Examen Final Flashcards

1
Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

1- la réalité existe indépendamment des perceptions humaines (positiviste,post positiviste ou interprétatif)

A

Positiviste

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Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

2- la réalité répond à des lois universelles ( positiviste, post-positiviste ou interprétatif )

A

Positiviste

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3
Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

3- comment la connaissance produite est teintée par les valeurs et les croyances du chercheur,celui-ci doit faire preuve de réflexivité et de transparence pour minimiser les biais.( positiviste, post-positiviste ou interprétatif)

A

Interprétatif

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4
Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

4- comme la connaissance produite est teintée par les valeurs et les croyances du chercheurs, celui-ci doit faire preuve de réflexivité et de transparence pour minimiser les biais. ( positiviste, post-positiviste ou interprétatif )

A

Interprétatif

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5
Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

5- La connaissance est objective, mais n’est pas atteignable de façon absolue. ( positiviste, post-positiviste ou interprétatif )

A

Post-positiviste

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6
Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

6- La connaissance est indépendante des valeurs et des croyances du chercheur. ( positiviste, post-positiviste ou interprétatif )

A

Positiviste

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7
Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

7- La réalité objective existe mais le processus d’acquisition des connaissances de cette réalité est imparfait. ( positiviste, post-positiviste ou interprétatif )

A

Post-positiviste

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8
Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

8- La réalité se construit à partir de nos perceptions. Elle dépend du contexte social,culturel et historique. ( positiviste, post-positiviste ou interprétatif )

A

Interprétatif

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9
Q

À quels paradigmes appartiennent les énoncés suivants

9- La connaissance est contextuelle et non-généralisable ( positiviste, post-positiviste ou interprétatif )

A

Interprétatif

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10
Q

Retenez dans la liste suivante toutes les questions épistémologiques.
Choisir au moins une réponse

A- Existe-t-il une méthode pour éliminer tout biais?

B- Comment la connaissance s’élabore-telle ?

C- Quel type de données me permet de répondre à ma question de recherche?

D- Est-il possible d’accéder à une connaissance objective sans parti pris ou rapports de pouvoir ?

A

B et D
Pourquoi?

B- “Comment la connaissance s’élabore-t-elle ?” est une question qui se penche sur la manière dont la connaissance est construite, acquise et développée. Elle concerne les processus épistémologiques tels que l’induction, la déduction, la perception, et la justification des croyances, qui sont des sujets d’intérêt en épistémologie.

D- “Est-il possible d’accéder à une connaissance objective sans parti pris ou rapports de pouvoir ?” est une question qui se rapporte à la possibilité d’atteindre une connaissance objective, c’est-à-dire une connaissance qui ne serait pas influencée par des biais, des préjugés, ou des rapports de pouvoir. Cela touche à la question de la fiabilité de nos méthodes de recherche et à la nature de la connaissance objective, des questions qui sont au cœur de la réflexion épistémologique.

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11
Q

En recherche, comment appelle-t-on les questions que l’on se pose sur la façon de procéder ( ou les techniques utilisées) pour développer des connaissances?
Choisir au moins une réponse

A- Questions ontologiques
B- Questions épistémologiques
C- Questions méthodologiques

A

C- Questions méthodologiques

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12
Q

Retenez dans la liste suivante toutes les questions ontologiques.
Veuillez choisir au moins une réponse.

A- Qu’est-ce que la connaissance?
B- Qu’est ce que la réalité?
C- Quelle est la relation entre le chercheur et son objet de recherche?
D- Existe t-il une réalité objective?

A

B et D
Pourquoi :
B-“Qu’est-ce que la réalité ?” est une question ontologique parce qu’elle porte sur la nature de la réalité, c’est-à-dire sur ce qui constitue la réalité, sa structure et son existence en dehors de nos perceptions.
D- “ Existe-t-il une réalité objective ?” est également une question ontologique, car elle interroge l’existence d’une réalité indépendante de notre perception ou de notre subjectivité. Elle se penche sur la nature objective de la réalité.

Pourquoi pas A ou C ?
A- “Qu’est-ce que la connaissance ?” est une question épistémologique, car elle se concentre sur la nature de la connaissance, sur ce qui peut être connu et sur les conditions qui définissent la connaissance.
C- “Quelle est la relation entre le chercheur et son objet de recherche ?” est plus liée à la méthodologie de la recherche et à la philosophie des sciences, ce qui la rend moins liée à des questions ontologiques. Elle peut englober des aspects épistémologiques, mais elle est plus axée sur la manière dont le chercheur interagit avec son sujet de recherche.

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13
Q

À quelle approche s’appliquent les énoncés suivants ?

La taille de l’échantillon est déterminé à l’avance. ( Approche Quantitative ou Qualitative)

A

Approche Quantitative

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14
Q

À quelle approche s’appliquent les énoncés suivants ?

Les résultats sont présentés sous-forme narrative. ( Approche Quantitative ou Qualitative)

A

Approche qualitative

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15
Q

À quelle approche s’appliquent les énoncés suivants ?

Les questionnaires standardisés sont utilisés comme méthode de collecte de données. ( Approche Quantitative ou Qualitative)

A

Approche quantitative

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16
Q

À quelle approche s’appliquent les énoncés suivants ?

Les résultats de recherches sont présentés sous forme de tableaux et graphiques. ( Approche Quantitative ou Qualitative)

A

Approche quantitative

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17
Q

À quelle approche s’appliquent les énoncés suivants ?

La méthode de collecte de données consiste en des entrevues semi ou non structurées ( Approche Quantitative ou Qualitative)

A

Approche qualitative

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18
Q

À quelle approche s’appliquent les énoncés suivants ?

L’outil de collecte de données est uniforme pour tous les participant.es ( Approche Quantitative ou Qualitative)

A

Approche Quantitative

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19
Q

Lorsqu’on élabore une théorie, on procède à quel type de raissonnement?
A- Inductif
B- Déductif

A

A- Inductif

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20
Q

Lorsqu’on vérifie une théorie (ou une proposition théorique) , on procède à quel type de raisonnement?
A- Déductif
B- Inductif

A

A- Déductif

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21
Q

Complétez la phrase suivante:
Selon le processus de raisonnement ____________ des conclusions générales sont émises sur la base de données recueillies empiriquement.

A- Inductif
B- Déductif

A

A- Inductif

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22
Q

Complétez la phrase suivante:
Selon le processus de raisonnement ____________ des hypothèses sont vérifiées sur la base de données recueillies empiriquement.

A- Déductif
B- Inductif

A

A- Déductif

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23
Q

Chapitre 6
La recherche quantitative est plus souvent associée à quel type de raisonnement?
A- Déductif
B- inductif

A

A- Déductif

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24
Q

Chapitre 6
Vrai ou Faux
On appelle «construits» les concepts auxquels on peut assigner une valeur numérique?

A

Faux

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25
Q

Chapitre 6
Vrai ou Faux
On appelle «variables» les concepts qui renvoient à des phénomènes non observables ?

A

Faux

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26
Q

Chapitre 6
À quel critère de classification se rapportent les théories descriptives, explicatives et prédictives?

A- Niveau d’abstraction
B- Degré de généralité
C- But
D- Porté ou étendue

A

C- But

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27
Q

Chapitre 6
Parmi les énoncés suivants, lequel NE s’applique PAS à la théorie?

A- la théorie vise à décrire, expliquer et prédire les manifestations d’un phénomène

B- la théorie est spéculative en ce sens qu’elle propose une explication d’un phénomène qui ne se limite pas uniquement à la description de faits.

C- Une fois élaborée, la théorie ne peut jamais être réfutée

A

C- Une fois élaborée, la théorie ne peut jamais être réfutée

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28
Q

Chapitre 6
À quoi correspond chacune des définitions suivantes?

Abstraction construite à partir d’un ensemble de caractéristiques communes et distinctives d’un objet ou d’un phénomène

( concept, énoncés de relation ou Postulat)

A

Concept

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29
Q

Chapitre 6
À quoi correspond chacune des définitions suivantes?

Propositions mettant en exergue les liens qui existent entre différents concepts

( concept, énoncés de relation ou Postulat)

A

Énoncés de relation

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30
Q

Chapitre 6
À quoi correspond chacune des définitions suivantes?

Un énoncé considéré comme vrai sans que l’on démontre la véracité

( concept, énoncés de relation ou Postulat)

A

Postulat

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31
Q

Chapitre 6
À quel niveau d’analyse se situe cette théorie

La théorie du choix rationnel explique comment les individus prennent des décisions et présuppose que ces décisions sont essentiellement rationnelles, visant la recherche du plus grand bénéfice au moindre coût.
(Micro, méso ou macro)

A

Micro

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32
Q

Chapitre 6
À quel niveau d’analyse se situe cette théorie

La théorie des relations ethniques de Max Weber stipule que l’éthnicité est un produit des relations sociales entre groupes. Weber démontre que les marques sont choisis de manière arbitraire par le groupe dominant et elles ne servent pas, en premier lieu, de repère au groupe dominant. Le groupe dominant se définit plutôt par son universalisme et impose “la différence” au groupe minoritaire
(Micro, méso ou macro)

A

Méso

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33
Q

Chapitre 6
À quoi renvoie la définition suivante: «Ensemble de concepts interreliés qui aboutissent à une représentation graphique ou symbolique d’un phénomène»?

A

Modèle conceptuel

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34
Q

Phase conceptuelle Extrait A
Les parents d’enfants placés sont des acteurs peu entendus, autant dans le système de protection de la jeunesse que dans la littérature scientifique les concernant. Ainsi, on en connaît très peu sur leur expérience de parentalité, et ce, malgré le contexte assez particulier dans lequel celle-ci s’opère, c’est-à-dire en l’absence de l’enfant au quotidien dans le foyer familial. L’objectif de cet article est de présenter une proposition de compréhension de l’expérience de la parentalité qui tient compte de la temporalité. Les résultats présentés sont issus d’une thèse de doctorat en travail social réalisée à l’Université de Montréal et dont la collecte de données a été effectuée auprès de neuf parents d’enfants placés de façon permanente auprès d’un membre de la famille élargie (Dorval, 2022). L’ancrage théorique repose sur le modèle théorique de la parentalité proposé par Houzel (1999) et la posture méthodologique préconisée est celle du récit de vie (Bertaux, 2014). Il ressort des analyses des récits que les événements biographiques de l’histoire du parent et la notion de trajectoire sont essentiels à intégrer pour une meilleure compréhension du vécu des parents. Ces deux aspects renvoient à la notion de temporalité, un aspect incontournable de la parentalité, notamment dans le contexte du placement permanent d’un enfant.
Veuillez lire le résumé de l’extrait A et répondre aux questions suivantes. Cochez toutes les bonnes réponses + justification

A. Cette publication est une source d’information primaire
B. Cette publication est une source d’information secondaire
C. Cette publication est une source d’information empirique
D. Cette publication est une source d’information théorique

A

Il s’agit d’une source primaire car l’article est basé sur une thèse écrite par la même personne. En d’autres termes, l’auteur a repris sa thèse de doctorat pour en faire un article scientifique plus accessible au public. De plus, c’est une source empirique puisque l’objectif de l’article est de présenter une proposition de compréhension de l’expérience de la parentalité. L’objectif tient compte de l’aspect de la temporalité. Enfin, elle se base sur un échantillon de neuf parents (Dorval, 2022). + la recherche se base sur des données empiriques, recueillies au moyen d’entretiens.

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Perfectly
35
Q

Phase conceptuelle Extrait B

Les études sur la résilience cherchent surtout à déterminer comment et pourquoi, face à un même facteur de stress environnemental, certaines personnes restent en bonne santé, mais d’autres non. Présentement, il n’y a pas de consensus sur la conceptualisation de la résilience. En raison de cette difficulté, il n’y a pas de réponse précise pour expliquer comment améliorer la résilience d’un individu ou d’une collectivité. Bref, il importe de se questionner sur la validité de la résilience comme concept. Ayant privilégié la théorisation enracinée classique de Glaser et Strauss (1967) comme méthodologie, l’objectif de cette recherche était d’établir des pistes théoriques permettant une lecture cohérente des diverses recherches antérieures sur la résilience et de fournir un encadrement pour les recherches et les interventions à venir. La résilience se résume à un terme représentant les discours sur six construits qui sont interconnectés mais distincts : la vulnérabilité, les facteurs de protection, les stratégies de coping, l’adaptabilité, la sensibilité, et la récupération. Au sein de leurs contextes politiques et culturels, ces construits rendent plus claires les pistes d’actions pour intervenir sur la santé, la sécurité et le fonctionnement d’une population

Veuillez lire le résumé de l’extrait B et répondre aux questions suivantes. Cochez toutes les bonnes réponses + justification.

A. Cette publication est une source d’information primaire
B. Cette publication est une source d’information secondaire
C. Cette publication est une source d’information empirique
D. Cette publication est une source d’information théorique

A

Il s’agit d’une source d’information secondaire car l’article est considéré comme une recension des écrits. Autrement dit, l’auteur a fait une lecture cohérente des diverses recherche antérieures sur la résilience. En outre, c’est une source théorique car l’objectif de cet article est d’établir des pistes théoriques. Enfin, il se base sur les théories de Glaser et Strauss élaborer en 1967 (Sansoucy, 2022). l’approche de Glaser et Strauss est un cadre d’analyse.

