Chapitre3 : L' attribution causale 2 Flashcards

1
Q

Le niveau situationnel


A

1.2) L’effet acteur-observateur
Jones et Nisbett (1972) ont démontré qu’un même comportement n’était généralement pas expliqué de la même façon par l’auteur de ce comportement et par un observateur. Notons que l’acteur se livre donc à une auto-attribution et l’observateur à une hétéro-attribution. Plus précisément, ils ont établi que l’acteur recourt plutôt à des explications externes de son comportement alors que l’observateur recourt plutôt à des explications internes (c’est-à-dire impliquant l’acteur du comportement). Ceci est désormais connu comme l’ effet acteur-observateur.

Illustration: A l’occasion d’un examen, un enseignant met beaucoup de mauvaises notes.
Les étudiants(observateurs) : «C’est parce qu’il est sévère» (Explication interne).
L’enseignant (acteur): «C’est parce que beaucoup de copies sont mauvaises» (Explication externe).

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2
Q

Méta-analyse de Malle (2006)

A

En 2006, Bertram Malle publie une méta-analyse dont le titre est évocateur. Il démontre que plusieurs facteurs viennent moduler l’effet acteur/observateur. En particulier, il apparaît que cet effet dépend totalement de la valence des événements/comportements. Pour les événements négatifs, alors que l’acteur utilise généralement des explications externes, l’observateur mobilise davantage les explications internes. L’asymétrie inverse est observée pour les événements positifs. Autrement dit, on retrouve le biais d’auto-complaisance lorsqu’on analyse les attributions de l’acteur. On observe le phénomène inverse chez l’observateur.
Cette méta-analyse nuance donc assez fortement l’effet acteur/observateur originellement proposé par Jones et Nisbett.

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3
Q

L’erreur fondamentale

A

La perspective de l’observateur
Lorsque nous observons une personne, nous avons tendance à expliquer son comportement en:
- sous-estimant le rôle de la situation, de ses contraintes, et des circonstances
- en exagérant la part de l’individu et sa prétendue nature dans la détermination de ses conduites

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4
Q

Jones et Harris (1967):

A

Un tel biais a été illustré expérimentalement par Jones et Harris (1967). Dans leur expérience, les auteurs invitèrent des étudiants américains à écouter une personne lire un texte écrit par elle. Ce texte était une prise de position politique en faveur de Fidel Castro, le leader cubain. Rappelons qu’en 1967, les relations entre les Etats-Unis et Cuba étaient pour le moins tendues… A la moitié des participants, on indiqua que la rédaction du texte avait été spontanée. A l’autre moitié, on indiqua que la personne n’avait pas eu le choix et qu’on lui avait imposé d’écrire un texte en faveur de Castro. Après audition du texte, chaque étudiant participant devait estimer dans quelle mesure la personne était réellement favorable ou non à Castro (pro- ou anti-castriste).

Dans le cas où la rédaction du texte avait été annoncée comme spontanée, les résultats montrèrent sans surprise que la personne était jugée franchement pro-castriste. Mais le plus surprenant fut que, dans le cas où la rédaction avait été annoncée comme imposée, les participants jugèrent que la personne était également pro-castriste. Ils avaient donc largement négligé la contrainte imposée par la situation, jugeant que si la personne avait tenu un discours pro-castriste c’est qu’elle devait être réellement pro-castriste.

Les mêmes effets furent obtenus dans le cas d’un texte anti-castriste. Ils furent même répliqués dans une autre expérience où l’on avait pris soin au préalable de placer les participants eux-mêmes dans une situation semblable (Snyder & Jones, 1974): des étudiants à qui l’on avait imposé préalablement de rédiger un texte favorable, ou défavorable, à Castro, ne tenaient pas compte de cette même contrainte imposée à la personne dont il entendait ensuite le texte.

Ainsi, les gens établissent très souvent un lien de causalité direct entre ce qu’une personne fait et ce qu’elle est, ceci au détriment des contraintes de la situation auxquelles ils accordent peu d’attention. Heider (1958) résumait cela par une formule: «le comportement engloutit le champ», pour signifier que nous prêtons tellement d’attention au comportement observé que tout ce qui concerne le contexte (le champ) en vient à disparaître à nos yeux. Un autre auteur (Ross, 1977) vit dans cette tendance une véritable erreur d’appréciation, qu’il qualifia d’erreur fondamentale.

