cours 2 Flashcards
Quelle est la différence entre les perceptions sociales de la délinquance sexuelle et ce que les scientifiques comprennent sur cette problématique ?
Les perceptions sociales de la délinquance sexuelle sont souvent influencées par les médias, des événements ponctuels ou des peurs collectives, et sont rapidement traduites en réactions légales. Cependant, la science, réagissant plus lentement, prend le temps d’étudier les causes profondes, les tendances et les effets sur la société, souvent des années après que ces perceptions ont pris forme.
Qu’est-ce que la “construction socio-légale” de la délinquance sexuelle ?
La construction socio-légale de la délinquance sexuelle est un processus dans lequel la société, à travers des acteurs non-scientifiques (médias, politiciens, groupes de pression), définit et réagit à ce problème. Ce processus est influencé par des perceptions sociales, et mène à des changements dans la législation, des politiques et des programmes, souvent sans l’apport direct des chercheurs sur le terrain.
Quels facteurs ont contribué à la construction de la délinquance sexuelle au cours de l’histoire, selon Sutherland ?
Les facteurs clés incluent
1. l’influence des médias
2.l’impact de cas extrêmes largement médiatisés
3. la perception d’une “épidémie” de délinquance sexuelle.
Ces perceptions entraînent une pression sur les autorités pour trouver des solutions rapides et fortes, mais souvent ces experts ne disposent pas de données suffisantes pour formuler des réponses efficaces à court terme.
Comment la délinquance sexuelle a-t-elle été construite dans le modèle médical (1940-1970) ?
Pendant cette période, la délinquance sexuelle était perçue comme un problème de santé mentale, souvent attribué à un traumatisme. Le modèle médical a introduit l’idée que les délinquants sexuels devraient recevoir une thérapie plutôt que des peines de prison. Cependant, cette approche a été critiquée, car les psychiatres manquaient de méthodes efficaces pour évaluer et traiter les délinquants sexuels, et la thérapie n’a pas prouvé son efficacité pour réduire la récidive.
Comment le modèle juridique (1970-1990) a-t-il contribué à la construction de la délinquance sexuelle ?
Dans ce modèle, la délinquance sexuelle était vue comme un choix délibéré, sans conséquences immédiates. L’approche féministe a alors remis en question ce modèle en soulignant l’importance de se concentrer sur les victimes plutôt que sur les délinquants. Ce changement a contribué à la révision des lois, notamment la redéfinition du viol en “agression sexuelle” et la mise en place de mesures pour lutter contre la “seconde victimisation” des victimes.
Quel rôle ont joué les médias dans la construction de la délinquance sexuelle au fil du temps ?
Les médias ont joué un rôle clé en amplifiant certains cas extrêmes de délinquance sexuelle, ce qui a mené à une perception publique d’une “épidémie” de crimes sexuels. Ces cas médiatisés ont renforcé la peur collective, incitant les autorités à réagir rapidement, souvent en créant de nouvelles lois et en mettant en place des mesures de sécurité.
Quels sont les défis associés au modèle de protection communautaire (1990) dans le cadre de la délinquance sexuelle ?
Le modèle de protection communautaire a renforcé l’image du délinquant sexuel comme un prédateur dangereux et a mis en place des mesures strictes pour surveiller les récidivistes, y compris des registres publics de délinquants sexuels. Cependant, ce modèle a été critiqué pour son manque de preuves de l’efficacité des registres sur la réduction des crimes, et pour avoir alimenté la stigmatisation et le harcèlement des proches des délinquants sexuels.
Quel est l’impact du mouvement de justice sociale sur la perception de la délinquance sexuelle depuis 2010 ?
Le mouvement de justice sociale, notamment à travers des mouvements comme #MeToo, a permis de dénoncer l’impunité des hommes puissants et des personnalités publiques impliquées dans des agressions sexuelles. Il a mis en lumière les abus dans des secteurs comme l’Église, les forces armées, et le milieu artistique, tout en mettant l’accent sur la solidarité avec les victimes et l’égalité des droits. Ce mouvement a redéfini l’image du délinquant sexuel, le présentant souvent comme un individu insoupçonné, bien intégré socialement.
Comment la construction sociale de la délinquance sexuelle néglige-t-elle certains phénomènes comme l’inceste ?
La construction sociale de la délinquance sexuelle tend à se concentrer sur des phénomènes plus médiatisés, comme les agressions publiques, et laisse de côté des problèmes comme l’inceste. Les victimes de ce type de délinquance restent souvent dans l’ombre, avec une faible propension à dénoncer leurs agresseurs, ce qui fait que ces crimes sont moins visibles dans le discours social et législatif.