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36
Q

Les types de données
1. Contexte et objectifs de recherche
Développée depuis la fin du 19e siècle, l’insémination artificielle représente aujourd’hui la pratique de procréation médicalement assistée (PMA) la plus courante[1]. Au Canada, environ 8 000 personnes y recourent chaque année, toute configuration familiale confondue[2]. Or, bien que la plupart des pays aient mis en œuvre un certain nombre de mesures pour l’encadrer, l’insémination artificielle demeure la pratique de PMA la moins régulée[3, 4] et plusieurs déplorent que des enjeux importants (comme la tenue, la conservation et la mise à jour des dossiers des donneurs, la vérification de leurs antécédents médicaux, le dépistage génétique, etc.)[3, 5, 6] soient laissés à la discrétion des cliniques/banques de sperme ou fassent l’objet uniquement de recommandations professionnelles, sans que l’on ne puisse en vérifier ou en exiger la mise en pratique[3]. Une étude menée par l’organisme US Donor Conceived Council révèle pourtant que la plupart des banques de sperme américaines ne se plient pas aux recommandations de l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM)[7]. Au Canada, en cas de manquements ou d’accidents dans les procédures de gestion de la qualité des dons de sperme, ce sont les établissements eux-mêmes qui sont responsables de mener des enquêtes et de rédiger des rapports[8, 9]. On voit bien là les limites de l’auto-régulation de l’insémination artificielle. Cette situation a donné lieu à un certain nombre de dérives[10-13], dont l’insémination frauduleuse. Celle-ci survient lorsque le médecin qui pratique l’insémination substitue sciemment l’échantillon de sperme choisi par les parents par un échantillon de sperme différent (celui d’un autre donneur, d’un autre patient de la clinique ou du médecin lui-même), et ce, à l’insu des parents et sans leur consentement[14]. Pendant plus de 40 ans, des médecins ont pratiqué des inséminations frauduleuses sans jamais être inquiétés, profitant d’un vide juridique en la matière[4, 8, 15]. Aujourd’hui, on recense environ une cinquantaine de médecins ayant commis de tels actes en Amérique du Nord[16-20], en Amérique du Sud[21], en Europe[22], et en Afrique[21]. Près de 500 cas d’insémination frauduleuse ont été découverts[21], dont les plus récents ont eu lieu au début des années 2010[15]. Avec la médiatisation de ces cas et le recours croissant aux tests ADN commerciaux et aux sites de généalogie, ces chiffres vont vraisemblablement augmenter.[23-25] Cela étant, la mise au jour de l’insémination frauduleuse ne conduit pas nécessairement à sa condamnation sociale et juridique[14, 15, 23, 26]. En réaction à ce manque de reconnaissance et dans le sillage des instances qui militent en faveur des droits des personnes conçues par don et de leurs familles, un certain nombre de revendications sociales commencent à se faire entendre pour faire reconnaître les répercussions psychologiques et sociales de l’insémination frauduleuse et prendre des mesures préventives[27] et punitives en la matière[4]. Avec les développements en matière biomédicale, les chercheurs observent en effet une remise en question de l’expertise scientifique et l’émergence de nouvelles formes d’agentivité, d’autonomisation, de résistance[28-31]. Si ces enjeux ont été largement documentés ces 20 dernières années dans d’autres contextes de santé[28, 29, 32-37], ils l’ont très peu été dans le champ de la procréation assistée[28]. Or, les transformations les plus significatives qu’a connues ce champ ont été impulsées par ces revendications sociales, comme la levée de l’anonymat des donneurs[38-40]. Aujourd’hui, un mouvement comparable s’observe en matière d’insémination frauduleuse[4]. Étant donné les liens qui unissent le bio-marché de l’insémination artificielle au Canada et aux États-Unis[3] et la prééminence des revendications contre l’insémination frauduleuse dans ces deux pays[14], nous nous proposons d’examiner le processus par lequel un certain nombre d’acteurs canadiens et américains œuvrent à définir l’insémination frauduleuse comme un problème social qui demande une réponse réglementaire. Plus précisément, il s’agira de poursuivre les objectifs suivants : 1) cerner l’émergence, la nature et l’évolution des revendications en matière d’insémination frauduleuse; 2) identifier les acteurs qui formulent ces revendications; les buts qu’ils poursuivent; les stratégies qu’ils mettent en œuvre; 3) analyser les enjeux structurels qui entravent ou favorisent la traduction de ces revendications en réponse réglementaire.
2. Recension des écrits
Très peu de recherches ont été menées sur l’insémination frauduleuse[8, 14, 15, 23-26, 41-44]. La plupart des écrits sur ce sujet sont des articles juridiques qui détaillent les cas des médecins dont les actes frauduleux ont été mis au jour, les principes éthiques qu’ils piétinent, la difficulté de les poursuivre en justice et la nécessité de changer la législation pour que l’insémination frauduleuse soit condamnée sur le plan civil et pénal [8, 14, 15, 23-26, 41, 42]. À notre connaissance, seuls trois articles contiennent des données empiriques sur les répercussions psychosociales de l’insémination frauduleuse [14, 43, 44]. Mais tous ont pour point commun de souligner le manque de reconnaissance sociale et juridique qui entoure ce phénomène. En effet, l’expérience des personnes concernées est invisibilisée et les répercussions sur elles minimisées[14, 44]. Certains écrits mettent d’ailleurs en lumière les représentations sociales qui entourent les personnes qui ont recours à la PMA pour fonder une famille[14, 23]. L’étiquette de « personnes désespérées » qui leur est accolée fait en sorte que la concrétisation de leur projet parental rend caduques les circonstances contestables entourant leur insémination[14, 44]. De plus, lorsque le médecin a utilisé son propre sperme lors de l’insémination, le prestige social associé à son statut fait écran à l’aspect préjudiciable de l’insémination frauduleuse[14]. Or, les recherches empiriques sur l’expérience des personnes concernées révèlent que cet acte n’a rien d’anodin[14, 43, 44]. Certaines mères le comparent à un viol[14] et tous décrivent la découverte de l’insémination frauduleuse comme un choc qui génère un sentiment de honte, de colère, de dégoût[14, 43, 44]. Pour certaines personnes issues de ce type de conception, cela remet en question leurs fondements identitaires[14]. Lorsque la découverte de l’insémination frauduleuse coïncide avec le dévoilement de la conception par dons de sperme, cela peut représenter un double traumatisme, dont les effets psychologiques et les répercussions sur les relations familiales perdurent dans le temps[14, 43, 44]. De plus, l’insémination frauduleuse entraîne un deuil du projet parental, des inquiétudes par rapport à l’identité ou aux antécédents médicaux du « donneur », une redéfinition des contours biologiques et un affaiblissement des liens de filiation[43, 44]. Ces travaux empiriques montrent ainsi que la souffrance et les ramifications profondes qui découlent de l’insémination frauduleuse se heurtent à un contexte social de rapports inégaux entre des médecins auréolés de prestige de par leur position socioéconomique et des « patient.e.s » aux prises avec des enjeux de fertilité. Par ailleurs, les parents victimes d’insémination frauduleuse hésitent à entamer des poursuites judiciaires contre le médecin de peur de l’impact que cela pourrait avoir sur eux et sur leur famille[23]. Ceux qui décident de saisir la justice sont souvent déçus par la réponse judiciaire[14, 15, 23-26, 42]. En effet, même si l’insémination frauduleuse devrait en théorie donner lieu à des actions civiles (pour faute professionnelle médicale, fraude, acte de violence) et pénales (pour agression sexuelle dans le cas où le médecin a utilisé son propre sperme)[8, 14, 23], les délais de prescription, la destruction de preuves (comme les registres médicaux) et le manque de concordance entre les actes du médecin et les dispositions du droit civil et pénal, rendent très difficile sa condamnation[8, 14, 41]. La non reconnaissance sociale se double par conséquent d’une non reconnaissance juridique. Si le droit, en l’état actuel des choses, ne permet pas de condamner l’insémination frauduleuse, les auteurs proposent la voie législative comme levier d’actions tout en précisant que ce le levier a été impulsé par les personnes directement concernées par l’insémination frauduleuse[14, 23, 25] [24]. Le processus et les dispositions des lois votées dans certains états américains sont décrites dans différents articles[8, 14] et la nécessité de les étendre à d’autres états est mise de l’avant[8, 25]. Si la littérature permet d’éclairer les répercussions de l’insémination frauduleuse et la nécessité de changer de telles pratiques, à notre connaissance, aucune étude n’examine sociologiquement le processus par lequel les revendications en matière d’insémination frauduleuse sont formulées et diffusées, d’une part, et reçues et traitées, de l’autre.
3. Cadre de recherche
Pour pallier cette lacune, nous nous appuyons sur la théorie de la construction des problèmes sociaux[45-51] afin d’examiner comment l’insémination frauduleuse a été définie comme un problème social qui requiert une réponse réglementaire. Selon ce cadre, les problèmes sociaux se construisent à partir d’activités entreprises par des individus ou des groupes consistant à formuler des griefs ou des revendications en lien avec une situation particulière, perçue comme indésirable, et ce, dans le but de la transformer[51]. Dans ce processus de construction d’un problème social, interviennent, d’un côté, les personnes à l’origine des revendications (claim-makers) qui mènent des activités de requête; de l’autre, les personnes qui qui mènent des activités de réponse en jugeant et en évaluant l’importance de ces revendications (audiences)[51]. Depuis son élaboration en 1977 par Spector et Kitsuse[52], ce cadre a connu un important retentissement en sciences sociales[38, 53-55] et a été mobilisé dans l’examen de plusieurs problèmes sociaux : la maltraitance envers les enfants[56]; la conduite en état d’ébriété[57]; la violence faite aux femmes[58]; la pédocriminalité[59]; l’intimidation[60], ou encore l’anonymat des donneurs de gamètes[38]. Le plus grand apport de ce cadre a été de compléter l’examen des problèmes sociaux en y incluant la part subjective qui les sous-tend[45, 47, 48, 53, 55]. Autrement dit, en plus des conditions objectives dans lesquels ils émergent, les problèmes sociaux se définissent en fonction des significations qu’en ont les acteurs et des activités sociales qui leur donnent forme[45, 47, 48, 53, 55]. Par ailleurs, ce cadre a permis de proposer une analyse historique de l’évolution définitionnelle des problèmes sociaux[38, 54]. Le modèle chronologique élaboré par Spector et Kitsuse[51] (natural history model) ne se limite pas pour autant à retracer chronologiquement les événements qui marquent la reconnaissance publique d’une condition en termes de « problème social », il consiste surtout à identifier les étapes communes par lesquelles une condition sociale est perçue comme un problème[54]. Aussi, ils cernent quatre étapes[51]. La 1re étape concerne les activités par lesquelles le groupe ou les individus tentent d’affirmer l’existence d’une situation, de la définir comme offensante, préjudiciable ou indésirable, de faire connaître publiquement leurs revendications et de la transformer en enjeu public ou politique. À cette étape, des stratégies sont mises en œuvre pour faire valoir ces affirmations et acquérir du soutien en construisant une controverse publique. À la 2e étape, la légitimité des revendications acquiert une reconnaissance officielle (des pouvoirs publics). Cela peut mener à des propositions de réformes, une enquête officielle ou la création d’une agence qui traite ces revendications. La 3e étape se définit par l’émergence de revendications et de requêtes supplémentaires, qui découlent d’un mécontentement par rapport aux mesures prises (à l’étape 2). Enfin, la 4e étape implique le rejet par le groupe à l’origine des revendications des mesures prises et l’exploration de voies alternatives. Bien sûr, la construction et la légitimation d’un problème social est trop complexe pour être expliquée selon un modèle linéaire[38, 51], mais ces étapes serviront de balises dans l’examen de la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse. En revanche, ce cadre a été critiqué pour l’attention insuffisante qu’il accorde au contexte social dans lequel s’inscrivent les revendications sociales[47-50, 53, 55, 61]. Or, la prise en compte du contexte est essentielle pour comprendre les activités de requête et de réponse : qui les mènent, sur quoi elles portent, le moment et le lieu où elles surviennent, comment et pourquoi elles se présentent? [47-49, 61] Dans le projet proposé, une attention particulière sera accordée au contexte des médias sociaux et des institutions politiques[48, 50, 61, 62] dans la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse.
4. Importance, originalité et contribution du projet de recherche
Depuis plusieurs années, les préoccupations concernant la procréation médicalement assistée sont manifestes[72-74]. Cela est vrai au Québec, comme en témoignent des rapports publiés depuis 10 ans par différentes instances[72, 75, 76] réclamant un meilleur encadrement de ces pratiques. Il en va de même à l’échelle nationale où le gouvernement a tenu une consultation publique en 2017-2018 visant à renforcer la loi sur la procréation assistée.[77] L’insémination frauduleuse s’inscrit dans ces préoccupations puisqu’elle soulève des questions, entre autres, de consentement libre et éclairé, d’autonomie et de bien-être du patient, d’abus de pouvoir, d’abus de confiance[26], et qu’elle entraîne des répercussions psychosociales considérables[26]. Or, si l’on veut saisir les transformations en matière de PMA, il est important d’examiner les forces à l’œuvre, y compris celles qui émanent de la société civile. En l’occurrence, les revendications sociales qui émergent en matière d’insémination frauduleuse bousculent le statu quo en matière de PMA. Il est donc important d’examiner le processus par lequel ces revendications se transforment (ou non) en réponse réglementaire. Par ailleurs, l’insémination frauduleuse demeure un phénomène très peu documenté, comme le démontrent la récence et la rareté des écrits scientifiques à ce sujet[44]. L’expérience subjective des personnes concernées est soit évacuée des débats bioéthiques, soit traitée de manière « sensationnaliste » dans certains médias. De plus, si les luttes sociales en contexte de santé ont retenu l’attention des chercheurs ces 20 dernières années, le contexte des technologies reproductives reste peu, voire sous-documenté. L’originalité de ce projet réside dans le fait de croiser deux champs de recherche qui se tournaient le dos jusqu’ici et de redonner ainsi aux personnes concernées par l’insémination frauduleuse toute leur agentivité en mettant en lumière les processus par lesquels elles deviennent des acteurs de changement social. Enfin, les données empiriques générées auront comme contributions de nourrir le débat social en proposant des pistes d’action grâce à la rédaction d’une note politique à l’intention des décideurs.
3. À partir des informations contenues dans l’extrait C, veuillez répondre aux questions suivantes :

Donnez deux exemples de données factuelles.

A
  1. « Au Canada, environ 8 000 personnes y recourent chaque année, toute configuration familiale confondue. » (Zeghiche, 2022).
  2. «Près de 500 cas d’insémination frauduleuse ont été découverts, dont les plus récentes ont eu lieu au début des années 2010.» (Zeghiche, 2022).
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Q

Les types de données
1. Contexte et objectifs de recherche
Développée depuis la fin du 19e siècle, l’insémination artificielle représente aujourd’hui la pratique de procréation médicalement assistée (PMA) la plus courante[1]. Au Canada, environ 8 000 personnes y recourent chaque année, toute configuration familiale confondue[2]. Or, bien que la plupart des pays aient mis en œuvre un certain nombre de mesures pour l’encadrer, l’insémination artificielle demeure la pratique de PMA la moins régulée[3, 4] et plusieurs déplorent que des enjeux importants (comme la tenue, la conservation et la mise à jour des dossiers des donneurs, la vérification de leurs antécédents médicaux, le dépistage génétique, etc.)[3, 5, 6] soient laissés à la discrétion des cliniques/banques de sperme ou fassent l’objet uniquement de recommandations professionnelles, sans que l’on ne puisse en vérifier ou en exiger la mise en pratique[3]. Une étude menée par l’organisme US Donor Conceived Council révèle pourtant que la plupart des banques de sperme américaines ne se plient pas aux recommandations de l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM)[7]. Au Canada, en cas de manquements ou d’accidents dans les procédures de gestion de la qualité des dons de sperme, ce sont les établissements eux-mêmes qui sont responsables de mener des enquêtes et de rédiger des rapports[8, 9]. On voit bien là les limites de l’auto-régulation de l’insémination artificielle. Cette situation a donné lieu à un certain nombre de dérives[10-13], dont l’insémination frauduleuse. Celle-ci survient lorsque le médecin qui pratique l’insémination substitue sciemment l’échantillon de sperme choisi par les parents par un échantillon de sperme différent (celui d’un autre donneur, d’un autre patient de la clinique ou du médecin lui-même), et ce, à l’insu des parents et sans leur consentement[14]. Pendant plus de 40 ans, des médecins ont pratiqué des inséminations frauduleuses sans jamais être inquiétés, profitant d’un vide juridique en la matière[4, 8, 15]. Aujourd’hui, on recense environ une cinquantaine de médecins ayant commis de tels actes en Amérique du Nord[16-20], en Amérique du Sud[21], en Europe[22], et en Afrique[21]. Près de 500 cas d’insémination frauduleuse ont été découverts[21], dont les plus récents ont eu lieu au début des années 2010[15]. Avec la médiatisation de ces cas et le recours croissant aux tests ADN commerciaux et aux sites de généalogie, ces chiffres vont vraisemblablement augmenter.[23-25] Cela étant, la mise au jour de l’insémination frauduleuse ne conduit pas nécessairement à sa condamnation sociale et juridique[14, 15, 23, 26]. En réaction à ce manque de reconnaissance et dans le sillage des instances qui militent en faveur des droits des personnes conçues par don et de leurs familles, un certain nombre de revendications sociales commencent à se faire entendre pour faire reconnaître les répercussions psychologiques et sociales de l’insémination frauduleuse et prendre des mesures préventives[27] et punitives en la matière[4]. Avec les développements en matière biomédicale, les chercheurs observent en effet une remise en question de l’expertise scientifique et l’émergence de nouvelles formes d’agentivité, d’autonomisation, de résistance[28-31]. Si ces enjeux ont été largement documentés ces 20 dernières années dans d’autres contextes de santé[28, 29, 32-37], ils l’ont très peu été dans le champ de la procréation assistée[28]. Or, les transformations les plus significatives qu’a connues ce champ ont été impulsées par ces revendications sociales, comme la levée de l’anonymat des donneurs[38-40]. Aujourd’hui, un mouvement comparable s’observe en matière d’insémination frauduleuse[4]. Étant donné les liens qui unissent le bio-marché de l’insémination artificielle au Canada et aux États-Unis[3] et la prééminence des revendications contre l’insémination frauduleuse dans ces deux pays[14], nous nous proposons d’examiner le processus par lequel un certain nombre d’acteurs canadiens et américains œuvrent à définir l’insémination frauduleuse comme un problème social qui demande une réponse réglementaire. Plus précisément, il s’agira de poursuivre les objectifs suivants : 1) cerner l’émergence, la nature et l’évolution des revendications en matière d’insémination frauduleuse; 2) identifier les acteurs qui formulent ces revendications; les buts qu’ils poursuivent; les stratégies qu’ils mettent en œuvre; 3) analyser les enjeux structurels qui entravent ou favorisent la traduction de ces revendications en réponse réglementaire.
2. Recension des écrits
Très peu de recherches ont été menées sur l’insémination frauduleuse[8, 14, 15, 23-26, 41-44]. La plupart des écrits sur ce sujet sont des articles juridiques qui détaillent les cas des médecins dont les actes frauduleux ont été mis au jour, les principes éthiques qu’ils piétinent, la difficulté de les poursuivre en justice et la nécessité de changer la législation pour que l’insémination frauduleuse soit condamnée sur le plan civil et pénal [8, 14, 15, 23-26, 41, 42]. À notre connaissance, seuls trois articles contiennent des données empiriques sur les répercussions psychosociales de l’insémination frauduleuse [14, 43, 44]. Mais tous ont pour point commun de souligner le manque de reconnaissance sociale et juridique qui entoure ce phénomène. En effet, l’expérience des personnes concernées est invisibilisée et les répercussions sur elles minimisées[14, 44]. Certains écrits mettent d’ailleurs en lumière les représentations sociales qui entourent les personnes qui ont recours à la PMA pour fonder une famille[14, 23]. L’étiquette de « personnes désespérées » qui leur est accolée fait en sorte que la concrétisation de leur projet parental rend caduques les circonstances contestables entourant leur insémination[14, 44]. De plus, lorsque le médecin a utilisé son propre sperme lors de l’insémination, le prestige social associé à son statut fait écran à l’aspect préjudiciable de l’insémination frauduleuse[14]. Or, les recherches empiriques sur l’expérience des personnes concernées révèlent que cet acte n’a rien d’anodin[14, 43, 44]. Certaines mères le comparent à un viol[14] et tous décrivent la découverte de l’insémination frauduleuse comme un choc qui génère un sentiment de honte, de colère, de dégoût[14, 43, 44]. Pour certaines personnes issues de ce type de conception, cela remet en question leurs fondements identitaires[14]. Lorsque la découverte de l’insémination frauduleuse coïncide avec le dévoilement de la conception par dons de sperme, cela peut représenter un double traumatisme, dont les effets psychologiques et les répercussions sur les relations familiales perdurent dans le temps[14, 43, 44]. De plus, l’insémination frauduleuse entraîne un deuil du projet parental, des inquiétudes par rapport à l’identité ou aux antécédents médicaux du « donneur », une redéfinition des contours biologiques et un affaiblissement des liens de filiation[43, 44]. Ces travaux empiriques montrent ainsi que la souffrance et les ramifications profondes qui découlent de l’insémination frauduleuse se heurtent à un contexte social de rapports inégaux entre des médecins auréolés de prestige de par leur position socioéconomique et des « patient.e.s » aux prises avec des enjeux de fertilité. Par ailleurs, les parents victimes d’insémination frauduleuse hésitent à entamer des poursuites judiciaires contre le médecin de peur de l’impact que cela pourrait avoir sur eux et sur leur famille[23]. Ceux qui décident de saisir la justice sont souvent déçus par la réponse judiciaire[14, 15, 23-26, 42]. En effet, même si l’insémination frauduleuse devrait en théorie donner lieu à des actions civiles (pour faute professionnelle médicale, fraude, acte de violence) et pénales (pour agression sexuelle dans le cas où le médecin a utilisé son propre sperme)[8, 14, 23], les délais de prescription, la destruction de preuves (comme les registres médicaux) et le manque de concordance entre les actes du médecin et les dispositions du droit civil et pénal, rendent très difficile sa condamnation[8, 14, 41]. La non reconnaissance sociale se double par conséquent d’une non reconnaissance juridique. Si le droit, en l’état actuel des choses, ne permet pas de condamner l’insémination frauduleuse, les auteurs proposent la voie législative comme levier d’actions tout en précisant que ce le levier a été impulsé par les personnes directement concernées par l’insémination frauduleuse[14, 23, 25] [24]. Le processus et les dispositions des lois votées dans certains états américains sont décrites dans différents articles[8, 14] et la nécessité de les étendre à d’autres états est mise de l’avant[8, 25]. Si la littérature permet d’éclairer les répercussions de l’insémination frauduleuse et la nécessité de changer de telles pratiques, à notre connaissance, aucune étude n’examine sociologiquement le processus par lequel les revendications en matière d’insémination frauduleuse sont formulées et diffusées, d’une part, et reçues et traitées, de l’autre.
3. Cadre de recherche
Pour pallier cette lacune, nous nous appuyons sur la théorie de la construction des problèmes sociaux[45-51] afin d’examiner comment l’insémination frauduleuse a été définie comme un problème social qui requiert une réponse réglementaire. Selon ce cadre, les problèmes sociaux se construisent à partir d’activités entreprises par des individus ou des groupes consistant à formuler des griefs ou des revendications en lien avec une situation particulière, perçue comme indésirable, et ce, dans le but de la transformer[51]. Dans ce processus de construction d’un problème social, interviennent, d’un côté, les personnes à l’origine des revendications (claim-makers) qui mènent des activités de requête; de l’autre, les personnes qui qui mènent des activités de réponse en jugeant et en évaluant l’importance de ces revendications (audiences)[51]. Depuis son élaboration en 1977 par Spector et Kitsuse[52], ce cadre a connu un important retentissement en sciences sociales[38, 53-55] et a été mobilisé dans l’examen de plusieurs problèmes sociaux : la maltraitance envers les enfants[56]; la conduite en état d’ébriété[57]; la violence faite aux femmes[58]; la pédocriminalité[59]; l’intimidation[60], ou encore l’anonymat des donneurs de gamètes[38]. Le plus grand apport de ce cadre a été de compléter l’examen des problèmes sociaux en y incluant la part subjective qui les sous-tend[45, 47, 48, 53, 55]. Autrement dit, en plus des conditions objectives dans lesquels ils émergent, les problèmes sociaux se définissent en fonction des significations qu’en ont les acteurs et des activités sociales qui leur donnent forme[45, 47, 48, 53, 55]. Par ailleurs, ce cadre a permis de proposer une analyse historique de l’évolution définitionnelle des problèmes sociaux[38, 54]. Le modèle chronologique élaboré par Spector et Kitsuse[51] (natural history model) ne se limite pas pour autant à retracer chronologiquement les événements qui marquent la reconnaissance publique d’une condition en termes de « problème social », il consiste surtout à identifier les étapes communes par lesquelles une condition sociale est perçue comme un problème[54]. Aussi, ils cernent quatre étapes[51]. La 1re étape concerne les activités par lesquelles le groupe ou les individus tentent d’affirmer l’existence d’une situation, de la définir comme offensante, préjudiciable ou indésirable, de faire connaître publiquement leurs revendications et de la transformer en enjeu public ou politique. À cette étape, des stratégies sont mises en œuvre pour faire valoir ces affirmations et acquérir du soutien en construisant une controverse publique. À la 2e étape, la légitimité des revendications acquiert une reconnaissance officielle (des pouvoirs publics). Cela peut mener à des propositions de réformes, une enquête officielle ou la création d’une agence qui traite ces revendications. La 3e étape se définit par l’émergence de revendications et de requêtes supplémentaires, qui découlent d’un mécontentement par rapport aux mesures prises (à l’étape 2). Enfin, la 4e étape implique le rejet par le groupe à l’origine des revendications des mesures prises et l’exploration de voies alternatives. Bien sûr, la construction et la légitimation d’un problème social est trop complexe pour être expliquée selon un modèle linéaire[38, 51], mais ces étapes serviront de balises dans l’examen de la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse. En revanche, ce cadre a été critiqué pour l’attention insuffisante qu’il accorde au contexte social dans lequel s’inscrivent les revendications sociales[47-50, 53, 55, 61]. Or, la prise en compte du contexte est essentielle pour comprendre les activités de requête et de réponse : qui les mènent, sur quoi elles portent, le moment et le lieu où elles surviennent, comment et pourquoi elles se présentent? [47-49, 61] Dans le projet proposé, une attention particulière sera accordée au contexte des médias sociaux et des institutions politiques[48, 50, 61, 62] dans la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse.
4. Importance, originalité et contribution du projet de recherche
Depuis plusieurs années, les préoccupations concernant la procréation médicalement assistée sont manifestes[72-74]. Cela est vrai au Québec, comme en témoignent des rapports publiés depuis 10 ans par différentes instances[72, 75, 76] réclamant un meilleur encadrement de ces pratiques. Il en va de même à l’échelle nationale où le gouvernement a tenu une consultation publique en 2017-2018 visant à renforcer la loi sur la procréation assistée.[77] L’insémination frauduleuse s’inscrit dans ces préoccupations puisqu’elle soulève des questions, entre autres, de consentement libre et éclairé, d’autonomie et de bien-être du patient, d’abus de pouvoir, d’abus de confiance[26], et qu’elle entraîne des répercussions psychosociales considérables[26]. Or, si l’on veut saisir les transformations en matière de PMA, il est important d’examiner les forces à l’œuvre, y compris celles qui émanent de la société civile. En l’occurrence, les revendications sociales qui émergent en matière d’insémination frauduleuse bousculent le statu quo en matière de PMA. Il est donc important d’examiner le processus par lequel ces revendications se transforment (ou non) en réponse réglementaire. Par ailleurs, l’insémination frauduleuse demeure un phénomène très peu documenté, comme le démontrent la récence et la rareté des écrits scientifiques à ce sujet[44]. L’expérience subjective des personnes concernées est soit évacuée des débats bioéthiques, soit traitée de manière « sensationnaliste » dans certains médias. De plus, si les luttes sociales en contexte de santé ont retenu l’attention des chercheurs ces 20 dernières années, le contexte des technologies reproductives reste peu, voire sous-documenté. L’originalité de ce projet réside dans le fait de croiser deux champs de recherche qui se tournaient le dos jusqu’ici et de redonner ainsi aux personnes concernées par l’insémination frauduleuse toute leur agentivité en mettant en lumière les processus par lesquels elles deviennent des acteurs de changement social. Enfin, les données empiriques générées auront comme contributions de nourrir le débat social en proposant des pistes d’action grâce à la rédaction d’une note politique à l’intention des décideurs.
3. À partir des informations contenues dans l’extrait C, veuillez répondre aux questions suivantes :
Donnez deux exemples de données empiriques.

