CM Flashcards
Qu’est-ce que la passion?
Qui peut faire souffrir mais aussi plaisir, indépendant de la volonté. Il y a une certaine violence. Elles sont de nature diverse, et liée à l’intensité.
Les passions et transgressions dans la littérature soulèvent…
des questions morales
Qu’est-ce que la morale?
“Science du bien et du mal; théorie de l’action humaine soumise au devoir et ayant pour but le bien / Ensemble de règles de conduite considérées comme bonnes.” - Le Robert
-> rapport avec la théorie des valeurs (règles ou principes de conduite), avec une poursuite du bien (personnel ou collectif).
Qui est Emile Durkheim et qu’a-t-il écrit?
Sociologue qui, dans son L’éducation morale propose de dire que la morale est un ensemble de règles qui s’impose à l’individu et que l’individu doit suivre pour avoir une vie collective acceptable. Un ensemble de règles qui permettent de caractérisés les relations interindividuelles.
Hobbes sur la morale
“Ne fais pas à autrui ce que tu estimes déraisonnable qu’un autre te fasse” Léviathan
Kant sur la morale
“Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devient une loi universelle” - Fondement de la métaphysique des moeurs -> = l’impératif catégorique de Kant. Morale = contrainte intériorisée qui pèse sur la conscience de chacun.
La morale est donc une négociation constante entre..
les désirs de l’individu et les normes d’une société.
XVIIe(-XVIIIe)
classicisme
Sous l’Ancien Régime, la littérature…
n’est pas totalement libre. Les auteurs doivent soumettre leurs oeuvres à des censeurs, le pouvoir à un droit de regard sur les textes. Ex : Tartuffe de Molière, une satire de l’hypocrisie religieuse, a connu deux versions, une première qui a été censurée immédiatement, et une deuxième qui l’autorise a être publiée durant la paix Clémentine.
Le classicisme français vis à vis de la littérature
la littérature doit avoir non seulement un sens mais une fonction morale
Qu’est-ce que le précepte du “placere et docere”? Qu’est-ce que “Docere, Movere, Placere”
Aristote, Poétique : “Docere, Movere, Placere”
Docere : instruire
Movere : émouvoir
Placere : plaire, séduire
-> littérature agit donc sur l’affect, mais il faut aussi que ça plaise
-> ce qui intéresse les auteurs, c’est la pragmatique, l’effet produit sur le lecteur.
Le plaisir devient l’un des moyens de l’instruction morale = tradition des moralistes
La comédie à l’époque classique
règle “castigat ridendo mores” : corrige les moeurs par le rire. Donc la comédie = vraie fonction morale sur la société. Ex : Molière, Le Bourgeois Gentilhomme -> morale : si vous voulez sortir de votre place, vous êtes totalement ridicule. Idée conservatrice.
Molière, l’Avare : L’avarice d’Harpagon conduit au malheur de ses enfants -> leçon : un travers caractériel à des nuisances sur la structure familiale.
Qui et pourquoi certain condamnent-ils la littérature à l’époque classique?
Certains pensent qu’elle détournerait la morale.
Ex :
- Pascal : dans les Pensées, il soutient que le théâtre représentent les passions et les fait naitre dans nos coeurs -> mécanisme de mimétisme. Croit en la puissance pragmatique du théâtre.
- Rousseau : dans sa lettre à Alembert sur les spectacles, il dt que la comédie ne peut pas instruire, et que le théâtre est un outil de relachement des moeurs et de laxisme morale. Il ne croit pas à la catharsis -> dissocie l’effet esthétique et l’effet morale du théâtre : il reconnait l’efficacité pragmatique mais conteste que cet effet produise une purification des passions.
L’exemple de Manon Lescaut, de l’abbé Prévost.
- on y retrouve le principe de docere et placere
- Il y a une instruction morale à tirer du roman
- Prévost dit que la littérature sert à donner des exemples concrets à partir desquels on peut réfléchir à la morale
- “L’ouvrage entier est un traité de morale réduit agréablement en exercices”
Est-ce que l’impératif morale cesse-t-il complètement avec le classiscisme?
Non. Ex : Théophile Gautier, préface de son roman Mademoiselle de Maupin (1835)
-> idée de l’art pour l’art
-> “il n’y a pas de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtant, comme sa pauvre et infirme nature.”
-> Jusqu’alors, les théoriciens qu’on a vu mêlaient le beau et l’utilité.
