Politique publique Flashcards

1
Q

Développement historique du champ de politique publique

A
  1. Domaine d’intervention: On a assisté sur la longue durée à une extension des domaines d’intervention des autorités publiques. Au début du 19e siècle, on ajoute les transports, l’instruction publique aux questions fiscales, militaires et maintien de l’ordre déjà existantes. Avec la mise en place des États providences au 20e siècle, il y a une nouvelle diversification : maladie, accident, vieillesse, chômage, etc. En parallèle, les autorités publiques se font plus interventionnistes au niveau économique. Cela se traduit par un accroissement de la taille de l’État et un découpage de son intervention. Au tournant des années 1970, cette extension se voit contre-carrée, crise économique qui amène des coupes, et contexte idéologique défavorable.
  2. Niveaux de gouvernement: Un autre changement concerne les niveaux de gouvernement. Mises en place des États-nations au cours du 19e siècle, certaines politiques portées par le gouvernement central qui cherche à aménager son territoire et construire une identité nationale, mais les autorités locales développement des politiques autonomes. La répartition de compétences se fait à géométrie variables. Développement aussi de l’UE. On parle de nouvelles notions, comme la « gouvernance multiniveaux » (Marks 1996), qui souligne que les États ne monopolisent plus la totalité des ressources, sont contraints de faire des concessions et que les arènes politiques sont imbriquées.
  3. Types d’instruments: Finalement, le dernier aspect de recompositions en cours concerne les instruments d’action publique. Ce sont les dispositifs sociaux et techniques qui organisent les rapports entre la puissance publique et ses ressortissants, matérialisant une théorisation implicite du rapport gouvernant/gouverné. Les premières formes d’instruments des interventions directes par la mobilisation de moyens administratifs et humains, puis la mise en place de politiques redistributives implique quant à elle des transferts financiers d’importance. Dans les années 1970, de nouveaux instruments apparaissent ou se développement, outils d’incitation (contractualisation, recommandations), missions de régulation ou encore politiques de communication.
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2
Q

Qu’est-ce que l’approche séquentielle?

A

Découpage entre trois moments de l’action publique : (1) La mise sur agenda des problèmes : on voit comment les problèmes entrent sur l’agenda politique, il n’existe pas de problèmes considérés naturellement comme politique. (2) La prise de décision : il n’existe pas de décideur unique, mais un ensemble de protagonistes avec des priorités uniques, de plus, l’information n’est pas parfaite et la décision et souvent ambiguë. (3) Finalement, la mise en œuvre : il y a des écarts entre les objectifs définis et les réalisations. Une telle approche dite séquentielle a fait l’objet de multiples critiques : les étapes sont difficiles à distinguer dans la réalité, elles sont parfois inversées et ont entre elles de nombreux effets de rétroaction. Plus que des moments, on peut les aborder comme des questionnements spécifiques sur la conduite de l’action publique.

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3
Q

Qu’est-ce qu’une approche néo-institutionnaliste?

A

Le néo-institutionnalisme (également appelé théorie néo-institutionnaliste ou institutionalisme) est une approche de l’étude des institutions qui se concentre sur les effets contraignants et facilitateurs des règles formelles et informelles sur le comportement des individus et des groupes. Le néo-institutionnalisme englobe traditionnellement trois courants majeurs : l’institutionnalisme sociologique, l’institutionnalisme du choix rationnel et l’institutionnalisme historique. Le néo-institutionnalisme a vu le jour dans les travaux du sociologue John Meyer publiés en 1977.

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4
Q

Qu’est-ce que l’institutionnalisme du choix rationnel?

A

Replacer l’acteur rationnel dans son environnement et appréhender comment celui-ci façonne le choix des alternatives et promeut la coopération entre acteurs égoïstes ; tel est le but d’un courant de plus en plus important des théories du choix rationnel : l’institutionnalisme du choix rationnel (« institutional rational choice »). Cette appellation découle de l’utilisation du terme « institution » pour désigner les éléments contextuels qui influencent les stratégies individuelles qui, elles, restent mues par les calculs utilitaristes. Pour l’institutionnalisme du choix rationnel, est une institution tout élément contextuel susceptible de restreindre l’éventail des alternatives d’action sur la base duquel un acteur rationnel va poursuivre sa stratégie de maximisation d’utilité personnelle. Définies ainsi, les institutions sont essentiellement les « règles du jeu dans une société, ou plus formellement, les contraintes imaginées par les hommes pour façonner les interactions sociales » (North 1990). Elles peuvent être formelles ou informelles, émaner de traditions culturelles ou de conventions contractuelles, être imposées par la force ou encore découler d’interactions d’échange. Leurs travaux ajoutent ainsi non seulement une perspective comparative à l’analyse mais recouvrent aussi une dimension téléologique dans la mesure où ils cherchent quasi inévitablement à établir la nature des institutions qui mènent à la coopération.

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5
Q

Qu’est-ce que le néo-institutionnalisme discursif?

A

L’institutionnalisme discursif offre une perspective théorique qui explore la légitimation et le changement des politiques publiques en intégrant des facteurs idéels-discursifs et institutionnels. Il met l’accent sur le rôle central du discours dans la construction des intérêts, des valeurs et de la légitimité en politique. Cette approche considère que le discours est constitutif du fait politique et souligne l’importance des idées, de la persuasion et de la légitimation en démocratie. Elle reconnaît également l’impact des configurations institutionnelles sur la capacité des acteurs à articuler des discours et à communiquer sur les politiques. L’institutionnalisme discursif s’efforce de combiner des éléments des approches rationalistes et constructivistes pour mieux comprendre la dynamique politique et les processus de changement.

L’institutionnalisme discursif, en accord avec la variante sociologique, se concentre sur les normes et les valeurs, partageant une ontologie constructiviste qui considère les intérêts et les institutions comme des constructions politiques et sociales, en opposition aux conceptions matérialistes du choix rationnel. Bien que partageant cet aspect constructiviste, le désaccord principal réside dans l’analyse souvent statique de la perspective sociologique, mettant l’accent sur la façon dont les cultures nationales déterminent les idées et les actions politiques. En revanche, l’institutionnalisme discursif met en lumière les dynamiques discursives par lesquelles les acteurs perçoivent les contraintes liées aux normes et aux institutions, pouvant induire la continuité ou le changement. Critiquant l’approche statique du néo-institutionnalisme, l’institutionnalisme discursif privilégie l’explication des changements plutôt que des motifs. Il cherche à décloisonner les approches institutionnelles des politiques publiques, servant de pont entre rationalistes et constructivistes, soulignant l’importance de comprendre les contraintes institutionnelles et culturelles à travers les formes interactives de construction et d’appropriation par les acteurs, tout en rappelant la nécessité d’une conceptualisation rigoureuse du discours et des conditions sociales et institutionnelles pour analyser l’émergence et la transmission des idées.

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6
Q

Qu’est-ce que le néo-institutionnalisme historique?

A

Ces travaux ont été globalement conduits par des auteurs qui s’attachaient à saisir les phénomènes politiques avec une certaine épaisseur historique, raison pour laquelle on peut considérer qu’il s’agit des prémices de l’institutionnalisme historique. Deux dimensions de l’intitulé même de ce courant de recherche : (1) Le poids des institutions : ces travaux s’intéressent aux règles qui encadrent les comportements humains. Dans ce sens, ils conçoivent la notion d’institution d’une façon qui n’est pas sans rappeler celle utilisée par l’institutionnalisme du choix rationnel. Il est globalement entendu qu’elle désigne les structures politiques, mais d’autres ont élargi pour inclure des dimensions moins formelles (Hall 1986) : les règles formelles, les procédures de mise en conformité, les modes opératoires qui structurent la relation entre les individus dans les différentes unités de l’espace politique et de l’économie. (2) Le rôle de l’histoire : les institutionnalistes historiques considèrent que les choix faits à un temps t ont également des effets à un temps t+1.

