’identité au travail?
Tout le monde a une conception différente du travail et de ce qu’est l’identité. Plus on est diplômé, plus on est enclin au travail.
Avec toutes ces différences, comment produire de la connaissance à partir d’un questionnaire?
Citer deux auteurs selon lesquels tout travail porte sur l’interaction.
Goffman et Hughes
Frétigné, C. (2005). Patrick Cingolani, La précarité. Lectures, Lectures, 2005.
En préambule, l’auteur met l’accent sur la pluralité des réalités qu’embrassent les substantifs « précaire » et « précarité ». De leurs diverses manifestations phénoménologiques, il retient finalement celle de l’intermittence qui exprime le mieux, selon lui, la variété de leurs connotations (le caractère aléatoire, instable, incertain, fugitif, fragile).
Au chapitre I, l’auteur montre que l’emploi précaire se caractérise principalement par une double discontinuité : des temps travaillés d’une part, des revenus et des protections associées de l’autre. Le travail précaire, quant à lui, se présente comme une variable d’ajustement dans les politiques d’entreprise et renforce la subordination déjà constitutive du contrat de travail. En une belle formule, Patrick Cingolani observe que « le travailleur précaire se redouble souvent d’un travailleur à tout faire » (p.53-54).
Le chapitre II développe une approche compréhensive de la précarité, saisie sous l’angle de l’« expérience subjective » (p.57). À s’en tenir à cet exemple, les pratiques du temps partiel sont bien plus des « pratiques aliénées » (p.64) que l’expression d’un libre-arbitre. Cependant, de nombreuses « tactiques de la pauvreté » corrigent l’hétéronomie de la condition précaire. « La discontinuité, précise le sociologue, devient alors un élément de construction de soi où s’affirme parfois, sans que celui-ci soit formulé explicitement comme tel, un non-consentement et une résistance expressive à la normativité sociale du travail avec son mode d’imposition disciplinaire. » (p.72)
Le dernier chapitre fait retour sur les pauvretés et les précarités que l’analyste du social a décrites. Très clairement, Patrick Cingolani pose les inégalités comme le principal schème explicatif des situations observées. Et, dans la mesure où le « processus d’individualisation » (p.95) sape l’assise des solidarités de proximité (familiales, de voisinage), les effets dirimants des inégalités sociales jouent de manière croissante. Désormais l’individu est laissé « plus violemment en proie au dénuement » (p.95).
La conclusion de l’auteur est particulièrement volontariste. Il livre un plaidoyer en faveur d’un régime d’intermittence professionnelle juridiquement encadré. On ne peut mieux faire ici que le citer in extenso : « Sortir de la précarité en donnant droit aux discontinuités, telle est la thèse qui vient et revient tout au long de ce livre, et, dans une certaine mesure, seule une sociologie des pratiques et des tactiques nous a permis de la saisir, en nous faisant comprendre combien les discontinuités ne sont pas seulement des conséquences de la flexibilité et de l’instabilisation de l’emploi, mais proprement un fait social de notre temps : une caractéristique de la socialisation. » (p.109)
En quoi consiste les travaux de l’ethnopsychologue et psychanalyste Patrick Declerc dans son ouvrage Les naufragés?
Quel regard peut-on porter dessus?
Declerc mène une observation participante dans la ville de Nanterre sur la grande clochardise. Ces vagabonds sont emmenés dans des dortoirs via des bus pour y vivre dans de mauvaises conditions.
Selon Elias, “Nous faisons tous partis les uns des autres.” Ainsi, l’existence de cette clochardise permet aux ouvriers de voir qu’il existe “pire qu’eux” et de relativiser mais surtout cela permet aux patrons de faire pression sur les ouvriers qui ont constamment une épée de Damoclès en cas de licenciement.
En quoi peut-on dire que la définition de soi au travail est indissociable de la façon dont les autres me définissent au niveau de mon travail?
Nous passons notre vie à classer, à dire ce que l’on aime et ce qui nous dégoûte par exemple. Cela est vrai partout mais surtout au travail qui est un fait social total où tout le monde s’accorde à donner davantage de légitimité aux professions libérales.
Qui est Castel? Quelle est sa philosophie sur le rapport entre travail et légitimité?
Castel est un sociologue des années 1930, contemporain des 30 Glorieuses, du CNR et de l’invention de Sécurité Sociale qui accorde des droits en échange de sa force de travail. Quel héritage de ces droits? (ex : CSSPT) Quel étiolement avec l’avancée du néolibéralisme?