A
  1. « Certaines mères le comparent à un viol et tous décrivent la découverte de l’insémination frauduleuse comme un choc qui génère un sentiment de honte, de colère, de dégoût.» (Zeghiche, 2022).
  2. «Par ailleurs, les parents victimes d’insémination frauduleuse hésitent à entamer des poursuites judiciaires contre le médecin de peur de l’impact que cela pourrait avoir sur eux et sur leur famille.» (Zeghiche, 2022).
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1. Contexte et objectifs de recherche
Développée depuis la fin du 19e siècle, l’insémination artificielle représente aujourd’hui la pratique de procréation médicalement assistée (PMA) la plus courante[1]. Au Canada, environ 8 000 personnes y recourent chaque année, toute configuration familiale confondue[2]. Or, bien que la plupart des pays aient mis en œuvre un certain nombre de mesures pour l’encadrer, l’insémination artificielle demeure la pratique de PMA la moins régulée[3, 4] et plusieurs déplorent que des enjeux importants (comme la tenue, la conservation et la mise à jour des dossiers des donneurs, la vérification de leurs antécédents médicaux, le dépistage génétique, etc.)[3, 5, 6] soient laissés à la discrétion des cliniques/banques de sperme ou fassent l’objet uniquement de recommandations professionnelles, sans que l’on ne puisse en vérifier ou en exiger la mise en pratique[3]. Une étude menée par l’organisme US Donor Conceived Council révèle pourtant que la plupart des banques de sperme américaines ne se plient pas aux recommandations de l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM)[7]. Au Canada, en cas de manquements ou d’accidents dans les procédures de gestion de la qualité des dons de sperme, ce sont les établissements eux-mêmes qui sont responsables de mener des enquêtes et de rédiger des rapports[8, 9]. On voit bien là les limites de l’auto-régulation de l’insémination artificielle. Cette situation a donné lieu à un certain nombre de dérives[10-13], dont l’insémination frauduleuse. Celle-ci survient lorsque le médecin qui pratique l’insémination substitue sciemment l’échantillon de sperme choisi par les parents par un échantillon de sperme différent (celui d’un autre donneur, d’un autre patient de la clinique ou du médecin lui-même), et ce, à l’insu des parents et sans leur consentement[14]. Pendant plus de 40 ans, des médecins ont pratiqué des inséminations frauduleuses sans jamais être inquiétés, profitant d’un vide juridique en la matière[4, 8, 15]. Aujourd’hui, on recense environ une cinquantaine de médecins ayant commis de tels actes en Amérique du Nord[16-20], en Amérique du Sud[21], en Europe[22], et en Afrique[21]. Près de 500 cas d’insémination frauduleuse ont été découverts[21], dont les plus récents ont eu lieu au début des années 2010[15]. Avec la médiatisation de ces cas et le recours croissant aux tests ADN commerciaux et aux sites de généalogie, ces chiffres vont vraisemblablement augmenter.[23-25] Cela étant, la mise au jour de l’insémination frauduleuse ne conduit pas nécessairement à sa condamnation sociale et juridique[14, 15, 23, 26]. En réaction à ce manque de reconnaissance et dans le sillage des instances qui militent en faveur des droits des personnes conçues par don et de leurs familles, un certain nombre de revendications sociales commencent à se faire entendre pour faire reconnaître les répercussions psychologiques et sociales de l’insémination frauduleuse et prendre des mesures préventives[27] et punitives en la matière[4]. Avec les développements en matière biomédicale, les chercheurs observent en effet une remise en question de l’expertise scientifique et l’émergence de nouvelles formes d’agentivité, d’autonomisation, de résistance[28-31]. Si ces enjeux ont été largement documentés ces 20 dernières années dans d’autres contextes de santé[28, 29, 32-37], ils l’ont très peu été dans le champ de la procréation assistée[28]. Or, les transformations les plus significatives qu’a connues ce champ ont été impulsées par ces revendications sociales, comme la levée de l’anonymat des donneurs[38-40]. Aujourd’hui, un mouvement comparable s’observe en matière d’insémination frauduleuse[4]. Étant donné les liens qui unissent le bio-marché de l’insémination artificielle au Canada et aux États-Unis[3] et la prééminence des revendications contre l’insémination frauduleuse dans ces deux pays[14], nous nous proposons d’examiner le processus par lequel un certain nombre d’acteurs canadiens et américains œuvrent à définir l’insémination frauduleuse comme un problème social qui demande une réponse réglementaire. Plus précisément, il s’agira de poursuivre les objectifs suivants : 1) cerner l’émergence, la nature et l’évolution des revendications en matière d’insémination frauduleuse; 2) identifier les acteurs qui formulent ces revendications; les buts qu’ils poursuivent; les stratégies qu’ils mettent en œuvre; 3) analyser les enjeux structurels qui entravent ou favorisent la traduction de ces revendications en réponse réglementaire.
2. Recension des écrits
Très peu de recherches ont été menées sur l’insémination frauduleuse[8, 14, 15, 23-26, 41-44]. La plupart des écrits sur ce sujet sont des articles juridiques qui détaillent les cas des médecins dont les actes frauduleux ont été mis au jour, les principes éthiques qu’ils piétinent, la difficulté de les poursuivre en justice et la nécessité de changer la législation pour que l’insémination frauduleuse soit condamnée sur le plan civil et pénal [8, 14, 15, 23-26, 41, 42]. À notre connaissance, seuls trois articles contiennent des données empiriques sur les répercussions psychosociales de l’insémination frauduleuse [14, 43, 44]. Mais tous ont pour point commun de souligner le manque de reconnaissance sociale et juridique qui entoure ce phénomène. En effet, l’expérience des personnes concernées est invisibilisée et les répercussions sur elles minimisées[14, 44]. Certains écrits mettent d’ailleurs en lumière les représentations sociales qui entourent les personnes qui ont recours à la PMA pour fonder une famille[14, 23]. L’étiquette de « personnes désespérées » qui leur est accolée fait en sorte que la concrétisation de leur projet parental rend caduques les circonstances contestables entourant leur insémination[14, 44]. De plus, lorsque le médecin a utilisé son propre sperme lors de l’insémination, le prestige social associé à son statut fait écran à l’aspect préjudiciable de l’insémination frauduleuse[14]. Or, les recherches empiriques sur l’expérience des personnes concernées révèlent que cet acte n’a rien d’anodin[14, 43, 44]. Certaines mères le comparent à un viol[14] et tous décrivent la découverte de l’insémination frauduleuse comme un choc qui génère un sentiment de honte, de colère, de dégoût[14, 43, 44]. Pour certaines personnes issues de ce type de conception, cela remet en question leurs fondements identitaires[14]. Lorsque la découverte de l’insémination frauduleuse coïncide avec le dévoilement de la conception par dons de sperme, cela peut représenter un double traumatisme, dont les effets psychologiques et les répercussions sur les relations familiales perdurent dans le temps[14, 43, 44]. De plus, l’insémination frauduleuse entraîne un deuil du projet parental, des inquiétudes par rapport à l’identité ou aux antécédents médicaux du « donneur », une redéfinition des contours biologiques et un affaiblissement des liens de filiation[43, 44]. Ces travaux empiriques montrent ainsi que la souffrance et les ramifications profondes qui découlent de l’insémination frauduleuse se heurtent à un contexte social de rapports inégaux entre des médecins auréolés de prestige de par leur position socioéconomique et des « patient.e.s » aux prises avec des enjeux de fertilité. Par ailleurs, les parents victimes d’insémination frauduleuse hésitent à entamer des poursuites judiciaires contre le médecin de peur de l’impact que cela pourrait avoir sur eux et sur leur famille[23]. Ceux qui décident de saisir la justice sont souvent déçus par la réponse judiciaire[14, 15, 23-26, 42]. En effet, même si l’insémination frauduleuse devrait en théorie donner lieu à des actions civiles (pour faute professionnelle médicale, fraude, acte de violence) et pénales (pour agression sexuelle dans le cas où le médecin a utilisé son propre sperme)[8, 14, 23], les délais de prescription, la destruction de preuves (comme les registres médicaux) et le manque de concordance entre les actes du médecin et les dispositions du droit civil et pénal, rendent très difficile sa condamnation[8, 14, 41]. La non reconnaissance sociale se double par conséquent d’une non reconnaissance juridique. Si le droit, en l’état actuel des choses, ne permet pas de condamner l’insémination frauduleuse, les auteurs proposent la voie législative comme levier d’actions tout en précisant que ce le levier a été impulsé par les personnes directement concernées par l’insémination frauduleuse[14, 23, 25] [24]. Le processus et les dispositions des lois votées dans certains états américains sont décrites dans différents articles[8, 14] et la nécessité de les étendre à d’autres états est mise de l’avant[8, 25]. Si la littérature permet d’éclairer les répercussions de l’insémination frauduleuse et la nécessité de changer de telles pratiques, à notre connaissance, aucune étude n’examine sociologiquement le processus par lequel les revendications en matière d’insémination frauduleuse sont formulées et diffusées, d’une part, et reçues et traitées, de l’autre.
3. Cadre de recherche
Pour pallier cette lacune, nous nous appuyons sur la théorie de la construction des problèmes sociaux[45-51] afin d’examiner comment l’insémination frauduleuse a été définie comme un problème social qui requiert une réponse réglementaire. Selon ce cadre, les problèmes sociaux se construisent à partir d’activités entreprises par des individus ou des groupes consistant à formuler des griefs ou des revendications en lien avec une situation particulière, perçue comme indésirable, et ce, dans le but de la transformer[51]. Dans ce processus de construction d’un problème social, interviennent, d’un côté, les personnes à l’origine des revendications (claim-makers) qui mènent des activités de requête; de l’autre, les personnes qui qui mènent des activités de réponse en jugeant et en évaluant l’importance de ces revendications (audiences)[51]. Depuis son élaboration en 1977 par Spector et Kitsuse[52], ce cadre a connu un important retentissement en sciences sociales[38, 53-55] et a été mobilisé dans l’examen de plusieurs problèmes sociaux : la maltraitance envers les enfants[56]; la conduite en état d’ébriété[57]; la violence faite aux femmes[58]; la pédocriminalité[59]; l’intimidation[60], ou encore l’anonymat des donneurs de gamètes[38]. Le plus grand apport de ce cadre a été de compléter l’examen des problèmes sociaux en y incluant la part subjective qui les sous-tend[45, 47, 48, 53, 55]. Autrement dit, en plus des conditions objectives dans lesquels ils émergent, les problèmes sociaux se définissent en fonction des significations qu’en ont les acteurs et des activités sociales qui leur donnent forme[45, 47, 48, 53, 55]. Par ailleurs, ce cadre a permis de proposer une analyse historique de l’évolution définitionnelle des problèmes sociaux[38, 54]. Le modèle chronologique élaboré par Spector et Kitsuse[51] (natural history model) ne se limite pas pour autant à retracer chronologiquement les événements qui marquent la reconnaissance publique d’une condition en termes de « problème social », il consiste surtout à identifier les étapes communes par lesquelles une condition sociale est perçue comme un problème[54]. Aussi, ils cernent quatre étapes[51]. La 1re étape concerne les activités par lesquelles le groupe ou les individus tentent d’affirmer l’existence d’une situation, de la définir comme offensante, préjudiciable ou indésirable, de faire connaître publiquement leurs revendications et de la transformer en enjeu public ou politique. À cette étape, des stratégies sont mises en œuvre pour faire valoir ces affirmations et acquérir du soutien en construisant une controverse publique. À la 2e étape, la légitimité des revendications acquiert une reconnaissance officielle (des pouvoirs publics). Cela peut mener à des propositions de réformes, une enquête officielle ou la création d’une agence qui traite ces revendications. La 3e étape se définit par l’émergence de revendications et de requêtes supplémentaires, qui découlent d’un mécontentement par rapport aux mesures prises (à l’étape 2). Enfin, la 4e étape implique le rejet par le groupe à l’origine des revendications des mesures prises et l’exploration de voies alternatives. Bien sûr, la construction et la légitimation d’un problème social est trop complexe pour être expliquée selon un modèle linéaire[38, 51], mais ces étapes serviront de balises dans l’examen de la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse. En revanche, ce cadre a été critiqué pour l’attention insuffisante qu’il accorde au contexte social dans lequel s’inscrivent les revendications sociales[47-50, 53, 55, 61]. Or, la prise en compte du contexte est essentielle pour comprendre les activités de requête et de réponse : qui les mènent, sur quoi elles portent, le moment et le lieu où elles surviennent, comment et pourquoi elles se présentent? [47-49, 61] Dans le projet proposé, une attention particulière sera accordée au contexte des médias sociaux et des institutions politiques[48, 50, 61, 62] dans la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse.
4. Importance, originalité et contribution du projet de recherche
Depuis plusieurs années, les préoccupations concernant la procréation médicalement assistée sont manifestes[72-74]. Cela est vrai au Québec, comme en témoignent des rapports publiés depuis 10 ans par différentes instances[72, 75, 76] réclamant un meilleur encadrement de ces pratiques. Il en va de même à l’échelle nationale où le gouvernement a tenu une consultation publique en 2017-2018 visant à renforcer la loi sur la procréation assistée.[77] L’insémination frauduleuse s’inscrit dans ces préoccupations puisqu’elle soulève des questions, entre autres, de consentement libre et éclairé, d’autonomie et de bien-être du patient, d’abus de pouvoir, d’abus de confiance[26], et qu’elle entraîne des répercussions psychosociales considérables[26]. Or, si l’on veut saisir les transformations en matière de PMA, il est important d’examiner les forces à l’œuvre, y compris celles qui émanent de la société civile. En l’occurrence, les revendications sociales qui émergent en matière d’insémination frauduleuse bousculent le statu quo en matière de PMA. Il est donc important d’examiner le processus par lequel ces revendications se transforment (ou non) en réponse réglementaire. Par ailleurs, l’insémination frauduleuse demeure un phénomène très peu documenté, comme le démontrent la récence et la rareté des écrits scientifiques à ce sujet[44]. L’expérience subjective des personnes concernées est soit évacuée des débats bioéthiques, soit traitée de manière « sensationnaliste » dans certains médias. De plus, si les luttes sociales en contexte de santé ont retenu l’attention des chercheurs ces 20 dernières années, le contexte des technologies reproductives reste peu, voire sous-documenté. L’originalité de ce projet réside dans le fait de croiser deux champs de recherche qui se tournaient le dos jusqu’ici et de redonner ainsi aux personnes concernées par l’insémination frauduleuse toute leur agentivité en mettant en lumière les processus par lesquels elles deviennent des acteurs de changement social. Enfin, les données empiriques générées auront comme contributions de nourrir le débat social en proposant des pistes d’action grâce à la rédaction d’une note politique à l’intention des décideurs.
3. À partir des informations contenues dans l’extrait C, veuillez répondre aux questions suivantes :

Donnez un exemple de donnée théorique.

A

« […] nous nous appuyons sur la théorie de la construction des problèmes sociaux afin d’examiner comment l’insémination frauduleuse a été définie comme un problème social qui requiert une réponse réglementaire.» (Zeghiche, 2022).