Ces institutions affectent les ressources des acteurs, mais aussi les identités et la définition de leurs intérêts. Ce dernier point différencie du choix rationnel qui postule a priori la rationalité.

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7
Q

Qu’est-ce que le néo-institutionnalisme sociologique?

A

Le néo-institutionnalisme sociologique émerge dans le domaine de la sociologie des organisations en réaction à la vision dominante des organisations en tant que structures rationnelles. Il met en avant la notion d’institutions en tant que variables indépendantes, influençant les acteurs et les façons dont les organisations fonctionnent. Ce courant se distingue de l’institutionnalisme du choix rationnel en insistant sur les explications cognitives et culturelles, affirmant que les institutions créent les intérêts, les préférences, voire les identités des acteurs. Il remet en question la rationalité des institutions en mettant en évidence des phénomènes d’anarchie organisée au sein des organisations. Le modèle de la poubelle des décisions organisationnelles, par exemple, considère les décisions comme le résultat de facteurs indépendants se combinant de manière fortuite. Cela a également été appliqué à l’analyse des politiques publiques, remettant en question l’idée d’une planification savante et soulignant le rôle des opportunités dans l’émergence de nouvelles politiques. En outre, le néo-institutionnalisme sociologique se penche sur les matrices cognitives et la culture comme éléments clés pour comprendre comment les institutions structurent le comportement des acteurs.

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8
Q

Qu’est-ce que le modèle de la poubelle?

A

Le modèle de la poubelle des décisions organisationnelles, développé par Michael Cohen, James March et Johan Olsen, remet en question la conception traditionnelle de la rationalité dans les organisations. Plutôt que de considérer les organisations comme des entités rationnelles et cohérentes, les auteurs décrivent les processus de décision internes comme une “anarchie organisée”. Selon ce modèle, les organisations sont composées de coalitions d’acteurs poursuivant des intérêts et des objectifs divers, caractérisées par des objectifs flous, une connaissance limitée du fonctionnement interne et une implication variable dans le processus décisionnel. La décision organisationnelle est envisagée comme le résultat de facteurs relativement indépendants, réunis de manière fortuite, créant une dynamique propre. Le modèle identifie quatre ingrédients - problèmes, solutions, décideurs et opportunités de décision - formant des “courants” qui traversent l’organisation. Ainsi, une décision est le produit de la combinaison spécifique de ces courants à un moment donné, mettant en évidence une approche de la prise de décision moins rationaliste et plus contextuelle, où une solution trouve son problème dans une opportunité de décision particulière.

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9
Q

Qu’est-ce que le “sentier de la dépendance”?

A

La notion de “path dependence” ou dépendance au chemin emprunté se réfère au poids des choix passés et des institutions politiques sur les décisions actuelles. Elle s’inspire de l’économie, où l’on observe que même si une solution plus efficace est connue, elle n’est pas toujours adoptée en raison des coûts liés au changement. Cette idée, popularisée par Douglass C. North, s’applique également à la politique. Les choix institutionnels initiaux ont des implications à long terme sur la performance économique et politique. La dépendance au chemin se renforce avec le temps en raison de mécanismes de rendements croissants, tels que les coûts d’investissement, l’apprentissage, la coordination, et l’anticipation. Les institutions politiques sont souvent conçues pour être difficiles à changer, ce qui contribue à la pérennité des politiques passées. La courte perspective politique des élus, axée sur l’agenda électoral immédiat, favorise également la résistance au changement. Ces mécanismes expliquent la continuité des processus politiques et institutionnels et les obstacles aux changements, en particulier dans le domaine de la protection sociale.

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10
Q

Theda Skocpol 1985 (Bringing the State Back In. Strategies of Analysis in Current Research)

A

C’est le livre « Bringing the state back in » (Evans, Rueschemeyer et Skocpol 1985) qui annonce l’arrivée de cette approche au cœur de la science politique internationale. Il pose l’État comme acteur central des politiques publiques : l’État est plus qu’une simple arène dans laquelle les groupes sociaux font des demandes et s’engagent dans des luttes politiques ou des compromis. L’État, entendu comme un ensemble d’organisations revendiquant le contrôle de territoires, de personnes et engagé dans des activités législatives et exécutives, est conçu ici non seulement comme autonome du reste de la société, mais en même temps comme capable d’exercer une influence sur elle. Le rôle de l’État est double selon Skocpol : (1) L’État peut définir ses objectifs de façon autonome et développer des capacités pour mettre en œuvre des politiques. Elle souligne notamment le rôle des fonctionnaires, experts utilisés par l’État, source de choix publics. Un exemple est les travaux de Heclo (1974) sur les politiques sociales en Suède et au Royaume-Uni : les politiques d’assurance-chômage ont été principalement impulsées par des fonctionnaires. Le rôle autonome des bureaucraties a été encore plus grand en Suède, en raison de l’existence de structures bureaucratiques prémodernes, ce qui les place dans des positions privilégiés pour diagnostiquer des problèmes et proposer des solutions universalistes. (2) Les États peuvent forger des cultures politiques, encourager les formations de certains groupes plutôt que d’autres ou favoriser l’émergence de certains problèmes, et ce de façon largement non intentionnelle. Certains travaux ont montré que les différentes formes d’État conduisaient à des conceptions contrastées de la politique elle- même.

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11
Q

Peter A. Hall et C.R. Taylor Rosemary 1997 (La science politique et les trois néo-institutionnalismes)

A

Les trois approches de l’institutionnalisme, à savoir l’institutionnalisme historique, l’institutionnalisme des choix rationnels et l’institutionnalisme sociologique, diffèrent dans leur manière d’aborder les institutions politiques. L’institutionnalisme historique met l’accent sur l’impact des institutions sur la répartition du pouvoir et des ressources, en prenant en compte à la fois les calculs stratégiques et les modèles culturels. L’institutionnalisme des choix rationnels se concentre sur les comportements politiques en supposant que les acteurs agissent de manière rationnelle pour maximiser leur intérêt, en insistant sur les interactions stratégiques et la création volontaire des institutions. L’institutionnalisme sociologique élargit la notion d’institutions pour inclure des éléments culturels et symboliques, considérant que les institutions influencent le comportement en façonnant les schémas cognitifs et les identités.

Relation institution et comportement : L’institutionnalisme des choix rationnels se concentre sur les comportements instrumentaux, tandis que l’institutionnalisme historique et sociologique mettent davantage l’accent sur des aspects culturels, symboliques et non utilitaires de la relation entre les institutions et le comportement. Les théoriciens de l’institutionnalisme historique pourraient tirer profit d’une meilleure collaboration avec d’autres écoles pour développer leur compréhension des relations causales.

Naissance et modification des institutions : L’institutionnalisme des choix rationnels se concentre sur l’efficacité des institutions existantes, supposant souvent qu’elles sont les plus efficaces pour remplir leurs fonctions. Cette approche est critiquée pour son caractère rétrospectif, fonctionnaliste, intentionnaliste, volontariste, et pour son recours à l’équilibre de Nash, limitant son aptitude à expliquer l’origine des institutions. En revanche, l’institutionnalisme historique et sociologique part du constat de l’existence de nombreuses institutions et considère que les nouvelles institutions sont influencées par celles déjà en place. Les sociologues se penchent sur la manière dont les acteurs s’inspirent des modèles institutionnels existants, mettant l’accent sur les processus de conflit et d’interprétation, et prenant en compte des facteurs tels que l’interprétation et la légitimité sociale.

