Questions à développement Flashcards
Isolez les éléments de la pièce Ain’t Nobody Here But Us Chickens de Louis Jordan qui nous permettent de dire que cet enregistrement se trouve à cheval entre le jazz et la musique Rythm and Blues, apparue à la même époque.
Il s’agit d’une pièce de Louis Jordan. On peut entendre dans cet enregistrement autant des éléments associés au jazz de l’époque que les bases du style Rythm and Blues et de la musique populaire à venir. Le langage utilisé ici est grandement influencé par le blues tant dans la forme (AAB), dans les progressions harmoniques (I-IV-V) que dans les lignes mélodiques et effets («growls») énoncées lors des solos. Les « voicing » utilisés par la section de saxophone ainsi que la façon dont ceux-ci interviennent dans la pièce, souvent selon le principe de question-réponse, peuvent être directement associés au big band des années 1930 et 1940 de Count Basie et de Bennie Goodman. Le tempo de la pièce permet au groupe de bien énoncer le caractère swingant et la ligne de basse, construite autour de noires bien définies, rappel la main gauche des pianistes stride des années 1930 (Fats Waler, Willie « The Lion » Smith). L’aspect très communicatif de la pièce, ains que les propos comiques énoncés par le chanteur, nous permet de dire que cette musique est orientée vers le grand public. À la lumière de ces éléments, il est donc possible d’affirmer que cette pièce de Louis Jordan comporte de nombreux éléments liés aux traditions jazzistiques des années 1930 et 1940 et du blues. Par contre, ces éléments sont utilisés de façon systématique et selon un carcan lié davantage à la musique populaire et à son ancêtre; le Rythm and Blues.
Comparez des éléments de la musique de Thelonious Monk et de Lennie Tristano qui prouvent que ces deux musiciens, bien qu’ayant évolué à la même époque, représentent deux écoles de pensées distinctes, mais liées à la même musique.
La musique de Monk et Tristano est différente sur de nombreux aspects. La rythmique est l’un d’entre eux. Tristano, qui est un pianiste ayant été grandement influencé par la musique classique de Bach, favorisait des phrases longues et construites autour de rythmes et de lignes mélodiques constantes, linéaires et calculées tandis que Monk, qui avait la réputation d’avoir une technique limitée, travaillera souvent sur des phrases courtes ou moyennement longues, mais placées de façon à ce que son jeu semble aléatoire. De même, les compositions de Monk seront habituellement construites autour de motifs, répétés, variés et modifiés tandis que Tristano optera pour des thèmes plus écrits et plus peaufiner. Les deux musiciens utiliseront un langage très moderne, mais l’énonceront de façon différente. Monk aura tendance à mettre de l’avant les dissonances, parfois en ne jouant que ces notes, de façon brute, voire martelée tandis que la modernité dans le jeu de Tristano sera plus distillée et à l’intérieur d’un langage plus ordonné. L’interaction avec la section rythmique sera beaucoup plus présente chez Monk que chez Tristano, où elle était habituellement confinée à accompagner le soliste. L’ensemble de ces éléments nous permet de conclure que ces deux musiciens utilisaient un langage différent, mais issu de la même tradition; la musique jazz. Les éléments de cette tradition qui seront conservés par chacun d’eux auront fait en sorte de former deux écoles; l’une plus orientée vers la sophistication (le cool jazz ou jazz west coast), et l’autre vers l’énergie brute et le blues (le bebop).
