Histoire économique et sociale Flashcards

1
Q

Qu’est ce qu’une lettre de change ?

A

La lettre de change est un moyen de paiement et un instrument de crédit. La lettre de change est une reconnaissance de dette, un engagement à payer, à une date ultérieure, le montant des marchandises avec un intérêt proportionné au délai de remboursement obtenu.

Elle est dite de change car elle peut être utilisée dans des contextes monétaires différents.

La lettre de change est aussi un instrument de crédit qui permet de contourner l’interdit du prêt à intérêt.

La lettre de change peut être escomptée auprès d’une banque pour obtenir sa contrepartie en monnaie liquide. La banque paye avant le terme, mais elle prélève alors une retenue, une fraction de l’intérêt que l’endetté doit à celui qui possède la lettre de change, proportionnelle au temps à attendre avant que la banque puisse obtenir de l’endetté le paiement de son engagement (principal + intérêt). Le taux d’escompte représente donc l’intérêt sur la somme pendant le laps de temps courant jusqu’à l’échéance.

L’usage de la lettre de change est resté très large jusqu’à la fin du XIXe siècle. Elle est définitivement remplacée par le crédit bancaire.

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2
Q

Qu’est ce que la comptabilité en partie double ?

A

La partie double a été théorisée à la fin du XVe siècle par un religieux, Luca Pacioli. Son principe peut s’énoncer comme suit : Tout mouvement affectant un élément quelconque du bilan est nécessairement accompagné d’un mouvement inverse et de même importance sur un ou plusieurs autre(s)élément(s).

Dans une telle comptabilité, on décrit la situation patrimoniale d’une entreprise, à un moment donné, sous forme d’un tableau à deux colonnes. On appelle cela un bilan.

Pour suivre l’activité de l’entreprise durant une période déterminée, un autre instrument est utilisé, c’est le compte de résultats.

La comptabilité en partie double s’enracine dans la vie commerciale dès le XVIe siècle.

Même si le traité de Pacioli connaît de nombreuses traductions, F. Braudel nous invite à relativiser sa diffusion. De grandes entreprises (ex. : la Compagnie des Indes orientales) ne l’ont pas adoptées d’emblées. Dans l’industrie française, l’usage de la partie double est ignoré ou guère performant.

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3
Q

Quelles sont les deux thèses de doctorat dans lesquelles Ernest Labrousse modélise la crise de l’Ancien Régime ?

A

Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle (1933) : Sa réflexion se mène alors en pleine crise économique des années 30. Il s’agira pour lui de bien montrer ce qui oppose la crise d’Ancien régime et la crise du capitalisme industriel.

La crise de l’économie française à la fin de l’Ancien Régime et au début de la Révolution (1944).

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4
Q

Dans “Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle” (1933) et “La crise de l’économie française à la fin de l’Ancien régime et au début de la Révolution” (1944), que fait Ernest Labrousse ?

A

Il modélise la crise de l’Ancien Régime.

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5
Q

Quels objectifs poursuit Ernest Labrousse dans ses deux thèses ? À partir de quelles données ?

A

Ses objectifs sont :

  • Établir le mouvement des prix et des revenus au XVIIIe siècle (l’histoire des prix est une discipline qui se développe fortement entre les deux guerres).
  • Donner du sens aux mouvements conjoncturels, dont les crises qu’il prend soin d’appeler crises d’Ancien régime.
  • Proposer un schéma explicatif de la Révolution française.

Afin d’atteindre ses objectifs, il se sert des prix agricoles consignés dans les mercuriales.

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6
Q

Pourquoi Ernest Labrousse s’appuie sur les prix agricoles consignés dans les mercuriales ?

A

Les prix locaux, à une époque de mobilité réduite des produits agricoles et de rigidité de la demande (faible élasticité) pour ce type de biens, sont un bon indicateur à court terme des quantités produites (les quantités échangées ne sont pas aussi bien connues). Les prix élevés démontrent une faible quantité.

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7
Q

Citer les trois mouvements de prix que met en évidence Ernest Labrousse.