Une réconciliation entre ces approches peut offrir une compréhension plus complète des institutions politiques et de leur origine.

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12
Q

James Mahoney et Kathleen Thelen 2010 (A Theory of Gradual Institutional Change)

A

Ce texte soutient que les institutions, loin d’être statiques, sont des instruments de distribution de pouvoir chargés d’implications politiques. Le changement institutionnel découle principalement de deux sources : d’abord, des modifications dans la répartition du pouvoir qui influencent la stabilité des institutions via l’accumulation et la mobilisation continues des ressources ; ensuite, des enjeux de conformité où les règles formelles sont sujettes à des interprétations compétitives, à des lacunes et à des ambiguïtés permanentes, ouvrant ainsi des espaces de changement. Quatre schémas de changement institutionnel sont identifiés : remplacement, superposition, déviation et conversion, tous modelés par les caractéristiques du système et des institutions. Les différences dans les règles existantes et le contexte politique influent sur le type de changement institutionnel possible, où les possibilités de veto et de discrétion dans la mise en œuvre sont déterminantes. Les agents de changement, tels que les insurrectionnistes, les symbiotes, les subversifs et les opportunistes, opèrent dans ce cadre institutionnel et contextuel, formant des coalitions pour réussir. En somme, les tensions internes, les conflits de pouvoir et les divergences d’interprétation et de mise en œuvre des règles constituent les moteurs du changement institutionnel, façonnés par les dynamiques de pouvoir et les stratégies des acteurs impliqués.

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13
Q

Gøsta Esping-Andersen 2014 (Les trois mondes de l’État providence. Essai sur le capitalisme moderne)

A

Ce livre est un examen détaillé de la manière dont les ressources générées par les politiques publiques affectent les masses populaires a récemment été mené par un sociologue. Les États providence fournissent des ressources et des incitations aux individus qui influencent profondément des choix de vie cruciaux : le type d’emploi à prendre, le moment de prendre sa retraite ou de prendre du temps hors de la main-d’œuvre rémunérée, la manière d’organiser et de répartir les tâches ménagères telles que l’éducation des enfants. L’État providence « est une sage-femme de l’évolution de l’emploi post-industriel ». Son argument central est que « différentes interactions entre l’État providence et le marché du travail produisent différentes trajectoires post-industrielles ». L’enquête détaillée sur les politiques sociales et les structures professionnelles aux États-Unis, en Suède et en Allemagne établit de manière convaincante des liens entre les structures des politiques publiques et les circonstances socio-économiques des masses populaires. Il y a trois types d’États providences (socialiste, conservateur, libéral) qui répondent à la démarchandisation (degré auquel les individus peuvent maintenir un niveau de vie acceptable sans être complètement dépendants du marché) différemment.

Les divergences dans les niveaux de démarchandisation des États-providence résultent d’une interaction complexe entre les variables du pouvoir politique et l’héritage historique des nations. Contrairement à une explication basée uniquement sur le développement économique, qui ne présente pas de corrélation significative avec la démarchandisation, le pouvoir politique, en particulier l’influence de la gauche, joue un rôle prépondérant, expliquant jusqu’à 40 % des variations observées. L’explication inclut également l’influence de l’héritage historique, indiquant que les nations avec une tradition conservatrice ou catholique précoce peuvent adopter une démarchandisation précoce, tout en maintenant des mécanismes de contrôle social robustes. En revanche, les pays avec un héritage libéral évoluent en fonction de la structuration du pouvoir politique, basculant vers des États-providence sociaux-démocrates démarchandisés sous la démocratie sociale, ou maintenant un niveau de démarchandisation bas en l’absence de changements significatifs dans l’économie politique. Les variations émergentes dans le taux de croissance des industries de services, le poids relatif des services sociaux par rapport aux services personnels, la compétence et la composition professionnelle de la main-d’œuvre, et la répartition des emplois par genre et par origine ethnique peuvent tous être attribués en partie à des choix politiques antérieurs.

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14
Q

Paul Pierson 2000 (Increasing Returns, Path Dependence, and the Study of Politics)

A

Cet article conceptualise la dépendance au chemin comme un processus social ancré dans une dynamique de “rendements croissants”. En passant en revue la littérature récente en économie et en suggérant des extensions au domaine politique, l’article démontre que les processus de rendements croissants sont susceptibles d’être courants et qu’il existe des bases analytiques solides pour explorer leurs causes et conséquences. L’étude des rendements croissants peut fournir un cadre plus rigoureux pour développer certaines des principales affirmations de la recherche récente en institutionnalisme historique : des schémas spécifiques de timing et de séquence ont de l’importance ; une large gamme de résultats sociaux est possible ; d’importants résultats peuvent découler d’événements relativement petits ou contingents ; une fois introduites, certaines actions peuvent être presque impossibles à inverser ; et en conséquence, le développement politique est ponctué de moments critiques ou de conjonctures qui façonnent les contours fondamentaux de la vie sociale.

La théorie microéconomique, bien qu’éclairante pour la politique, nécessite une adaptation pour comprendre les différences substantielles entre ces domaines. En politique, des caractéristiques distinctives favorisent les rendements croissants, tels que l’action collective, la densité institutionnelle et l’utilisation du pouvoir pour renforcer les inégalités. Cependant, les mécanismes d’amélioration sont limités en raison de la faible efficacité des processus compétitifs, des horizons temporels courts des acteurs politiques et de la propension des institutions à maintenir le statu quo. Ces caractéristiques intensifient et rendent difficiles à renverser les processus de rendements croissants en politique, renforcés par l’obligation plutôt que la volonté dans la fourniture de biens publics. Paul Pierson souligne trois processus politiques - action collective, interprétation des enjeux et développement institutionnel - marqués par des phénomènes de rendements croissants, où les choix passés et les institutions influent sur les incitations et les ressources actuelles. De plus, la rigidité institutionnelle et les horizons politiques à court terme des responsables politiques amplifient la pérennité des décisions et rendent difficile l’adoption de solutions nouvelles malgré leurs avantages à long terme mais coûts immédiats.

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15
Q

Bruno Jobert et Pierre Muller 1987 (L’État en action: politiques publiques et corporatismes)

A

L’approche par les référentiels propose un cadre analytique pour étudier les politiques publiques en mettant l’accent sur leur dimension idéelle. Ils proposent de considérer les politiques publiques comme des moments de la lutte politique visant à construire un ensemble de normes organisant la cohésion sociale. Le concept clé dans cette approche est celui du « référentiel » qui désigne un ensemble de codes ou de modèles de référence auxquels les acteurs se réfèrent pour donner un sens à une politique publique. La construction du référentiel est l’acte constitutif d’une politique publique, car il guide les pratiques sociales des acteurs dans un secteur donné. Ils identifient aussi les “médiateurs” comme les acteurs qui participent activement à la construction du référentiel. Les médiateurs ne façonnent pas seulement l’image du secteur et de la politique, mais construisent également leur propre identité politique en relation avec ce référentiel. Dans cette perspective, le référentiel d’une politique publique devient un prisme cognitif à travers lequel les médiateurs perçoivent et interprètent le fonctionnement d’un secteur. Les changements dans les politiques publiques sont influencés par l’articulation entre le référentiel sectoriel et le référentiel global, ce dernier étant l’ensemble des normes qui prévalent dans la société dans son ensemble. Ainsi, les acteurs des politiques publiques ne sont pas totalement libres dans la construction du référentiel sectoriel, car ils doivent prendre en compte le référentiel global qui exerce une influence structurelle. Ils utilisent l’exemple de la politique agricole française.

