Développement du raisonnement et du jugement moral Flashcards
Qu’ont montré les premiers travaux de psychologie cognitive, de psychologie du développement et de neurosciences développementales en matière de raisonnement ?
Les adultes, dans certains contextes “pièges” produisent quasiment systématiquement des réponses irrationnelles en dépit d’indéniables capacités logico-mathématiques.
Quels chercheurs, pionniers d’un important courant de recherche sur la rationalité humaine, ont été les premiers à utiliser des dilemmes inspirés des jeux de hasard et d’argent ?
Tversky et Kahneman. Selon eux, au-delà de leurs simples apparences ludiques et essentiellement distrayantes, les situations de prise de décision financière étaient en réalité bien plus complexes qu’un simple jeu de hasard et devaient être envisagées comme de véritables outils diagnostiques de nos capacités de prise de décision.
Les effets d’interférences caractéristiques des dilemmes proviennent d’une compétition cognitive entre deux stratégies possibles de résolution : lesquelles ?
Une stratégie habituelle, automatique (“heuristique”) erronée et l’autre reposant sur un calcul arithmétique légèrement plus complexe mais correct. Le système de pensée heuristique est moins couteux en ressources attentionnelles que le système de pensée analytique, et il est très sensible au contexte de présentation de la tâche.
Outre les capacités logico-mathématique des sujets, que reflète la sensibilité aux effets provenant du cadre de présentation (framing effect) ?
La capacité à supprimer des stratégies concurrentes afin d’éviter d’en subir les interférences et de produire un biais de raisonnement. Soit l’efficience exécutive.
Que mettent en évidence, d’un point de vue psychologique, les travaux de De Martino et al. (2006) ?
Une transgression massive du principe d’invariance puisque les mêmes sujets, malgré la stricte identité mathématique, privilégient l’option sûre avec le cadre de gain (“tu gardes 20e”) mais la rejettent avec un cadre de perte (“tu perds 30e”), se révélant ainsi, en fonction du cadre, aversifs au risque ou preneurs de risque.
Quelle est la fonction initiale, selon Tversky et Kahneman (1981) des “heuristiques de jugement”, ces opérations mentales qui sous-tendent nos prédictions intuitives ?
A évaluer, à moindre coût cognitif, l’incertitude.
Que mettent en évidence, d’un point de vue neuro-anatomique, les travaux de De Martino et al. (2006) ?
L’effet de cadre est associé à une augmentation du système cérébral émotionnel et la résistance à cet effet implique, elle aussi, un système neurocognitif émotionnel complémentaire.
Que démontre l’expérience de Cassotti et al. (2012) ?
Chez les adultes, les contextes négatifs ou neutres n’ont pas d’impact sur la sensibilité à l’effet du cadre (préférence de l’option sûre dans un cadre de gain et de l’option risquée dans un cadre de perte). En revanche la présentation de stimuli visuels (images de 5000ms) à valence positive réduit la prise de risque des sujets en cas de perte, supprimant ainsi l’effet de cadre. Les émotions positives ont une influence bénéfiques sur la capacité des sujets adultes à resister à ce biais.
D’après l’experience de Cassotti et al. (2006), sur quel type d’heuristique reposerait l’effet de cadre démontré par De Martino et. al (2006) ?
Une heuristique émotionnelle, de type “aversion aux pertes”. Celle-ci serait annulée par l’introduction d’une émotion primaire, comme la joie.
Les émotions à valence négatives sont-elles définitivement dépourvues d’influence sur l’effet de cadre ?
Non. Une étude récente, menée par Cassotti et son équipe en 2015, a montré que la peur conduit les sujets à augmenter l’aversion au risque tandis que la colère la réduit et supprime alors mécaniquement l’effet de contexte.
Décrivez le paradigme expérimental de De Martino et al. (2006) très largement repris par la suite.
Au début de chaque essai, les participants reçoivent une somme d’argent
fictive (« tu reçois 50 € »). Puis, les participants sont confrontés à un choix entre une
option sûre et une option risquée représentée sous forme de roue de la fortune, qui peut
entraîner soit une perte de la totalité de la somme obtenue au début de l’essai, soit un gain de
la totalité de cette somme (cf. Figure 8 ci-dessous). La formulation de l’option sûre varie en
fonction du cadre : dans le cadre de « Gain », les participants ont la possibilité de garder une
partie de la somme (20€), tandis que dans le cadre de « Perte », les participants ont la
possibilité de perdre une partie de la somme (30€).
Pourquoi est-il intéressant de comparer les prises de décisions de sujets adultes neurotypiques à celles de personnes autistes de haut niveau ?
Ces dernières, tout en possèdant un QI dans ou supérieur à la norme, présentent à la fois des difficultés dans la prise de décision dans la vie quotidienne et dans le traitement des émotions.
Que démontre l’étude de De Martino et de son équipe (2008) reprenant le paradigme utilisé deux ans plus tôt sur des personnes autistes de haut niveau ?
Les mesures psychophysiologiques de “conductance cutanée” montrent qu’elles ne manifestent pas de différence de réponse électrodermale suivant le cadre de présentation (gain vs. perte) ce qui les conduit à mieux résister à l’effet du cadre.
Quel paradigme expérimental “élégant” Mellers et al. ont-ils mis en place en 1997 pour étudier le rôle du regret dans les prises de décision sous incertitude ?
Ils confrontent les participants à un choix
entre deux options, de type « roue de la fortune ». Une fois ce
choix effectué, ils sont informés du résultat obtenu sur la roue choisie (feedback partiel), puis du résultat de la roue non choisie (feedback
complet). Le feedback partiel permet d’étudier le ressenti émotionnel de la
déception et de la satisfaction, tandis que le feedback complet, reposant sur une comparaison
contrefactuelle, permet d’étudier le ressenti émotionnel du regret et du soulagement.
Regret anticipé et regret effectif sont-ils corrélés ? Quelle étude en témoigne ?
Il sont étroitement corrélés. En utilisant leur paradigme, Mellers et ses collaborateurs ont étudié la précision de
l’anticipation du regret. Les participants avaient pour consigne d’imaginer quel serait leur
ressenti émotionnel (sur une échelle allant de -50 à +50) en fonction de feedbacks complets
hypothétiques. Une semaine plus tard, ils réalisaient réellement la tâche de prise de décision et
leur ressenti effectif était comparé au ressenti imaginé une semaine plus tôt. L’analyse des
résultats montre que les participants sont capables d’anticiper très précisément le regret
ressenti.