A
  • Un mouvement de hausse de longue durée (de 1734 à 1817), un trend ascendant.
  • Des mouvements cycliques : entre 1734 et 1789, il distingue jusqu’à 8 cycles de 6 ans en moyenne. Il y a une aggravation de leur amplitude en fin de période (1770- 1789).
  • Des mouvements saisonniers, écarts au sein d’une même année (soudure).
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8
Q

Comment s’organise l’enchainement des évènements lors de la crise de l’Ancien Régime ?

A
  • Sous-production agricole.
  • Baisse de revenu de la grande masse agricole et hausse des prix des céréales.
  • Sous-consommation industrielles relative.
  • Chômage généralisé.
  • Récession économique.
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9
Q

Expliquer la sous-production agricole durant la crise de l’Ancien Régime.

A

Les mauvaises récoltes sont pour l’essentiel la conséquence d’aléas climatiques et sont à l’origine des crises de subsistance (d’autant + graves que l’aléa est répété).

Le surplus à échanger contre d’autres biens se réduit.

La faiblesse des récoltes signifie également une plus faible demande de travail agricole ce qui entraine une baisse supplémentaire du pouvoir d’achat rural.

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10
Q

Expliquer la baisse du revenu de la grande masse agricole et la hausse des prix des céréales durant la crise de l’Ancien Régime.

A

La hausse des prix des céréales est liée à la diminution des quantités offertes (=récoltées), à la spéculation (rôle de ceux qui prélèvent la dîme en nature, des propriétaires qui perçoivent un fermage fixe en nature et des riches fermiers qui peuvent tous attendre pour vendre au meilleur prix), à la faible mobilité des produits (transport difficile entre deux régions inégalement favorisées par la récolte).

La hausse des prix des céréales a des effets très différenciés.

Pour les gros fermiers ou les décimateurs, il y a une possibilité de stockage et de spéculation.

Mais pour la plupart des paysans (petits propriétaires, petits fermiers, métayers), la baisse des quantités offertes sur le marché dépasse la hausse du prix des grains. Il y a donc une diminution de leur revenu (qui s’ajoute aux conséquences du chômage agricole). Ces petits producteurs ont trop peu de surplus, ils cessent rapidement d’être vendeurs pour n’être plus qu’acheteurs. Pour toutes les catégories rurales qui ne produisent pas eux-mêmes des céréales, il y a une obligation d’acheter plus cher un bien de subsistance dont la demande est relativement inélastique (il faut d’abord manger). Globalement, il y a une réduction du pouvoir d’achat disponible pour d’autres biens.

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11
Q

Expliquer la sous-consommation industrielle relative durant la crise de l’Ancien Régime.

A

Dans la France préindustrielle, la crise agricole affecte directement la structure industrielle et urbaine. La baisse de revenu de la grande masse agricole entraine la baisse de la consommation du principal type de produit manufacturé, le textile, qui est un bien central en termes d’emploi, de production et de consommation. Cette baisse de consommation est accentuée par la perte de pouvoir d’achat des populations urbaines pauvres touchées par la hausse du prix des céréales.

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12
Q

Pourquoi la crise de l’Ancien Régime a des conséquences opposées pour les différentes catégories sociales ?

A

Pour la grande majorité des agents économiques, principalement les consommateurs de céréales, leur coût élevé signifie un effet de revenu négatif.

Pour les propriétaires fonciers, pour les bénéficiaires des droits seigneuriaux, les décimateurs, les moins bonnes années peuvent au contraire être plus lucratives (en raison de la hausse des prix, lorsque le prélèvement est une quantité fixe…et prioritaire, et de la possibilité de spéculer à la hausse).

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13
Q

Quelle est la spécificité de l’année 1789 en terme d’économie ?

A

1789 est l’année de la superposition des mouvements de prix.

C’est l’année où le prix des céréales est le plus élevé depuis 1734.

L’année (postérieure à une mauvaise année météorologique) où culmine le maximum cyclique des prix.

À quelques semaines près, la Révolution éclate quand culmine le maximum saisonnier des prix.

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14
Q

Qu’est ce qu’a théorisé E. P. Thompson ?

A

Le concept d’économie morale de la foule.

En effet, entre 1661 et 1789, on a estimé entre 1265 et 1400 le nombre des émeutes frumentaires enregistrées en France, émeutes dont les conséquences ont pu être importantes : chute de ministres, in fine : désacralisation de la monarchie, etc. E.P. Thompson, a forgé à propos de ces émeutes (en Angleterre) ce concept dont la portée est telle qu’aujourd’hui encore, on l’emploie pour décrire certains mouvements sociaux.

