Glossaire des Termes de Traduction Flashcards
Procédé de traduction libre qui s’écarte de la stricte conformité du texte de départ et qui consiste à remplacer une réalité socio-culturelle de L1 par une autre propre à la socioculture de L2.
Utilisation d’une équivalence en passant d’une langue à l’autre.
Exemples:
L1: « coin-coin » (pour imiter le cri d’un canard en français) L2: « quack! quack! »
S’utilise aussi pour traduire une expression figée ou une expression idiomatique de L1 par une autre en L2 qui, bien que différente, correspond à la même réalité:
Exemple d’adaptation d’une expression figée: L1: Il a trouvé la mort dans un accident.
L2: He lost his life in an accident.
Exemple d’adaptation d’une expression idiomatique (un proverbe):
L1: Once bitten, twice shy.
L2: Chat échaudé craint l’eau froide.
Ces deux expressions sont équivalentes: elles s’utilisent dans le même type de contexte, sont du même niveau de langue, etc.
Adaptation (ou equivalence)
Le sens affectif d’un mot est constitué par l’ensemble des associations émotionnelles évoquées par son emploi.
Exemple:
En Europe, les mots qui désignent le «pain» («bread», «Brot», etc.) ont une charge émotionnelle beaucoup plus forte («notre pain quotidien» = substance vitale) que celle associée au mot “riz”. En Asie, c’est le contraire qui est vrai.
Affectif
Cas où L2 emploie plus de mots que L1 pour exprimer la même idée. S’utilise très souvent pour traduire un texte anglais en français. Un cas particulier de l’amplification est l’étoffement.
Exemple:
L1: the charge against him
L2: l’accusation portée contre lui
Amplification
Terme de grammaire descriptive qui indique la manière dont le sujet envisage l’action.
Exemples:
- action qui exprime une habitude (aspect habituel):
« Enfant, Paul regardait souvent la télévision. »
- action qui exprime une répétition (aspect itératif):
« Paul repensait au conseil. »
- action qui ne se fait qu’une fois ou occasionnellement (aspect ponctuel):
« Paul a voyagé en Italie. »
-action qui marque le début d’un processus (aspect inchoatif): « Paul se mit à travailler. » - action qui marque la fin d’un processus (aspect terminatif): « Paul a accroché sa veste »
Aspect
Emprunt d’un syntagme étranger avec traduction littérale de ses éléments.
Exemples:
L1: skyscraper
L2: gratte-ciel
L1: week-end
L2: fin de semaine (Québec)
Attention: certains calques sont intégrés (lexicalisés) dans L2 et ne constituent pas un emploi fautif (comme les exemples ci-dessus), mais d’autres restent en marge du bon usage et sont à proscrire.
Par exemple, on ne peut pas traduire “Compliments of the season” par *“Compliments de la saison”. Il faut traduire par “Meilleurs voeux”.
Calque
Le fait d’apporter une précision à un nom, à un adjectif ou à un verbe au moyen d’un adjectif, d’une locution adjectivale, d’un adverbe, d’une locution adverbiale, ou d’un substantif en apposition.
L’anglais utilise des adjectifs simples (fair), des adjectifs composés (fair-haired), des expressions à valeur d’adjectif (a man of courage), et des noms employés en apposition de façon adjectivale (cottage industry).
L’emploi des noms en apposition -à valeur adjectivale- est, dans la pratique, très restreinte en français (« un gâteau maison » ou “un emballage cadeau” est une structure assez rare en français)
Il faut distinguer entre adjectif qualificatif et adjectif de relation.
Exemples:
a punctual employee = “punctual” est un adjectif qualificatif car il exprime une qualité inhérente de cet employé.
a postal employee = “postal” est un adjectif de relation car il exprime une relation d’appartenance entre le substantif (le nom) et le déterminant (l’adjectif). L’employé “appartient” au service postal.
En français, les adjectifs de relation se placent toujours APRÈS le nom; ils ne peuvent pas s’utiliser comme attribut (“l’employé est postal”); et ils ne prennnent pas les degrés de comparaison (“l’employé est plus postal que mon voisin”).
C’est pourquoi on distingue:
L1: a medical opinion
L2: un avis médical (c’est l’avis lui-même qui est de nature médicale)
L1: a medical student
L2: un étudiant en médecine (PAS *“un étudiant médical”)
En français, la faculté de recourir aux expressions à valeur d’adjectif est très développée (un homme de cœur, un garçon aux cheveux bruns, un homme à tout faire, une personne sans-gêne).
Caractérisation
Mot ou groupe de mots servant à lier les parties d’un discours de façon à faire ressortir les rapports logiques qui les unissent. La charnière rend explicite l’articulation logique du texte. Elle peut exprimer l’opposition, la conséquence, la cause, le but, etc.
Exemples: en outre par conséquent ensuite ainsi mais or en effet alors étant donné que car etc.
Charnière
Procédé de traduction par lequel deux signifiés permutent entre eux et changent de catégorie grammaticale. Cas particulier de la transposition.