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16
Q

Qu’est-ce que l’apprentissage?

A

C’est principalement dans l’ouvrage de Hugh Heclo, consacré aux politiques sociales en Grande-Bretagne et en Suède, qu’il est pour la première fois opérationnalisé. Heclo démontre qu’il est nécessaire d’introduire l’incertitude et la mobilisation des savoirs pour comprendre la conduite des politiques publiques dans les sociétés contemporaines : « Les gouvernements ne font pas qu’user du pouvoir [not only power] […], ils doutent [puzzle] également. Fabriquer des politiques publiques est une forme d’interrogation collective [collective puzzlement] au nom de la société ; cela demande à la fois de la décision et du savoir » (Heclo, 1974).

Le recours à la notion d’apprentissage offre deux possibilités d’enrichissement de l’analyse de l’action publique. (1) Il permet d’en élargir la lecture en réintroduisant la question du savoir et de l’usage de l’information dans la conduite des programmes gouvernementaux. Le changement de politique publique peut ainsi résulter de la perception d’actions passées (réussies ou ratées), de nouvelles idées ou de changements dans l’environnement de la politique publique. (2) Penser en termes d’apprentissage conduit aussi implicitement à replacer l’action publique dans une temporalité, et à analyser de quelle manière les individus perçoivent les effets et les résultats des politiques antérieures, et comment ils tentent de modifier le cours de l’action publique.

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17
Q

Peter A. Hall 1993 (Policy Paradigms, Social Learning, and the State: The case of Economic Policymaking in Britain)

A

L’activité d’apprentissage désigne une capacité des fonctionnaires à modifier leurs comportements et leurs pratiques afin de mieux atteindre les objectifs d’action publique qu’ils se donnent, et constitue l’explication centrale des changements dans la conduite des politiques publiques. Cette hypothèse, Peter A. Hall la discute à partir de l’évolution de la politique macroéconomique de la Grande-Bretagne en 1970 et en 1989. Selon lui, si la notion d’apprentissage est utile pour ce qui concerne les changements de premier (modification de niveau d’un instrument) et de deuxième (modification de l’instrument lui-même) ordres, dans la mesure où les modifications observées renvoient aux activités des experts et des fonctionnaires pour adapter les politiques aux conditions socio-économiques en tirant des leçons des expériences passées, le changement de paradigme opéré en 1979 procède essentiellement d’une prise de pouvoir de la part de leaders politiques (l’équipe conservatrice située autour de Margaret Thatcher, soutenue par des journalistes et des experts séduits par les théories monétaristes). Pour ce dernier cas (changement de troisième ordre), les changements politiques sont plus provoqués par des rapports de pouvoir entre des coalitions différentes que par des processus d’apprentissage par des fonctionnaires.

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18
Q

Qu’est-ce que l’incrémentalisme?

A

Le principe de l’incrémentalisme affirme que les politiques publiques évoluent généralement de manière graduelle par de petits ajustements plutôt que par des changements radicaux. Cela s’explique par le fait que les décideurs politiques ont du mal à réévaluer complètement une politique en cours. Les décisions publiques impliquent souvent des modifications mineures s’ajoutant à des actions antérieures, plutôt que des réformes majeures. Cette perspective a été développée en réponse aux modèles de rationalité dominants, mettant en évidence la réalité complexe du processus de prise de décision publique, caractérisé par des compromis et des choix raisonnables plutôt que par une optimisation complète. Cependant, l’incrémentalisme a été critiqué pour son manque de créativité et d’innovation, son orientation vers le court terme, et son incapacité à expliquer des changements substantiels. Un modèle post-incrémentaliste, le modèle de l’équilibre ponctué, a également émergé pour mieux comprendre les dynamiques de changement politique, intégrant des éléments d’incrémentation et de transformation significative.

19
Q

Qu’est-ce que la mise à l’agenda?

A

En somme, les travaux sur l’agenda ont pour objectif principal de comprendre comment et pourquoi certains problèmes en viennent à requérir l’attention des autorités gouvernementales. Ces processus sont très divers. Les travaux ont proposé des perspectives relativement contradictoires. Certains ont souligné les logiques de contrôle pesant sur les agendas : les agendas seraient stables, sélectifs, contrôlés par les élites politiques et administratives. D’autres auteurs ont montré au contraire que les agendas sont susceptibles de changer soudainement, qu’ils présentent un certain degré de fluidité, et que différents facteurs peuvent se combiner pour expliquer ces transformations rapides des agendas.

20
Q

Qu’est-ce qu’une fenêtre d’opportunité?

A

Le modèle de la fenêtre d’opportunité, proposé par John W. Kingdon, examine les conditions qui rendent les changements de politiques publiques possibles. Il présente une métaphore de la politique en trois courants indépendants : les problèmes, les solutions et les événements politiques. Lorsque ces courants convergent, une “fenêtre d’opportunité” s’ouvre, permettant le passage d’une alternative aux problèmes et, éventuellement, une décision politique. Les acteurs clés de ce processus sont les entrepreneurs politiques, qui promeuvent des solutions. Cependant, l’ouverture de ces fenêtres reste souvent imprévisible, et le modèle reconnaît le rôle important de la contingence et de l’incertitude. Bien que critiqué pour sa nature métaphorique et son applicabilité limitée en dehors des États-Unis, le modèle de la fenêtre d’opportunité offre une perspective flexible sur l’analyse des politiques publiques, soulignant à la fois la rationalité et les facteurs politiques.

21
Q

John W. Kingdon 1984 (Agendas, Alternatives, and Public Policies)

A

Kingdon développe un modèle des logiques de courants. Il ne se limite pas à son intérêt à la mise sur agenda des problèmes, mais traite également de la spécification des alternatives, soit des cheminements par lesquels les décideurs choisissent entre plusieurs alternatives. Il met en évidence trois courants différents. (1) Le courant des problèmes : Une première influence peut résulter de la marche inexorable de certains problèmes. (2) Le courant des solutions : les sujets peuvent aussi entrer à l’agenda par accumulation de savoir ou l’adoption de solutions partagées par les spécialistes du secteur. C’est plus l’existence de solutions, de propositions consensuelles qui devient le moteur. (3) Le courant politique : les changements au sein de l’univers politique sont des causes essentielles de mise sur l’agenda, comme l’arrivée d’une nouvelle administration, une nouvelle orientation doctrinale, un changement au sein de l’opinion publique.

Chacun de ces courants est relativement autonome. Des changements se produisant quand ces courants se rejoignent. Il y a deux facteurs majeurs de changement des agendas : la fenêtre d’opportunité et/ou l’intervention d’entrepreneurs politiques. Le fait que les courants doivent se rejoindre, que les fenêtres d’opportunité soient passagères et que certaines soient imprédictibles, conduit Kingdon à souligner le caractère relativement indéterminé des processus qu’il analyse. L’accès à l’agenda, le succès de certaines alternatives, dépend de la rencontre fortuite de courants et de l’existence d’entrepreneurs politiques qui réussissent, parfois, à coupler ces courants de façon active.