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5
Q

Comment expliquer ce phénomène? L’interprétation cognitive de Gilbert (1988)

A
  1. L’explication dispositionnelle est facilitée par l’accès à un vaste répertoire de traits de personnalité (18000 en anglais!)
  2. L’explication situationnelle est rendue difficile par la faible disponibilité des causes éventuelles liées à la situation. Processus mentalement accès coûteux.
  3. Nos ressources cognitives étant relativement limitées (surtout dans la vie courante), l’explication interne est facilitée.
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6
Q

Le niveau positionnel


A

1) Les effets du statut
La position sociale ou le statut social d’une personne peut influencer l’explication que l’on donne de son comportement, ou de ce qui lui arrive. Par statut social, on entend «un certain rang affecté dans notre sociétéà un groupe sur une échelle de prestige et de pouvoir» (Deschamps & Doise, 1979, p.312). Ainsi, hommes et femmes ne bénéficient pas, dans notre société, et à l’heure actuelle, d’un statut social équivalent. En témoignent, par exemple, le pourcentage de femmes cadres dans les entreprises ou de femmes ministres au gouvernement.
Quelques études se sont donc intéressées à l’explication des comportements selon que leur auteur était une femme ou un homme et ont mis en évidence des distorsions dans les attributions causales.

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7
Q

Etude de Deaux & Emswiller (1974): comment explique-t-on la réussite d’une femme et celle d’un homme?

A

Procédure: les sujets devaient évaluer la performance d’une personne à une tâche. La performance était toujours excellente.
VI: genre de la personne (homme vs. femme)
VD1: perception de chance; VD2: perception de compétence

Résultat :
La bonne performance de la femme est plus souvent expliquée en terme de chance que celle de l’homme.
La bonne performance de l’homme est plus souvent expliquée en terme de compétence que celle de la femme.
= biais d’attribution sexiste
Résultats similaires obtenus par Heilman et Stopeck (1985): comment explique-t-on une brillante carrière professionnelle? Pour un homme, la compétence est évoquée 1 fois sur 2. Pour une femme, seulement 1 fois sur 4.

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8
Q

Le niveau culturel


A
  1. Les effets de la culture
    Miller (1984) propose que les attributions causales dépendent en partie de la culture
    Le choix d’une explication par une personne n’est pas seulement l’expression de ses tendances personnelles, mais il peut aussi être considéré comme le reflet de la culture dont s’est imprégnée l’individu tout au long de son éducation et de sa vie sociale. L’attribution causale doit encore être envisagée sous un aspect culturel, normatif, ou idéologique.
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9
Q

Protocole de Miller (1984):
Etude interculturelle comparative

A

Vi 1: USA et INDE
Vi2: âge des sujets (8 ans, 11 ans, 15 ans, >18 ans)
VD: poids des explications internes et externes dans l’explication des comportements (%)

En Occident, plus les gens sont âgés plus ils sont internes, alors qu’en Inde, plus ils sont âgés plus ils sont externes. Ces évolutions furent interprétées par l’auteur comme le résultat de facteurs culturels ou religieux, encourageant les habitants de l’Inde à devenir de plus en plus fatalistes face aux aléas de la vie et les occidentaux de plus en plus confiants dans leur sentiment de contrôle.

Interprétation:

  1. les attributions causales dépendent de la culture dans laquelle nous sommes socialisés (enculturés); les sociétés individualistes favorisant les explications internes, etc.
  2. L’influence de la culture sur les attributions causales apparaît vers l’âge de 11 ans et continue jusqu’à l’âge adulte. Les attributions causales sont donc socialement acquises (ou construites) et ne reflètent donc pas une quelconque prédisposition.
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10
Q

Une question de norme sociale?
La norme d’internalité

A

Pour Beauvois (1984), ce qu’on qualifie d’erreur fondamentale serait le reflet de la norme d’internalité.
Trois critères: une norme doit être….
… SOCIALEMENT VALORISÉE
Exemple: RELATION CLASSE SOCIALE/ ATTRIBUTION INTERNE (Delente & Endelin, 1983)
… SOCIALEMENT DÉSIRABLE
Exemple: CONSIGNE «SE RENDRE DESIRABLE», REVÈLE UN EFFET SUR L’INTERNALITÉ
… ACQUISE
Exemple: EFFET DE L’EDUCATION SUR L’INTERNALITÉ (Beauvois & al., 1986)

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