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15
Q

Qu’observe E. P. Thompson lors des émeutes des paysans anglais contre les propriétaires ?

A

Il observe que la pratique dominante est la « taxation du pain » et non le pillage.

La foule saisit les grains, les concentre en un lieu proche du lieu de production pour en organiser la vente forcée, les vend à un prix acceptable (= taxe), en priorité aux plus pauvres et, de manière régulière, elle restitue de l’argent aux fermiers.

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16
Q

Quelles sont les deux types d’économies que met en opposition E. P Thompson ?

A

Thompson et d’autres après lui vont mettre en évidence l’opposition entre l’économie politique naissante (libre-échangiste d’essence libérale, il évoque Smith ; en France ce sont les Physiocrates) et une économie morale.

La première juge tous les comportements à l’aune d’une rationalité dérivée de la poursuite de l’intérêt individuel.

La seconde considère que tous les rapports humains sous l’A.R. ne sont pas régis par cette seule recherche individuelle de l’intérêt dans le cadre du marché, où tous (surtout les plus faibles) sont en concurrence les uns contre les autres. Au contraire les rapports économiques sont enchâssés dans des relations sociales (pas de primauté de la rationalité économique).

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17
Q

Expliquer l’économie morale de E. P. Thompson.

A

L’économie morale désigne d’abord un système d’échange de biens et de prestations qui caractérise les sociétés d’avant le marché libéral.

Le XIXe siècle n’est pas l’apparition du marché, mais l’extension de la logique de marché à toutes les activités humaines. Thompson montre que les émeutiers ne visent pas le marché pour lui- même, car ils sont attachés à la logique du marché local où s’écoule la production locale. Ils visent des modalités de fonctionnement d’un marché affranchi des règles qui doivent mettre l’économie au service d’une société ; ils visent des comportements intimement liés à une logique de marché libre- échangiste débridée, comme priver le marché local de cette production pour vendre plus cher ailleurs ou stocker, spéculer, retenir la marchandise pour attendre le moment des plus hauts prix ; etc.

L’économie morale désigne aussi la légitimité traditionnelle, un système de normes et d’obligations (notamment réciproques, qui lient élite et peuple).

Thompson relève chez les émeutiers la croyance en l’idée qu’ils défendent des usages et des droits traditionnels. Les émeutiers qu’il étudie sont mus par une « notion de justice qui plonge ses racines dans l’appartenance communautaire », dans la mesure notamment où le système de production repose sur le collectif et implique une forte interdépendance. Au cœur de cette conception figure un droit à la subsistance. Les grains et les produits alimentaires sont un bien d’intérêt commun, un bien social. Il y a donc un droit des locaux sur la production locale, un droit d’en disposer en priorité pour assurer leur subsistance.

18
Q

Comment peut être caractérisé le comportement des foules dans les émeutes frumentaires ?

A
  • « L’affirmation du droit prioritaire de la communauté dans la disposition de ses ressources.
  • Le souci pour le consommateur d’un juste prix, défini comme celui qui rend les denrées de base accessibles à tous.
  • La volonté de châtier tous ceux qui tentent de tirer bénéfice de la misère du peuple.
  • L’exigence de recevoir des autorités des garanties dans ce sens ».
19
Q

À quel moment s’impose le capitalisme dans les sociétés occidentales ?

A

Au XIXe siècle.

20
Q

Quel évènement fait entrer les sociétés occidentales dans un régime capitaliste ?

A

La Révolution industrielle.

21
Q

Où et en quand apparaît l’expression “Révolution industrielle” ?

A

Elle apparaît quelques années après son déclenchement sous la plume de Blanqui en 1837, d’Engels dans les années 1840 et de Briavoinne en Belgique en 1839.

22
Q

Qu’est ce que le Take Off ?

A

Walt Rostow est à l’origine de cette expression. Le take off est une vision discontinue de l’histoire économique, s’appuyant sur une métaphore aéronautique (l’avion roule, puis décolle et vole).