-> XIXe : mouvement qui tend à affirmer une spécificité de l’art -> promotion d’une forme d’autonomisation de la littérature par rapport aux institutions sociales et morales.
-> question du travail artistique = seule légitimité de l’œuvre.
Ex de Flaubert dans le cadre du mouvemment d’autonomisation de la littérature
- beauté = seule moralité de la litt
- “ce qui est beau est moral, voilà tout et rien de plus”
-“La Morale de l’art consiste dans sa Beauté même, et j’estime par-dessus tout le style, et ensuite le Vrai” (ce qui va permettre de faire le beau, c’est le style, un travail d’ordre stylistique. Si le travail est réussi, l’œuvre est réussie)
-> La pression morale autour des auteurs se maintient
Balzac (1799-1850)
Père Goriot
- doit se défendre dans la préface car a été accusé d’avoir mis en scène des persos immoraux.
Flaubert (XIX)
Mme Bovary
- 1857 : perçu comme scandaleux et qui posait un grave problème moral
-Le procureur de son procès est Ernest Pinard. D’après Pinard, F. donne des descriptions trop sensuelles, qui porterait aux idées de luxure.
- Personne dans le roman ne condamne Emma.
-La morale chrétienne condamne l’adultère comme crime envers la famille et condamne le suicide comme “cri de l’incrédulité dans la vie qui commence”. Mme Bovary est condamnée par Pinard au nom de la famille et la religion.
Pinard dit que l’art peindre les passions est ok, mais pas sans règles. Il faut une règle morale, qui viendrait poser une instance de jugement, qui permettrait d’orienter la réception morale de l’œuvre par le lecteur, ce que ne fait pas la littérature réaliste, et notamment Flaubert. Pinard n’argumente pas sur les sujets abordés mais sur la manière dont ils sont abordés. Ce qui le gêne fondamentalement c’est l’esthétique que choisit Flaubert.
Pinard articule..
Une poétique (pôle de la création littéraire)
-> choix scénaristiques > diégèse
-> constructions et caractérisations des perso
-> la position et la nature de l’instance narrative
Une axiologie
Un public (pôle réception)
Baudelaire accusations
- traduit en justice pour des raisons moralese à cause des Fleurs du mal (1857)
- dans ce recueil B cherche la provocation et le scandale face à une société bourgeoise qu’il juge corsetée et hypocrite
- érotisme (Les Bijoux), blasphème (Les Litanies de Satan)
- Pinard accuse la poésie de B de manquer au sens de la pudeur et de multiplier les peintures lascives
- est condamné -> censure explicite d’une partie du recueil
Baudelaire défense
- “le livre doit être jugé dans son ensemble et alors il en ressort une terrible moralité”
- la pression morale conduit à trahir ce qu’est l’homme, à ne produire que des œuvres mettant en scène des hommes bons et gentils, idéaux. Pour Baudelaire, cela revient à une « abominable hypocrisie », c’est-à-dire à un mensonge, qui revient à faire croire que l’homme est ce qu’il n’est pas.
Modernité du XIXe
- idée d’une autonomie de la littérature, qui n’aurait pas de compte à rendre à la morale
La critique littéraire de la seconde moitié du XXe
- la “nouvelle critique” -> abandonner le jugement moral sur les oeuvres pour privilégier des approches plus objectives, scientifiques.
- vogue du structuralisme -> poétique -> ce qui compte est le fonctionnement interne de l’oeuvre plus que sa signification dans un système de valeurs qui lui est extérieur
Exemple de critique du XXe, l’article “Texte” de l’Encyclopédie universalis, par Roland Barthes
- considère le texte comme un objet d’étude scientifique -> texte étudié en lui-même et pour lui-même, sans considération des intentions de son auteur ni du contexte dans lequel il intervient
- La poétique s’est donc souvent détournée de la question de la morale et des valeurs
Martha Nussbaum : la littérature comme aide à la vie pratique
- Réaction des critiques sur l’oubli des questions des valeurs à partir des 80s -> le “tournant éthique”
- éthique = la partie de la philosophie qui s’occupent des valeurs.
- M. Nussbaum propose un usage original des textes littéraires comme philosophie à part entière. Litt = complément indispensable à la philo morale
- littérature -> “comment un être humain doit-il vivre?” -> capacité à traduire, incarner les concepts moraux en situations exemplifiées.
