Leçon 3: Analiser le social: les concepts d'épistémologie et de paradigme Flashcards
Qu’entend-on par paradigme ?
Un paradigme est, selon Kuhn, une conception théorique dominante ayant cours à une certaine époque dans une certaine communauté scientifique donnée, qui fonde les types d’explications envisageables et les types de faits à découvrir dans une science donnée.
Qu’entend-on par épistémologie ?
L’épistémologie est l’étude critique du développement, des méthodes et des résultats des sciences. On peut dire aussi que c’est une philosophie de la science et qu’elle étudie sa vie interne pour analyser ses procédés opérationnels.
Quelles différences y a-t-il entre un concept, une théorie et un modèle de pratique (ou approche clinique) ? Quels liens y a-t-il entre eux ?
Une théorie peut se définir comme un ensemble de concepts interreliés dans une structure hiérarchique » (Gilles, 1994, dans Allaire, 1998). Elle « est constituée d’un enchaînement de propositions interdépendantes, énoncées dans le langage habituel, où les déductions font appel à la logique intuitive » (Willet, 1991, dans Allaire, 1998). Cette structure de concepts sert à donner un sens à nos observations et à expliquer des phénomènes et des comportements complexes. Un modèle « désigne les différents moyens de représentation et les schémas utilisés pour décrire et expliquer divers
phénomènes » (Willet, 1991, dans Allaire, 1998). Il dérive d’une théorie, mais au lieu d’être une suite de propositions, c’est plutôt une forme graphique de la théorie ou quelque chose dont on peut se servir comme référence. Un modèle théorique représente « toute structure formalisée utilisée pour rendre compte de phénomènes qui possèdent entre eux certaines relations ». L’expression modèle de pratique est souvent utilisée en travail social avec le même sens que le terme approche pour se référer à une méthode organisée et systématique d’intervention basée sur une théorie explicative, sinon plusieurs, possédant ses choix d’habiletés et de techniques qui lui sont propres.
Quelles différences y a-t-il entre une épistémologie de l’objet et une épistémologie du sujet ?
Dans une épistémologie de l’objet, la réalité est perçue comme objective, indépendante de la personne qui l’observe. Selon cette perspective, la réalité est déterminée par des lois, ce que veulent expliquer les différentes théories. Aussi, toute théorie doit s’appuyer sur la recherche qui se veut empirique et fondamentale. Cette façon de voir considère que la recherche doit servir à vérifier des hypothèses de départ grâce à l’expérimentation scientifique. Il s’agit donc d’un modèle déductif. En intervention, cela signifie percevoir le système-client comme indépendant de la personne qui intervient. Il est l’objet de l’intervention, « sur qui » l’on intervient. Dans une épistémologie du sujet, la réalité est établie comme subjective, c’est-à-dire que son analyse ne peut faire abstraction des perceptions des personnes (sujets) qui l’appréhendent et, donc, de leurs limites. La vision du monde est beaucoup plus indéterministe, une vision du monde non plus linéaire (une cause qui conduit à un effet donné), mais interactive, dans laquelle l’effet peut aussi bien devenir la cause. Le modèle
est alors inductif, vise la recherche du sens que les acteurs donnent à leur réalité. En intervention, cela signifie que l’intervenant ou l’intervenante n’est plus extérieur, mais fait partie du système d’intervention. Le système-client est perçu comme sujet, « avec qui » on intervient.