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Le cadre de recherche:
1. Contexte et objectifs de recherche
Développée depuis la fin du 19e siècle, l’insémination artificielle représente aujourd’hui la pratique de procréation médicalement assistée (PMA) la plus courante[1]. Au Canada, environ 8 000 personnes y recourent chaque année, toute configuration familiale confondue[2]. Or, bien que la plupart des pays aient mis en œuvre un certain nombre de mesures pour l’encadrer, l’insémination artificielle demeure la pratique de PMA la moins régulée[3, 4] et plusieurs déplorent que des enjeux importants (comme la tenue, la conservation et la mise à jour des dossiers des donneurs, la vérification de leurs antécédents médicaux, le dépistage génétique, etc.)[3, 5, 6] soient laissés à la discrétion des cliniques/banques de sperme ou fassent l’objet uniquement de recommandations professionnelles, sans que l’on ne puisse en vérifier ou en exiger la mise en pratique[3]. Une étude menée par l’organisme US Donor Conceived Council révèle pourtant que la plupart des banques de sperme américaines ne se plient pas aux recommandations de l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM)[7]. Au Canada, en cas de manquements ou d’accidents dans les procédures de gestion de la qualité des dons de sperme, ce sont les établissements eux-mêmes qui sont responsables de mener des enquêtes et de rédiger des rapports[8, 9]. On voit bien là les limites de l’auto-régulation de l’insémination artificielle. Cette situation a donné lieu à un certain nombre de dérives[10-13], dont l’insémination frauduleuse. Celle-ci survient lorsque le médecin qui pratique l’insémination substitue sciemment l’échantillon de sperme choisi par les parents par un échantillon de sperme différent (celui d’un autre donneur, d’un autre patient de la clinique ou du médecin lui-même), et ce, à l’insu des parents et sans leur consentement[14]. Pendant plus de 40 ans, des médecins ont pratiqué des inséminations frauduleuses sans jamais être inquiétés, profitant d’un vide juridique en la matière[4, 8, 15]. Aujourd’hui, on recense environ une cinquantaine de médecins ayant commis de tels actes en Amérique du Nord[16-20], en Amérique du Sud[21], en Europe[22], et en Afrique[21]. Près de 500 cas d’insémination frauduleuse ont été découverts[21], dont les plus récents ont eu lieu au début des années 2010[15]. Avec la médiatisation de ces cas et le recours croissant aux tests ADN commerciaux et aux sites de généalogie, ces chiffres vont vraisemblablement augmenter.[23-25] Cela étant, la mise au jour de l’insémination frauduleuse ne conduit pas nécessairement à sa condamnation sociale et juridique[14, 15, 23, 26]. En réaction à ce manque de reconnaissance et dans le sillage des instances qui militent en faveur des droits des personnes conçues par don et de leurs familles, un certain nombre de revendications sociales commencent à se faire entendre pour faire reconnaître les répercussions psychologiques et sociales de l’insémination frauduleuse et prendre des mesures préventives[27] et punitives en la matière[4]. Avec les développements en matière biomédicale, les chercheurs observent en effet une remise en question de l’expertise scientifique et l’émergence de nouvelles formes d’agentivité, d’autonomisation, de résistance[28-31]. Si ces enjeux ont été largement documentés ces 20 dernières années dans d’autres contextes de santé[28, 29, 32-37], ils l’ont très peu été dans le champ de la procréation assistée[28]. Or, les transformations les plus significatives qu’a connues ce champ ont été impulsées par ces revendications sociales, comme la levée de l’anonymat des donneurs[38-40]. Aujourd’hui, un mouvement comparable s’observe en matière d’insémination frauduleuse[4]. Étant donné les liens qui unissent le bio-marché de l’insémination artificielle au Canada et aux États-Unis[3] et la prééminence des revendications contre l’insémination frauduleuse dans ces deux pays[14], nous nous proposons d’examiner le processus par lequel un certain nombre d’acteurs canadiens et américains œuvrent à définir l’insémination frauduleuse comme un problème social qui demande une réponse réglementaire. Plus précisément, il s’agira de poursuivre les objectifs suivants : 1) cerner l’émergence, la nature et l’évolution des revendications en matière d’insémination frauduleuse; 2) identifier les acteurs qui formulent ces revendications; les buts qu’ils poursuivent; les stratégies qu’ils mettent en œuvre; 3) analyser les enjeux structurels qui entravent ou favorisent la traduction de ces revendications en réponse réglementaire.
2. Recension des écrits
Très peu de recherches ont été menées sur l’insémination frauduleuse[8, 14, 15, 23-26, 41-44]. La plupart des écrits sur ce sujet sont des articles juridiques qui détaillent les cas des médecins dont les actes frauduleux ont été mis au jour, les principes éthiques qu’ils piétinent, la difficulté de les poursuivre en justice et la nécessité de changer la législation pour que l’insémination frauduleuse soit condamnée sur le plan civil et pénal [8, 14, 15, 23-26, 41, 42]. À notre connaissance, seuls trois articles contiennent des données empiriques sur les répercussions psychosociales de l’insémination frauduleuse [14, 43, 44]. Mais tous ont pour point commun de souligner le manque de reconnaissance sociale et juridique qui entoure ce phénomène. En effet, l’expérience des personnes concernées est invisibilisée et les répercussions sur elles minimisées[14, 44]. Certains écrits mettent d’ailleurs en lumière les représentations sociales qui entourent les personnes qui ont recours à la PMA pour fonder une famille[14, 23]. L’étiquette de « personnes désespérées » qui leur est accolée fait en sorte que la concrétisation de leur projet parental rend caduques les circonstances contestables entourant leur insémination[14, 44]. De plus, lorsque le médecin a utilisé son propre sperme lors de l’insémination, le prestige social associé à son statut fait écran à l’aspect préjudiciable de l’insémination frauduleuse[14]. Or, les recherches empiriques sur l’expérience des personnes concernées révèlent que cet acte n’a rien d’anodin[14, 43, 44]. Certaines mères le comparent à un viol[14] et tous décrivent la découverte de l’insémination frauduleuse comme un choc qui génère un sentiment de honte, de colère, de dégoût[14, 43, 44]. Pour certaines personnes issues de ce type de conception, cela remet en question leurs fondements identitaires[14]. Lorsque la découverte de l’insémination frauduleuse coïncide avec le dévoilement de la conception par dons de sperme, cela peut représenter un double traumatisme, dont les effets psychologiques et les répercussions sur les relations familiales perdurent dans le temps[14, 43, 44]. De plus, l’insémination frauduleuse entraîne un deuil du projet parental, des inquiétudes par rapport à l’identité ou aux antécédents médicaux du « donneur », une redéfinition des contours biologiques et un affaiblissement des liens de filiation[43, 44]. Ces travaux empiriques montrent ainsi que la souffrance et les ramifications profondes qui découlent de l’insémination frauduleuse se heurtent à un contexte social de rapports inégaux entre des médecins auréolés de prestige de par leur position socioéconomique et des « patient.e.s » aux prises avec des enjeux de fertilité. Par ailleurs, les parents victimes d’insémination frauduleuse hésitent à entamer des poursuites judiciaires contre le médecin de peur de l’impact que cela pourrait avoir sur eux et sur leur famille[23]. Ceux qui décident de saisir la justice sont souvent déçus par la réponse judiciaire[14, 15, 23-26, 42]. En effet, même si l’insémination frauduleuse devrait en théorie donner lieu à des actions civiles (pour faute professionnelle médicale, fraude, acte de violence) et pénales (pour agression sexuelle dans le cas où le médecin a utilisé son propre sperme)[8, 14, 23], les délais de prescription, la destruction de preuves (comme les registres médicaux) et le manque de concordance entre les actes du médecin et les dispositions du droit civil et pénal, rendent très difficile sa condamnation[8, 14, 41]. La non reconnaissance sociale se double par conséquent d’une non reconnaissance juridique. Si le droit, en l’état actuel des choses, ne permet pas de condamner l’insémination frauduleuse, les auteurs proposent la voie législative comme levier d’actions tout en précisant que ce le levier a été impulsé par les personnes directement concernées par l’insémination frauduleuse[14, 23, 25] [24]. Le processus et les dispositions des lois votées dans certains états américains sont décrites dans différents articles[8, 14] et la nécessité de les étendre à d’autres états est mise de l’avant[8, 25]. Si la littérature permet d’éclairer les répercussions de l’insémination frauduleuse et la nécessité de changer de telles pratiques, à notre connaissance, aucune étude n’examine sociologiquement le processus par lequel les revendications en matière d’insémination frauduleuse sont formulées et diffusées, d’une part, et reçues et traitées, de l’autre.
3. Cadre de recherche
Pour pallier cette lacune, nous nous appuyons sur la théorie de la construction des problèmes sociaux[45-51] afin d’examiner comment l’insémination frauduleuse a été définie comme un problème social qui requiert une réponse réglementaire. Selon ce cadre, les problèmes sociaux se construisent à partir d’activités entreprises par des individus ou des groupes consistant à formuler des griefs ou des revendications en lien avec une situation particulière, perçue comme indésirable, et ce, dans le but de la transformer[51]. Dans ce processus de construction d’un problème social, interviennent, d’un côté, les personnes à l’origine des revendications (claim-makers) qui mènent des activités de requête; de l’autre, les personnes qui qui mènent des activités de réponse en jugeant et en évaluant l’importance de ces revendications (audiences)[51]. Depuis son élaboration en 1977 par Spector et Kitsuse[52], ce cadre a connu un important retentissement en sciences sociales[38, 53-55] et a été mobilisé dans l’examen de plusieurs problèmes sociaux : la maltraitance envers les enfants[56]; la conduite en état d’ébriété[57]; la violence faite aux femmes[58]; la pédocriminalité[59]; l’intimidation[60], ou encore l’anonymat des donneurs de gamètes[38]. Le plus grand apport de ce cadre a été de compléter l’examen des problèmes sociaux en y incluant la part subjective qui les sous-tend[45, 47, 48, 53, 55]. Autrement dit, en plus des conditions objectives dans lesquels ils émergent, les problèmes sociaux se définissent en fonction des significations qu’en ont les acteurs et des activités sociales qui leur donnent forme[45, 47, 48, 53, 55]. Par ailleurs, ce cadre a permis de proposer une analyse historique de l’évolution définitionnelle des problèmes sociaux[38, 54]. Le modèle chronologique élaboré par Spector et Kitsuse[51] (natural history model) ne se limite pas pour autant à retracer chronologiquement les événements qui marquent la reconnaissance publique d’une condition en termes de « problème social », il consiste surtout à identifier les étapes communes par lesquelles une condition sociale est perçue comme un problème[54]. Aussi, ils cernent quatre étapes[51]. La 1re étape concerne les activités par lesquelles le groupe ou les individus tentent d’affirmer l’existence d’une situation, de la définir comme offensante, préjudiciable ou indésirable, de faire connaître publiquement leurs revendications et de la transformer en enjeu public ou politique. À cette étape, des stratégies sont mises en œuvre pour faire valoir ces affirmations et acquérir du soutien en construisant une controverse publique. À la 2e étape, la légitimité des revendications acquiert une reconnaissance officielle (des pouvoirs publics). Cela peut mener à des propositions de réformes, une enquête officielle ou la création d’une agence qui traite ces revendications. La 3e étape se définit par l’émergence de revendications et de requêtes supplémentaires, qui découlent d’un mécontentement par rapport aux mesures prises (à l’étape 2). Enfin, la 4e étape implique le rejet par le groupe à l’origine des revendications des mesures prises et l’exploration de voies alternatives. Bien sûr, la construction et la légitimation d’un problème social est trop complexe pour être expliquée selon un modèle linéaire[38, 51], mais ces étapes serviront de balises dans l’examen de la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse. En revanche, ce cadre a été critiqué pour l’attention insuffisante qu’il accorde au contexte social dans lequel s’inscrivent les revendications sociales[47-50, 53, 55, 61]. Or, la prise en compte du contexte est essentielle pour comprendre les activités de requête et de réponse : qui les mènent, sur quoi elles portent, le moment et le lieu où elles surviennent, comment et pourquoi elles se présentent? [47-49, 61] Dans le projet proposé, une attention particulière sera accordée au contexte des médias sociaux et des institutions politiques[48, 50, 61, 62] dans la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse.
4. Importance, originalité et contribution du projet de recherche
Depuis plusieurs années, les préoccupations concernant la procréation médicalement assistée sont manifestes[72-74]. Cela est vrai au Québec, comme en témoignent des rapports publiés depuis 10 ans par différentes instances[72, 75, 76] réclamant un meilleur encadrement de ces pratiques. Il en va de même à l’échelle nationale où le gouvernement a tenu une consultation publique en 2017-2018 visant à renforcer la loi sur la procréation assistée.[77] L’insémination frauduleuse s’inscrit dans ces préoccupations puisqu’elle soulève des questions, entre autres, de consentement libre et éclairé, d’autonomie et de bien-être du patient, d’abus de pouvoir, d’abus de confiance[26], et qu’elle entraîne des répercussions psychosociales considérables[26]. Or, si l’on veut saisir les transformations en matière de PMA, il est important d’examiner les forces à l’œuvre, y compris celles qui émanent de la société civile. En l’occurrence, les revendications sociales qui émergent en matière d’insémination frauduleuse bousculent le statu quo en matière de PMA. Il est donc important d’examiner le processus par lequel ces revendications se transforment (ou non) en réponse réglementaire. Par ailleurs, l’insémination frauduleuse demeure un phénomène très peu documenté, comme le démontrent la récence et la rareté des écrits scientifiques à ce sujet[44]. L’expérience subjective des personnes concernées est soit évacuée des débats bioéthiques, soit traitée de manière « sensationnaliste » dans certains médias. De plus, si les luttes sociales en contexte de santé ont retenu l’attention des chercheurs ces 20 dernières années, le contexte des technologies reproductives reste peu, voire sous-documenté. L’originalité de ce projet réside dans le fait de croiser deux champs de recherche qui se tournaient le dos jusqu’ici et de redonner ainsi aux personnes concernées par l’insémination frauduleuse toute leur agentivité en mettant en lumière les processus par lesquels elles deviennent des acteurs de changement social. Enfin, les données empiriques générées auront comme contributions de nourrir le débat social en proposant des pistes d’action grâce à la rédaction d’une note politique à l’intention des décideurs.

S’agit-il d’un cadre théorique ou d’un cadre conceptuel? Justifiez votre réponse

A

Cet article s’agit d’un cadre théorique. C’est un cadre théorique car, en premier lieu, la section du cadre de recherche s’appuie sur la théorie de la construction des problèmes sociaux. De plus, les objectifs de cet article permettent de mieux dresser un portrait de la problématique social ainsi que de complémenter la théorie utilisée. (Zeghiche, 2022).
Commentaire prof : les concepts de la maltraitance sont juste des exemples de phénomènes qui ont été étudiés en mobilisant la théorie des problèmes sociaux. Ils ne font pas partie du cadre théorique retenu.

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La pertinence sociale
Le cadre de recherche: 1. Contexte et objectifs de recherche
Développée depuis la fin du 19e siècle, l’insémination artificielle représente aujourd’hui la pratique de procréation médicalement assistée (PMA) la plus courante[1]. Au Canada, environ 8 000 personnes y recourent chaque année, toute configuration familiale confondue[2]. Or, bien que la plupart des pays aient mis en œuvre un certain nombre de mesures pour l’encadrer, l’insémination artificielle demeure la pratique de PMA la moins régulée[3, 4] et plusieurs déplorent que des enjeux importants (comme la tenue, la conservation et la mise à jour des dossiers des donneurs, la vérification de leurs antécédents médicaux, le dépistage génétique, etc.)[3, 5, 6] soient laissés à la discrétion des cliniques/banques de sperme ou fassent l’objet uniquement de recommandations professionnelles, sans que l’on ne puisse en vérifier ou en exiger la mise en pratique[3]. Une étude menée par l’organisme US Donor Conceived Council révèle pourtant que la plupart des banques de sperme américaines ne se plient pas aux recommandations de l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM)[7]. Au Canada, en cas de manquements ou d’accidents dans les procédures de gestion de la qualité des dons de sperme, ce sont les établissements eux-mêmes qui sont responsables de mener des enquêtes et de rédiger des rapports[8, 9]. On voit bien là les limites de l’auto-régulation de l’insémination artificielle. Cette situation a donné lieu à un certain nombre de dérives[10-13], dont l’insémination frauduleuse. Celle-ci survient lorsque le médecin qui pratique l’insémination substitue sciemment l’échantillon de sperme choisi par les parents par un échantillon de sperme différent (celui d’un autre donneur, d’un autre patient de la clinique ou du médecin lui-même), et ce, à l’insu des parents et sans leur consentement[14]. Pendant plus de 40 ans, des médecins ont pratiqué des inséminations frauduleuses sans jamais être inquiétés, profitant d’un vide juridique en la matière[4, 8, 15]. Aujourd’hui, on recense environ une cinquantaine de médecins ayant commis de tels actes en Amérique du Nord[16-20], en Amérique du Sud[21], en Europe[22], et en Afrique[21]. Près de 500 cas d’insémination frauduleuse ont été découverts[21], dont les plus récents ont eu lieu au début des années 2010[15]. Avec la médiatisation de ces cas et le recours croissant aux tests ADN commerciaux et aux sites de généalogie, ces chiffres vont vraisemblablement augmenter.[23-25] Cela étant, la mise au jour de l’insémination frauduleuse ne conduit pas nécessairement à sa condamnation sociale et juridique[14, 15, 23, 26]. En réaction à ce manque de reconnaissance et dans le sillage des instances qui militent en faveur des droits des personnes conçues par don et de leurs familles, un certain nombre de revendications sociales commencent à se faire entendre pour faire reconnaître les répercussions psychologiques et sociales de l’insémination frauduleuse et prendre des mesures préventives[27] et punitives en la matière[4]. Avec les développements en matière biomédicale, les chercheurs observent en effet une remise en question de l’expertise scientifique et l’émergence de nouvelles formes d’agentivité, d’autonomisation, de résistance[28-31]. Si ces enjeux ont été largement documentés ces 20 dernières années dans d’autres contextes de santé[28, 29, 32-37], ils l’ont très peu été dans le champ de la procréation assistée[28]. Or, les transformations les plus significatives qu’a connues ce champ ont été impulsées par ces revendications sociales, comme la levée de l’anonymat des donneurs[38-40]. Aujourd’hui, un mouvement comparable s’observe en matière d’insémination frauduleuse[4]. Étant donné les liens qui unissent le bio-marché de l’insémination artificielle au Canada et aux États-Unis[3] et la prééminence des revendications contre l’insémination frauduleuse dans ces deux pays[14], nous nous proposons d’examiner le processus par lequel un certain nombre d’acteurs canadiens et américains œuvrent à définir l’insémination frauduleuse comme un problème social qui demande une réponse réglementaire. Plus précisément, il s’agira de poursuivre les objectifs suivants : 1) cerner l’émergence, la nature et l’évolution des revendications en matière d’insémination frauduleuse; 2) identifier les acteurs qui formulent ces revendications; les buts qu’ils poursuivent; les stratégies qu’ils mettent en œuvre; 3) analyser les enjeux structurels qui entravent ou favorisent la traduction de ces revendications en réponse réglementaire.
2. Recension des écrits
Très peu de recherches ont été menées sur l’insémination frauduleuse[8, 14, 15, 23-26, 41-44]. La plupart des écrits sur ce sujet sont des articles juridiques qui détaillent les cas des médecins dont les actes frauduleux ont été mis au jour, les principes éthiques qu’ils piétinent, la difficulté de les poursuivre en justice et la nécessité de changer la législation pour que l’insémination frauduleuse soit condamnée sur le plan civil et pénal [8, 14, 15, 23-26, 41, 42]. À notre connaissance, seuls trois articles contiennent des données empiriques sur les répercussions psychosociales de l’insémination frauduleuse [14, 43, 44]. Mais tous ont pour point commun de souligner le manque de reconnaissance sociale et juridique qui entoure ce phénomène. En effet, l’expérience des personnes concernées est invisibilisée et les répercussions sur elles minimisées[14, 44]. Certains écrits mettent d’ailleurs en lumière les représentations sociales qui entourent les personnes qui ont recours à la PMA pour fonder une famille[14, 23]. L’étiquette de « personnes désespérées » qui leur est accolée fait en sorte que la concrétisation de leur projet parental rend caduques les circonstances contestables entourant leur insémination[14, 44]. De plus, lorsque le médecin a utilisé son propre sperme lors de l’insémination, le prestige social associé à son statut fait écran à l’aspect préjudiciable de l’insémination frauduleuse[14]. Or, les recherches empiriques sur l’expérience des personnes concernées révèlent que cet acte n’a rien d’anodin[14, 43, 44]. Certaines mères le comparent à un viol[14] et tous décrivent la découverte de l’insémination frauduleuse comme un choc qui génère un sentiment de honte, de colère, de dégoût[14, 43, 44]. Pour certaines personnes issues de ce type de conception, cela remet en question leurs fondements identitaires[14]. Lorsque la découverte de l’insémination frauduleuse coïncide avec le dévoilement de la conception par dons de sperme, cela peut représenter un double traumatisme, dont les effets psychologiques et les répercussions sur les relations familiales perdurent dans le temps[14, 43, 44]. De plus, l’insémination frauduleuse entraîne un deuil du projet parental, des inquiétudes par rapport à l’identité ou aux antécédents médicaux du « donneur », une redéfinition des contours biologiques et un affaiblissement des liens de filiation[43, 44]. Ces travaux empiriques montrent ainsi que la souffrance et les ramifications profondes qui découlent de l’insémination frauduleuse se heurtent à un contexte social de rapports inégaux entre des médecins auréolés de prestige de par leur position socioéconomique et des « patient.e.s » aux prises avec des enjeux de fertilité. Par ailleurs, les parents victimes d’insémination frauduleuse hésitent à entamer des poursuites judiciaires contre le médecin de peur de l’impact que cela pourrait avoir sur eux et sur leur famille[23]. Ceux qui décident de saisir la justice sont souvent déçus par la réponse judiciaire[14, 15, 23-26, 42]. En effet, même si l’insémination frauduleuse devrait en théorie donner lieu à des actions civiles (pour faute professionnelle médicale, fraude, acte de violence) et pénales (pour agression sexuelle dans le cas où le médecin a utilisé son propre sperme)[8, 14, 23], les délais de prescription, la destruction de preuves (comme les registres médicaux) et le manque de concordance entre les actes du médecin et les dispositions du droit civil et pénal, rendent très difficile sa condamnation[8, 14, 41]. La non reconnaissance sociale se double par conséquent d’une non reconnaissance juridique. Si le droit, en l’état actuel des choses, ne permet pas de condamner l’insémination frauduleuse, les auteurs proposent la voie législative comme levier d’actions tout en précisant que ce le levier a été impulsé par les personnes directement concernées par l’insémination frauduleuse[14, 23, 25] [24]. Le processus et les dispositions des lois votées dans certains états américains sont décrites dans différents articles[8, 14] et la nécessité de les étendre à d’autres états est mise de l’avant[8, 25]. Si la littérature permet d’éclairer les répercussions de l’insémination frauduleuse et la nécessité de changer de telles pratiques, à notre connaissance, aucune étude n’examine sociologiquement le processus par lequel les revendications en matière d’insémination frauduleuse sont formulées et diffusées, d’une part, et reçues et traitées, de l’autre.
3. Cadre de recherche
Pour pallier cette lacune, nous nous appuyons sur la théorie de la construction des problèmes sociaux[45-51] afin d’examiner comment l’insémination frauduleuse a été définie comme un problème social qui requiert une réponse réglementaire. Selon ce cadre, les problèmes sociaux se construisent à partir d’activités entreprises par des individus ou des groupes consistant à formuler des griefs ou des revendications en lien avec une situation particulière, perçue comme indésirable, et ce, dans le but de la transformer[51]. Dans ce processus de construction d’un problème social, interviennent, d’un côté, les personnes à l’origine des revendications (claim-makers) qui mènent des activités de requête; de l’autre, les personnes qui qui mènent des activités de réponse en jugeant et en évaluant l’importance de ces revendications (audiences)[51]. Depuis son élaboration en 1977 par Spector et Kitsuse[52], ce cadre a connu un important retentissement en sciences sociales[38, 53-55] et a été mobilisé dans l’examen de plusieurs problèmes sociaux : la maltraitance envers les enfants[56]; la conduite en état d’ébriété[57]; la violence faite aux femmes[58]; la pédocriminalité[59]; l’intimidation[60], ou encore l’anonymat des donneurs de gamètes[38]. Le plus grand apport de ce cadre a été de compléter l’examen des problèmes sociaux en y incluant la part subjective qui les sous-tend[45, 47, 48, 53, 55]. Autrement dit, en plus des conditions objectives dans lesquels ils émergent, les problèmes sociaux se définissent en fonction des significations qu’en ont les acteurs et des activités sociales qui leur donnent forme[45, 47, 48, 53, 55]. Par ailleurs, ce cadre a permis de proposer une analyse historique de l’évolution définitionnelle des problèmes sociaux[38, 54]. Le modèle chronologique élaboré par Spector et Kitsuse[51] (natural history model) ne se limite pas pour autant à retracer chronologiquement les événements qui marquent la reconnaissance publique d’une condition en termes de « problème social », il consiste surtout à identifier les étapes communes par lesquelles une condition sociale est perçue comme un problème[54]. Aussi, ils cernent quatre étapes[51]. La 1re étape concerne les activités par lesquelles le groupe ou les individus tentent d’affirmer l’existence d’une situation, de la définir comme offensante, préjudiciable ou indésirable, de faire connaître publiquement leurs revendications et de la transformer en enjeu public ou politique. À cette étape, des stratégies sont mises en œuvre pour faire valoir ces affirmations et acquérir du soutien en construisant une controverse publique. À la 2e étape, la légitimité des revendications acquiert une reconnaissance officielle (des pouvoirs publics). Cela peut mener à des propositions de réformes, une enquête officielle ou la création d’une agence qui traite ces revendications. La 3e étape se définit par l’émergence de revendications et de requêtes supplémentaires, qui découlent d’un mécontentement par rapport aux mesures prises (à l’étape 2). Enfin, la 4e étape implique le rejet par le groupe à l’origine des revendications des mesures prises et l’exploration de voies alternatives. Bien sûr, la construction et la légitimation d’un problème social est trop complexe pour être expliquée selon un modèle linéaire[38, 51], mais ces étapes serviront de balises dans l’examen de la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse. En revanche, ce cadre a été critiqué pour l’attention insuffisante qu’il accorde au contexte social dans lequel s’inscrivent les revendications sociales[47-50, 53, 55, 61]. Or, la prise en compte du contexte est essentielle pour comprendre les activités de requête et de réponse : qui les mènent, sur quoi elles portent, le moment et le lieu où elles surviennent, comment et pourquoi elles se présentent? [47-49, 61] Dans le projet proposé, une attention particulière sera accordée au contexte des médias sociaux et des institutions politiques[48, 50, 61, 62] dans la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse.
4. Importance, originalité et contribution du projet de recherche
Depuis plusieurs années, les préoccupations concernant la procréation médicalement assistée sont manifestes[72-74]. Cela est vrai au Québec, comme en témoignent des rapports publiés depuis 10 ans par différentes instances[72, 75, 76] réclamant un meilleur encadrement de ces pratiques. Il en va de même à l’échelle nationale où le gouvernement a tenu une consultation publique en 2017-2018 visant à renforcer la loi sur la procréation assistée.[77] L’insémination frauduleuse s’inscrit dans ces préoccupations puisqu’elle soulève des questions, entre autres, de consentement libre et éclairé, d’autonomie et de bien-être du patient, d’abus de pouvoir, d’abus de confiance[26], et qu’elle entraîne des répercussions psychosociales considérables[26]. Or, si l’on veut saisir les transformations en matière de PMA, il est important d’examiner les forces à l’œuvre, y compris celles qui émanent de la société civile. En l’occurrence, les revendications sociales qui émergent en matière d’insémination frauduleuse bousculent le statu quo en matière de PMA. Il est donc important d’examiner le processus par lequel ces revendications se transforment (ou non) en réponse réglementaire. Par ailleurs, l’insémination frauduleuse demeure un phénomène très peu documenté, comme le démontrent la récence et la rareté des écrits scientifiques à ce sujet[44]. L’expérience subjective des personnes concernées est soit évacuée des débats bioéthiques, soit traitée de manière « sensationnaliste » dans certains médias. De plus, si les luttes sociales en contexte de santé ont retenu l’attention des chercheurs ces 20 dernières années, le contexte des technologies reproductives reste peu, voire sous-documenté. L’originalité de ce projet réside dans le fait de croiser deux champs de recherche qui se tournaient le dos jusqu’ici et de redonner ainsi aux personnes concernées par l’insémination frauduleuse toute leur agentivité en mettant en lumière les processus par lesquels elles deviennent des acteurs de changement social. Enfin, les données empiriques générées auront comme contributions de nourrir le débat social en proposant des pistes d’action grâce à la rédaction d’une note politique à l’intention des décideurs.