Exemple:
L1: Paul swam [verbe en français = nager] across [préposition = à travers] the lake.
L2: Paul a traversé [élément prépositionnel en anglais passé dans la catégorie de verbe en français] le lac à la nage. [élément verbal en anglais passé dans la catégorie adverbiale en français]
Chassé-croisé
Une collocation est une association de deux ou plusieurs mots habituellement liés.
Exemple:
- grièvement blessé
- gravement malade
Les adverbes “grièvement” et “gravement” sont presque synonymes, mais c’est une habitude en français d’utiliser le mot “grièvement” avec “blessé” et le mot “gravement” avec “malade”. Par conséquent, dire “grièvement malade” n’est pas à proprement parler fautif en français, mais ce n’est pas une collocation et donc cette expression semble peu naturelle en français. Le traducteur doit être sensible aux collocations en L1 et L2 pour produire un texte naturel en L2. L’emploi des collocations est fortement encouragé en traduction.
Dans l’évolution d’une langue, certaines collocations peuvent devenir des expressions idiomatiques figées.
Collocation
Procédé - dans le passage de L1 à L2 - qui vise à remédier à toute perte d’information ou d’élément stylistique par un rattrapage informationnel ou stylistique à un endroit autre que celui où a lieu la perte.
Exemple:
L1: Je suis un chef, moi!
Le français peut recourir à un pronom personnel tonique mis en apposition (après la virgule) pour mettre en relief l’élément porteur de la charge émotionnelle de l’énoncé. Cette ressource grammaticale ne s’offre pas à l’anglais.
L2: I [en italique] am a chef!
Ici, le traducteur remédie à l’absence d’une ressource grammaticale (on ne peut pas dire “I am a chef, me!” en anglais) en se rattrapant sur un autre plan, celui de la typographie: le pronom sujet “I” est en italique pour en accentuer la charge émotionnelle. La compensation se fait ici au moyen de la typographie.
Compensation
S’oppose à dilution.
Lorsque L2 présente un sens (un concept, un signifié) en MOINS de mots (signifiants) que ne requiert L1, il y a concentration en L2.
Exemples:
L1: au fur et à mesure que L2: as (concentration)
L1: a red-haired man
L2: un roux (concentration)
Concentration
Le contexte est l’entourage linguistique qui précise le sens (la signification) d’un mot. Le sens d’un mot peut varier selon le contexte.
Exemple:
Le sens du mot “bank” varie selon le contexte de la phrase:
- I went to the bank to deposit money in my account. - We had a picnic on the bank of the river.
Le contexte peut aussi désigner des éléments du paragraphe ou du texte entier, ainsi que des éléments extérieurs au texte, qui doivent être pris en compte afin d’interpréter correctement le sens du message.
Contexte
Délimitation des unités de traduction ou des unités de sens dans L1. Le fait d’analyser une phrase en délimitant ses unités de traduction pour bien en comprendre le sens.
Exemples:
L1: Translation/exists/because/people/speak/different/languages. Ici, 7 mots = 7 unités de traduction
mais:
L1: La traduction/ existe/ parce que /les gens /parlent /des langues /différentes. Ici, 10 mots = 7 unités de traduction. Selon la finesse du découpage, on peut arriver à un nombre plus ou moins élevé d’unités de traduction.
Découpage
Procédé inverse de l’étoffement. Dans le cas des prépositions, l’anglais se caractérise par sa tendance à permettre l’emploi de prépositions simples, qui sont des éléments dépouillés; alors que le français a tendance à requérir qu’à la préposition simple soit ajouté un adjectif, un participe passé, une proposition relative, ou un nom pour « étoffer » la préposition, c’est-à-dire pour en clarifier le sens.
Exemple:
L1: Des enfants VENUS DE Paris [préposition “de” étoffée par un participe passé]; ou
L1: Des enfants QUI SONT VENUS DE Paris [préposition “de” étoffée par une proposition relative] L2: Children FROM Paris [préposition simple “from”]
Ici, on a un dépouillement de L1 à L2.
Dépouillement
S’oppose à concentration.
Lorsque L2 présente un sens (un concept, un signifié) en PLUS de mots (signifiants) que ne requiert L1, il y a dilution en L2.
Exemples:
L1: as
L2: au fur et à mesure que (dilution)
L1: un roux
L2: a red-haired-man (dilution)
Dilution
Mot « importé » d’une autre langue et employé tel quel sans qu’on le traduise.
Exemples:
En français: “ticket”, “cow-boy”, “suspense”, … sont des emprunts faits à l’anglais.
En anglais: “bouquet”, “chef”, “fuselage”,… sont des emprunts faits au français.
Emprunt
Voir Adaptation.
Procédé qui consiste à rendre linguistiquement une situation, un phénomène de L1 en accord avec les usages et les structures de L2.
Exemple:
L1: to be continued
se traduit non par « *à continuer » mais par: L2: à suivre
Équivalence
Cas particulier d’amplification où une préposition en anglais doit être étoffée en français par l’adjonction d’un adjectif, d’un participe passé, ou d’un nom (alors que les prépositions anglaises se suffisent à elles-mêmes). Procédé inverse du dépouillement.