Pour Castel les droits ont tendance aujourd’hui à se disloquer du travail. Mais alors que fait-on de la citoyenneté sociale cad considérer l’individu comme un humain avant un travailleur? Des droits des ouvriers décédés au Qatar pour préparer les JO? Que dire des travailleurs du bâtiment qui n’ont pas de protection sociale malgré leur travail? (Nicolas Jounin)
Quel intérêt (au sens bourdieusien) accorder au travail si ce n’est que parfois, il est absolument nécessaire pour survivre ou vivre décemment.
Que peut-on dégager du livre “Métamorphose de la question sociale” de Castel?
Pour Castel, au XXème siècle, si on a un travail, on peut subvenir à ses besoins et faire face aux difficultés. Aujourd’hui, même avec un travail, on peut par exemple se retrouver à dormir dans sa voiture. On a une explication politique par l’idéologie du travail des tenants de l’ordre social en disant qu’avoir un travail ne suffit pas à payer un loyer, notamment avec l’inflation et le passage à l’euro. Si on rémunère bien les patrons et que l’on veille à l’économie de profit, cela doit passer par du travail précaire avec des conditions d’emploi dégradées et un maintien de la mdo des personnes en insécurité sociale. (plus de contrats courts et CDD que contrats longs et CDI)
Le chômage est un choix politique pour maintenir la main d’oeuvre disponible d’où un certain tabou sur les plus grosses fortunes.
Si on prend l’exemple du travail bénévole de redistribution alimentaire, si les supermarchés donnent les denrées non consommées ce n’est pas que par philanthropie mais aussi car cela les exonère fiscalement. On a un philanthropo-capitalisme que l’on retrouve aujourd’hui partout dans nos vies. Par exemple, Bill Gates créé des écoles en Afrique pour que l’on ne puisse pas le critiquer, ce qui permet de maintenir l’ordre social.
Commenter : « La division du travail entre les échelons de la fonction publique est définie dans une plaisanterie classique : quand l’administration envoie une lettre,
l’agent de catégorie A la pense, le B la rédige, le C la tape à la machine et le D colle l’enveloppe. » (Alain Chenu, 1994, Les employés, Repères, p.47)
On a ici l’idée de classement . On classe les gens en fonction de leur hiérarchie dans une approche dynamique. On fait une dichotomie classement/déclassement.
La formation, par exemple, est classante, Les métiers de l’éducation nationale sont moins légitimes que ceux de la formation professionnelle.
On parle de “social objective”, cad de catégories qui nous mettent dans des cases et influencent notre rapport au travail.
Commenter : «Ni bénévoles ayant choisi de l’être et choisis par leurs pairs, ni travailleurs du workfare contraints légalement à l’engagement (Simonet, 2018), les bénévoles-bénéficiaires sont à l’interstice de ces deux catégories. Dépendants de la sollicitation des bénévoles pour passer ce pas qui les amène, ensuite, à une différenciation avec les «simples» bénéficiaires, libres de refuser cette demande mais exposés, en cas d’expression de volonté à ne pas s’engager ainsi, à des condamnations morales d’égoïsme, d’inertie et de paresse et, simultanément, à l’exposition à ces injonctions sociales à faire publiquement ses preuves de courage, l’engagement bénévole prend alors, pour reprendre la formule d’Agnès Aubry, la forme d’une «épreuve civique» (Aubry, 2019). Les «bb» sont aussi aux prises avec les injonctions sociales au combat pour la survie sociale, à faire ses preuves à soi-même (Illouz, Cabanas, 2018). En ce sens, ils sont un double appendice du bénévolat «par choix» et du volontariat «par défaut»
La citation distingue deux types de bénévoles : les bénévoles bénéficiaires et les bénévoles travailleurs civiques.
Pour la première catégorie, lorsque l’on bénéficie de l’aide alimentaire, on a tendance à davantage donner de sa force de travail par solidarité et pour acquérir une légitimité sociale. C’est l’idéologie du travail comme droit d’exister.
“L’épreuve civique” du bénévolat désigne selon Aubry (2019) le travail par exemple des travailleurs bénévoles migrants en Suisse. On a une intégration sur le territoire français par le bénévolat. Dans une même optique, le bénévolat d’accomplissement permet aux retraités qui s’ennuient à la retraite de s’accomplir.