Rostow insiste sur le rôle de préalables (dont : des gains de productivité dans l’agriculture ; des infrastructures) et sur le rôle des secteurs entraînants (coton, chemins des fer, sidérurgie, etc.). En dépit de la variété possible des éléments déclencheurs, le processus de décollage est assez uniforme dans les différents espaces analysés. Sa caractéristique centrale est l’élévation brutale du taux d’investissement net, qui amène, pour un certain accroissement démographique, une élévation continue du revenu national per capita (PIB/habitant) ; idée qui renvoie au rôle de l’investissement chez Keynes (+ multiplicateur).

23
Q

Peut-on parler de révolution industrielle ?

A

Certains contestent le concept de révolution mettant en avant le caractère progressif, graduel, des évolutions et leur étalement dans le temps : ancrage dans le 18e siècle (et plus tôt encore pour la révolution industrieuse) et le fait que longtemps encore dans le 19e s., on observe des formes d’activités proto-industrielles. Or entre 1770-1850, on passe de manière irréversible de l’Ancien régime économique au capitalisme industriel, cela constitue bien une révolution, un changement radical perçu comme tel par les contemporains ; on observe alors, en Grande-Bretagne d’abord, un accroissement sans précédent du taux de croissance de la production des biens et services (total et per capita). En réponse à l’objection : on pourrait s’en tenir à « entrée dans le capitalisme industriel », mais pour faire bref on gardera R.I.

24
Q

Comment est caractérisé l’Ancien régime économique et le capitalisme industrielle dans “Essai sur la Révolution industrielle en Belgique, 1770-1847” ? de Lebrun ?

A

L’Ancien régime économique :

  • Société d’ordres :
    - Marquée par des liens d’obligations réciproques : le paysan doit la dîme au seigneur qui en retour doit la protection au paysan.
    - Où les hommes ne sont ni libres, ni égaux.
  • Production réglementée.
  • Prépondérance de l’activité agricole.
  • Valeur de la classe dominante : l’honneur.

Le capitalisme industriel :

  • Société de classes :
    - Caractérisée par des rapports contractuels, marchands, entre hommes libres et égaux.
    - L’employeur ne doit rien d’autre au salarié que son salaire
  • Liberté du commerce et de l’industrie.
  • Prépondérance de l’activité industrielle.
  • Valeur de la classe dominante : le mérite (= compétence efficace).
25
Q

Qu’est ce que la structure génétique ?

A

La structure génétique est état intermédiaire qui correspond à une structure particulière, une structure « de changement de structure », que Lebrun va appliquer à la R.I. La première implication est la périodisation, qui s’établit sur un temps court.

26
Q

Comme se forme une périodisation ?

A
  • Dans un premier temps, un état de masse critique ;
  • À l’autre extrême, on assiste à une phase de consolidation ;
  • Entre les deux, un processus de réaction en chaîne irréversible.
27
Q

Qu’est ce que la temporalité étagée ?

A

La temporalité étagée est une conception hiérarchisée du temps historique, qui entend articuler structure et conjoncture en s’appuyant, par exemple, sur l’économie et la géographie ou encore l’anthropologie. C’est Fernand Braudel qui a donné la formulation la plus brillante de la temporalité étagée, dans sa préface à son livre « La Méditerranée et le monde méditerranéen à l ’époque de Philippe II » (1949). Fernand Braudel fait de la longue durée le noyau à partir duquel toute l’histoire se pense.

28
Q

Donner une illustration de la temporalité étagée.

A

Antoine Prost a donné une belle illustration de cette temporalité étagée pour rendre compte des grèves de 1936 en France, où il articule le temps :

  • Long de la taylorisation
  • Médian de la crise économique
  • Court du changement politique (Front populaire).
29
Q

Que distingue la périodisation de Lebrun ?