Exemple:
L1: Passengers to and from Paris
L2: Les passagers en provenance et à destination de Paris
Étoffement
Procédé qui consiste à introduire dans L2 des précisions qui sont implicites (non formulées) dans L1 mais qui se dégagent du contexte ou de la situation.
Exemple:
Si le contexte de la phrase indique qu’il s’agit d’un comédien de théâtre, il faut le rendre explicite dans la traduction: L1: He left a trail of furious MANAGERS and mixed reviews behind.
L2: Il laissa derrière lui de nombreux DIRECTEURS DE THÉÂTRE
mécontents et des critiques partagés.
Explicitation
Mots qui, en L1 et en L2, semblent avoir le même sens parce qu’ils sont de même origine historique et ont donc des formes identiques ou similaires, mais qui ont, en réalité, des SENS DIFFÉRENTS suite à une évolution séparée.
Phénomène à la fois morphologique [forme des mots] et sémantique [sens des mots].
Les faux amis peuvent être des homographes (“trivial” s’écrit de la même façon en anglais et en français mais le sens est différent) ou des quasi-homographes (“control” et “contrôle” s’écrivent presque de la même façon mais ces mots ne sont pas toujours utilisés avec le même sens en anglais et en français).
La ressemblance entre les formes lexicales fait commettre des erreurs au traducteur débutant ou même expérimenté.
Faux Amis de Lexique
La plupart des expressions figées et des expressions idiomatiques dans une langue ne peuvent pas être traduites littéralement: pour les traduire correctement, il faut tenir compte du sens général de l’expression, et non pas du sens structural (c’est-à-dire le sens de chaque mot pris séparément dans la phrase: sens de mot 1 + sens du mot 2 + sens du mot 3, etc.) Les faux-amis de structure produisent des traductions incorrectes.
Exemples:
L1: Ce n’est pas peu dire.
L2: That’s not saying much. (= faux-ami de structure)
L2: That’s saying a lot. (= traduction correcte car elle respecte le sens général)
L1: Make sure (Be sure) he knows what he has to do.
L2: Soyez sûr qu’il sait ce qu’il a à faire. (= faux-ami de structure)
L2: Assurez-vous qu’il sait ce qu’il a à faire. (= traduction correcte car elle respecte le sens général)
L1: I don’t think much of him.
L2: Je ne pense pas beaucoup à lui. (= faux-ami de structure)
L2: Il ne m’emballe pas. / Je ne le trouve pas très intéressant. (= traductions correctes car elles respectent le sens général)
L1: You can say that again! (avec accentuation sur “that”)
L2: Vous pouvez le dire encore/Vous pouvez le redire/Vous pouvez le dire à nouveau. (= faux-amis de structure) L2: Je vous crois! / Vous l’avez dit! / Et comment! (= traductions correctes car elles respectent le sens général)
Faux Amis de Structure
S’oppose à Perte.
Cas où un élément du message de L1 résiste à la traduction simple en raison de l’absence dans L2 de moyens formels, conceptuels, culturels, structuraux; pour traduire de tels éléments il faut recourir à des explicitations ou à des commentaires.
Exemple:
En traduisant « Ms » par « Madame » on sera amené à expliquer (en note, entre parenthèses, etc.) la genèse et l’évolution du terme de façon à démontrer que les sens de «Ms» et de «Madame» ne se recouvrent pas exactement; l’explication en langue française du sens de « Ms » représenterait donc un gain dans cette langue.
Gain
S’oppose à Lexicalisation.
La grammaticalisation représente un des facteurs générateurs d’abstraction et de mots signes, c’est-à-dire de mots vides de sens concret. Ce trait de la langue française est en accord avec sa grande faculté de généralisation.
Exemple:
L1: It nearly happened.
L2: Il s’en est fallu de peu pour que cela n’arrive.
Le français a la possibilité de se servir d’une longue suite de mots signes vides de sens tels que le « ne » explétif, et toute l’expression “il s’en est fallu de peu pour que…” pour exprimer l’idée de “presque”.
De façon similaire, “il se peut que” suivi du subjonctif est la grammaticalisation du mot “peut-être”.
Grammaticalisation
S’oppose à Hyponymie.
Se réfère à un rapport d’inclusion entre au moins deux termes, rapport où le sens général d’un des termes inclut le sens particulier de l’autre.
Exemple:
“fleur” est un hyperonyme de “rose”
En passant de l’anglais (L1) au français (L2), le traducteur se verra amené à recourir souvent aux hyperonymes (sens général des termes) vu la tendance du français vers le général, l’abstrait et le mot signe: toutes des caractéristiques à l’opposé de celles de l’anglais.
Hyperonymie
S’oppose à Hyperonymie.
Le rapport contraire de l’hyperonymie est celui de l’hyponymie.
Exemple:
“institutrice” (terme particulier) est un hyponyme de “enseignante” (terme général)
Hyponymie