Développement du raisonnement et du jugement moral Flashcards

1
Q

Qu’ont montré les premiers travaux de psychologie cognitive, de psychologie du développement et de neurosciences développementales en matière de raisonnement ?

A

Les adultes, dans certains contextes “pièges” produisent quasiment systématiquement des réponses irrationnelles en dépit d’indéniables capacités logico-mathématiques.

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2
Q

Quels chercheurs, pionniers d’un important courant de recherche sur la rationalité humaine, ont été les premiers à utiliser des dilemmes inspirés des jeux de hasard et d’argent ?

A

Tversky et Kahneman. Selon eux, au-delà de leurs simples apparences ludiques et essentiellement distrayantes, les situations de prise de décision financière étaient en réalité bien plus complexes qu’un simple jeu de hasard et devaient être envisagées comme de véritables outils diagnostiques de nos capacités de prise de décision.

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3
Q

Les effets d’interférences caractéristiques des dilemmes proviennent d’une compétition cognitive entre deux stratégies possibles de résolution : lesquelles ?

A

Une stratégie habituelle, automatique (“heuristique”) erronée et l’autre reposant sur un calcul arithmétique légèrement plus complexe mais correct. Le système de pensée heuristique est moins couteux en ressources attentionnelles que le système de pensée analytique, et il est très sensible au contexte de présentation de la tâche.

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4
Q

Outre les capacités logico-mathématique des sujets, que reflète la sensibilité aux effets provenant du cadre de présentation (framing effect) ?

A

La capacité à supprimer des stratégies concurrentes afin d’éviter d’en subir les interférences et de produire un biais de raisonnement. Soit l’efficience exécutive.

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5
Q

Que mettent en évidence, d’un point de vue psychologique, les travaux de De Martino et al. (2006) ?

A

Une transgression massive du principe d’invariance puisque les mêmes sujets, malgré la stricte identité mathématique, privilégient l’option sûre avec le cadre de gain (“tu gardes 20e”) mais la rejettent avec un cadre de perte (“tu perds 30e”), se révélant ainsi, en fonction du cadre, aversifs au risque ou preneurs de risque.

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6
Q

Quelle est la fonction initiale, selon Tversky et Kahneman (1981) des “heuristiques de jugement”, ces opérations mentales qui sous-tendent nos prédictions intuitives ?

A

A évaluer, à moindre coût cognitif, l’incertitude.

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7
Q

Que mettent en évidence, d’un point de vue neuro-anatomique, les travaux de De Martino et al. (2006) ?

A

L’effet de cadre est associé à une augmentation du système cérébral émotionnel et la résistance à cet effet implique, elle aussi, un système neurocognitif émotionnel complémentaire.

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8
Q

Que démontre l’expérience de Cassotti et al. (2012) ?

A

Chez les adultes, les contextes négatifs ou neutres n’ont pas d’impact sur la sensibilité à l’effet du cadre (préférence de l’option sûre dans un cadre de gain et de l’option risquée dans un cadre de perte). En revanche la présentation de stimuli visuels (images de 5000ms) à valence positive réduit la prise de risque des sujets en cas de perte, supprimant ainsi l’effet de cadre. Les émotions positives ont une influence bénéfiques sur la capacité des sujets adultes à resister à ce biais.

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9
Q

D’après l’experience de Cassotti et al. (2006), sur quel type d’heuristique reposerait l’effet de cadre démontré par De Martino et. al (2006) ?

A

Une heuristique émotionnelle, de type “aversion aux pertes”. Celle-ci serait annulée par l’introduction d’une émotion primaire, comme la joie.

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10
Q

Les émotions à valence négatives sont-elles définitivement dépourvues d’influence sur l’effet de cadre ?

A

Non. Une étude récente, menée par Cassotti et son équipe en 2015, a montré que la peur conduit les sujets à augmenter l’aversion au risque tandis que la colère la réduit et supprime alors mécaniquement l’effet de contexte.

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11
Q

Décrivez le paradigme expérimental de De Martino et al. (2006) très largement repris par la suite.

A

Au début de chaque essai, les participants reçoivent une somme d’argent
fictive (« tu reçois 50 € »). Puis, les participants sont confrontés à un choix entre une
option sûre et une option risquée représentée sous forme de roue de la fortune, qui peut
entraîner soit une perte de la totalité de la somme obtenue au début de l’essai, soit un gain de
la totalité de cette somme (cf. Figure 8 ci-dessous). La formulation de l’option sûre varie en
fonction du cadre : dans le cadre de « Gain », les participants ont la possibilité de garder une
partie de la somme (20€), tandis que dans le cadre de « Perte », les participants ont la
possibilité de perdre une partie de la somme (30€).

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12
Q

Pourquoi est-il intéressant de comparer les prises de décisions de sujets adultes neurotypiques à celles de personnes autistes de haut niveau ?

A

Ces dernières, tout en possèdant un QI dans ou supérieur à la norme, présentent à la fois des difficultés dans la prise de décision dans la vie quotidienne et dans le traitement des émotions.

