une société peut-elle devenir folle ? Flashcards

1
Q

. A. Définissez ce qu’est : a) un génocide ;

A

a) Un génocide est un crime commis dans l’intention de détruire totalement
ou en partie (directement, ou en atteignant son intégrité, ou en entrainant
sa disparition, notamment par le meurtre des femmes et des enfants) un
groupe humain en tant que tel (national, culturel, ethnique, religieux, …).

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2
Q

definisez un traumatisme
psychosocial ;

A

Un traumatisme psychosocial (Martín-Baró) est un trauma dont le point
de départ se trouve dans la société elle-même et qui atteint toute la société
et certains groupes d’une façon spécifique, comme dans des situations de
violence politique comme un génocide, une guerre, une dictature.

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3
Q

definisez la survivance

A

c) La survivance (Altounian) est un état qui se met en place
inconsciemment entre survivants et descendants d’un désastre collectif
(génocide, guerre, dictature, …) et qui constitue une tentative précaire de
de continuer à (sur)vivre malgré tout avec les autres.

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4
Q

B. Expliquez et illustrez ce que veut dire Marie-Odile Godard
dans son texte relatif au Rwanda lorsqu’elle avance que
pendant le génocide on est passé « Des mots à la cruauté » et
que « Phrases et proverbes sont détournés au profit du
crime ».

A

B. Godard explique comment, lors du génocide, il y a eu un
pervertissement de la langue ouvrant sur la cruauté et la justifiant. Les
Tustsi ont été animalisés, décrits comme des serpents ou des cancrelats, à
éradiquer. Le sens de certains mots a été changé, violer devenant
« libérer », tuer se disant « travailler », etc. Des proverbes et des tabous
qui formulaient des lois et des interdits stipulant ce qu’il ne fallait faire à
aucun prix (à une femme, à une mère, à un enfant, à un autre être
humain) ont été au contraire réalisés scrupuleusement dans la plus
grande cruauté. Des insultes et des injures qui normalement se lancent
verbalement mais pour ne jamais se faire se sont vues effectuées en acte
publiquement.

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5
Q
  1. « Dans le champ passionnel, nous sommes parfois confrontés
    à la souffrance extrême, à l’effroi et à la terreur d’un oubli
    d’oublier. (…) L’individu est ravi à lui-même faute d’avoir pu
    oublier. » (Roland Gori).A. Explicitez ces propos de Roland Gori à propos des crimes
    passionnels.
A

A.
L’auteur nous parle des crimes passionnels. Il veut dire que dans ce
domaine, le psychologue constate que les personnes concernées ont
traversé antérieurement des souffrances extrêmes. Celles-ci, par l’effroi et
la terreur provoqués, ont « exproprié » le sujet de lui-même, le
« ravissant » à lui-même. L’auteur parle en ce sens de « souffrance sans
sujet ». L’événement subi n’est pas subjectivé. Il n’est pas « élaboré »
subjectivement, comme dans la réflexion, le rêve, le travail du deuil, qui
permettent alors, une fois qu’il est « digéré », de l’oublier. Ici,
l’événement n’est pas oublié et échappe au sujet, comme un « oubli
d’oublier ». Le sujet risque alors de le produire transitivement sur d’autres
faute de l’avoir éprouvé en lui.

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6
Q
  1. « Dans le champ passionnel, nous sommes parfois confrontés
    à la souffrance extrême, à l’effroi et à la terreur d’un oubli
    d’oublier. (…) L’individu est ravi à lui-même faute d’avoir pu
    oublier. » (Roland Gori). B. Illustrez-les par le cas de Ginette.
A

B.
Ginette a subi de nombreuses violences et souffrances dans son enfance,
son adolescence et sa vie adulte, et certaines ont dû avoir pour elle un
caractère extrême. Mais c’est en particulier son possible viol par son père
à l’adolescence, alors qu’elle était dans le coma, lors de sa tentative de
suicide aux médicaments, qui fait penser à cette souffrance extrême sans
sujet. Son père s’en était vanté dans sa famille et Ginette avait entendu
sa grand-mère en parler lors de son mariage. Elle nous dit qu’il lui est
impossible d’imaginer un tel événement et qu’elle l’aurait tué si c’était
vrai. Et elle explique qu’elle tuera Hassanane après qu’il l’ait abandonnée
et violée alors qu’elle était dans le coma sous l’effet de médicaments. Les
choses se passent comme si elle produisait sur son compagnon ce qui
était dirigé vers son père abuseur.

