Cours 7 - Développement social et émotif (2-3 ans) Flashcards
Les grandes avancées sociales et émotives
- Conscience accrue de soi et des autres
- Suite du développement émotionnel
- Début du contrôle des impulsions et du développement moral
- Sociabilité accrue et formes d’interactions sociales plus matures
La conscience de soi
- Grâce à la permanence de l’objet et aux capacités représentationnelles, les enfants deviennent conscients d’eux-mêmes comme individu, stable à travers les contextes: peuvent se former une représentation non seulement des objets, mais des individus aussi;
- Représentation mentale de qui je suis, de « moi »;
- Ce qui définit qui je suis: mes habiletés, attributs,
caractéristiques; mes qualités & mes défauts;
1. À cette période: caractéristiques observables
2. Plus tard (âge scolaire): caractéristiques psychologiques
La conscience de soi: vers 20 mois
Ils se reconnaissent dans le miroir (selon le test du point rouge)
La conscience de soi: vers 2 ans
Ils se reconnaissent sur des photos et utilisent « je » et « moi »
La conscience de soi: vers 18 et 30 mois
Ils développent la capacité de se placer dans des catégories simples: enfant/adulte, fille/garçon, etc
Grâces aux bases acquises lors de la prise de conscience de soi, les enfants développeront plus tard:
- Un concept de soi psychologique
- L’estime de soi
D’où vient le concept de soi?
- Relations d’attachement à la petite enfance
- Conversations parent-enfant « élaboratives »
Relations d’attachement à la petite enfance
Attachement sécurisant: concept de soi plus favorable
Conversations parent-enfant « élaboratives »
- Focaliser sur les états internes de l’enfant, lui poser des questions sur comment il s’est senti
- Parler des causes et des conséquences des états internes
- Évoquer des épisodes où l’enfant a réussi à se remettre d’une émotion douloureuse
- Ces conversations devraient débuter lors de cette période pour favoriser le développement du soi psychologique au préscolaire
À cet âge les enfants démontrent une conscience et une compréhension grandissantes des autres:
- Partage des découvertes (veulent que les autres portent attention à un objet nouveau)
- Démontrent une certaine capacité à répondre aux désirs et aux préférences des autres même quand ceux-ci sont différents des leurs
- Comprennent la notion de possession
À quoi donne lieu la compréhension des autres?
À des interactions sociales beaucoup plus sophistiquées
Développement émotif: tempérament
- Un peu plus stable que lors de la petite enfance: réactions émotionnelles de plus en plus stables à travers le temps et les contextes
- Certains enfants: beaucoup d’affect positif et d’intérêt pour la nouveauté (facile à gérer pour les adultes)
- Autres enfants: prédominance d’affect négatif (irritabilité), de timidité ou de difficulté à s’adapter à la nouveauté; risque développemental si parents expriment peu d’émotions positives, nient les émotions de l’enfant, gèrent mal leur propre colère
Développement émotif: empathie
- Les enfants deviennent de plus en plus conscients et ouverts aux signaux émotifs négatifs des autres, l’un des premiers signes de l’empathie
- Ils utilisent ceci pour guider leur comportement (éviter de provoquer colère ou tristesse)
- Plus marqué à partir de 3 ans
Développement émotif: anxiété de déviance
- Les enfants de 2-3 ans démontrent de l’anxiété de déviance lorsqu’ils font ou sont sur le point de faire quelque chose d’interdit
- Font des auto-corrections spontanées
- Début du développement moral
Les émotions “fondamentales” de la petite enfance
- Joie
- Peur
- Surprise
- Colère
- Tristesse
sont mieux gérées; les enfants peuvent supporter de plus hauts niveaux d’activation émotive, sont submergés moins aisément
Les émotions “secondaires” émergent:
- Émotions auto-évaluatives (« self-conscious emotions »), qui requièrent une certaine conscience objective de soi et une connaissance des standards
- Ex: honte = auto-évaluation négative & fierté = auto-évaluation positive
Les débuts du contrôle des impulsions
- L’âge de 18-24 mois voit les tout débuts de la capacité à contrôler ses impulsions
- Au départ, la présence d’adultes est nécessaire pour ceci (régulation externe)
- Petit à petit à partir de 2-3 ans, l’auto-régulation émerge, permettant à l’enfant de suivre des directives en l’absence de surveillance adulte
- Développement des lobes frontaux: nécessaire mais insuffisant
Auto-régulation
- Étape 1: ne pas émettre les comportements interdits
- Étape 2: émettre les comportements convenables et désirables socialement, mais ennuyants ou désagréables
- Progression de l’obéissance engagée (pendant cette période) à l’internalisation des règles (débute ici mais se consolide au préscolaire)
Définition: obéissance engagée
Obéissance enthousiaste aux directives des parents
Progression développementale dans l’auto-régulation
L’obéissance engagée ouvre éventuellement la porte à l’internalisation
Définition: internalisation
Intégration des normes de comportements des parents à ses propres normes
Développement moral
L’enfant doit commencer à internaliser les règles qui lui ont été inculquées de l’extérieur jusqu’alors
Comment jeter les bases du développement moral?