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13
Q

Que démontre l’étude de De Martino et de son équipe (2008) reprenant le paradigme utilisé deux ans plus tôt sur des personnes autistes de haut niveau ?

A

Les mesures psychophysiologiques de “conductance cutanée” montrent qu’elles ne manifestent pas de différence de réponse électrodermale suivant le cadre de présentation (gain vs. perte) ce qui les conduit à mieux résister à l’effet du cadre.

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14
Q

Quel paradigme expérimental “élégant” Mellers et al. ont-ils mis en place en 1997 pour étudier le rôle du regret dans les prises de décision sous incertitude ?

A

Ils confrontent les participants à un choix
entre deux options, de type « roue de la fortune ». Une fois ce
choix effectué, ils sont informés du résultat obtenu sur la roue choisie (feedback partiel), puis du résultat de la roue non choisie (feedback
complet). Le feedback partiel permet d’étudier le ressenti émotionnel de la
déception et de la satisfaction, tandis que le feedback complet, reposant sur une comparaison
contrefactuelle, permet d’étudier le ressenti émotionnel du regret et du soulagement.

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15
Q

Regret anticipé et regret effectif sont-ils corrélés ? Quelle étude en témoigne ?

A

Il sont étroitement corrélés. En utilisant leur paradigme, Mellers et ses collaborateurs ont étudié la précision de
l’anticipation du regret. Les participants avaient pour consigne d’imaginer quel serait leur
ressenti émotionnel (sur une échelle allant de -50 à +50) en fonction de feedbacks complets
hypothétiques. Une semaine plus tard, ils réalisaient réellement la tâche de prise de décision et
leur ressenti effectif était comparé au ressenti imaginé une semaine plus tôt. L’analyse des
résultats montre que les participants sont capables d’anticiper très précisément le regret
ressenti.

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16
Q

Quelle étude a confirmé l’influence de l’antcipation du regret sur la prise de décision des sujets adultes ?

A

Celle de Coricelli, Dolan et Sirigu (2007). Menée sur des sujets sains à l’aide d’une IRMf, elle met en évidence l’implication du cortex orbitofrontal médian lors de l’expérience directe du regret mais aussi juste avant la prise de décision.

17
Q

Que met en évidence l’étude de Habib et al.(2012) sur le développement du ressenti du regret et de son influence chez les enfants, adolescents et jeunes adultes ?

A

En ajoutant à l’échelle émotionnelle habituellement utilisée (mesure regret / soulagement) une échelle d’évaluation rétrospective des choix, les auteurs ont mesuré le souhait des sujets de modifier leurs choix. Le développement de la capacité à ressentir des émotions contrefactuelles apparait progressif et l’expérience croissante du regret s’associe au développement de la volonté de reconsidérer ses choix originaux mais de façon plus marquée chez l’adulte que chez l’enfant.

18
Q

Quelle théorie Damasio défend-il au sujet des apprentissages émotionnels ?

A

Les aires préfrontales sont impliquées dans la réactivation d’expériences émotionnelles, en particulier négatives. Le cortex préfrontal ventro-médian est en effet fortement impliqué dans la construction de “marqueurs somatiques” associant le ressenti émotionnel des sujets avec les choix qu’ils viennent d’effectuer, ainsi que dans la réactivation de ces marqueurs émotionnels lors de nouvelles situations de prise de décisions isomorphes.

19
Q

Quelle célèbre tâche expérimentale a mis en évidence les alarmes émotionnelles préconscientes, appelées “marqueurs somatiques” par Damasio ?

A

La Gambling Task de Bechara et. al (2000). Après une vingtaine de sélections de cartes et sans avoir conscience du piège, la plupart des sujets adultes réactivent des alarmes émotionnelles juste avant un choix désavantageux, ce qui se traduit par une augmentation de la conductance cutanée. Cette réactivation faciliterait l’évitement des biais et l’adoption de stratégies moins risquées.

20
Q

Quelle forme prend la Gambling Task ?

A

Le sujet a devant lui quatre piles de cartes et choisit de retourner une carte par tour. Selon les cartes, il reçoit de l’argent ou doit payer une pénalité. Deux des piles ont des gains mais aussi des pénalités plus élevées, au point que les choisir conduit à une perte nette à long terme. Les deux autres piles ont des gains inférieurs, mais aussi des pénalités plus petites et leur choix conduit à un gain net. Ainsi, pour faire un choix avantageux, les participants doivent intégrer des informations sur les pertes et les gains au fil du temps.

21
Q

Quels résultats donne la Gambling Task appliquée aux enfants et aux adolescents (Cassotti, Houdé et Moutier, 2011) ?

A

> Les stratégies des enfants ne diffèrent pas quel que soit le feedback reçu ;

> les adolescents et les adultes changent plus fréquemment d’options après une perte qu’après un gain (loss-shift / win-stay) ;

> les adultes utilisent plus la stratégie win-stay que les enfants et les adolescents, qui pratiquent davantage le loss-shift.