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7
Q

A. Expliquez et illustrez ce que sont les conduites à risque chez
les adolescents.

A

La notion de « conduites à risque » renvoie à des comportements variés,
dans des situations diverses, où le sujet met sa vie en jeu, en danger, sous
risque de la perdre (et parfois celles d’autres sujets). Il peut s’agir de
conduites où l’on joue littéralement avec la mort (jeu du foulard, jeux de
mort, jeux de vertige, …) comme aussi par exemple de certains
comportements mettant en jeu des addictions ou des toxicomanies, des
actes délictueux, etc. Dans le texte et les vidéos du cours, David Le Breton
se réfère au cas particulier des adolescents et des jeunes en général, pour
qui ce type de conduites peut caractériser leur passage compliqué vers l’âge
adulte dans le contexte spécifique de nos sociétés. La thèse de cet auteur
est que de telles conduites sont des essais pour ces jeunes de se sentir
vivre en mettant paradoxalement en jeu leur propre vie

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8
Q

. Qu’est-ce qu’elles peuvent nous apprendre
sur l’adolescence comme phénomène personnel et social ?

A

e phénomène nous fait voir, dans son caractère extrême, un processus de
recherche constitutif de l’adolescence : chercher à sentir que l’on existe, à
devenir soi-même d’une façon singulière et dans des liens significatifs avec
d’autres. Ce processus se joue d’abord à l’adolescence mais reste en jeu
ensuite chez chacun tout au long de sa vie, où il peut prendre parfois des
figures également extrêmes ou pathologiques. Les conduites à risque des
adolescents révèlent aussi combien ce processus est humainement délicat
et se joue au péril de soi-même. D’une façon toute particulière dans nos
sociétés, selon Le Breton, pour qui ces conduites peuvent être ressaisies
comme des « rituels initiatiques individuels » au travers desquels le jeune
tente de devenir vraiment lui-même dans un contexte collectif qui ne facilite
pas ce processus, notamment par l’absence de rituels de passage.

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9
Q
  1. A. Expliquez en quoi il est dangereux de pathologiser ou
    criminaliser les conduites adolescentes.
A

Il serait dangereux de réduire à la pathologie ou au crime ces
conduites à risque car, comme tout ce qui se passe à
l’adolescence, elles s’inscrivent dans une dynamique, celle du
jeune en changement. Il « émerge à la Personne » (Quentel),
c’est-à-dire notamment au conflit implicite avec lui-même et
avec les autres. Il est ainsi en pleine construction de son histoire
et expérimente de multiples façons d’être lui-même et de
s’inscrire de façon personnelle dans la société où il vit. Il
interroge cette société, l’« Autre social », les règles qui la
régissent, la possibilité de s’y sentir exister. David Le Breton
explique que ces conduites ont un sens pour le jeune qui, en
jouant avec la mort, met « sa vie en jeu pour exister ».

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10
Q

Qu’est-ce que Françoise Sironi entend par un « diagnostic
psycho-socio-politique » ?

A
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11
Q

Qu’est-ce que Françoise Sironi entend par un « diagnostic
psycho-socio-politique » ?

A

Pour Françoise Sironi, Duch est un « homme-système ». En lui
s’agencent des éléments psychologiques relevant de sa vie et de
sa culture propres (besoin d’obéir, de suivre des idéaux,
fonctionnement
obsessionnel,
désir
d’être
reconnu,
dévalorisation identitaire/culturelle, etc.) et d’autres émanant du
façonnement identitaire opéré par le régime totalitaire khmer
rouge (soumission forcée, désempathie, emprise sur autrui,
valorisation par l’adhésion idéologique et la violence, etc.).
C.
Fanny Gerber met un accent en partie distinct. Elle souligne aussi
la folie de l’idéologie et des pratiques du régime khmer, qui ne
veut « plus d’individus mais un collectif uniforme » et qui «
pervertit la pensée même de la loi ». Mais elle insiste plutôt sur
l’idée que Duch n’est pas une incarnation du système ou un sim
ple fonctionnaire exécutant les ordres. Il exprime, sur les hor
reurs qu’il a commandées, une « excitation qui ressemble au
désir », mentant et manipulant avocats (Roux), cinéastes (Pan).