Apprendre les règles de la vie en société, à la maison et/ou à la garderie, constitue le tout début du respect de l’ordre social
Développement moral: 3 mois
Préfèrent un personnage qui aide
Développement moral: 14-18 mois
Aident spontanément, même quand cela n’a aucun bénéfice pour eux
Développement moral: 18 mois
S’attendent à un partage juste
Développement moral: 21 mois
Préfèrent aider une personne bien intentionnée
Développement moral: ces rudiments de moralité feraient partie de notre héritage évolutionniste…
Fonction adaptative
Développement moral: limites à la moralité naturelle
- Si geste moral ne donne ni n’enlève rien à l’enfant: OK (bénéfice non nécessaire)
- Si geste moral implique une perte personnelle, le gain personnel peut l’emporter sur la moralité
- Aider à ses propres dépens est rare chez les petits
Donc, développement moral a besoin d’être façonné
Perspectives traditionnelles du développement moral
Processus par lequel les règles et les valeurs sont imposées à un enfant par ses parents et les autres adultes: la moralité émane de l’extérieur;
- Perspective psychanalytique
- Perspective de l’apprentissage social
Perspective moderne du développement moral
Proposition que les enfants internalisent naturellement les règles et les valeurs: la moralité émane de l’intérieur;
- Perspective cognitive-développementale
Freud croyait que:
- L’enfant est un réservoir de pulsions; le travail des parents est d’aider l’enfant à les contrôler
- L’enfant serait motivé par la peur de la punition ou de perdre l’amour parental
- L’émotion centrale que l’enfant tente d’éviter est la culpabilité
Perspective psychanalytique
- Très peu d’appuis empiriques pour les idées de Freud, sauf pour l’importance des émotions, telles la culpabilité
- Utiliser les émotions pour favoriser le développement moral de l’enfant se fait idéalement par discipline inductive
Comment s’opère la discipline inductive?
Après un méfait de l’enfant;
- Faire remarquer la détresse de l’autre
- Souligner l’impact du geste posé sur l’autre
- Clarifier que c’est l’enfant qui en est la cause
- Explications (ajustées au niveau développemental) fournies avec gentillesse
- Insister: il est important d’écouter les explications et de ne pas recommencer
Dès 2 ans, ce style de discipline diminue les méfaits et augmente les actes de réparations
La discipline inductive facilite le développement moral parce que:
- Explique comment se conduire (info qui peut être utilisée dans le futur)
- Met l’accent sur l’impact du geste, encourage donc l’empathie
- Le rationnel donné peut motiver l’enfant à adopter de bons comportements: il comprend la logique des standards de comportement
- À la longue, l’enfant crée un script qui peut dissuader des futures transgressions: je ne fais pas mal aux autres car quand je le fais, il arrive ceci de mauvais, et je me sens de telle façon
Les bienfaits de la discipline inductive sont vrais en moyenne, mais varient selon les enfants:
- Les enfants génétiquement prédisposés à l’empathie réagissent particulièrement bien à la discipline inductive
- Pour les enfants anxieux/timides: stratégies douces suffisent (discipline inductive, mais tout en douceur, sans besoin d’insister)
- Pour les enfants impulsifs et peu timides: la discipline très douce a peu d’impact: la discipline inductive doit être ferme et répétée, et accompagnée d’une relation parent-enfant chaleureuse et harmonieuse
Donc; adapter la discipline inductive au tempérament de l’enfant.
Selon la perspective de l’apprentissage social:
- Le comportement acceptable est enseigné directement, par l’utilisation de récompenses sélectives et de la punition
- MAIS le bon comportement doit avoir lieu avant de pouvoir être renforcé
- Les enfants apprennent aussi par imitation et sur la base des récompenses et punitions qu’ils observent (processus vicariant)
Perspective de l’apprentissage social: on sait maintenant que…
La punition, surtout si elle est dure (s’emporter, crier) ou corporelle (gifler) a très peu d’effets positifs à long terme et beaucoup d’effets négatifs
Alternatives à la punition dure
- Le retrait dans un lieu ennuyant (« time out »)
- Le retrait de privilèges
- Une relation parent-enfant chaleureuse où les règles sont expliquées à l’enfant
- Constance des règles: dans le temps et entre les adultes
- Reconnaître l’émotion de l’enfant
Selon la perspective cognitive-développementale
- Les enfants s’intéressent aux règles sociales et souhaitent s’y conformer
- Au préscolaire, poseront des jugements moraux, basés sur concepts de justice, d’équité
- Ici vers 2-3 ans; l’enfant éprouverait surtout du plaisir à coopérer avec les adultes qui sont agréables et gentils avec lui
- En faisant ceci, il en viendrait graduellement à s’approprier les règles (préscolaire)
- Clé: communication parent-enfant (ex., raconter des histoires avec une morale)
Interactions entre les enfants
- Les interactions avec d’autres enfants deviennent de plus en plus présentes pendant cette période