A

La périodisation de P. Lebrun distingue quatre temps, organisés comme des poupées russes :

  1. Une périodisation longue : du 11-12e s. (révolution urbaine) au 19e s., période de gestation puis de diffusion de l’esprit d’entreprise, avec en corolaire la formation d’un groupe d’entrepreneurs potentiels ; émergence d’une classe d’où seront issus les entrepreneurs de la RI (bourgeoisie d’affaires).
  2. Une périodisation moyenne : du 16e au 19e s., marqué par le développement d’un capitalisme marchand, lié notamment au commerce triangulaire, qui s’accompagne de nouveaux progrès dans la maîtrise du calcul économique et constitution d’un stock de connaissances qui seront disponibles à la veille de la RI.
  3. Une périodisation courte : 1770 (A) à 1847 (B), qui elle- même est décomposée en 4 phases ; c’est ici que s’applique la métaphore tirée de la physique (masse critique puis réaction en chaîne).
  4. Une périodisation très courte : 1798-1834, phase des réalisations majeures.
30
Q

Comment se décompose la période de 1770 à 1847 ?

A

La première phase (1770-1798) peut être qualifiée d’étape préparatoire.

Elle est marquée par des circonstances extérieures :

  • Révolution industrielle anglaise.
  • Révolution française.

Elle est aussi marqué par des circonstances intérieurs :

  • L’accroissement démographique rendu possible par les bons rendements agricoles du XVIIIe siècle.
  • Les progrès de l’infrastructure (notamment les routes).
  • L’édification de manufactures qui concurrence l’organisation du travail à domicile dans les campagnes.

La deuxième phase (1798-1834), dite des réalisations majeures, peut aussi être décrite par une métaphore tirée de la physique : réaction en chaine irréversible.

Des entrepreneurs vont, dans le textile à Verviers et à Gand, installer les premiers ensembles mécanisés.

Débute alors un mécanisme irréversible.

Ce mécanisme irréversible est fait d’imitation et de concurrence :

  • On veut gagner autant que son voisin.
  • Il n’est plus possible de faire autrement, sous peine de disparaître.

La troisième phase (1834-1839), beaucoup plus brève, est marquée par la « technico manie » et l’emballement financier.

Tout le monde veut faire sa R.I., surtout ceux qui s’y prennent tardivement.

C’est le moment où le monde bancaire, qui jusqu’alors s’était tenu à l’écart de la R.I., entre dans la danse.

La quatrième phase (1839-1847) qualifiée de consolidation, voit les imitateurs imprudents éliminés.

Dans le même temps, le contrôle passe aux mains des entrepreneurs.

31
Q

Comment peut-on qualifier la R.I. ?

A

La R.I. est un phénomène moléculaire, séquentiel, polarisé et qui remonte de l’aval à l’amont de la filière technologique.

32
Q

Comment a été le développement économique de la R.I. en Belgique ?

A

Le développement économique n’a pas été général et équilibré, opérant sur l’ensemble du territoire.

Au contraire la R.I. se réalisa par des initiatives individuelles isolées, de peu d’importance unitaire, même si elles peuvent en avoir beaucoup en valeur relative.

Cette relative faiblesse des initiatives peut être illustrée par :

Le faible volume des capitaux investis.

Le petit nombre d’entrepreneurs potentiels.

Le nombre limité d’ouvriers occupés dans les industries de la R.I.

33
Q

Comment et par qui l’investissement a-t-il été financé ?

A

La source la plus significative est l’autofinancement, on peut l’évaluer à environ 57% du total de l’investissement net entre 1798 et 1847. Cette option n’est pas problématique, puisque les premières phases de mécanisation sont extrêmement profitables.

La haute finance bruxelloise intervient pour 13% dans le financement de l’investissement. Elle intervient tardivement (1834-1847) mais à ce moment cela représente près de 50% de l’investissement nouveau.

L’État, par le biais de l’impôt et des emprunts affectés au financement des investissements publics — dont le chemin de fer — prend en charge 25% du total des 1065 millions.

Les investisseurs étrangers (Français d’abord, Britanniques ensuite) prennent en charge 5% du total.

34
Q

À combien sont estimés les entrepreneurs potentiels et combien passe à l’action ?

A

Les entrepreneurs potentiels (qualités sociales, fortune, etc.) sont estimés à environ 700 personnes. Ceux qui sont passés à l’acte sont environ 100 à 200. C’est dérisoire par rapport à la population belge de l’époque.

35
Q

Pourquoi dit-on que la R.I. est un phénomène séquentiel ?

A

La R.I. est aussi séquentielle parce qu’elle ne s’est pas réalisée dans toutes les branches ou régions au même moment. La remontée de la filière technologique d’aval en amont ne se fait pas partout au même moment, mais parfois avec des décalages importants.