Dans vos propres mots, expliquez la pertinence sociale de la recherche

A

Sur le plan social, cette recherche a pour objectif de stimuler et enrichir des discussions. En effet, elle suggère des mesures concrètes, à travers un document d’orientation destiné aux responsables politiques (Zeghiche, 2022). + ça touche pas mal de personnes et que cela a des répercussions importantes sur les personnes concernées

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La pertinence scientifique
Le cadre de recherche: 1. Contexte et objectifs de recherche
Développée depuis la fin du 19e siècle, l’insémination artificielle représente aujourd’hui la pratique de procréation médicalement assistée (PMA) la plus courante[1]. Au Canada, environ 8 000 personnes y recourent chaque année, toute configuration familiale confondue[2]. Or, bien que la plupart des pays aient mis en œuvre un certain nombre de mesures pour l’encadrer, l’insémination artificielle demeure la pratique de PMA la moins régulée[3, 4] et plusieurs déplorent que des enjeux importants (comme la tenue, la conservation et la mise à jour des dossiers des donneurs, la vérification de leurs antécédents médicaux, le dépistage génétique, etc.)[3, 5, 6] soient laissés à la discrétion des cliniques/banques de sperme ou fassent l’objet uniquement de recommandations professionnelles, sans que l’on ne puisse en vérifier ou en exiger la mise en pratique[3]. Une étude menée par l’organisme US Donor Conceived Council révèle pourtant que la plupart des banques de sperme américaines ne se plient pas aux recommandations de l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM)[7]. Au Canada, en cas de manquements ou d’accidents dans les procédures de gestion de la qualité des dons de sperme, ce sont les établissements eux-mêmes qui sont responsables de mener des enquêtes et de rédiger des rapports[8, 9]. On voit bien là les limites de l’auto-régulation de l’insémination artificielle. Cette situation a donné lieu à un certain nombre de dérives[10-13], dont l’insémination frauduleuse. Celle-ci survient lorsque le médecin qui pratique l’insémination substitue sciemment l’échantillon de sperme choisi par les parents par un échantillon de sperme différent (celui d’un autre donneur, d’un autre patient de la clinique ou du médecin lui-même), et ce, à l’insu des parents et sans leur consentement[14]. Pendant plus de 40 ans, des médecins ont pratiqué des inséminations frauduleuses sans jamais être inquiétés, profitant d’un vide juridique en la matière[4, 8, 15]. Aujourd’hui, on recense environ une cinquantaine de médecins ayant commis de tels actes en Amérique du Nord[16-20], en Amérique du Sud[21], en Europe[22], et en Afrique[21]. Près de 500 cas d’insémination frauduleuse ont été découverts[21], dont les plus récents ont eu lieu au début des années 2010[15]. Avec la médiatisation de ces cas et le recours croissant aux tests ADN commerciaux et aux sites de généalogie, ces chiffres vont vraisemblablement augmenter.[23-25] Cela étant, la mise au jour de l’insémination frauduleuse ne conduit pas nécessairement à sa condamnation sociale et juridique[14, 15, 23, 26]. En réaction à ce manque de reconnaissance et dans le sillage des instances qui militent en faveur des droits des personnes conçues par don et de leurs familles, un certain nombre de revendications sociales commencent à se faire entendre pour faire reconnaître les répercussions psychologiques et sociales de l’insémination frauduleuse et prendre des mesures préventives[27] et punitives en la matière[4]. Avec les développements en matière biomédicale, les chercheurs observent en effet une remise en question de l’expertise scientifique et l’émergence de nouvelles formes d’agentivité, d’autonomisation, de résistance[28-31]. Si ces enjeux ont été largement documentés ces 20 dernières années dans d’autres contextes de santé[28, 29, 32-37], ils l’ont très peu été dans le champ de la procréation assistée[28]. Or, les transformations les plus significatives qu’a connues ce champ ont été impulsées par ces revendications sociales, comme la levée de l’anonymat des donneurs[38-40]. Aujourd’hui, un mouvement comparable s’observe en matière d’insémination frauduleuse[4]. Étant donné les liens qui unissent le bio-marché de l’insémination artificielle au Canada et aux États-Unis[3] et la prééminence des revendications contre l’insémination frauduleuse dans ces deux pays[14], nous nous proposons d’examiner le processus par lequel un certain nombre d’acteurs canadiens et américains œuvrent à définir l’insémination frauduleuse comme un problème social qui demande une réponse réglementaire. Plus précisément, il s’agira de poursuivre les objectifs suivants : 1) cerner l’émergence, la nature et l’évolution des revendications en matière d’insémination frauduleuse; 2) identifier les acteurs qui formulent ces revendications; les buts qu’ils poursuivent; les stratégies qu’ils mettent en œuvre; 3) analyser les enjeux structurels qui entravent ou favorisent la traduction de ces revendications en réponse réglementaire.
2. Recension des écrits
Très peu de recherches ont été menées sur l’insémination frauduleuse[8, 14, 15, 23-26, 41-44]. La plupart des écrits sur ce sujet sont des articles juridiques qui détaillent les cas des médecins dont les actes frauduleux ont été mis au jour, les principes éthiques qu’ils piétinent, la difficulté de les poursuivre en justice et la nécessité de changer la législation pour que l’insémination frauduleuse soit condamnée sur le plan civil et pénal [8, 14, 15, 23-26, 41, 42]. À notre connaissance, seuls trois articles contiennent des données empiriques sur les répercussions psychosociales de l’insémination frauduleuse [14, 43, 44]. Mais tous ont pour point commun de souligner le manque de reconnaissance sociale et juridique qui entoure ce phénomène. En effet, l’expérience des personnes concernées est invisibilisée et les répercussions sur elles minimisées[14, 44]. Certains écrits mettent d’ailleurs en lumière les représentations sociales qui entourent les personnes qui ont recours à la PMA pour fonder une famille[14, 23]. L’étiquette de « personnes désespérées » qui leur est accolée fait en sorte que la concrétisation de leur projet parental rend caduques les circonstances contestables entourant leur insémination[14, 44]. De plus, lorsque le médecin a utilisé son propre sperme lors de l’insémination, le prestige social associé à son statut fait écran à l’aspect préjudiciable de l’insémination frauduleuse[14]. Or, les recherches empiriques sur l’expérience des personnes concernées révèlent que cet acte n’a rien d’anodin[14, 43, 44]. Certaines mères le comparent à un viol[14] et tous décrivent la découverte de l’insémination frauduleuse comme un choc qui génère un sentiment de honte, de colère, de dégoût[14, 43, 44]. Pour certaines personnes issues de ce type de conception, cela remet en question leurs fondements identitaires[14]. Lorsque la découverte de l’insémination frauduleuse coïncide avec le dévoilement de la conception par dons de sperme, cela peut représenter un double traumatisme, dont les effets psychologiques et les répercussions sur les relations familiales perdurent dans le temps[14, 43, 44]. De plus, l’insémination frauduleuse entraîne un deuil du projet parental, des inquiétudes par rapport à l’identité ou aux antécédents médicaux du « donneur », une redéfinition des contours biologiques et un affaiblissement des liens de filiation[43, 44]. Ces travaux empiriques montrent ainsi que la souffrance et les ramifications profondes qui découlent de l’insémination frauduleuse se heurtent à un contexte social de rapports inégaux entre des médecins auréolés de prestige de par leur position socioéconomique et des « patient.e.s » aux prises avec des enjeux de fertilité. Par ailleurs, les parents victimes d’insémination frauduleuse hésitent à entamer des poursuites judiciaires contre le médecin de peur de l’impact que cela pourrait avoir sur eux et sur leur famille[23]. Ceux qui décident de saisir la justice sont souvent déçus par la réponse judiciaire[14, 15, 23-26, 42]. En effet, même si l’insémination frauduleuse devrait en théorie donner lieu à des actions civiles (pour faute professionnelle médicale, fraude, acte de violence) et pénales (pour agression sexuelle dans le cas où le médecin a utilisé son propre sperme)[8, 14, 23], les délais de prescription, la destruction de preuves (comme les registres médicaux) et le manque de concordance entre les actes du médecin et les dispositions du droit civil et pénal, rendent très difficile sa condamnation[8, 14, 41]. La non reconnaissance sociale se double par conséquent d’une non reconnaissance juridique. Si le droit, en l’état actuel des choses, ne permet pas de condamner l’insémination frauduleuse, les auteurs proposent la voie législative comme levier d’actions tout en précisant que ce le levier a été impulsé par les personnes directement concernées par l’insémination frauduleuse[14, 23, 25] [24]. Le processus et les dispositions des lois votées dans certains états américains sont décrites dans différents articles[8, 14] et la nécessité de les étendre à d’autres états est mise de l’avant[8, 25]. Si la littérature permet d’éclairer les répercussions de l’insémination frauduleuse et la nécessité de changer de telles pratiques, à notre connaissance, aucune étude n’examine sociologiquement le processus par lequel les revendications en matière d’insémination frauduleuse sont formulées et diffusées, d’une part, et reçues et traitées, de l’autre.
3. Cadre de recherche
Pour pallier cette lacune, nous nous appuyons sur la théorie de la construction des problèmes sociaux[45-51] afin d’examiner comment l’insémination frauduleuse a été définie comme un problème social qui requiert une réponse réglementaire. Selon ce cadre, les problèmes sociaux se construisent à partir d’activités entreprises par des individus ou des groupes consistant à formuler des griefs ou des revendications en lien avec une situation particulière, perçue comme indésirable, et ce, dans le but de la transformer[51]. Dans ce processus de construction d’un problème social, interviennent, d’un côté, les personnes à l’origine des revendications (claim-makers) qui mènent des activités de requête; de l’autre, les personnes qui qui mènent des activités de réponse en jugeant et en évaluant l’importance de ces revendications (audiences)[51]. Depuis son élaboration en 1977 par Spector et Kitsuse[52], ce cadre a connu un important retentissement en sciences sociales[38, 53-55] et a été mobilisé dans l’examen de plusieurs problèmes sociaux : la maltraitance envers les enfants[56]; la conduite en état d’ébriété[57]; la violence faite aux femmes[58]; la pédocriminalité[59]; l’intimidation[60], ou encore l’anonymat des donneurs de gamètes[38]. Le plus grand apport de ce cadre a été de compléter l’examen des problèmes sociaux en y incluant la part subjective qui les sous-tend[45, 47, 48, 53, 55]. Autrement dit, en plus des conditions objectives dans lesquels ils émergent, les problèmes sociaux se définissent en fonction des significations qu’en ont les acteurs et des activités sociales qui leur donnent forme[45, 47, 48, 53, 55]. Par ailleurs, ce cadre a permis de proposer une analyse historique de l’évolution définitionnelle des problèmes sociaux[38, 54]. Le modèle chronologique élaboré par Spector et Kitsuse[51] (natural history model) ne se limite pas pour autant à retracer chronologiquement les événements qui marquent la reconnaissance publique d’une condition en termes de « problème social », il consiste surtout à identifier les étapes communes par lesquelles une condition sociale est perçue comme un problème[54]. Aussi, ils cernent quatre étapes[51]. La 1re étape concerne les activités par lesquelles le groupe ou les individus tentent d’affirmer l’existence d’une situation, de la définir comme offensante, préjudiciable ou indésirable, de faire connaître publiquement leurs revendications et de la transformer en enjeu public ou politique. À cette étape, des stratégies sont mises en œuvre pour faire valoir ces affirmations et acquérir du soutien en construisant une controverse publique. À la 2e étape, la légitimité des revendications acquiert une reconnaissance officielle (des pouvoirs publics). Cela peut mener à des propositions de réformes, une enquête officielle ou la création d’une agence qui traite ces revendications. La 3e étape se définit par l’émergence de revendications et de requêtes supplémentaires, qui découlent d’un mécontentement par rapport aux mesures prises (à l’étape 2). Enfin, la 4e étape implique le rejet par le groupe à l’origine des revendications des mesures prises et l’exploration de voies alternatives. Bien sûr, la construction et la légitimation d’un problème social est trop complexe pour être expliquée selon un modèle linéaire[38, 51], mais ces étapes serviront de balises dans l’examen de la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse. En revanche, ce cadre a été critiqué pour l’attention insuffisante qu’il accorde au contexte social dans lequel s’inscrivent les revendications sociales[47-50, 53, 55, 61]. Or, la prise en compte du contexte est essentielle pour comprendre les activités de requête et de réponse : qui les mènent, sur quoi elles portent, le moment et le lieu où elles surviennent, comment et pourquoi elles se présentent? [47-49, 61] Dans le projet proposé, une attention particulière sera accordée au contexte des médias sociaux et des institutions politiques[48, 50, 61, 62] dans la construction du problème social qu’est l’insémination frauduleuse.
4. Importance, originalité et contribution du projet de recherche
Depuis plusieurs années, les préoccupations concernant la procréation médicalement assistée sont manifestes[72-74]. Cela est vrai au Québec, comme en témoignent des rapports publiés depuis 10 ans par différentes instances[72, 75, 76] réclamant un meilleur encadrement de ces pratiques. Il en va de même à l’échelle nationale où le gouvernement a tenu une consultation publique en 2017-2018 visant à renforcer la loi sur la procréation assistée.[77] L’insémination frauduleuse s’inscrit dans ces préoccupations puisqu’elle soulève des questions, entre autres, de consentement libre et éclairé, d’autonomie et de bien-être du patient, d’abus de pouvoir, d’abus de confiance[26], et qu’elle entraîne des répercussions psychosociales considérables[26]. Or, si l’on veut saisir les transformations en matière de PMA, il est important d’examiner les forces à l’œuvre, y compris celles qui émanent de la société civile. En l’occurrence, les revendications sociales qui émergent en matière d’insémination frauduleuse bousculent le statu quo en matière de PMA. Il est donc important d’examiner le processus par lequel ces revendications se transforment (ou non) en réponse réglementaire. Par ailleurs, l’insémination frauduleuse demeure un phénomène très peu documenté, comme le démontrent la récence et la rareté des écrits scientifiques à ce sujet[44]. L’expérience subjective des personnes concernées est soit évacuée des débats bioéthiques, soit traitée de manière « sensationnaliste » dans certains médias. De plus, si les luttes sociales en contexte de santé ont retenu l’attention des chercheurs ces 20 dernières années, le contexte des technologies reproductives reste peu, voire sous-documenté. L’originalité de ce projet réside dans le fait de croiser deux champs de recherche qui se tournaient le dos jusqu’ici et de redonner ainsi aux personnes concernées par l’insémination frauduleuse toute leur agentivité en mettant en lumière les processus par lesquels elles deviennent des acteurs de changement social. Enfin, les données empiriques générées auront comme contributions de nourrir le débat social en proposant des pistes d’action grâce à la rédaction d’une note politique à l’intention des décideurs. -

Dans vos propres mots, expliquez la pertinence scientifique de cette recherch

A

en plus d’examiner un phénomène (l’insémination frauduleuse) qui a très peu retenu l’attention des chercheurs, cette recherche permet d’examiner les luttes sociales en contexte de PMA, ce qui reste peu, voire sous-documenté.