22
Q

Frank R. Baumgartner et Bryan D. Jones 1993 (Agendas and Instability in American Politics)

A

La thèse principale est que le système politique américain, construit comme il l’est sur une base constitutionnelle conservatrice conçue pour limiter les actions radicales, est néanmoins constamment soumis à des changements de politique, des changements qui alternent entre une dérive incrémentielle et des modifications rapides des arrangements existants. Pendant les périodes calmes de formulation des politiques, la rétroaction négative domine ; les innovations politiques capturent rarement l’imagination de nombreuses personnes, donc le changement est lent ou rare. Pendant les périodes de changement rapide, le processus de rétroaction positive domine ; chaque action génère des réponses disproportionnellement importantes, ce qui accélère le changement. Des points critiques surviennent avant le déclenchement d’un processus de rétroaction positive ; de telles périodes sont appelées des fenêtres d’opportunité. L’équilibre ponctué, plutôt que la stabilité et l’immobilisme, caractérise le système politique américain.

Baumgartner et Jones développent une conception des politiques américaines caractérisées par un « équilibre ponctué ». Selon eux, les politiques sont caractérisés par de longues périodes de stabilité, associées à des relations réglées entre un nombre limité d’acteurs, et par de courtes périodes de changement, qui redéfinissent les cartes et les items qui retiennent l’attention des gouvernements. Leurs propos dépassant les seules questions d’agenda, ils expliquent que ces phases de changement rapide sont marquées par une grande fluidité et ce qu’ils appellent des effets retours positifs, soit des « positive feedbacks ». Les éléments de changements s’entrelacent pour provoquer des transformations importantes dans l’agenda politique des images du problème et des structures institutionnelles.

Baumgartner et Jones (1993) développent le concept de « venue shopping » pour désigner l’activité de ces groupes cherchant à défendre leurs intérêts auprès des interlocuteurs institutionnels les plus à même de leur apporter un soutien. Ils mettent en évidence comment les préoccupations du gouvernement américain ont changé, sous l’effet de l’activité des médias, d’activistes, d’experts dissidents, mais aussi des transformations de coalitions politiques. Ils analysent par exemple la politique du nucléaire civil : si, au début des années 1950, c’est un faible nombre d’acteurs (Agence à l’énergie atomique, industries intéressées, commissions du Congrès) qui est impliqué, les années 1960 et 1970 sont marquées par une expansion du problème (issue expansion) : de nouveaux acteurs, les groupes environnementaux, entrent en jeu et profitent des savoirs de certains experts dissidents, alertent les médias et attirent l’attention du politique. Si l’agenda de la politique nucléaire, dans les années 1950, était principalement axé autour de l’autosuffisance énergétique, les années 1970 voient se renverser cette préoccupation : la question dominante devient alors : comment assurer la sécurité de l’usage de l’énergie nucléaire ?

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Paul A. Sabatier et Hank C. Jenkins-Smith 1993 (Policy Change and Learning. An Advocacy Coalition Approach)

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Le chapitre 1 explore les modèles en étapes dans l’étude des processus de politique publique, soulignant leur utilité initiale tout en exposant leurs limites, telles que le manque de causalité claire et la focalisation institutionnelle. Les auteurs proposent une alternative, le cadre de la coalition de plaidoyer, qui intègre l’analyse des politiques avec le processus politique. Ce cadre considère les coalitions de plaidoyer, les changements externes, et les éléments centraux des politiques publiques comme des déterminants clés du changement politique. En remplacement de l’heuristique des étapes, les auteurs encouragent le développement de théories plus descriptivement précises et empiriquement testables pour une meilleure compréhension du processus politique.

Le chapitre 2 aborde les limites des approches traditionnelles en sciences politiques qui se concentrent sur des institutions spécifiques ou des comportements politiques particuliers, en soulignant les défis inhérents à la compréhension des changements politiques sur plusieurs décennies. Il remet en question l’utilité de l’heuristique des étapes et des approches traditionnelles en mettant en avant le cadre de la coalition de plaidoyer comme alternative. Ce cadre propose une perspective temporelle sur une décennie ou plus, se concentrant sur les sous-systèmes politiques et intégrant la dimension intergouvernementale. Le modèle considère les politiques publiques comme des systèmes de croyances hiérarchisés et met en avant le rôle des coalitions de plaidoyer dans la formulation et la mise en œuvre des politiques. En insistant sur la résilience des croyances centrales, le cadre intègre l’idée que le changement politique est également influencé par des perturbations externes, événements systémiques, et des changements dans les conditions socio-économiques. En résumé, le modèle propose une approche novatrice du changement politique à long terme, privilégiant l’apprentissage orienté vers les politiques au sein des coalitions de plaidoyer et considérant les perturbations externes comme des catalyseurs essentiels du changement.

Dans le chapitre 10, l’évaluation du cadre de coalition de plaidoyer est présentée à la lumière des études de cas. Les arguments principaux du modèle sont généralement confirmés, soulignant notamment l’efficacité de se concentrer sur les coalitions de plaidoyer pour simplifier la compréhension des acteurs impliqués dans le changement politique sur une décennie ou plus. Cette approche diffère significativement de la tendance des politologues à agréger les acteurs par types d’institutions. Le modèle souligne l’importance des acteurs de plusieurs niveaux de gouvernement au sein des sous-systèmes de politique, une idée validée par les études de cas. De plus, il est confirmé que les informations techniques sont souvent utilisées de manière défensive pour soutenir des positions préexistantes. Les cas appuient l’idée que des changements significatifs dans le cœur politique d’une politique nécessitent des chocs exogènes modifiant les ressources des coalitions. Les auteurs estiment que le modèle est supérieur à la métaphore des étapes pour plusieurs raisons, dont sa testabilité, sa parcimonie et son potentiel à contribuer à une compréhension plus approfondie du processus politique, espérant qu’il devienne une théorie majeure aux côtés du choix rationnel institutionnel.

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Evert Vedung 2003 (Policy Instruments: Typologies and Theories)

A

Ce chapitre décrit d’abord les conceptions des instruments de politique. Il existe actuellement une multitude de classifications d’instruments de politique. Toutefois, une classification en trois volets est plus fructueuse. Un point de départ approprié pour l’élaboration d’une classification en trois volets peut être trouvé dans l’œuvre largement acclamée de Etzioni. Le chapitre se concentre également sur le schéma de classification en trois volets. La base de la division inhérente à ce schéma de classification en trois volets est la technique de gouvernance, ou plus précisément, la force autoritaire impliquée dans les efforts de gouvernance. Le chapitre résume en outre certaines implications de cela en détail. (1) « Les réglementations » sont des mesures prises par les unités gouvernementales pour influencer les personnes au moyen de règles et de directives formulées verbalement qui obligent les destinataires à agir conformément à ce qui est prescrit dans ces règles et directives. (2) « Les instruments économiques » consistent soit à distribuer, soit à retirer des ressources matérielles, en nature ou en espèces. (3) « L’information » (l’exhortation morale, la communication publique) englobe les tentatives d’influencer les personnes par le transfert de connaissances, la communication d’arguments raisonnés et la persuasion.

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Pierre Lascoume et Patrick Le Galès 2004 (L’action publique saisie par ses instruments)

A

Ce chapitre explore le rôle central des instruments dans l’analyse de l’action publique, souvent négligé dans la sociologie de l’État. Contrairement à une approche fonctionnaliste qui considère les instruments comme des choix techniques neutres, l’auteur souligne qu’ils sont des dispositifs sociaux façonnant les interactions entre le gouvernement et la société. L’instrumentation de l’action publique, selon l’auteur, révèle une théorisation implicite du rapport gouvernant/gouverné. Les instruments ne sont pas simplement des outils techniques, mais des entités produisant des effets spécifiques, tels que des représentations particulières des enjeux et des dynamiques propres. L’analyse des instruments s’avère cruciale pour comprendre les changements dans les politiques publiques, révélant des transformations profondes dans le sens, le cadre cognitif, et les résultats de l’action publique. Cette perspective met en lumière la spécificité et la force d’action des instruments, allant au-delà de la vision purement pragmatique de leur utilisation dans la résolution de problèmes.