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12
Q

A. Explicitez l’idée selon laquelle le « pathologique » éclaire le
« normal ».

A

La « pathologie » n’est pas extérieure ou étrangère à la
« normalité », elle en est une forme extrême et en ce sens elle
révèle les composantes, les tensions et les équilibres qui font la
normalité psychique et relationnelle.
Plusieurs images peuvent faire apparaître cette idée. 1) Le
pathologique, par son caractère exagéré, agit comme une loupe
permettant de voir ce qui, à faible dose, est invisible. 2) Freud
parlait du rapport entre normal et pathologique en évoquant
l’image du cristal qui se brise selon ses lignes de structure,
d’ordinaire cachées. 3) On peut penser également à l’idée de la
panne, celle d’un outil, qui constitue la bonne occasion de tenter
d’en comprendre le fonctionnement.

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13
Q

B. Expliquez et illustrez ce que l’étude du passage à l’acte
psychopathique peut nous apprendre sur les processus par
lesquels les êtres humains que nous sommes se donnent des
limites.

A

Ce phénomène « pathologique » peut nous enseigner diverses
choses sur le processus humain d’auto-contrôle, d’autolimitation,
d’autorité sur nous-mêmes. Jean Kinable montre ainsi comment
le passage à l’acte psychopathique fait apparaître la dialectique
qu’il court-circuite. Passer à l’acte, pour chacun de nous, n’est
pas immédiat mais s’articule « normalement » avec des formes
de symbolisation et d’intersubjectivité, comme la réflexion, la
parole, la discussion, l’interdit (Roussillon), etc., qui sont autant
de médiations entre le désir et sa réalisation. Autre exemple, le
passage à l’acte psychopathique révèle aussi, par l’excès, cette
dimension de notre humanité qui nous fait passer à l’acte pour
dépasser nos inhibitions et réaliser nos désirs.

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14
Q

. A. Quelle est la thèse de Roland Gori sur : A. la passion
amoureuse ; B. le crime passionnel ; C. la passion de la forme ou
passion conformiste

A

La passion amoureuse a une logique. Elle est, comme Freud le
disait de l’amour, une « formation narcissique qui se déduit d’une
perte ». Gori avance qu’au cœur de la passion amoureuse, il y a
une souffrance d’abandon : on s’abandonne à l’objet d’amour et
simultanément on craint d’être abandonné par lui. La thèse est
que cet objet d’amour vient combler cette souffrance d’un
abandon que l’on craint en aval, au futur, mais qui renvoie à un
abandon qui a déjà eu lieu, au passé.
B.
On trouve chez les criminels passionnels, dans leur histoire
antérieure au crime, une souffrance extrême « sans sujet »,
c’est-à-dire un ou des événement(s) de l’ordre de l’horreur et la
terreur. On ne peut les subjectiver, les intégrer en soi, de telle
sorte qu’on « oublie de les oublier ». Ils restent, dit Gori, « par
devers » soi. Cette douleur non subjectivée est au cœur du
« script » où se retrouve ensuite le criminel et qui le conduit à
infliger transitivement à un.e autre ce qu’il a vécu sans l’intégrer.
C.
Pour Roland Gori, l’horreur et la terreur peuvent sidérer et
exproprier les personnes d’elles-mêmes. Elles se coupent de la
violence et de la souffrance. Ce « terrorisme de la souffrance »
peut prendre la forme d’une adaptation extrême au système, un
hyper-conformisme. Gori parle de passion de la forme, de
passion conformiste, cette passion recouvrant l’horreur. Certains
criminels de guerre nazis étaient ainsi passionnés par leur
fonction, purs instruments, fonctionnaires de l’horreur.

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15
Q
  1. A travers deux chapitres du cours (A et B), montrez comment
    la criminologie psychologique peut aider la psychologie dans son
    entreprise d’analyse et de compréhension du psychisme et du
    comportement de l’être humain en général.
A

La « pathologie », y compris criminologique, n’est pas extérieure ou étrangère à la
« normalité », elle en est une forme extrême et en ce sens elle révèle les composantes, les
tensions et les équilibres qui font la normalité psychique et relationnelle.

Selon Jean Kinable, le passage à l’acte est « le style même de la psychopathie ». L’acte
domine et tranche en sa faveur, sans autre cause et fin que lui-même. C’est là que le
psychopathe se sent exister. Il est, selon l’auteur, le héros de son acte, il s’identifie à (travers)
lui, comme un artiste de cirque lors du numéro où il joue sa vie.

Ce phénomène peut éclairer les processus « normaux » par lesquels nous passons tous à l’acte
à doses variées et qui font que certains de nos actes périlleux et significatifs nous identifient,
faisant de nous ce que nous sommes, nous révélant à nous-mêmes, par les risques traversés.