Cela souligne le rôle adaptatif du développement d’une tolérance psychologique et émotionnelle aux pertes.

22
Q

Que se passe-t-il lorsque l’on demande à des sujets adultes de faire l’évaluation comparative des probabilités pour que Linda (étudiante libérale des années 70, célibataire, brillante, engagée contre la discrimination et le nucléaire) soit caissière dans une banque (C) ou caissière dans une banque et militante dans un mouvement féministe ?

A

85% des sujets adultes se trompent en répondant (C et F) malgré la relation d’inclusion.

23
Q

D’après Kahneman et Tversky (1979), à quoi est dû le taux d’échec du problème “Linda” ?

A

Il s’agit d’une manifestation de l’heuristique de représentativité.

24
Q

Quel mécanisme exécutif joue un rôle clef dans la redirection de la pensée des biais vers la logique ?

A

L’inhibition cognitive.

25
Q

En quoi consiste l’étude sur l’inhibition cognitive de Moutier et Houdé (2003) ?

A

Un expérimentateur délivre à des sujets adultes des consignes de résolution métacognitives (“attention à la réponse la plus familière, intéressez-vous à tous les éléments du problème”) pour faire face à un calcul des probabilités .

26
Q

Quels sont les enseignements de l’étude sur l’inhibition cognitive de Moutier et Houdé (2003) ?

A

> Les sujets peuvent, grâce à des consignes de résolutions métacognitives, augmenter significativement leurs capacité à inhiber le mode de fonctionnement heuristique au profit d’un mode de fonctionnement logique ;

> une proportion non négligeable de sujets ne bénéficie cependant pas de cet effet de “debiasing”.

27
Q

Qu’ont cherché à démontré Cassotti et Moutier en 2010 ? Quelle épreuve expérimentale ont-ils utilisé pour cela ?

A

Que la variabilité inter-individuelle de la récéptivité à l’apprentissage à l’inhibition du biais de représentativité serait également fonction du gradient de sensibilité aux émotions. Ils ont eu recours à la version informatisée de la Gambling Task, épreuve classique de prise de décision financière.

28
Q

Quels enseignements peut-on tirer de l’étude de Cassotti et Moutier, en 2010 ?

A

Cette étude souligne le lien entre la sensibilité aux alarmes émotionnelles et la réceptivité à l’apprentissage à l’inhibition.

L’inhibition du biais peut désormais être envisagée sous l’ange d’une indispensable coordination neurocognitive des systèmes émotionnels et exécutifs.

> Ecouter ses émotions rend plus intelligent.

29
Q

Que stipule le modèle à double processus de Greene ?

A

Lorsque nous sommes confrontés à un dilemme moral personnel nous pouvons répondre de deux manières :

> une manière intuitive (réponse émotionnelle automatique) qui donne lieu à un “jugement déontologique”. Focus sur le rôle causal de l’action.

> une manière rationnelle, non émotionnelle (processus cognitifs contrôlés) qui donne lieu à un “jugement utilitariste”. Focus sur le ratio coût / bénéfice de l’action.

Ces deux processus distincts peuvent entrer en conflit. Le fait de donner une réponse “utilitariste” dépend alors de notre capacité à inhiber les processus intuitifs qui nous poussent automatiquement à donner une réponse “déontologique”.

30
Q

Comment les adultes, face à un individu qui fait accidentellement du mal à un autre, parviennent-ils à atténuer la forte décharge émotionnelle négative, susceptible de les mener à une évaluation morale elle aussi négative ?

A

Grâce à leurs capacités de théorie de l’esprit ainsi quà une inhibition de la stratégie émotionnelle très coûteuse d’un point de vue cognitif.

31
Q

Quel est l’objectif du projet de recherche mené en 2016 par le Département d’études cognitives de l’Institut Jean Nicod ?

A

Mieux rendre compte, chez des enfants d’âge préscolaire et scolaire, de la construction progressive d’un jugement indulgent envers quelqu’un qui cause accidentellement du mal.

32
Q

Quel paradigme expérimental a été mis en place dans le cadre de l’étude menée en 2016 par le Département d’études cognitives de l’Institut Jean Nicod ?

A

Des vidéos sont présentées aux enfants, seules et comparativement : accident vs. coïncidence et accident vs. agression. Le jugement des enfants sur les protagonistes est ensuite recueilli. Puis une phase d’entraînement, destinée à renforcer la théorie de l’esprit des enfants / inhiber la perception du rôle causal des agents a lieu. Ensuite, une évaluation post-entrainement, identique à l’évaluation pré-entraînement, est proposée.

33
Q

Quels sont les résultats de l’étude menée en 2016 par le Département d’études cognitives de l’Institut Jean Nicod ?

A

> Il est possible d’induire un changement important dans les capacités de jugement moral des enfants;

> les enfants sont sensibles à l’intention des agents en situation de blessure accidentelle, même si cette sensibilité ne permet pas encore une évaluation morale identique à celle de l’adulte.