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Christopher Hood 2007 (Intellectual Obsolescence and Intellectual Makeovers: Reflections on the Tools of Government after Two Decades)

A

Ce texte explore l’évolution de l’analyse des instruments de politique gouvernementale au XXe siècle, mettant en lumière deux catégories principales d’instruments, ceux visant à recueillir des informations et ceux cherchant à modifier le comportement. Il souligne des limites dans l’analyse initiale, notamment l’absence d’examen des instruments intermédiaires et du contrôle gouvernemental interne. Au fil des années, diverses approches ont émergé, dont l’approche des “institutions en tant qu’outils” et l’approche de la “politique de l’instrumentalité”, qui complètent mutuellement la compréhension des choix d’instruments politiques. De plus, d’autres méthodes de catégorisation, telles que la division en stratégies d’intervention de base, ont été proposées pour répondre à des besoins analytiques spécifiques. En fin de compte, ces approches offrent des outils pour comprendre les instruments gouvernementaux dans un monde en constante évolution, en tenant compte des avancées technologiques et des besoins d’analyse spécifiques dans le domaine des politiques publiques.

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Jane Jenson et Éléonore Lépinard 2009 (Penser le genre en science politique. Vers une typologie des usages du concept)

A

En science politique, l’étude des politiques publiques liées au genre et des mobilisations féministes constitue un domaine de recherche établi, avec une histoire remontant aux années 1980. Les chercheurs se sont penchés sur la manière dont les États mettent en place des politiques publiques en lien avec le genre, ainsi que sur l’influence des mobilisations féministes sur ces politiques, en Europe et en Amérique du Nord. Cependant, la diversité des approches et des thèmes abordés dans ces travaux soulève la question de la compréhension du concept de “genre” dans l’analyse des politiques publiques. Une typologie des utilisations du concept de genre en science politique a été élaborée, mettant en évidence trois catégories idéales : le genre comme dimension sexuée de l’objet de recherche, le genre comme variable dans l’analyse des politiques publiques, et le genre comme objet et concept. Ces différentes approches reflètent la variété des perspectives et des analyses dans ce domaine.

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Anne Schneider et Helen Ingram 1993 (Social Construction of Target Populations : Implication for Politics and Policy)

A

Les auteurs soulignent l’importance de la construction sociale des populations cibles, un phénomène politique souvent négligé, dans l’étude de la politique publique par les scientifiques politiques.  La construction sociale des populations cibles consiste en la caractérisation culturelle ou les images populaires des groupes affectés par la politique publique, les décrivant de manière positive ou négative à travers des langages symboliques et des récits. Ce concept revêt une grande importance pour la science politique, car il influence l’ordre du jour politique, le comportement législatif, la formulation des politiques, l’orientation des citoyens, la citoyenneté et le style de participation. Selon leur théorie, la construction sociale des populations cibles a un impact considérable sur les responsables publics, influençant les politiques et les orientations politiques. Les pressions politiques amènent les responsables publics à concevoir des politiques positives pour les groupes bien construits et à opter pour des politiques punitives pour les groupes négativement construits. Ces constructions sociales imprègnent la politique et influencent les attitudes et les modèles de participation des citoyens. Les politiques envoient des messages sur les rôles du gouvernement, la valeur des citoyens et les comportements appropriés dans une société démocratique. Cependant, les différentes populations cibles reçoivent des messages variés. Certaines sont encouragées à participer activement pour changer les politiques préjudiciables, tandis que d’autres sont poussées vers la passivité. Cette théorie explique pourquoi certains groupes sont avantagés par rapport à d’autres, indépendamment du pouvoir politique traditionnel, et contribue à résoudre des énigmes durables en politique.

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Guy B. Peters et John Pierre 1998 (Governance without Government? Rethinking Public Administration)

A

Au cours des dernières décennies, le débat sur la gouvernance a remis en question le rôle traditionnel des gouvernements nationaux dans la politique publique, mettant en avant l’importance des réseaux d’acteurs, la collaboration public-privé, la concurrence, le contrôle des résultats, et de nouveaux instruments de pilotage. La Nouvelle Gestion Publique (NGP) s’est développée parallèlement, cherchant à réduire le rôle des élus et à maximiser l’efficacité, tout en mettant l’accent sur la responsabilité. Il existe des différences fondamentales entre la gouvernance et la NGP.  La gouvernance a une longue histoire en tant qu’élément central des entités politiques démocratiques, tandis que la NGP est plus idéologique, cherchant à transformer le secteur public pour le rendre semblable aux organisations privées à but lucratif. De plus, la gouvernance se concentre sur le processus, tandis que la NGP se concentre sur les résultats. La gouvernance adopte une perspective interorganisationnelle, tandis que la NGP est principalement une réforme administrative intra-organisationnelle. Enfin, la gouvernance vise à préserver les ressources du secteur public sous un certain contrôle politique, tandis que la NGP vise à transformer le secteur public et nécessite des changements culturels profonds. La diffusion de la NGP semble être liée à la force de l’État, tandis que les États plus faibles ont tendance à s’associer avec des acteurs du secteur privé pour renforcer leur capacité de gouvernance. En résumé, la gouvernance et la NGP ont rencontré des défis d’adaptation dans différentes régions du monde en raison des traditions administratives et politiques existantes. L’émergence de la gouvernance est liée à la tradition corporatiste en Europe occidentale, tandis que la réforme axée sur le marché aux États-Unis est plus compatible avec les gouvernements locaux. Les réformes doivent être adaptées aux besoins et aux traditions de chaque système politique, et il n’y a pas de modèle universel qui convienne à tous.

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Liesbet Hooghe et Gary Marks 2003 (Unraveling the Central State, but How? Types of Multi-Level Governance)

A

Le débat sur la gouvernance multi-niveaux s’est intensifié en raison de la dispersion de la prise de décision loin des États centraux, suscitant des discussions entre les partisans de deux modèles principaux, la gouvernance de Type I et la gouvernance de Type II. Le premier privilégie des juridictions hiérarchiques avec un nombre limité de niveaux, tandis que le second favorise des juridictions fragmentées et flexibles, spécialisées dans des fonctions spécifiques. Ces modèles divergent sur la manière de coordonner les politiques entre les juridictions, soulignant le dilemme entre la stabilité et la flexibilité. La gouvernance de Type I tend à renforcer les communautés territoriales intrinsèques, tandis que la gouvernance de Type II se concentre sur des communautés de circonstance plus malléables. Chacune présente des avantages et des inconvénients en termes de démocratie, d’efficacité, de cohésion sociale et de résolution des conflits, nécessitant une considération attentive pour établir des systèmes de gouvernance multi-niveaux efficaces et démocratiques.

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Q

Qu’est-ce que la gouvernance?

A

La notion de gouvernance englobe les méthodes de pilotage, de coordination et de direction des acteurs, groupes, secteurs et de la société dans son ensemble, au-delà des structures traditionnelles du gouvernement. Les évolutions actuelles, telles que la différenciation interne de l’État, l’européanisation, la mondialisation et la dénationalisation de l’autorité politique, remettent en question les modèles classiques de gouvernement hiérarchique. La gouvernance est apparue dans les années 1970 en réponse à l’incapacité des gouvernements à résoudre efficacement les problèmes contemporains et à s’adapter à de nouvelles réalités sociales, économiques et politiques. Elle se caractérise par l’interpénétration des niveaux de gouvernement, la multiplication des acteurs non étatiques et des réseaux d’action publique, et l’absence de délégation exclusive à un gouvernement élu. Il convient de noter que la gouvernance n’est pas une théorie ou une solution miracle, mais plutôt un cadre conceptuel permettant de poser des questions sur la manière de gérer la complexité de l’action publique.