B. (Chapitre 5)

L’étude criminologique des auteurs de crimes pervers peut nous faire voir plus clairement
certains mécanismes constitutifs du rapport humain avec autrui, en particulier dans le champ
de la sexualité et de l’amour (par l’effet de loupe de l’exagération « pathologique »).

Ainsi, on pourrait dire que l’auteur de crime pervers, qui cherche à s’approprier réellement
dans ses crimes l’altérité de ses victimes, en la leur arrachant, nous montre par l’extrême que
les êtres humains en général tentent de ressaisir ce qui fait la différence de l’autre, mais
symboliquement, contre la tendance à nous en approprier.

Ainsi aussi, la sidération publique provoquée par les actes horribles des criminels pervers
(comme Landru), et la manière dont ils en jouent, révèlent combien nous pouvons être
concernés et inconsciemment « complices » psychiquement de ce qui s’y joue.

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16
Q
  1. Développez et illustrez l’idée qu’à travers l’adolescence le
    jeune accède à la responsabilité, sur le plan psychique.
A

Comme le montre Jean-Claude Quentel, un phénomène anthropologique fondamental est le
passage de l’enfance à l’âge adulte. L’adolescence est une figure de ce passage dans nos
sociétés. L’enfant passe, par l’adolescence, d’un état de non-responsabilité, où il est sous la
tutelle des adultes, vivant dans leur histoire, à un état où il émerge à la responsabilité vis-à-vis
d’autrui comme de lui-même, de son histoire à lui et de leur histoire commune, à construire.

Accéder à la responsabilité, sur le plan psychique, c’est « re-naître » et se traiter soi-même
comme un autre/autrui que l’on prend en charge, avec qui on « négocie », c’est pouvoir entrer
en conflit implicitement avec soi-même pour créer et recréer son histoire d’une façon
personnelle et sociale, en reconnaissant et en assumant ses obligations en matière de
formation, d’études, d’emploi, de famille, de liens, d’amour, d’amitiés, de groupes, etc.

David Le Breton montre que les conduites à risques sont chez les adolescents des façons de
tenter de se faire reconnaître, par les autres et à leurs propres yeux, pour se sentir exister
personnellement et socialement. C’est un pôle essentiel de la responsabilité : participer à la
vie sociale, y entrer en y ayant et assumant sa part propre, reconnue, sa place et son rôle, et en
partageant les responsabilités avec les autres.

17
Q

. Comment la capacité de se donner des limites s’établit-elle
psychiquement chez l’enfant? Référez-vous aux textes abordés
au cours sur la question

A

Nous avons abordé la question des limites au sens « éthico-moral », de l’« auto-contrôle », de
la capacité à avoir « autorité » sur ses comportements, et cela à partir de l’enfant : comment se
donne-t-il des limites et parvient-il à travers elles à désirer et à s’autoriser autrement ? Un
élément important à souligner est que l’enfant en fait lui-même – dans la relation avec ses
parents (et/ou leurs représentants) – l’expérience ; il vit l’épreuve de la nécessité des limites.

René Roussillon, dans ses deux textes sur le complexe d’Œdipe, montre comment l’enfant va
apprendre pas à pas, en vivant une série d’antinomies dans ses relations avec ses parents, qu’il
ne peut pas être tout pour l’autre, ni avoir l’autre pour lui tout seul, ni éliminer le tiers rival, ni
exclure l’exclusion, … – sans pour autant n’être rien ou n’avoir rien. Le rôle des parents est
important pour permettre à l’enfant de créer lui-même ses limites et ses façons de se dépasser.

A travers la crise œdipienne, il va essayer de s’organiser psychiquement et relationnellement
en adoptant diverses solutions, comme celles 1) de l’interdit, qu’il intègre à son désir ; 2) de la
représentation, qui lui offre – dans le jeu, l’imagination, le fantasme, le rêve, etc. – un espace
de jeu avec les limites et le désir ; 3) de l’identification, par où il fait sien(s) un ou plusieurs
traits de l’autre pour être « comme » lui/elle en se projetant vers ce qu’il désire dans l’avenir.

18
Q

Selon Jean-Claude Quentel, qu’est-ce qu’un enfant par
rapport à un adulte ?