Quelles critiques peut-on faire à la façon dont la délinquance sexuelle est abordée par les constructions sociales actuelles ?
Les critiques portent principalement sur le fait que certaines formes de délinquance sexuelle, comme les abus en ligne ou la consommation de contenu pédopornographique, sont négligées au profit de phénomènes plus médiatisés. De plus, les constructions sociales actuelles tendent à se concentrer sur des cas extrêmes ou visibles, au détriment de problèmes moins visibles mais tout aussi importants, comme l’inceste ou les abus dans des contextes de pouvoir (par exemple, dans les institutions religieuses ou éducatives).
Qu’est-ce qui influence la construction de la délinquance sexuelle dans la société selon le modèle social ?
La construction de la délinquance sexuelle est influencée par un amalgame de facteurs sociaux, culturels et médiatiques. Ce n’est pas la science qui définit les problèmes sociaux, mais la réaction de la société aux perceptions de ces problèmes, qui influencent les lois et les programmes visant à y répondre.
Comment la perception de la délinquance sexuelle a évolué au fil du temps ?
La perception de la délinquance sexuelle a évolué au travers de quatre modèles distincts : le modèle médical (1940-1970), le modèle juridique (1970-1990), le modèle juridique et féministe (1990), et enfin, le modèle de protection communautaire (1990). Ces modèles ont mis en avant différents aspects de la délinquance sexuelle, de la santé mentale au droit des victimes et à la réhabilitation des délinquants.
Comment le modèle médical a-t-il influencé la perception des délinquants sexuels entre 1940 et 1970 ?
Le modèle médical a perçu la délinquance sexuelle comme un problème lié à la santé mentale, particulièrement le traumatisme. Cela a conduit à la mise en place de thérapies et traitements pour les délinquants sexuels, plutôt que des peines de prison. Toutefois, cette approche a été critiquée car les psychiatres manquaient de connaissances précises sur les psychopathes sexuels, et la réhabilitation n’a pas réduit le taux de récidive.
Pourquoi le modèle juridique des années 1970-1990 a-t-il remis en question la construction de la délinquance sexuelle ?
Ce modèle a remis en question l’idée que la délinquance sexuelle était uniquement le fait d’une maladie mentale, et a introduit la notion que certains viols n’étaient même pas criminalisés, une lacune liée à une société patriarcale. Le modèle juridique et féministe a favorisé une réorientation vers la prise en compte des victimes et des dommages qu’elles subissent, ainsi qu’un regard plus critique sur l’appareil judiciaire.
Quel est le rôle du féminisme dans la construction de la délinquance sexuelle dans les années 1970-1990 ?
Le féminisme a joué un rôle majeur en attirant l’attention sur la violence faite aux femmes et la manière dont l’appareil judiciaire traitait les agressions sexuelles. Il a également introduit l’idée que les comportements sexuels violents étaient systématiquement minimisés dans une société patriarcale, mettant en lumière la nécessité de réformer la loi et le système judiciaire pour mieux protéger les victimes.
Quels changements législatifs ont eu lieu dans le modèle juridique et féministe pour lutter contre la délinquance sexuelle ?
Le modèle juridique et féministe a permis l’adoption de lois qui ont redéfini le viol en “agression sexuelle” et établi trois niveaux de violence. Il a aussi visé à éviter la “seconde victimisation” en facilitant les démarches pour les victimes, comme la mise en place de centres d’aide pour les victimes d’agression sexuelle (CALACS). De plus, il a lutté contre les fausses croyances liées aux agressions sexuelles.
Quel est le concept de “sérialité” dans le modèle communautaire des années 1990 ?
La “sérialité” désigne l’idée que certains délinquants sexuels, notamment ceux qui récidivent, forment des profils particuliers, comme les agresseurs en série ou les tueurs en série. Ce concept a émergé dans un contexte où des crimes graves, tels que des disparitions d’enfants, ont alimenté l’idée du “prédateur sexuel” dans l’imaginaire collectif.
Quels sont les problèmes associés à la mise en place d’un registre de délinquants sexuels, selon le modèle de protection communautaire ?
Le registre des délinquants sexuels a été critiqué pour plusieurs raisons : il n’a pas prouvé son efficacité à réduire la criminalité, et a conduit à une stigmatisation des personnes inscrites. De plus, il a généré un sentiment d’insécurité dans la société, avec des désagréments pour les familles des délinquants et un harcèlement social. Les critiques soulignent qu’une approche plus réfléchie est nécessaire pour prévenir la récidive sans aggraver la stigmatisation.