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Quelle est la différence entre la réalité objective et la réalité subjective ? Exemple

A

Objectif : Un tableau dans une galerie est un exemple de réalité objective. Le tableau lui-même existe indépendamment de vos opinions ou de votre perception.

Subjectif: Votre expérience personnelle de ce tableau, y compris vos émotions et vos pensées à son sujet, constitue la réalité subjective, spécifique à vous.

La réalité objective est le tableau en lui-même, tandis que la réalité subjective est votre expérience personnelle du tableau.

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Exemple 2: Illustrer la différence entre la réalité objective et la réalité subjective (exemple)

A

Considérons un coucher de soleil.
La réalité objective : est que le soleil se trouve sous l’horizon à un moment précis, créant des couleurs dans le ciel.

La réalité subjective : est votre propre expérience de ce coucher de soleil : les émotions qu’il suscite en vous, les nuances que vous percevez, et les souvenirs qui vous viennent à l’esprit en le regardant.

La réalité objective est le phénomène astronomique du soleil se couchant, tandis que la réalité subjective est votre expérience personnelle et émotionnelle de ce moment.

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44
Q

Quelles sont les deux grandes familles qui reposent sur ces paradigmes? En Fondements philosophiques de la recherche ?

A

(Post)positiviste: rech. quantitative : met l’accent sur la mesure des phénomènes et
l’analyse de données numériques

Interprétatif/constructiviste : rech. qualitative : met l’accent sur l’interprétation de phénomènes à partir des significations fournies par les participant.es.

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45
Q

Qu’est-ce qu’on entend par paradigme?

A

Ensemble cohérent de croyances qui façonnent notre perception du monde

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46
Q

La recherche quantitative nourrit quels paradigme(s)

A

Paradigmes: positiviste et/ou postpositiviste

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47
Q

La recherche qualitative nourrit quels paradigme(s)

A

Paradigmes : interprétatif/ constructiviste

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48
Q

Vrai ou faux : La recherche quantitative est linéaire et séquentielle ?

A

Vrai

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49
Q

Vrai ou faux : la recherche qualitative est itératif et est possible de revenir en arrière ?

A

Vrai

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50
Q

Vrai ou faux
Paradigme positiviste
La connaissance est :

Objective
➢ Imparfaite
o Probabilité
o Réfutabilité

A

Faux elle est :
objective et Absolue

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51
Q

Vrai ou faux
Paradigme post-positiviste
La connaissance est :

Objective
➢ Imparfaite
o Probabilité
o Réfutabilité

A

Vrai la connaissance est
Objective
➢ Imparfaite
o Probabilité
o Réfutabilité

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52
Q

Vrai ou faux
Paradigme Interprétatif/constructiviste
La connaissance est n’est ni
objective, ni absolue.

Elle est:
➢ Subjective
➢ Contextuelle
➢ Marquée par des rapports de pouvoir

A

Vrai

La connaissance est n’est ni
objective, ni absolue.
Elle est:
➢ Subjective
➢ Contextuelle
➢ Marquée par des rapports de pouvoir

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53
Q

Vrai ou faux : le cadre théorique contient des concepts

A

Vrai le cadre théorique contient des concepts et une théorie

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54
Q

Vrai ou faux : le cadre conceptuel contient des concepts et une théorie ?

A

Faux le cadre conceptuel contient seulement des concepts

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55
Q

Vrai ou faux : Dès qu’il y a une théorie dans un article ou recherche, c’est considéré automatiquement comme un cadre théorique ?

A

Vrai

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56
Q

Vrai ou faux : Une théorie s’élabore (induction) ou se vérifie (déduction)?

A

Vrai

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57
Q

Est-ce un postulat ?: Les enjeux économiques priment sur les autres facteurs dans l’organisation sociale

A

Oui

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58
Q

Est-ce un postulat :
La discrimination raciale est une réaction à un marché de l’emploi ethniquement segmenté
La discrimination n’est pas motivée par des différences ethniques mais cache des intérêts économiques
L’appartenance ethnique est assignée
pour légitimer le monopole des ressources

A

Non, c’est une théorie

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59
Q

Vrai ou faux : La faisabilité, Connaissances, Accessibilité du terrain, Contraintes financières et temporelles et la réflexivité sont des aspects à examiner dans le choix d’un sujet de recherche ?

A

Vrai

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60
Q

À quoi sert l’opinion reflexive ou la réflexivité dans le choix d’un sujet de recherche?

A

Si par exemple nous sommes trop impliqués dans le sujet de recherche
Si ça me touche, est-ce que ça me touche de trop près?
Est-ce que je vais pouvoir mettre à distance mes opinions personnelles?

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61
Q

À quoi sert l’acronyme SPIDER?

A

La recension des écrits :
S - “Sujet” (Subject): Il s’agit de définir clairement le sujet ou le domaine de recherche que vous examinez dans la revue de la littérature.

P - “Population” : Identifiez la population spécifique ou le groupe de personnes qui sont le sujet de votre revue de la littérature. Qui sont les sujets de recherche ?

I - “Intervention” : Si votre revue de la littérature concerne des interventions, des traitements ou des actions spécifiques, précisez-les ici.

D - “Design” : Il s’agit de décrire le type de méthodologie de recherche utilisée dans les articles que vous examinez. Par exemple, il peut s’agir d’études expérimentales, d’études de cas, d’enquêtes, etc.

E - “Résultats” (Results) : Mentionnez les résultats principaux ou les conclusions des articles inclus dans la revue de la littérature. Qu’ont découvert les auteurs des articles ?

62
Q

Qu’est-ce que la pertinence sociale dans la recension des écrits?

A

La pertinence sociale permet d’assurer que les travaux de recherche contribuent de manière significative à la société et aux besoins de la communauté, plutôt que de rester purement théoriques ou académiques. On peut également se poser la question : Pourquoi il est pertinent pour la société d’étudier ce sujet?

63
Q

Qu’est-ce que la pertinence scientifique dans la recension des écrits?

A

La pertinence scientifique permet de mener des recherches pertinentes pour avancer dans leur domaine et pour contribuer à l’ensemble de la connaissance scientifique. Permet aussi de distinguer les travaux de recherche de haute qualité de ceux qui sont moins significatifs. On peut se poser la question : qu’est ce que cette recherche apporte de nouveau ?

64
Q

Explique-moi la différence entre une source d’information empirique et une source d’information théorique avec un exemple pour chaque concept.

A

Les sources empiriques sont basées sur des données observables et mesurables, tandis que les sources théoriques reposent sur des cadres conceptuels et des idées abstraites pour expliquer des phénomènes. Terrain vs magistral

Source empirique exemple: une entrevue semi-dirigée par des familles ayant recours à la technique in-vitro

Source théorique: Un ouvrage théorique en sociologie peut proposer une théorie sur la mobilité sociale qui explique comment les individus passent d’une classe sociale à une autre.

65
Q

Explique moi la différence entre les sources primaires et les sources secondaire?

A

Les sources primaires fournissent des informations originales et directes sur un sujet.

les sources secondaires recensions des écrits, interprètent, synthétisent ou commentent ces informations pour offrir une compréhension plus approfondie.

66
Q

Qu’est ce qu’une recension exhaustive?

A

une recension exhaustive est une démarche méthodique et complète de collecte, d’analyse et de synthèse de toutes les sources pertinentes sur un sujet donné.
Exemple: faire une recherche sur tous ce qui a été écrit dans les 10 dernières années.

67
Q

Vrai ou faux: il y a 3 phases de la recension des écrits
1. Trouver la littérature
2. Trier la littérature
3. Rédiger la recension des écrits

A

Vrai ce sont les 3 phases de la recension des écrits! Se référer au PP cours 4 pour plus d’informations.

68
Q

À quoi sert la recension des écrits?

A

La recension des écrits permet de se familiariser avec la littérature existante, d’identifier des lacunes, de construire des arguments solides et de s’assurer que votre recherche est en phase avec l’état actuel des connaissances dans votre domaine.

69
Q

Vrai ou Faux : L’énoncé du but est formulé à l’aide de verbes d’action :

A

Vrai : Explorer, décrire, comprendre, élaborer, examiner (quali)
Explorer, décrire, contrôler, vérifier, prédire (quanti)

70
Q

Qu’est ce qu’un postulat?

A

Énoncé quelque chose qui n’a pas été démontré

71
Q

À quel paradigme ça appartient? P.27
Le monde et les phénomènes sont réels, et il existent indépendamment des perceptions humaine.

A

Positiviste/ post positiviste

72
Q

À quel paradigme ça appartient? P.27
La généralisation n’est pas envisagée

A

Interprétatif

73
Q

À quel paradigme ça appartient? p.27
La recherche vise à comprendre les cas et les situations individuelles

A

Interprétatif

74
Q

À quel paradigme ça appartient?
Les buts de la recherche consistent à élaborer et vérifier des hypothèses

A

Positiviste/ postpositiviste

75
Q

Quels éléments ont été recensés lors de l’extraction des données ?
- Contexte de l’étude
- Objectif de l’étude
- Cadre théorique et méthodologique
- Participants
- Échantillonnage
- Méthode de collecte et analyse de données - Principaux résultats

A

Compris

76
Q

LACUNE
Une lacune dans le contexte de la recherche fait référence à une zone ou un domaine de connaissance qui n’a pas encore été suffisamment exploré ou étudié. Les lacunes de recherche sont souvent identifiées dans la littérature existante lorsque des questions restent sans réponse ou lorsque des domaines d’intérêt potentiel n’ont pas encore été explorés en profondeur.

A

Compris

77
Q

Exemple réponse recherche secondaire

A

Il s’agit d’une source secondaire car l’article propose une synthèse d’études menées par d’autres auteurs.

78
Q

Exemple réponse recherche empirique

A

Il s’agit d’une source empirique car les études recensées sont elles-mêmes empiriques. Le résumé indique que la recension porte sur des sources primaires qualitatives et si l’on regarde le tableau des études recensées, on voit clairement qu’il s’agit d’études empiriques (qui impliquent une collecte de données).

79
Q

enjeux éthique : En matière d’éthique de la recherche, à quoi correspond cette définition : “Groupe de professionnels qui a pour mandat d’approuver, de refuser, de modifier ou d’arrêter des projets de recherche impliquant des êtres humains qui ne sont pas conformes à l’éthique”?

A

Comité d’éthique de la recherche

80
Q

Enjeux éthiques : Une fois que la recherche a reçu l’approbation éthique, le chercheur n’est plus obligé de passer par le comité éthique, même s’il apporte des modifications à sa recherche.
Question 2 Veuillez choisir une réponse.
Vrai
Faux

A

Faux

81
Q

enjeux éthiques: Si le chercheur omet de faire valider par le comité éthique les modifications apportées à sa recherche après l’obtention de son approbation éthique, son certificat éthique peut être annulé.
Question 3 Veuillez choisir une réponse.
Vrai
Faux

A

vrai

82
Q

Enjeux éthiques :En matière d’éthique de la recherche, qu’est-ce qu’on entend par le consentement libre?
Question 4 Veuillez choisir une réponse.

a.
Consentement donné par une personne qui jouit de toutes ses facultés et ne subit aucune forme de manipulation, de coercition ou de pression

b.
Un consentement donné par une personne qui possède toute l’information nécessaire pour pouvoir juger des avantages et des inconvénients de sa participation à la recherche

c.
Un consentement qui dure jusqu’à la fin de la recherche.

A

La réponse correcte est : Consentement donné par une personne qui jouit de toutes ses facultés et ne subit aucune forme de manipulation, de coercition ou de pression.

83
Q

enjeux éthiques : En matière d’éthique de la recherche, qu’est-ce qu’on entend par consentement continu?
Question 6 Veuillez choisir une réponse.

a.
Un consentement donné par une personne qui jouit de toutes ses facultés et ne subit aucune forme de manipulation, de coercition ou de pression

b.
Un consentement donné par une personne qui possède toute l’information nécessaire pour pouvoir juger des avantages et des inconvénients de sa participation à la recherche

c.
Un consentement qui dure jusqu’à la fin de la recherche.

A

La réponse correcte est : Un consentement qui dure jusqu’à la fin de la recherche.

84
Q

enjeux éthiques : En matière d’éthique de la recherche, à quoi renvoie cette définition : “Acquiescement donné volontairement par une personne pour participer à une étude”?.

A

La réponse correcte est : Consentement

85
Q

Enjeux éthiques : En matière d’éthique de la recherche, à quoi correspond cette définition : “Entente écrite signée par le chercheur et le participant à l’étude concernant les modalités de sa participation volontaire”?.

A

La réponse correcte est : Formulaire d’information et de consentement

86
Q

enjeux éthiques : À quoi fait référence le droit de garder secrètes les données recueillies durant et après l’étude?
Question 9 Veuillez choisir au moins une réponse.

a.
Respect de la vie privée

b.
Confidentialité

c.
Consentement.

A

La réponse correcte est : Confidentialité

87
Q

Enjeux éthiques : De quel principe directeur de l’Énoncé de politique des trois Conseils relèvent la réduction des inconvénients et l’optimisation des avantages?
Question 10 Veuillez choisir une réponse.

a.
Le respect de la personne

b.
La préoccupation pour le bien-être

c.
La justice.

A

La réponse correcte est : La justice

88
Q

Enjeux éthiques: En matière d’éthique, quelles personnes sont considérées comme vulnérables et auprès desquelles des mesures additionnelles doivent être prises lorsque leur participation est sollicitée dans une recherche?
Question 11 Veuillez choisir au moins une réponse.

a.
Les mineurs

b.
Toutes les personnes âgées

c.
Les majeurs inaptes

d.
Certaines personnes souffrant de troubles de santé mentale.

A

Les réponses correctes sont : Les mineurs, Les majeurs inaptes, Certaines personnes souffrant de troubles de santé mentale.

89
Q

enjeux éthiques: Quelle est la PREMIÈRE étape parmi la liste suivante où le chercheur doit impérativement avoir obtenu l’approbation éthique avant de poursuivre sa recherche?
Question 12 Réponse

a.
La planification de la collecte de données

b.
Le choix du type d’échantillonnage

c.
Le recrutement.

A

La réponse correcte est : Le recrutement

90
Q

Situation ou le consentement ne pourrait pas être libre ?.

A

Personne ayant besoin d’argent et qu’il y a une compensation , si il y a un rapport de pouvoir on ne peux plus parler du consentement libre.

91
Q

Extrait A

Le but de cette étude est de mieux comprendre [l’expérience de] la sexualité de femmes québécoises au mitan de la vie, atteintes d’un cancer du col utérin traité par radiothérapie, en tenant compte de leurs dires, de leurs valeurs et de leur contexte de vie.
Méthode
Initiée par […], [nom de l’approche retenue] est un courant épistémologique visant la compréhension des expériences vécues comme source de connaissance. [Nom de l’approche retenue] permet, à partir de matériel narratif, d’entrer dans le monde subjectif de la personne. Cette personne est, selon les postulats ontologiques de [nom de l’approche retenue], la seule à pouvoir décrire le sens accordé à ses expériences de vie, et ce, à partir de sa conscience, de son éthique de vie, de son histoire et de son contexte (Oiler-Boyd, 1981).
Le projet de recherche a été soumis au comité de recherche et d’éthique d’un centre hospitalier universitaire de Montréal, spécialisé en oncologie gynécologique et en radio-oncologie. Des médecins et infirmières travaillant dans ces secteurs de soins ont été invités à recruter des femmes lors des rendez-vous de suivi.
L’échantillon de convenance était composé de dix femmes répondant aux critères suivants : avoir entre 40 et 60 ans; avoir terminé ses traitements de radiothérapie pour un cancer du col utérin depuis au moins six mois; être francophone d’origine québécoise de souche depuis au moins deux générations. La limite liée à l’âge était justifiée par la prévalence plus marquée du cancer du col chez les femmes âgées de 40 à 60 ans (Goggin, 2005) et par le cycle de vie qui y correspond, soit le mitan de la vie ou middle age (Hunter, Sundel & Sundel, 2002).
Dix entrevues, d’une durée moyenne de 60 à 90 minutes, ont été réalisées. Au moment de l’entrevue, neuf étaient en couple depuis plus de 10 ans. Cinq participantes avaient reçu leur dernier traitement depuis moins de sept mois alors que les cinq autres l’avaient reçu depuis plus de deux ans. Toutes avaient reçu des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie externe et interne (curiethérapie).
Les données transcrites ont fait l’objet d’une analyse thématique selon la méthode proposée par Giorgi (1997), comportant ces étapes : 1) Retranscrire intégralement les entrevues; 2) S’imprégner du sens général de la narration des participants; 3) Désigner des unités de sens en isolant les mots, phrases ou idées 4) Transformer les expressions spontanées des participants en expressions plus abstraites qui révèlent leur sens; 5) Synthétiser les unités de sens (thèmes) en une description consistante et invariable (essence) du phénomène à l’étude. Selon Giorgi (1997), la rigueur scientifique d’une étude [nom de l’approche retenue] se vérifie à l’aide des critères d’authenticité et de crédibilité. L’authenticité, c’est-à-dire la correspondance des résultats avec l’expérience décrite par les participantes, a été obtenue par l’exercice de bracketing consistant à mettre en suspens les présuppositions de l’étudiante chercheuse, par les multiples lectures des entrevues ainsi que par la validation interjuge, comparant tous les résultats de l’analyse de l’étudiante avec ceux obtenus par sa directrice de recherche. La crédibilité, signifiant que les résultats correspondent à la réalité, s’obtient par une diversité des expériences vécues par les participantes et par l’utilisation des entrevues jusqu’à une certaine redondance des données recueillies (Giorgi, 1997). Le nombre de 10 femmes s’est avéré suffisant pour faire émerger une « essence » globale du phénomène de la sexualité, tout en restant fidèle à l’unicité des expériences vécues de chacune des femmes, comme en témoigneront certains extraits de verbatim dans la section des résultats. La crédibilité a également été assurée en comparant les résultats obtenus à ceux d’auteurs scientifiques connus dans le domaine concerné par l’étude.

A. Quelle approche de recherche qualitative semble la plus appropriée à cette recherche ?

A

Extrait A) L’approche phénoménologique semble être la plus appropriée pour cette recherche. Plus précisément, on parle de la phénoménologie descriptive.

92
Q

Extrait A) B. Justifiez votre réponse en identifiant TOUS les éléments pertinents dans l’extrait

A

Cet extrait comporte plusieurs éléments pertinents pour justifier l’approche choisie. En effet, leur objectif est de mieux comprendre l’expérience de la sexualité des femmes « en tenant compte de leurs dires, de leurs valeurs et de leurs contextes de vie » (). De plus, cette étude s’appuie sur du matériel narrative ce qui permet d’entrer dans « le monde subjectif de la personne» (). La méthode de collecte de donnée s’est basée sur un échantillon précis et des entrevues retranscrites qui ne laisse place à aucune interprétation. En outre, l’utilisation du terme «bracketing » rajoute un critère de rigueur afin d’éviter les biais de recherche et évite la subjectivité du chercheur. Par ailleurs, la crédibilité des participants apporte un aspect de réalité à la recherche. Enfin, l’auteur de cette rechercher compare les résultats obtenus avec d’autres études scientifiques semblables. + commentaire prof : Oui, vous auriez pu ajouter la méthode d’analyse

93
Q

Extrait A) C. Choisissez une approche qui ne s’applique pas; nommez-la et expliquez pourquoi elle ne correspond pas à la recherche en question. 0,5 point

A

L’approche de l’étude qualitative descriptive ne s’applique pas à cet extrait pour multiples raisons. D’une part, cette approche n’apporte pas de profondeur à la description du phénomène, tandis que cet extrait enrichit les données trouvées. Comme mentionnée dans l’introduction : «Le but de cette étude est de mieux comprendre […] » () et non de décrire l’expérience vécu par ces femmes. De plus, les entrevues durent entre 60 à 90 minutes par participants. En ce qui concerne la méthode de collecte de donnée, elle est plus sommaire et peut varier. Toutefois, l’approche phénoménologique est plutôt détaillée et seulement basée sur des entrevues. Enfin, l’approche descriptive décrit des événements peu connu, alors que l’approche phénoménologique développe sur des phénomènes assez connus.