36
Q

De quelle manière la R.I. se propage de l’aval vers l’amont ?

A

Elle touche d’abord la production de produits finis (textiles) destinés à la consommation finale.

Elle gagne ensuite la fabrication des équipements [machines textiles, machines à vapeur, chevalements de charbonnages (belles fleurs), laminoirs, etc.].

Elle remonte à la sidérurgie.

Elle stimule enfin les charbonnages et les mines de fer.

37
Q

Quels sont les différents pôles de la R.I. belge ?

A
Gand
Verviers
Liège
Charleroi 
Le Borinage et le Centre
38
Q

Dans quoi est spécialisé Gand ?

A

Le coton :

  • Importé de Turquie, d’Inde et surtout des « USA » depuis le XVIIIe siècle.
  • C’est une fibre résistante (les premières machines sont assez brutales) ; c’est un tissu qui se lave et s’imprime bien.
  • Élément du côté de la demande. À la fin du XVIIIe siècle, il y a un engouement pour les cotons imprimés qu’on appelle des indiennes (indienneurs = fabricants ; indienneries = fabriques d’indiennes). Il y a un important marché grâce au blocus continental.
  • Ce sont les Gantois qui les premiers mécanisent le textile en 1801.

Le lin :

  • Filature mécanisée après 1845 (provoque une crise dans les campagnes flamandes : perte du complément protoindustriel).

Construction mécanique :

  • Les machines importées d’Angleterre sont copiées. La R.I. belge est faite davantage d’imitation et de propagation que d’invention.
  • Gand devient le pôle industriel flamand.
  • L’industrie textile anversoise disparaît et la ville se spécialise dans les activités portuaires ; Anvers n’est pas une ville de la R.I.: cela ne diminue en rien son importance.
39
Q

Dans quoi est spécialisé Verviers ?

A

À Verviers s’installe en 1799 un mécanicien anglais qui sait construire des machines textiles (jenny maker), William Cockerill père. La mécanisation qui se met au point entre 1799 et 1804 porte sur la plupart des étapes de fabrication. En 1810, Verviers est le premier centre continental de production de drap cardé (de laine). Entre 1816 et 1840, l’emploi de la machine à vapeur s’impose. La construction de machines, présente à Verviers, va se développer à Liège.

40
Q

Dans quoi est spécialisé Liège ?

A

Il y a une tradition métallurgique ancienne au Pays de Liège. La demande du textile stimule le développement d’entreprises spécialisées dans la fabrication de machines. La plus importante est Cockerill, installé à Seraing en 1817, qui fabrique des machines à vapeur dès 1820 et va devenir, pendant un temps, la plus importante usine du continent.

Très vite, c’est une usine intégrée qui réunit mines de fer et de charbon, sidérurgie et construction de machines (textiles, à vapeur, moteurs marins, presses…). Pour financer son développement, il s’associe au roi des Pays-Bas (± 50%).

La fabrication de machines permet d’avoir une forte demande adressée à la sidérurgie, où deux innovations majeures sont introduites :

  • Emploi du coke (charbon distillé) pour l’alimentation des hauts-fourneaux (vers 1824).
  • Puddlage du fer

Le développement de la sidérurgie va à son tour faire pression sur l’industrie charbonnière, qui est stimulée par la législation française :

  • 1791 : l’État concède à des exploitants le droit d’exploiter le sous-sol (sans être propriétaires de la surface)
  • 1810 : la surveillance des exploitations est confiée au Corps des Mines

Dans les charbonnages aussi, la mécanisation joue un rôle important dans deux opérations :

  • L’extraction du charbon
  • L’exhaure (le pompage des eaux).

Cette remontée technologique se traduit aussi dans la structure des entreprises : Cockerill prend des participations dans les charbonnages.

À Liège, se développe une activité importante dans le secteur des non-ferreux : en 1805, le chanoine Dony met au point un procédé de fabrication industrielle du zinc.

41
Q

Dans quoi est spécialisé Charleroi ?

A

La verrerie et la sidérurgie

42
Q

Dans quoi est spécialisé le Borinage et le Centre ?

A

L’extraction de charbon est l’activité principale.