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Qu’est-ce que le Nouveau management public?

A

Le “nouveau management public” (NMP) représente un ensemble de réformes dans le secteur public qui a pris de l’ampleur à partir des années 1980. Les principaux éléments de cette idéologie incluent une emphase sur la gestion plutôt que l’administration, une plus grande responsabilité des gestionnaires par rapport aux dirigeants politiques, et une autonomie accrue accordée à ces gestionnaires. Les idées de marché ont influencé ces réformes, entraînant la création d’agences autonomes, des marchés internes de biens et de services, ainsi qu’une plus grande implication du secteur privé dans la prestation de services publics. Le NMP a également encouragé la participation des usagers et des employés de base dans la définition des priorités et dans l’évaluation des performances des organisations publiques. Cependant, ces réformes ont également eu des effets négatifs, tels que la perte de responsabilité traditionnelle, des problèmes de coordination, la perte de mémoire organisationnelle, et une complexité accrue dans la distribution des services publics.

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Q

Qu’est-ce que le “policy feedback”?

A

La notion de “policy feedback” se réfère aux manières dont les politiques publiques influencent la politique dans le temps. Ces effets peuvent toucher divers acteurs, notamment les groupes d’intérêt, les élites gouvernementales et le public. Ils peuvent être regroupés en deux catégories : les effets de ressources, qui découlent des ressources et incitations fournies par les politiques publiques, et les effets interprétatifs, qui résultent des messages et informations véhiculés par ces politiques. Les politiques publiques peuvent affecter les attitudes et comportements politiques des citoyens en leur attribuant des ressources et en façonnant leurs perceptions. La visibilité et la traçabilité de ces politiques sont essentielles pour que ces effets se produisent. En fin de compte, l’impact des politiques publiques sur les citoyens dépend à la fois de la nature de ces politiques et des caractéristiques des citoyens eux-mêmes.

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Paul Pierson 1992 (When Effect Becomes Cause: Policy Feedback and Political Change)

A

La recherche récente suggère que les principales politiques publiques constituent des règles importantes du jeu politique, influençant l’allocation des ressources économiques et politiques, les coûts et les avantages des stratégies politiques, et le développement politique ultérieur. Cet article, en s’appuyant sur des recherches récentes, suggère que la rétroaction se produit à travers deux mécanismes principaux. Les politiques génèrent des ressources et des incitations pour les acteurs politiques, et elles fournissent à ces acteurs des informations et des indications qui encouragent des interprétations particulières du monde politique. Ces mécanismes fonctionnent de différentes manières, mais ont des effets importants sur les élites gouvernementales, les groupes d’intérêt et le grand public. En examinant comment les politiques influencent différents acteurs par le biais de ces mécanismes distincts, l’article établit un programme de recherche visant à passer de la focalisation actuelle sur des études de cas illustratives à l’investigation de propositions plus larges sur comment et quand les politiques sont susceptibles d’avoir des conséquences politiques. On souligne aussi l’impact sur les masses populaires.

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Max Weber 1995 (Économie et Société)

A

Dans ce chapitre, Weber s’intéresse aux « types de domination ». Il traite ici des différents modes de légitimation de la domination. Selon Weber, la domination, ou autorité, est un rapport de force qui naît de l’accord de cette soumission. Elle est définie par la façon dont celle-ci est légitimée. Il existe trois dominations légitimes : (1) Rationnelle : reposant sur la croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des directives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens. (2) Traditionnelle : reposant sur la croyance quotidienne en la sainteté de traditions valables de tout temps et en la légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l’autorité par ces moyens. (3) Charismatique : reposant sur la soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur exemplaire d’une personne, ou encore menant d’ordre révélés ou émis par celle-ci.

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Donald J. Savoie 1999 (The Rise of Court Government in Canada)

A

Dans cet article, il soutient que le Cabinet s’est joint au Parlement en tant qu’institution contournée, qu’il est clair que le pouvoir effectif ne réside plus chez le Premier ministre agissant de concert avec ses « collègues élus du Cabinet ». Un gouvernement de cour a pris racine au Canada. Par-là, il explique qu’à la fin des années 1990, le pouvoir effectif repose sur le Premier ministre et un petit groupe de courtisans soigneusement sélectionnés. Cela inclut les principaux conseillers de son bureau, deux ou trois ministres du Cabinet supérieur (notamment le ministre des Finances), des lobbyistes soigneusement choisis, des sondeurs et d’autres amis de la cour, ainsi qu’une poignée de hauts fonctionnaires. À la fin du XXe siècle, les Canadiens ont assisté à des changements majeurs dans la manière dont ils étaient gouvernés. Les changements n’étaient ni soudains ni, pour la plupart, introduits avec beaucoup de fanfare. Ils étaient graduels, ce qui explique peut-être pourquoi ils ont attiré peu d’attention.

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Françoise Dreyfus 2000 (L’invention de la bureaucratie: servir l’État en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, XVIIIe-XXe siècle)

A

L’ouvrage de Françoise Dreyfus propose une analyse comparative approfondie de l’histoire de la fonction publique en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, mettant en lumière la manière dont l’institutionnalisation de la bureaucratie reflète les conceptions démocratiques spécifiques de chaque nation. L’auteur explore la transition de la fonction publique, initialement conçue comme un moyen de distribution du pouvoir politique, vers une professionnalisation fondée sur des critères de mérite et une neutralité politique. Cette évolution est détaillée en fonction des contextes politiques et sociaux de chaque pays, montrant comment les réformes varient en fonction des forces politiques en présence. Dreyfus met en évidence les différences marquantes entre ces nations, en particulier en ce qui concerne la manière dont la professionnalisation des fonctionnaires est liée au renforcement ou au contrôle du pouvoir politique, et comment les réformes ultérieures liées à la nouvelle gestion publique ont modifié l’identité professionnelle des fonctionnaires. L’ouvrage offre une perspective historique essentielle pour comprendre les évolutions de l’État, de la démocratie et de l’administration publique. Institution finalement récente dans les États démocratiques, la bureaucratie peut être vue comme le miroir dans lequel à chaque moment de son histoire se reflète la société dont elle est issue. Le statut du fonctionnariat ne résulte pas de politiques volontaristes inspirées par la recherche d’une rationalité maximisée, il est le produit singulier de facteurs multiples et souvent contradictoires dont il nous appartient de comprendre.

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Calliope Spanou 2003 (Abandonner ou renforcer l’État webérien?)

A

Le texte explore la remise en cause du modèle wébérien dans le contexte de l’expansion des activités étatiques, mettant en lumière les critiques issues des courants de la nouvelle gestion publique et de la gouvernance par réseaux. Tout en reconnaissant les défis posés par ces approches alternatives, l’auteur soutient que l’État wébérien demeure la base indispensable pour entreprendre des réformes, soulignant son rôle central dans la démocratie représentative. La nature de l’appareil administratif est considérée comme cruciale sur le plan du pouvoir et de la démocratie, cristallisant une conception spécifique de la démocratie. Malgré les pressions en faveur de modèles plus axés sur l’efficacité, l’auteur souligne que les impératifs de contrôle démocratique, d’imputabilité et de responsabilité demeurent prioritaires. Le texte explore ensuite la rationalité politique du modèle wébérien, soulignant la nécessité de subordonner l’administration au politique pour éviter une autonomisation excessive. Enfin, les approches de la nouvelle gestion publique et de la gouvernance par réseaux sont examinées, chacune remettant en question des aspects clés du modèle wébérien. Cependant, l’auteur met en garde contre l’abandon complet de ce dernier, suggérant plutôt une réforme visant à préserver ses éléments essentiels tout en les adaptant aux nouvelles réalités politiques et administratives, soulignant ainsi la pertinence continue du modèle wébérien pour la démocratie.