94
Q

Le but de la recherche étant d’explorer la transition des perceptions de l’état de santé de femmes atteintes d’un cancer du sein, la notion de processus apparait alors pertinente pour comprendre le phénomène. Le processus exploré dans la présente étude consiste en une gamme d’émotions, de réflexions et d’actions de changement par lesquelles ont passé les femmes lors de la transition entre leurs perceptions d’être en santé et celle d’être atteinte d’un cancer du sein. La notion de processus social des phénomènes est très importante dans l’approche [retenue]. Pour [les théoriciens de cette approche], un processus est une suite d’actions, d’interactions ou d’émotions qui surviennent en réponse à un évènement, à une situation ou à un problème, comme le serait un diagnostic de cancer du sein. Ces auteurs considèrent également l’importance du contexte qui fait état des conditions dans lesquelles les femmes vivent la transition de leurs perceptions.
2. Déroulement de l’étude
2.1 Terrain d’étude
Avant de décrire le déroulement de l’étude, il convient de préciser le terrain d’étude. Ce dernier comprend trois milieux de soins où les femmes atteintes d’un cancer du sein ont été recrutées : 1) une université, 2) un centre hospitalier qui offre des soins tertiaires de la région Mauricie-Centre-du-Québec et 3) un centre hospitalier spécialisé de la région Mauricie-Centre-du-Québec.
2.2 Sélection et description des participantes
En utilisant [l’approche retenue], nous avons eu recours à un échantillonnage théorique qui a permis de choisir des participantes en fonction de leur pertinence au regard de l’élaboration des catégories conceptuelles et de leurs relations plutôt qu’à des fins de représentativité des populations (Corbin & Strauss, 2008; Glaser & Strauss, 1967). Plus précisément, l’échantillonnage théorique vise à sélectionner des femmes susceptibles de maximiser les opportunités pour comparer les évènements et approfondir les catégories sur le sujet traité (Strauss & Corbin, 1998). L’échantillon de convenance de départ est déterminé par la question de recherche. Par la suite, il est continuellement remanié en réponse aux analyses et devient un échantillonnage théorique. (…) Au fur et à mesure de l’avancement des entrevues et de l’analyse concomitante avec la comparaison constante des données recueillies et des écrits scientifiques, nous avons diversifié l’éventail de femmes pour ainsi répondre aux hypothèses inductives que l’analyse générait. Ainsi, nous avons interviewé des femmes à des moments différents de la trajectoire de la maladie chronique, soit des femmes nouvellement diagnostiquées d’un cancer, ayant vécu jusqu’à trois récidives, ayant subi une tumorectomie ou une ablation totale des seins en plus des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie, ayant été diagnostiquées avec un stade 1 localisé, en soins palliatifs. Toujours pour faire varier l’échantillon théorique et obtenir des cas extrêmes, une entrevue a été réalisée auprès d’une femme en santé non porteuse du gène BRCA1 (Breast Cancer 1) et une autre auprès d’une femme qui en était porteuse. Avec un échantillon varié, les données recueillies favorisent une compréhension et une théorisation plus riche du phénomène à l’étude (Strauss & Corbin, 1998).
(…)
2.3 Collecte des données
À la suite de l’approbation du projet de recherche par les comités d’éthique et scientifique de l’université d’attache de la deuxième et troisième auteure et des deux centres hospitaliers participants, 32 femmes ont été recrutées. Les femmes interviewées ont été rencontrées dans un lieu de leur choix (leur domicile, le bureau de la première auteure situé à l’université ou dans un café). Dans un premier temps, lors de ces rencontres, la première auteure lisait le formulaire d’information et de consentement avec les participantes, puis elle répondait aux questions lorsqu’il y avait lieu. Dans un deuxième temps, les femmes remplissaient le questionnaire sociodémographique et, dans un troisième temps, l’entrevue de type semi-directif se déroulait. Chaque participante a été rencontrée pour une seule entrevue, enregistrée en version audionumérique, d’une durée variant entre 60 et 90 minutes. Il était impossible de prévoir, avec exactitude, le nombre d’entrevues à réaliser puisque cela dépendait de la saturation théorique, c’est-à-dire le moment où aucune nouvelle donnée n’enrichissait substantiellement la théorisation du phénomène (Corbin & Strauss, 2008; Glaser & Strauss, 1967).
(…)
2.3.2 Mémos
Les mémos sont des traces écrites de toute forme d’idées méthodologiques ou théoriques qui viennent à l’esprit du chercheur au cours de sa recherche. Rédigés sporadiquement, lorsqu’une idée émergeait de l’esprit d’un des membres de l’équipe, et ce, tout long du processus de recherche, ils ont servi à documenter l’évolution de la théorie (Corbin & Strauss, 2008). (…) Voici un exemple de mémo écrit et codé à la suite d’une entrevue : « J’ai observé que les femmes semblent vivre le cancer comme un deuil. Passent-elles à travers les mêmes étapes? Est-ce que certaines catégories doivent être jumelées? »
2.4 Processus d’analyse des données
(…) L’analyse des données s’est déroulée en concomitance avec la collecte des données et simultanément à la comparaison constante des données entre elles et avec les écrits académiques, toujours dans le but de respecter le principe de circularité ou de trajectoire hélicoïdales de [l’approche retenue]. Cela s’illustre par les nombreux allers-retours entre les données recueillies lors des entrevues, le codage des mémos, l’analyse et la lecture des écrits scientifiques. Également, les discussions d’équipe généraient de nouvelles idées ou hypothèses qui modifiaient le guide d’entrevue dans le but d’étayer la théorie en développement (Corbin, 1998; Paillé, 1994). Il est important de souligner ici que les catégories émergentes ont permis de développer une nouvelle grille d’analyse au lieu d’être placées dans une grille existante découlant d’un modèle théorique ou d’une recension des écrits. Cela est dû au fait que les questions posées avaient pour but de découvrir de nouvelles idées plutôt que d’étayer une théorie.
(…) Une des étapes de l’analyse des données se fait lors du codage qui comprend trois niveaux, soit le codage ouvert, le codage axial et le codage sélectif, que nous détaillerons plus bas. A. Quelle approche de recherche qualitative semble la plus appropriée à cette recherche

A

L’approche de la théorisation enracinée semble être la plus appropriée pour cette recherche.

95
Q

Extrait B) B. Justifiez votre réponse en identifiant TOUS les éléments pertinents dans l’extrait.

A

Cet extrait comporte plusieurs éléments pertinents pour justifier l’approche choisie. Effectivement, l’objectif est «d’explorer la transition des perceptions de l’état de santé […] ». De plus, la notion de processus permet de comprendre les différents phénomènes. Cette recherche repose sur les actions, les interactions et les émotions qui consécutives à l’événement.
Par ailleurs, l’échantillonnage théorique Fait en sorte que la sélection des participants se fait au fil de la collecte de données. La question de recherche établit également un échantillon de convenance. Au cours de l’analyse, les données collectées sont continuellement comparées à la littérature scientifique. En outre, la diversité de l’échantillon permet de répondre aux hypothèses inductives, de mieux comprendre et de théoriser de manière plus approfondie le phénomène (Strauss & Corbin, 1998).
Cette recherche utilise une variété de méthodes de collecte de données. y compris des questionnaire et des entretiens semi-structurés. Le nombre d’entretiens dépend de la quantité et de la pertinence des informations théoriques.
Enfin, la démarche de recherche est utilisée pour illustrer la progression de la théorie. Il arrive que le chercheur présente des mémos écrits et coder à la suite d’un entrevue qui soulève des questions permettant de découvrir de nouvelles pistes, plutôt que d’étayer une théorie. L’étude est basée sur un processus itératif, puisque le chercheur revient sur certaines étapes au cours de la recherche. + commentaire prof : Oui. Vous auriez pu ajouter la question des mémos et le va et vient entre la collecte des données et l’analyse.

96
Q

Extrait B) C. Choisissez une approche qui ne s’applique pas; nommez-la et expliquez pourquoi elle ne correspond pas à la recherche en question.

A

L’approche phénoménologique ne s’applique pas à cet extrait pour multiples raisons. En effet, cette approche implique un échantillon de cinq à vingt personnes, alors que cet extrait comprend 32 participants. De plus, l’approche phénoménologique est basée sur la compréhension de l’expérience des personnes, tandis que la théorisation est axée sur la compréhension ou l’élaboration d’une théorie à partir de l’expérience. Finalement, la méthode de collecte de donnée est l’entretien approfondi, non dirigé et répété. La théorisation, quant à elle, repose sur des entrevues semi-dirigées et une seule rencontre par participant. + commentaire prof : Ok, mais une réponse plus adéquate aurait été l’ethnographie

97
Q

[T]he purpose of our study was to explore, with the help of the older persons and their family and formal caregivers, the meanings of [a particular behaviour:] screams in older persons living with dementia and their influencing factors.
Methods
A qualitative research design – [nom de l’approche retenue] – was selected. This form of inquiry is considered useful in psychogeriatrics to advance understanding of older persons living with dementia (Black and Rabins, 2007). Conventional [nom de l’approche retenue] describes what goes on in a culture. Critical [nom de l’approche retenue] uses the same methods but goes further by describing also what could happen, in order to stimulate reflection, empowerment and changes in the culture (Thomas, 1993). The addition of this critical component is in line with the recommendations made by Nolan et al. (2001) to develop a critical gerontology in order to have a positive influence on the social context of older people. Triangulation is an integral part of this iterative method, which requires going back and forth between sampling, data collection and data analysis (Spradley, 1979; Boyle, 1994).
Setting and participants
Participants were recruited in a Quebec (Canada) urban and multi-ethnic nursing home endowed with a team specialized in psychogeriatrics. Authorizations were obtained from the nursing home’s management and the Research Ethics Committee. Head nurses served as facilitating agents to identify participants. All persons contacted agreed to take part in the study.
A theoretical sampling method was used to diversify the sources of knowledge of different sorts of screams. Seven triads, each composed of an older person, a family member and one or two formal caregivers, were recruited to reach theoretical saturation (Spradley, 1979; Boyle, 1994), with 23 people involved in all (see Table 2). The older persons had to meet the following selection criteria: they had dementia as per nurse report; they manifested vocal behaviors that did not seem appropriate in their context and that were observed by people in the environment; and they had at least a primary family caregiver. The family member was the one most involved with the older person. To be selected, the person had to have good knowledge of the nursing home, speak French and be capable of introspection. One or two formal caregivers of each older person were also identified for a total of nine. They were registered nurses, registered nursing assistants or nurses’ aids. They were recruited based on their knowledge of the older person and the nursing home culture, their introspection and their desire to communicate their knowledge. Data were collected from all participants. However, the data were partial for three triads in which the older person died after being included in the study. In two cases, the planned semi-structured interview with the family caregiver did not occur out of respect for their loss and their need to mourn. However, informal conversations had taken place with these caregivers. In the third triad, systematic observations of the older person while screaming were not possible. This was taken into account during theoretical sampling, among other measures, by increasing the number of triads recruited.
All participants signed a consent form approved by the Research Ethics Committee that authorized the publication of details about participants as long as they could not be recognized. Family members gave consent for the older persons living with dementia.
Data collection
During data collection, the role of the [researcher] was to learn from participants and stimulate their reflection. In keeping with the principles of [nom de l’approche retenue], many data collection methods were used to increase depth (see Table 1; Spradley, 1979; Boyle, 1994). These various data collection methods were not used in a specific order and were often concomitant in accordance with the research design. However, the process always started with general observations of the nursing home.
Sociodemographic and descriptive data were collected via specific questionnaires for each group of participants. Based on their specific expertise, questions about the older persons were included in the family and formal caregivers questionnaires. Biographical data were collected from family members and health information was collected from formal caregivers.
Each older person was observed screaming for 30 minutes with an observation tool developed for the purpose on the basis of a literature review (Bourbonnais and Ducharme, 2008) and content validated by experts. The observations concerned, among other things, the characteristics of the screams (intensity, type, duration) and elements of the social and physical environment (e.g. number of people in the vicinity and level of noise). General observations on the nursing home environment and its functioning were also collected.
An individual semi-structured interview was conducted with each family and formal caregiver. Each interview began with an explanation of its goal and procedure. During the interview, a guide was used to ensure no topic was overlooked. One version of the guide was designed for family caregivers and another for formal caregivers. (…) Thus, triangulation of these data reflects the meanings of screams for the triad. In the course of data collection and analysis, questions were modified or added to verify with other participants what was learned previously. Interviews were conducted in the nursing home, lasting 75 minutes on average. They were recorded with the participants’ consent and transcribed verbatim.
During the research process, informal conversations also took place with staff members and families in the nursing home. They involved study participants but also other people who were interested in the study, such as head nurses, other nurses or nurses’ aids. Field notes were taken during data collection and analysis. These documented ideas, descriptions or elements that the [researcher] wished to investigate in greater depth. The notes guided the subsequent cycles of sampling, data collection and analysis. A journal was kept to document the [researcher]’s reflections on the phenomenon, the research process and relations with participants. All data were considered in the analysis
.A. Quelle approche de recherche qualitative semble la plus appropriée à cette recherche?.

A

L’approche ethnographique semble être la plus appropriée pour cette recherche.

98
Q

Extrait C) B. Justifiez votre réponse en identifiant TOUS les éléments pertinents dans l’extrait :

A

Cet extrait comporte plusieurs éléments pertinents pour justifier l’approche choisie. Effectivement, cette approche a pour objectif de contribuer à la compréhension du phénomène et d’apporter une vision positive du contexte social. En fait, elle vise à décrire la réalité d’une culture. Autrement dit, elle «stimule la réflexion, l’automatisation et les changements culturels».
De plus, il s’agit d’une méthode itérative, car elle ne suit pas d’étapes fixes entre l’échantillonnage, la collecte et l’analyse des donnée. D’ailleurs, l’échantillonnage repose sur des critères de sélection afin de diversifier les sources de connaissances. En d’autres termes, il s’agit d’une méthode d’échantillonnage théorique visant à varier les sources et à atteindre une saturation théorique.
Enfin, la principale méthode de collecte de donnée repose sur des observations générales relatives aux caractéristiques l’environnement sociale et physique. En outre, les chercheurs prennent des «notes de terrain» pour documenter leurs idées et décrire ou réfléchir aux phénomènes afin d’approfondir leur compréhension. Son objectif est de mieux connaître les participants et de susciter la réflexion à l’aide de questionnaires spécifiques et d’informations médicales collectées.

99
Q

Extrait C) C. Choisissez une approche qui ne s’applique pas; nommez-la et expliquez pourquoi elle ne correspond pas à la recherche en question.

A

L’approche de l’étude qualitative descriptive ne s’applique pas à cet extrait pour multiples raisons. En effet, son objectif principal est de décrire le phénomène étudier, alors que l’approche ethnographique est basée sur la compréhension. De plus, l’approche descriptive se concentre sur le qui, le quoi et le où concernant une expérience ou un événement. En revanche, l’approche ethnographique repose sur l’étude d’un groupe de personnes partageant une culture commune. Enfin, l’approche descriptive est plutôt sommaire, tandis que cette recherche fait appel à plusieurs méthodes. + commentaire prof : Oui, mais vous auriez pu ajouter l’approche de la théorisation enracinée.

100
Q

D) il y a certains éléments dans ce texte qui font penser à une ou plusieurs autre(s) approches. Quels sont ces éléments et à quelle(s) approche(s) renvoient-ils ?

A

Éléments (0,5 point) :
- L’approche ethnographique et l’étude de cas reposent sur la compréhension d’une personne ou d’un petit groupe.
- Leurs centres d’intérêt sont basés sur un ou plusieurs cas dans un milieu naturel.
- Les méthodes de collecte de donnée comprend des observations, des entrevues et des documents
Approche(s) (0,25 point) :
- L’approche d’étude de cas

101
Q

principes directeurs questions!

A
102
Q

En lisant cet extrait, déterminez à quelle méthode d’échantillonnage probabiliste il renvoie :

Vous menez une étude sur les habitudes de consommation des clients dans un grand centre commercial. Vous les divisez en trois différents groupes en fonction de la tranche d’âge à laquelle ils appartiennent : les jeunes (18-30 ans), les adultes (31-50 ans) et les personnes âgées (plus de 50 ans). Ensuite, vous sélectionnez aléatoirement des clients dans chaque groupe démographique spécifique de manière proportionnelle (c.-à-d. vous en sélectionnez 20 dans chaque tranche d’âge). Vous obtenez ainsi un échantillon qui contient les différents groupes d’âge et vous pouvez comparer les données et voir s’il y a des spécificités en matière de satisfaction selon la tranche d’âge.
Veuillez choisir une réponse.

a.
Échantillonnage aléatoire simple

b.
Échantillonnage aléatoire systématique

c.
Échantillonnage stratifié

d.
Échantillonnage en grappes.

A

Il s’agit d’un échantillonnage stratifié

103
Q

Justifiez votre réponse.

A

Il s’agit d’un échantillonnage stratifié. Dans l’exemple, les strates sont représentées par les tranches d’âge. En divisant la population en strates, on obtient des ensembles homogènes puisque chaque strate comporte des personnes qui appartiennent à la même tranche d’âge. Ensuite, on choisit aléatoirement un nombre égal de personnes dans chaque strate. On obtient ainsi un échantillon représentatif puisque toutes les strates (tranches d’âges) seront représentées en nombre égal dans l’échantillon. Cette méthode d’échantillonnage est utile lorsque la population est hétérogène et que les différences de caractéristiques peuvent influer les données recueillies, ce qui est le cas ici. En effet, les habitudes de consommation peuvent être influencées par l’âge du consommateur. Il est donc important d’avoir un échantillon qui inclut toutes les tranches d’âges.

104
Q

En lisant cet extrait, déterminez à quelle méthode d’échantillonnage probabiliste il renvoie :
Vous menez une étude sur la prévalence de la COVID à Montréal. Au lieu de mener votre étude sur l’ensemble de la ville, ce qui serait coûteux en temps et en ressources humaines et financières, vous divisez la ville en différents quartiers en fonction de critères tels que la densité de la population. Ensuite, vous choisissez aléatoirement un nombre spécifique de quartiers de sorte à avoir une représentativité des quartiers à forte, moyenne et faible densité. Une fois ces quartiers choisis, vous procédez à sonder tous les habitants de ces quartiers afin de savoir si eux ou un membre de leur famille a contracté la COVID au cours des six derniers mois. Ainsi, vous réduisez les coûts et le temps nécessaires pour recueillir des données dans l’ensemble de la ville de Montréal, tout en garantissant que chaque quartier ait une chance égale d’être sélectionné.

Question 3 Veuillez choisir une réponse.

a.
Échantillonnage aléatoire simple

b.
Échantillonnage aléatoire systématique

c.
Échantillonnage stratifié

d.
Échantillonnage en grappes.

A

Il s’agit d’un échantillonnage en grappes

105
Q

Justifiez votre réponse.

A

Il s’agit d’un échantillonnage en grappes parce qu’au lieu d’échantillonner des personnes, on échantillonne des quartiers. L’échantillonnage aléatoire stratifié se fait au niveau des quartiers, en fonction de leur niveau de densité (faible, moyenne et forte). Le niveau de densité représente la strate. L’échantillon des quartiers sera donc représentatif puisque qu’il comprendra des quartiers de chaque niveau de densité (ou de chaque strate). Ensuite, la collecte de données se fait sur l’ensemble des habitants des quartiers retenus dans l’échantillon.
Cette méthode est utile lorsque la population visée est très importante et qu’il serait coûteux de recueillir des données auprès de la population dans son ensemble. Au lieu de sonder l’ensemble de la population de Montréal, l’échantillonnage par grappes nous permet de réduire l’ampleur de la collecte de données à la population des quartiers retenus.

106
Q

En lisant cet extrait, déterminez à quelle méthode d’échantillonnage il renvoie :
Vous souhaitez en savoir plus sur la santé mentale des étudiant.es de l’UQO, plus précisément, le trouble d’anxiété généralisée. Vous disposez de la liste des 4500 étudiant.es. Vous attribuez un numéro à chaque étudiant.e entre 1 et 4500 et vous utilisez un générateur de nombres aléatoires pour sélectionner 100 étudiant.es. Cet outil va générer 100 numéros aléatoirement entre 1 et 4500. Vous retenez les 100 étudiant.es dont le numéro correspond à ceux générés par l’outil. Ces étudiant.es constitueront votre échantillon. Vous leur enverrez votre questionnaire standardisé sur le trouble d’anxiété généralisée. En procédant de la sorte, vous vous assurez que chaque étudiant.e a la même probabilité d’être choisi.e, ce qui assure que votre échantillon est représentatif de la population étudiante dans son ensemble.