A

Quentel souligne qu’il est essentiel de se centrer sur la spécificité humaine de l’objet étudié.
Un « enfant » n’est pas simplement un « petit » de notre espèce. Il est sous la tutelle de
parents, d’adultes responsables de lui, devant le conduire à devenir lui-même plus tard
responsable psychologiquement et socialement. L’enfance est une réalité proprement
humaine définie dans ses rapports constitutifs avec la parentalité/responsabilité.

C’est dans ce registre que l’enfant se particularise par rapport à l’adulte. Il faut déconstruire la
réalité complexe de l’enfance. L’enfant n’est pas « différent » de l’adulte en matière de
langage, de technique ou d’éthique, qu’il exerce tôt. Son « altérité », sa « différence », tient
dans le fait qu’il n’est pas responsable en lui-même mais est sous la responsabilité
d’autrui.

Ne pouvant être « autonome » (se donner à soi-même ses propres lois), l’enfant s’imprègne
de l’histoire des autres, où il est inscrit et au sein de laquelle il vit, sans pouvoir encore la
relativiser. C’est en ce sens que « l’adulte est dans l’enfant ». Inversement, « l’enfant est dans
l’adulte » au sens où il est structuralement une dimension de la personne humaine, le pôle
permanent de notre responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes comme d’autrui.

19
Q

Expliquez le pourquoi du passage à l’acte psychopathique,
en référence au texte de Jean Kinable sur la question.

A

Jean Kinable développe trois sens du pourquoi du passage à l’acte psychopathique.

En place de quoi ? Il y a un « passage… » (franchissement de limite par décharge
pulsionnelle directe sans médiation ni élaboration et en changeant d’état) «…à l’acte » au
détriment de toute une série d’opérations psychiques et relationnelles possibles (ne rien
faire, s’inhiber, imaginer, penser, parler, discuter, etc.) de sorte que l’acte prend toute la place,
s’impose impérieusement, décide en sa faveur, tel un fait accompli, déjà réel.

A quelle fin ? Selon l’auteur, la finalité est l’acte lui-même, elle est intérieure à l’activité
elle-même, qui n’a pas d’autres fins, et qui se reproduit donc circulairement. L’acte n’a pas de
limites, si ce n’est par épuisement. La logique de l’acte est celle de l’immédiateté, de l’actuel,
de la priorité absolue du maintenant, sorte de mouvement premier sans avant ni après.

Pour quelle raison ? Il y aurait dans le passage à l’acte psychopathique une tentative de
s’identifier, de définir qui on est, dans l’acte lui-même, et dans l’acte en tant qu’il est
héroïque. C’est à travers l’acte qu’on est vraiment, contrairement aux autres qui
«fonctionnent». Le passage à l’acte psychopathique permettrait d’être comme un héros à
l’instar des acteurs d’un cirque qui jouent réellement leur vie dans leurs actions.

20
Q

4) A. Qu’est-ce que l’étude des auteurs de crimes pervers (Marie
Laure Susini) peut nous apprendre sur l’être humain ?

A

L’étude criminologique des auteurs de crimes pervers peut nous faire voir plus clairement
certains mécanismes constitutifs du rapport humain avec autrui, en particulier dans le champ
de la sexualité et de l’amour (par l’effet de loupe de l’exagération « pathologique »).

Ainsi, on pourrait dire que l’auteur de crime pervers, qui cherche à s’approprier réellement
dans ses crimes l’altérité de ses victimes, en la leur arrachant, nous montre par l’extrême que
les êtres humains en général tentent de ressaisir ce qui fait la différence de l’autre, mais
symboliquement, contre la tendance à nous en approprier.

Ainsi aussi, la sidération et la fascination publiques provoquées par les actes horribles des
criminels pervers, et la manière dont ils en jouent, révèlent combien nous pouvons être
concernés et, inconsciemment et à notre corps défendant, « complices » psychiquement de ce
qui s’y joue.

21
Q

) A. Qu’est-ce que l’étude des auteurs de crimes pervers (Marie
Laure Susini) peut nous apprendre sur l’être humain ?
B. Illustrez votre réponse à partir du cas de Landru.

A

L’étude du cas de Landru rend visible à l’extrême la tension vécue par les êtres humains entre
les tendances à traiter l’autre comme un autre ou comme un objet.

L’auteure montre comment Landru extrait réellement sur le corps de ses victimes féminines
un objet (boucle d’oreille, bijou, argent, …) qu’il introduit ensuite mine de rien dans le circuit
des échanges, l’offrant à son épouse, sa maîtresse, ses enfants. Nous apprenons combien le
statut symbolique de nos échanges se conquiert contre le risque de réduire l’autre à un
objet.