- Les enfants jouent de plus en plus ensemble (jeu associatif, coopératif), mais ne distinguent pas encore les amis des partenaires de jeu
- Ce sont tout de même les fondations du comportement social et des relations d’amitié
Progression du jeu social (de cette période à la période préscolaire):
- Jeu solitaire: non-social mais observation des autres
- Jeu parallèle: jouent côte à côte avec les mêmes objets, sans tenter de s’influencer
- Jeu associatif: activités séparées mais avec commentaires et échanges de jouets
- Jeu coopératif: jouent véritablement ensemble, avec un but commun (ex: jeu socio-dramatique, construction)
Le jeu social
- Les étapes du jeu social apparaissent dans un ordre, mais co-existent
- Le jeu solitaire et parallèle ne diminuent pas beaucoup en fréquence à mesure que le jeu associatif et coopératif apparaissent
- Le jeu solitaire demeure fréquent même au préscolaire et n’est généralement pas inquiétant
Évolution du jeu social
- Sophistication (ou maturité) cognitive de chaque type de jeu
- Passe du jeu fonctionnel (mouvements simples et répétitifs, peu d’élaboration) vers le jeu constructif (créer une histoire, construire un objet) puis vers le jeu de « faire-semblant » (jeux de rôles, etc)
- Cette évolution (fonctionnel à constructif à faire-semblant) s’observe dans les 4 types de jeu (solitaire, parallèle, associatif, coopératif)
Effets de la nature de l’enfant et de ses relations parents-enfant sur ses interactions avec les autres enfants
- Le tempérament a une forte influence sur la sociabilité: les enfants timides ont de la difficulté à se joindre aux groupes d’enfants
- Mauvaise réponse adulte: critique, brusquerie, surprotection
- Bonne réponse adulte: encourager doucement, patiemment, l’enfant à s’approcher graduellement des autres
- Éventuellement: lui donner l’opportunité de se faire au moins un bon ami
Influences parentales directes sur les relations avec les pairs
- Organiser des activités entre enfants
- Être un modèle (ex: gentillesse)
- Conseils: comment agir avec autrui
Influences parentales indirectes sur les relations avec les pairs
- Attachement sécurisant
- Communication sensible et riche émotivement
- Jouer, se mettre au niveau de l’enfant
Vers 2 et 3 ans, les parents sont confrontés à 2 grandes tâches:
- Soutenir l’exploration du monde à laquelle l’enfant se consacre (autonomie)
- Établir des limites appropriées pour l’enfant
Pourquoi l’équilibre entre les 2 grandes tâches des parents est-il crucial?
Procure un cadre clair et rassurant, à l’intérieur duquel l’enfant peut expérimenter à loisir
Il est très largement reconnu que les comportements très précis ont peu d’importance:
- Accepter ou refuser tel ou tel comportement spécifique
- À quel âge donner quelle permission
Ce qui prédit l’adaptation ultérieure de l’enfant est le ton général de la relation:
Des règles claires, constantes et raisonnables communiquées à travers une relation chaleureuse et affectueuse
L’implication paternelle
- Dans nos sociétés occidentales, plusieurs pères ont tendance à devenir plus impliqués avec les enfants vers 12-24 mois
- Le comportement paternel est parfois de nature différente de celui des mères (ex: plus de jeux) et n’est ni plus ni moins important
Mesure de l’implication paternelle
- Traditionnellement, vision grossière: père interagit ou pas avec l’enfant
- Par la suite, vision quantitative (ex: fréquence hebdomadaire par activité: donner le bain, accompagner à divers endroits, lire des histoires)
- Maintenant, vision qualitative : quelle est la qualité affective des échanges père-enfant?
Qualité de l’implication paternelle prédit:
- Attachement
- Compétence sociale
- Auto-régulation
- Développement du langage
- Fonctions exécutives
- Réponse cortisolaire, sommeil
- Etc
L’importance de l’implication paternelle
- Se retrouve dans diverses cultures
- Se retrouve dans divers groupes socio-
économiques - S’additionne aux influences maternelles (donc, ne fait pas que compenser pour des lacunes maternelles!)
La période 12/18-30 mois voit l’émergence de:
- Un sens de soi et des autres
- Des émotions plus complexes et mieux gérées - La capacité à contrôler ses impulsions
- Les tout premiers rudiments de la conscience morale
L’importance des premières années
- Développements font de l’enfant un partenaire social plus sophistiqué
- Les adultes ont un rôle substantiel à jouer dans ces développements
- Pendant ce temps, le cerveau est en plein développement, les connections inter-régions s’établissent, l’émondage des synapses est constant
- Les expériences sociales décrites ont un impact très substantiel sur ces processus neuronaux
- Elles laissent donc une marque dans les structures neurobiologiques de l’enfant qui influencent la suite de son développement socio-affectif ET cognitif
Ce bagage cognitif, socio-affectif et neurobiologique constitue la base sur laquelle les prochains développements vont s’appuyer:
- Concept de genre
- Amitiés véritables
- Régulation émotionnelle et comportementale
- Cognition sociale
- Raisonnement, attention et mémoire