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Michael Lipsky 2010 (Street-Level Bureaucracy: Dilemmas of the Individual in Public Services)

A

Lipsky montre que les actions des agents d’exécution, soit ceux qui ont des relations constantes avec le public dans leur travail quotidien sont déterminants dans le fonctionnement des services publics. Ce sont de véritables policy-makers, car ils ont une marge d’appréciation considérable pour déterminer la nature, le montant et la qualité des sanctions et bénéfices fournis par leur agence. Si les règles organisationnelles contraignent leur mode de fonctionnement, ces règles sont souvent si nombreuses et contradictoires qu’elles ne sont mobilisées que sélectivement : (1) Ces agents travaillent souvent dans des situations sociales trop complexes pour qu’elles entrent dans des formes bureaucratiques. (2) Ces agents travaillent dans des contextes où ils doivent tenir compte de la dimension humaine de la situation. (3) Ces agents conservent une marge de manœuvre dans un but tactique, pour laisser croire aux citoyens qu’ils jouent un rôle clef dans leur bien-être.

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Christopher Pollitt et Geert Bouckaert 2011 (Public Management Reform)

A

Le chapitre 1 introduit la notion de réforme de la gestion publique et met en lumière les débats clés entourant cette question. Il examine pourquoi la réforme de la gestion publique est devenue plus importante au fil des décennies, explore les modèles de réforme, discute de la question de la convergence mondiale, évalue le succès de la Nouvelle Gestion Publique (NGP), explore d’autres modèles de réforme, aborde le rôle des réseaux, analyse le passage de la gouvernance, et considère les méthodes d’analyse comparative. Enfin, il examine l’impact de la crise économique mondiale de 2008 sur la réforme de la gestion publique. Le chapitre 2 propose un modèle général de réforme de la gestion publique, mettant en avant les forces et les influences qui stimulent ou freinent le changement, en se concentrant sur les élites gouvernementales, les facteurs économiques, politiques et intellectuels, ainsi que les facteurs administratifs, tout en reconnaissant l’importance du contexte et des interactions dynamiques. Dans le chapitre 5, l’auteur explore la complexité de mesurer les résultats des réformes de la gestion publique, en analysant différents niveaux de résultats allant des opérationnels aux idéalistes, mettant en lumière les défis tels que des objectifs flous, l’efficacité, les économies réalisées, et les critères changeants de satisfaction des citoyens. Dans le chapitre 8, l’auteur aborde les principales trajectoires des réformes de gestion publique de 1980 à 2010, mettant en évidence l’évolution de la Nouvelle Gestion Publique (NGP) comme tendance dominante dans les années 1980 et 1990, suivie d’une diversification des thèmes et outils de gestion. L’accent est mis sur la nécessité d’évaluations crédibles et sur la complexité des compromis entre des valeurs concurrentes dans les décisions de gestion publique.

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Philippe Bezes et Frédéric Pierru 2012 (État, administration et politiques publiques: les déliaisons dangereuses. La France au miroir des sciences sociales nord-américaines)

A

L’article part du constat répété d’« essoufflement » ou de « crise » de l’analyse des politiques publiques. Il l’explique par la force de la dynamique intellectuelle et disciplinaire de spécialisation et, indissociablement, de déliaison qui conduit à autonomiser l’étude des politiques publiques des perspectives de sociologies de l’État et de l’administration. Prenant l’exemple du champ académique nord-américain, il montre, d’un point de vue analytique et généalogique, comment l’approfondissement de la division sociale du travail scientifique outre-Atlantique a apporté de réels gains de connaissance mais aussi débouché sur le morcellement des objets. L’article revient alors sur les principaux apports du néo-institutionnalisme historique aux États-Unis, décrit comme une tentative de réintégration, et sur ses conditions de production. Ce détour nord-américain permet d’éclairer la trajectoire académique française mais aussi les conditions d’importation des approches développées outre-Atlantique.

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James G. March et Herbert A. Simon 1963 (Cognitive Limits on Rationality)

A

Le texte aborde le concept de rationalité et de rationalité limitée dans le contexte de la prise de décision organisationnelle. Il remet en question le modèle traditionnel de décision rationnelle, qui suppose que toutes les alternatives sont connues, que toutes les conséquences sont comprises, et que les individus ont un ordre d’utilité complet. En effet, dans la réalité, ces conditions ne sont souvent pas remplies. La rationalité limitée est introduite comme une alternative, où les décideurs recherchent des alternatives satisfaisantes plutôt que l’optimalité. Les limitations de la connaissance et des ressources influencent la manière dont les individus prennent des décisions. Ainsi, la prise de décision ne peut être rationnelle que dans certaines limites. Plutôt que d’opter pour l’« optimisation » en tant que méthodologie de prise de décision organisationnelle, un décideur se « satisfait ». Le terme « satisficing » fait référence au choix d’une option qui satisfait aux exigences minimales plutôt que de passer du temps et des efforts à essayer de trouver l’option optimale ou la meilleure option. Une alternative est considérée comme satisfaisante si : 1) un ensemble de critères existe qui décrivent les alternatives minimales satisfaisantes 2) l’alternative en question répond ou dépasse tous les critères.

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Albert Hirschman 1970 (Exit, Voice and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations and States)

A

Le concept de base est le suivant : les membres d’une organisation, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’une nation ou de tout autre groupe humain, ont essentiellement deux réponses possibles lorsqu’ils perçoivent que l’organisation montre une diminution de la qualité ou des avantages pour les membres : ils peuvent partir (se retirer de la relation) ou ils peuvent s’exprimer (essayer de réparer ou d’améliorer la relation en communiquant une plainte, une réclamation ou une proposition de changement). Les implications du concept ci-dessus peuvent être énormes et permettre une nouvelle perspective sur les exemples quotidiens d’interaction sociale. Exit et voice représentent en elles-mêmes une union entre l’action économique et politique. Exit est associé à la “main invisible” d’Adam Smith, dans laquelle les acheteurs et les vendeurs sont libres de se déplacer silencieusement sur le marché, formant et détruisant constamment des relations. Voice, en revanche, est par nature politique et parfois confrontational. Bien que l’exit et la voice puissent être utilisés pour mesurer le déclin d’une organisation, la voice est par nature plus informative car elle fournit également des raisons pour le déclin. L’exit, pris seul, ne fournit que le signe d’alerte du déclin. Le principe général est donc que plus l’exit est disponible, moins la voice sera utilisée. Cependant, l’interaction de la loyauté peut affecter l’analyse coûts-avantages de l’utilisation de l’exit ou de la voice. Lorsqu’il y a de la loyauté envers l’organisation (comme en témoignent un fort patriotisme sur le plan politique ou une fidélité à une marque pour les consommateurs), l’exit peut être réduit, en particulier lorsque les options de sortie ne sont pas très attrayantes (marché de l’emploi restreint, obstacles politiques ou financiers à l’émigration ou au déménagement).