- litt comme instrument de formation morale, former le citoyen -> dimension directement pragmatique et morale de la litt
- l’intérêt de la littérature pour Nussbaum est la manière dont elle agit sur nous : par le biais des émotions plus que du raisonnement abstrait. Pathos plus que logos.
3 idées phares de la critique éthique à la Nussbaum
- Le roman se focalise sur le particulier (et ouvre donc sur une sagesse pratique, loin des principes généraux et abstraits des systèmes philosophiques)
- La littérature sollicite nos émotions (permettant ainsi une perception intuitive particulièrement adaptée à la connaissance morale)
- La forme littéraire (en particulier romanesque) permet d’exprimer certaines vérités, inaccessibles aux discours théoriques.
Différencier éthique et morale avec G. Deleuze et G. Séginger
Ethique = “une évalutation dynamique, toujours en mouvement, une activité axiologique intrinsèque au travail des artistes et des écrivains, par-delà le bien et le mal” -> plutôt individuelle, de l’ordre du questionnement
Morale = “un enemble de règles extérieures, établies une fois pour toutes et universellement valables” -> plutôt collective
Qu’entendre par “tournant éthique”?
- il s’agit de remettre au centre du rapport du lecteur ou du critique au texte littéraire l’interrogation sur les valeurs morales.
Exemple de Pour en finir avec la passion, de S. Delale, E. Pinel, et M.P. Tachet dans le cadre de la prise en compte des questions éthiques et morale dans le rapport à la littérature récemment
- Il s’agit ici de relectures d’œuvres classiques sous un angle spécifique, celui des violences sexuelles liées à un univers patriarcal masculin que ces œuvres auraient pour fonction implicite de cautionner et de consolider sinon d’imposer.
- risque de donner des lectures réductrices ou schématisantes qui laissent de côté toute une série d’éléments qui n’entrent pas dans cette perspective, et qui pourtant seraient importantes dans la persective morale.
- Rouge et le Noir -> mc = pervers narcissique, roman se finit sur “une tentative de féminicide cynique et assumée”. -> conceptions actuelles mais oubli des violences subites par le héros, féminisation du héros, mise en avant de femmes émancipées, tiré de faits réels (miroir de son époque)
-> La question morale que pose le roman est plus large et complexe
J. Cocteau “Un beau livre, c’est celui qui sème à foison les points d’interrogations”
-> invite à ne pas penser la littérature sur le mode du texte de loi/sermon, qui délivrerait un sens univoque, avec une traduction concrète directe mais comme un espace de questionnement. Si la littérature n’est pas de l’ordre prescriptif, alors elle nous permet de faire des expériences morales par procuration, ne propose pas d’impératif moral mais un questionnement moral.
Milan Kundera et l’esprit du roman
- roman = exploration de l’existence, de ce qui est une expérience humaine -> litt = moyen d’explorer les possibilités humaines, par le biais des personnages mit en scène
- déf du roman selon lui = terrain d’expérimentation à travers des personnages. Le principe de cette exploration est de travailler sur du complexe : travailler plus sur du questionnement que sur de l’affirmation
- Pour lui la Renaissance est le grand moment où se met en place le roman moderne
- La litt nous permet de comprendre avant de juger -> c’est là qu’est l’exploration morale
- Le roman est par def un genre incompatible avec un régime totalitaire
Benjamin Constant : l’oeuvre doit avoir un “résultat moral” et non un “but” moral
- XIXe, a écrit Adolphe
- Article De Madame de Staël et de ses ouvrages
- But moral = bouquin avec une idéologie claire et affichée/Résultat moral = résultat de la confrontation à l’oeuvre du lecteur.
- Il s’agit pour Constant d’organiser le texte de telle sorte que ça pousse le lecteur à réfléchir. L’oeuvre devient un dispositif moral.
Exemple d’Adoplhe de B. Constant
- histoire d’une rupture qui n’arrive pas à se faire
- organisé en 3 ensembles différents : “l’avis de l’éditeur”, manuscrit et commentaires du récit d’Adolphe
- La structure même du roman est celle d’une discussion, avec des avis divergents. Elle pousse donc le lecteur à rentrer dans le dialogue
Que faire d’une oeuvre dont je ne partage pas les valeurs?
Selon Pinard, il faudrait la censurer -> cancel culture
La litt est un univers spécifiques. L’expérience esthétique que l’art propose n’est pas exactement du même ordre que le jugement moral dans la vie quotidienne.