L’auteure montre aussi comment Landru, à l’instar des auteurs de crimes pervers en général, a
manipulé le public (massivement présent et curieux) en ne disant rien, obligeant les gens à
s’intéresser au procès, à en suivre chaque étape, à imaginer ses procédures, à « visualiser »
lui-même ses actes criminels : ce qu’ils faisaient… avec horreur.

22
Q

A. Définissez le processus de l’identification.

A

L’identification est un processus psychique en partie inconscient consistant pour quelqu’un à
faire sien un trait de l’autre ou un ensemble de ses traits de façon à l’avoir ou l’être pour soi, à
« être comme lui/elle », en partie ou en totalité.

23
Q

Présentez le
rôle de lidentification dans le complexe d’Œdipe

A

Dans les textes reçus, René Roussillon en parle en référence à l’enfant dans ses relations avec
ses parents. Il explique que l’identification est une des voies de solution (à côté de l’interdit et
de la représentation) dont dispose l’enfant pour traverser les impasses de la crise œdipienne.
L’enfant adoptera par exemple un aspect de la façon de parler ou de voir les choses de sa mère
ou de son père, comme une manière de rester proches tout en se projetant vers son propre avenir.

24
Q

. Explicitez et illustrez l’idée que « l’on ne s’est pas fait tout
seul »

A

René Roussillon développe l’idée à propos du complexe d’Œdipe
pour montrer que l’enfant ne se construit pas tout seul mais en
s’inscrivant dans un ensemble structuré de relations.

Comme Narcisse dans le mythe, l’enfant est inévitablement
confronté au problème du rapport entre soi et l’autre, et
comme Œdipe, au double problème de son identité (qui suis
je ?) et de son origine (d’où je viens ?), à travers la différence
des sexes et la différence des générations.

Il devra s’organiser psychiquement lui-même au sein des
relations concrètes vécues pendant la crise œdipienne avec son
père et sa mère et/ou leurs représentants.

Ainsi, tel enfant (7 ans) pourra s’identifier par tel aspect à l’un
des parents comme une façon d’être comme ce parent, de
devenir un jour comme lui à défaut de l’avoir pour lui tout seul
ou de rivaliser sans cesse avec lui. Il se construit lui-même en
référence à ce parent.

25
Q

3) Par quels processus et quels facteurs Milgram expliquait-il les résultats de ses expériences sur la soumission à l’autorité ?

A

Milgram met en avant trois processus pour rendre compte de ces résultats :
2 points

A - la déresponsabilisation, les participants se plaçant dans un état agentique, comme simples exécutants soumis à une autorité supérieure et extérieure ;

B - la condamnation/culpabilisation de la victime, qui mériterait son châtiment ;

C - et la norme de la consistance, dans un dispositif piégeant car avançant de 15 en 15 volts.

Milgram montre aussi que certains facteurs d’obéissance modulent les résultats :
2 points

A - la puissance de l’autorité scientifique, qui rassure et pèse sur la soumission à l’autorité ;

B - la proximité de la victime, la soumission diminuant en fonction du contact plus ou moins direct avec la victime ;

C - la contestation de l’autorité, par la base ou entre « dirigeants », qui décrédibilise ceux-ci.

26
Q

4) Définissez et illustrez la notion d’émergence à la personne pour Jean-Claude Quentel à propos de l’adolescence.

A

L’émergence à la personne est le processus par où un adolescent (à ce moment-là puis tout au long de sa vie) sort de l’enfance, meurt à ce qu’il était (sans la quitter complètement pour autant : elle devient une dimension de sa personne) pour accéder à lui-même, renaître à sa façon, en quelque façon arbitraire, devenant sa propre origine, entrant en conflit implicite avec lui-même et avec les autres pour se définir et construire son histoire, dont il devient responsable.

(Illustration : 2 points pour deux illustrations significatives de l’émergence à la personne)

Le jeune va ainsi par exemple travailler à s’approprier personnellement son corps en se cherchant un style vestimentaire, une démarche, une coupe de cheveux, qui le différencient de ce qu’il était et des autres, il s’inscrit dans de nouvelles relations, de nouveaux groupes, au-delà de sa famille de départ, il prend des décisions qui engagent sa vie, sa profession, il assume les responsabilités associées, dans le travail, les relations d’amour et d’amitié, etc.

27
Q
A