Question 5 Veuillez choisir une réponse.

a.
Échantillonnage aléatoire simple

b.
Échantillonnage aléatoire systématique

c.
Échantillonnage stratifié

d.
Échantillonnage en grappes.

A

Il s’agit d’un échantillonnage aléatoire simple

107
Q

Justifiez votre réponse

A

Il s’agit d’un échantillonnage aléatoire simple parce qu’en utilisant l’outil qui génère aléatoirement des nombres, chaque étudiant.e a une chance égale de faire partie de l’échantillon. L’échantillon n’est pas organisé en strates (puisqu’on ne le divise pas selon des caractéristiques précises), ni en grappes (puisqu’on échantillonne des étudiant.es, pas des écoles par exemple).

108
Q

Cette étude phénoménologique […] avait pour but de comprendre comment se manifestent les « bons soins » palliatifs à l’USI [Unié de soins intensifs].
Méthode
Considérant que notre étude visait à comprendre la signification en profondeur d’un phénomène fondamentalement humain, la méthode de recherche qualitative phénoménologie herméneutique proposée par Benner 1994 [47] a été retenue. Par son approche souple, centrée sur l’être humain et son raisonnement inductif, la phénoménologie permet de rendre la réalité visible en offrant un accès aux phénomènes complexes de l’expérience humaine et au monde subjectif des participants dans l’enrichissement du savoir.
Milieu et participants de l’étude
Le milieu retenu est un centre hospitalier affilié universitaire (CHAU) qui dessert une clientèle de plus de 1,4 million d’habitants. L’USI compte 16 lits destinés à recevoir une clientèle diversifiée dont la condition nécessite des soins complexes. Les critères d’inclusion pour les participantes sont les suivants : être infirmière, travailler à l’USI depuis plus de trois mois et avoir déjà prodigué des soins en fin de vie à l’USI.
Collecte des données
Respectant la méthode de recherche proposée par Benner [47], la collecte et l’analyse des données sont reliées entre elles. La collecte de données s’est déroulée en quatre phases distinctes et l’analyse de données s’est réalisée simultanément et de façon récursive. Pour simplifier, les quatre phases de l’étude sont […] : phase 1 (entrevues de groupe[1]), phase 2 (séances d’observation d’une situation de soins palliatifs), phase 3 (entrevues individuelles avec l’infirmière qui a vécu la situation de soins palliatifs) et phase 4 (entrevues de validation des résultats en groupe).
Phase I : Les Entrevues de groupe (EG).
Les entrevues de groupe avaient pour objectif de comprendre collectivement comment se manifestent les « bons soins » palliatifs à l’USI et offrir à toutes les infirmières intéressées l’opportunité de s’exprimer. Elles ont été planifiées avec l’infirmière-chef en respectant la disponibilité des participants (échantillonnage de convenance). En tout, six rencontres (deux par quart de travail), d’une durée de 60 minutes ont eu lieu à l’USI. Invitées d’abord à signer le formulaire de consentement et à compléter le questionnaire sociodémographique, les participantes (n=27) décrivaient, à l’invitation de l’animatrice (premier auteur) une situation de soins palliatifs vécue à l’USI au cours de laquelle, elles estimaient avoir prodigué de « bons soins ». Elles étaient ensuite encouragées à illustrer ces « bons soins » par des exemples concrets.
Phase II : Séances d’observation.
Benner [47] explique qu’il est parfois nécessaire d’avoir recours à l’observation directe dans le milieu à l’étude afin de saisir toute la profondeur d’un phénomène. Cette stratégie permet de rendre la réalité visible à la participante qui est ensuite interviewée (Phase III). Les données recueillies lors de l’observation ont donc été discutées lors d’une entrevue individuelle. Un procédé d’échantillonnage par choix raisonné a été retenu pour ces deux phases. L’échantillon devait respecter certains critères d’inclusion afin d’obtenir la plus grande diversité possible en termes d’expertise et de formation, soit des quarts de travail et des niveaux de formation (collégiale ou universitaire) et d’expérience variés (moins de 3 ans ou plus de 3 ans d’expérience clinique). Les infirmières intéressées à participer à la phase II et III du projet étaient invitées à communiquer avec la chercheure principale par téléphone au moment de la décision d’une forme de limitation de traitements ou lorsqu’un protocole de soins de confort, de soins en fin de vie ou de soins palliatifs était prescrit. La séance d’observation commençait après que la chercheure principale eut obtenu l’accord du patient, si conscient, ainsi que l’accord des membres de sa famille. Aucune réticence, malaise ou refus de leur part ne s’est présenté. En tout, six (6) séances d’observation d’une durée variant de 30 à 120 minutes ont été réalisées. Elles avaient lieu au chevet du patient et l’observation portait essentiellement sur le contexte de soin, les attitudes et les interventions de l’infirmière. Ces données ont été documentées sur une grille ; un carnet de recherche a été utilisé pour documenter les impressions et sentiments de la chercheure.
Phase III : Entrevues individuelles.
L’entrevue individuelle semi-structurée avait pour objectif de donner un sens au contexte, aux attitudes et aux interventions de l’infirmière qui avait vécu la situation de soins palliatifs observée (n= 6). Elle permettait aussi de faire un retour réflexif sur son expérience de soin à partir des manifestations observées. Elle avait lieu dans les 48 heures suivant la période d’observation, durait environ 60 minutes et était enregistrée.
Phase IV : Entrevues de validation en groupe.
Les entrevues de validation se sont déroulées en groupe selon les règles de l’échantillonnage de convenance. Elles avaient pour objectif de confirmer, bonifier ou corriger l’analyse produite à partir des verbatim transcrits. Les infirmières de l’USI ont participé à cinq entrevues de validation en groupe sur l’unité de soins (n = 21).

Quels sont les critères de sélection des participants dans cette étude?

A

Les critères d’inclusion pour les participantes sont les suivants : être infirmière, travailler à l’USI depuis plus de trois mois et avoir déjà prodigué des soins en fin de vie à l’USI.

Il y avait des critères d’inclusion plus précis pour les phases II et III de la collecte de données : « L’échantillon devait respecter certains critères d’inclusion afin d’obtenir la plus grande diversité possible en termes d’expertise et de formation, soit des quarts de travail et des niveaux de formation (collégiale ou universitaire) et d’expérience variés (moins de 3 ans ou plus de 3 ans d’expérience clinique) »

109
Q

Pour chaque phase de collecte de données, répondez aux questions suivantes :
Quelles données permettaient-elles de recueillir?
Quelle était la méthode d’échantillonnage? (Décrivez ces méthodes dans vos propres mots)
Quelle était la taille de l’échantillon?

A

Objectif de la collecte de données : (0,125 pt)
- Comprendre collectivement comment se manifestent les « bons soins » palliatifs à l’USI.
- Décrire une situation de soins palliatifs vécue à l’USI au cours de laquelle les infirmières estimaient avoir prodigué de « bons soins ».
- Illustrer ces « bons soins » par des exemples concrets.
Méthode d’échantillonnage : échantillonnage de convenance + définition (0,25 pt)
Échantillon : 27 infirmières (0,125 pt)

PHASE II – OBSERVATION (0,5 PT)
Objectif de la collecte de données : (0,125 pt)
- Recueillir des données sur le contexte de soin, les attitudes et les interventions de l’infirmière lorsqu’une décision de limitation de traitement, ou lorsqu’un protocole de soins de confort en fin de vie ou de soins palliatifs était prescrit.
Méthode d’échantillonnage : échantillonnage par choix raisonné + définition (0,25 pt)
Échantillon : 6 séances d’observation avec une infirmière et un patient pour chaque séance d’observation (donc 6 infirmières et 6 patients) (0,125 pt)

PHASE III – ENTREVUE INDIVIDUELLE (0,5 PT)
Objectif de la collecte de données : (0,125 pt)
- Discuter des données recueillies lors de l’observation afin que chaque infirmière qui a été observée puisse donner un sens et expliquer le contexte de son intervention.
Méthode d’échantillonnage : échantillonnage par choix raisonné + définition (0,25 pt)
Échantillon : 6 infirmières (0,125 pt)

PHASE IV – GROUPE DE DISCUSSION (0,5 PT)
Objectif de la collecte de données : (0,125 pt)
- Valider les analyses produites par les chercheures.
Méthode d’échantillonnage : échantillonnage de convenance + définition (0,25 pt)
Échantillon : 21 infirmières (5 groupes de discussion) (0,125 pt)

110
Q

Selon les informations contenues dans l’extrait, comment les chercheurs se sont-ils assurés de respecter les principes éthiques de la recherche?

A

Réponse C – enjeux éthiques (0,25 pt)
« [Les infirmières rencontrées lors des entrevues de groupes étaient] invitées […] à signer le formulaire de consentement […] »
« La séance d’observation commençait après que la chercheure principale eut obtenu l’accord du patient, si conscient, ainsi que l’accord des membres de sa famille. »

111
Q

Veuillez lire l’objectif de recherche ci-dessous et l’associer à l’approche phénoménologique qui lui correspond le mieux :

“Par notre recherche, nous désirons comprendre et décrire l’expérience des étudiantes et des étudiants en sciences infirmières lors de leur stage en contexte de pandémie de Covid-19”.

Question 1 Veuillez choisir une réponse.

a.Phénoménologie transcendantale

b.Phénoménologie herméneutique

A

a.Phénoménologie transcendantale

112
Q

Où trouve-t-on chacun des éléments suivants?

Liens entre les résultats de l’analyse des données et les résultats obtenus dans d’autres études.

a- présentation des résultats
b- interprétation des résultats

A

b- interprétation des résultats

113
Q

Où trouve-t-on chacun des éléments suivants?

Description des thèmes et sous-thèmes (qui découlent de l’analyse des données)

a- présentation des résultats
b- interprétation des résultats

A

a- présentation des résultats

114
Q

Placer chaque activité de recherche dans la phase et/ou l’étape correspondante:

Obtenir le consentement libre et éclairé = étape?
Recruter les participants = phase?

A

Phase méthodologique
Étape: Étape 6 - Enjeux éthique

115
Q

Où trouve-t-on chacun des éléments suivants?

Les extraits de verbatim.

a- présentation des résultats
b- interprétation des résultats

A

a- présentation des résultats

116
Q

Indiquez à quoi renvoie chacune des définitions suivantes:

Annotation qui permet de classer une unité de sens selon le contenu qu’elle aborde

A- Rubrique
B-Thème
C- Axe thématique

A

B-Thème

117
Q

Indiquez à quoi renvoie chacune des définitions suivantes:

Annotation qui permet de classer une unité de sens selon le sujet dont elle traite

A- Rubrique
B-Thème
C- Axe thématique

A

A- Rubrique

118
Q

Indiquez à quoi renvoie chacune des définitions suivantes:

Dénomination servant à désigner un ensemble de thèmes apparentés

A- Rubrique
B-Thème
C- Axe thématique

A

C- Axe thématique

119
Q

Dans la phrase suivante, insérez le terme qui convient dans l’espace indiqué.

En recherche qualitative, la collecte de données s’arrête lorsque l’on atteint la __________ des données.

A

Saturation

120
Q

La taille de l’échantillon, en recherche qualitative, dépend du type de collecte de données et de la nature du sujet.

Question 5 Veuillez choisir une réponse.
Vrai
Faux

A

Vrai

121
Q

Donnez deux raisons pour lesquelles on procède à un pré-test lorsqu’on élabore un questionnaire en recherche quantitative? (1 pt par raison)

A

Déceler défauts du questionnaire avec prétest: question pas clair, ordre.
Estimer le temps que cela prendra

122
Q

En ethnograhie, comment désigne-t-on la perspective du chercheur?

Réponse :

A

Étique

123
Q

Dans le processus de raisonnement inductif (voir schéma page 105 dans votre manuel), quelle approche qualitative se situe tout en haut et vise l’élaboration d’une théorie?

a.Phénoménologie

b.Étude descriptive qualitative

c.Ethnographie

d.Théorisation enracinée

e.Étude de cas

A

D- Théorisation enracinée

124
Q

Associez chaque étape du processus de recherche à la phase correspondante.

L’enregistrement des données dans une grille d’observation

A- Phase conceptuelle
B- Phase empirique
C- Phase méthodologique
D-Phase analytique

A

B- Phase empirique

125
Q

Comment on peut s’assurer que les stratégies de recrutement soient conformes aux principes éthiques. comment s’assurer que tout les participants soient conformes aux processus éthique

A

-S’assurer d’avoir le certificat éthique
en passant par le comité d’éthique de la recherche.
- mesures pour les personnes vulnérables.
-éviter de recruter des personnes qui sont en rapport de pouvoir.
-pas cibler des personnes
-consentement libre
-continue (peut se désiter à tout moment)

126
Q

Associez chaque étape du processus de recherche à la phase correspondante.

S’imprégner des données recueillies (en faire une lecture attentive)

A- Phase conceptuelle
B- Phase empirique
C- Phase méthodologique
D-Phase analytique

A

D-Phase analytique

127
Q

Associez chaque étape du processus de recherche à la phase correspondante.

Le recrutement des participant.es

A- Phase conceptuelle
B- Phase empirique
C- Phase méthodologique
D-Phase analytique

A

B- Phase empirique

128
Q

Associez chaque étape du processus de recherche à la phase correspondante.

L’élaboration de stratégies de recrutement des participant.e.s

A- Phase conceptuelle
B- Phase empirique
C- Phase méthodologique
D-Phase analytique

A

C- Phase méthodologique

129
Q

FAIRE QUESTION :
représentativité de l’échantillon, l’importance que ca a et l’identification de l’échantillonnage, stratégies de recrutement etc

A
130
Q

Associez chaque étape du processus de recherche à la phase correspondante.

Le choix de l’approche qualitative (ex. phénoménologie, ethnographie, théorisation enracinée, etc.)

A- Phase conceptuelle
B- Phase empirique
C- Phase méthodologique
D-Phase analytique

A

C- Phase méthodologique

131
Q

Associez chaque étape du processus de recherche à la phase correspondante.

Classer les données sous les rubriques et axes thématiques correspondants

A- Phase conceptuelle
B- Phase empirique
C- Phase méthodologique
D- Phase analytique

A

D- Phase analytique

132
Q

QUESTION A FAIRE : SI LIMPRESSION QUE LECHANTILLON EST REPRÉSENTATIF ? STRATÉGIES DE RECRUTEMENT CIBLENT SEULEMENT L’UNIVERSITÉ ALORS QUE LE SUJET NE CONCERNAIT PAS SEULEMENT LES ÉTUDIANTS ALORS SURREPRÉSENTATION

A
133
Q

Associez chaque étape du processus de recherche à la phase correspondante.

L’élaboration de la problématique de recherche

A- Phase conceptuelle
B- Phase empirique
C- Phase méthodologique
D-Phase analytique

A

A- Phase conceptuelle

134
Q

QUESTION A FAIRE : CONTRASTER 2 METHODES DE COLLECTES DE DONNÉES ET COMPARER LES AVANTAGES ET LES DÉSAVANTAGES. CHOIX MULTIPLES DEMANDER QUELLES SORTES DE QUESTIONS FERMÉES C’EST

A
135
Q

Le département prévoit créer un nouveau programme sur la procréation assistée et afin de sonder l’intérêt des étudiant.es pour le sujet, on envoie un sondage dans lequel on leur demande d’indiquer la probabilité qu’iels s’inscrivent à un tel programme dans l’éventualité où il était offert à l’UQO et ce, sur une échelle de 0 à 5 (0 étant improbable et 5, très probable)?

À quel type de question avez-vous affaire?

a.Question filtre

b.Question à énumération graphique

c.Question à choix multiple

A

B.Question à énumération graphique

136
Q

Indiquez le mot qui manque dans cette phrase :

Si je mène une recherche sur un sujet qui me touche de très près, il faudra que je me pose la question quant à ma capacité à adopter une posture ____________ par rapport à mon sujet de recherche.

A

Réflexive

137
Q

À quel terme renvoie le fait de sélectionner les personnes qui constituent l’échantillon au fur et à mesure de la collecte des données afin de s’assurer d’obtenir une diversité dans l’échantillon, et de recueillir les données nécessaires pour générer une proposition théorique?

Réponse :

A

Échantillonnage théorique

138
Q

En phénoménologie, comment appelle-ton le concept qui renvoie au fait de suspendre ses préjugés, ses croyances pour s’imprégner complètement de la subjectivité des participants?

Réponse :

A

Épochè, réduction phénoménologie ou bracketing

139
Q

En ethnographie critique, on privilégie la perspective du chercheur.
Question :
Vrai
Faux

A

Faux

140
Q

Le devis de recherche peut inclure également les stratégies de recrutement, les méthodes d’échantillonnage, ainsi que les enjeux éthiques.

Veuillez choisir une réponse.
Vrai
Faux

A

Vrai

141
Q

Le devis de recherche quantitative suit un processus itératif.

Veuillez choisir une réponse.
Vrai
Faux

A

Faux il est linéaire

142
Q

Associez chaque définition au critère de rigueur scientifique en recherche qualitative qui correspond.

Une recherche qui est fidèle aux données et sur lesquelle le chercheur ne projette pas ses opinions personnelles. Pour atteindre ce critère, on procède souvent à l’analyse des données à plusieurs pour s’assurer qu’on arrive tous plus ou moins à la même interprétation des données.

A- Confirmabilité
B-Crédibilité
C- Fiabilité
D- Transférabilité

A

A- Confirmabilité

143
Q

Associez chaque définition au critère de rigueur scientifique en recherche qualitative qui correspond.

Une recherche qui détaille avec précision le contexte étudié et dont les résultats pourraient nous renseigner sur des contextes similaires.

A- Confirmabilité
B-Crédibilité
C- Fiabilité
D- Transférabilité

A

D- Transférabilité

144
Q

Associez chaque définition au critère de rigueur scientifique en recherche qualitative qui correspond.

Une recherche où la démarche est décrite de manière précise, si bien que si un autre chercheur menait la même étude (auprès des mêmes participants, dans le même contexte et en suivant la même démarche), il obtiendrait des résultats semblables.

A- Confirmabilité
B-Crédibilité
C- Fiabilité
D- Transférabilité

A

C- Fiabilité

145
Q

Associez chaque définition au critère de rigueur scientifique en recherche qualitative qui correspond.

Une recherche dont les descriptions et les interprétations du chercheur reflètent fidèlement la réalité des participant.es, si bien que si les participant.es y étaient confronté.es, iels les trouveraient plausibles. Pour ce faire, on a recours à des statégies telles la triangulation des données et les entrevues de validation avec les participants.

A- Confirmabilité
B-Crédibilité
C- Fiabilité
D- Transférabilité

A

B-Crédibilité - triangulation des données = c’est quand on croisent plusieurs sources de données. Exemple: entrevues, données etc.

146
Q

Qu’est ce que la Phénoménologie transcendantale ?

A

cours 6 : devis de recherche et approches
Objectif : Description des expériences des participants (le quoi, le comment de l’experience) s’attache à comprendre et à décrire un phénomène

147
Q

Qu’est ce que la Phénoménologie herméneutique ?

A

Cours 6: devis de recherche et approches
Subjectif: Le chercheur en plus de décrire l’experiences des participants il interprète les expériences. Interprétation

148
Q

Mener une recension des écrits comprend plusieurs tâches. Ordonnez les tâches suivantes selon le processus qu’implique l’élaboration d’une recension des écrits.

Faire le tri des références générées par les bases de données

Choisir un sujet de recherche

Trouver des regroupements thématiques et rédiger la recension selon ces regroupements thématiques

À partir des articles retenus pour la recension, faire un tableau synthèse des données pertinentes

À partir du plan de concept, interroger les bases de données en combinant les termes de recherche au moyen d’opérateurs boléens

Formuler une question préliminaire de recherche et élaborer les termes de recherches

Faire une recension préliminaire pour s’imprégner du sujet

A

5
1
7
6
4
3
2

149
Q

Question filtre c’est quoi:

A

question qui dirige vers une autre. exemple passée à l’autre

150
Q

Question dichotomique c’est quoi

A

c’est une question oui ou non

151
Q
A