DST 23/10/24 Flashcards
Selon Kelsen, pourquoi est-il impossible de concevoir un État qui ne soit pas soumis au droit ?1
Réponse : Kelsen affirme que l’État n’existe que par les actes des individus qui le composent. Ces actes, pour être attribués à l’État en tant que personne juridique, doivent être régis par des normes juridiques. Autrement dit, l’État ne peut exister en dehors du droit, car c’est le droit qui définit et encadre son action.
2Pour Kelsen, un véritable État de droit se caractérise par plusieurs éléments clés :
La primauté du droit : La loi est supérieure à toutes les autres sources de pouvoir, y compris le pouvoir exécutif.
La séparation des pouvoirs : Le pouvoir est divisé entre différentes branches (législative, exécutive et judiciaire) afin d’éviter la concentration du pouvoir et l’abus de celui-ci.
L’indépendance du pouvoir judiciaire : Les juges sont indépendants du pouvoir politique et appliquent la loi de manière impartiale.
La protection des droits et libertés fondamentaux : Les citoyens jouissent de droits inaliénables, tels que la liberté d’expression, la liberté de conscience et le droit à un procès équitable.
3Question 1 : Quel est le but de l’établissement d’un État selon Hobbes ?
Réponse : Selon Hobbes, l’État est créé pour assurer la sécurité des individus face aux menaces internes et externes. Il permet de garantir la paix et la protection des citoyens, leur permettant de vivre de manière satisfaisante grâce à leur travail et aux fruits de la terre.
4Question 2 : Comment Hobbes décrit-il le processus de formation de l’État ?
Réponse : Hobbes utilise l’image du Léviathan, un monstre biblique, pour illustrer la création de l’État. Il s’agit d’un pacte social par lequel les individus abandonnent leur droit de se gouverner eux-mêmes à un souverain, qui incarne la volonté générale et détient le monopole de la force légitime.
5Question 1 : Quels sont les trois éléments constitutifs de l’État selon Carré de Malberg ?
Réponse : Carré de Malberg identifie trois éléments essentiels à la formation d’un État : une communauté humaine (la nation), un territoire et une puissance publique supérieure.
6Question 2 : Quelle est la nature du lien juridique entre l’État et son territoire ?
Réponse : Carré de Malberg rejette l’idée d’un droit de propriété (dominium) de l’État sur son territoire. Il défend la notion d’imperium, c’est-à-dire une puissance de domination qui s’exerce sur tous les individus présents sur le territoire, qu’ils soient nationaux ou étrangers.
7Question 1 : Comment Max Weber définit-il l’État ?
Réponse : Weber définit l’État comme une communauté humaine qui, sur un territoire donné, revendique avec succès le monopole de la violence physique légitime. L’État est donc l’unique entité autorisée à recourir à la force de manière légale.
8Question 1 : En quoi le pouvoir de droit se distingue-t-il du pouvoir de fait selon Hauriou ?
Réponse : Le pouvoir de droit est une construction juridique qui repose sur le consentement des gouvernés, tandis que le pouvoir de fait s’impose par la force et ne s’appuie pas sur une légitimité juridique.
9Question 2 : Comment le pouvoir de droit est-il consenti selon Hauriou ?
Réponse : Le consentement au pouvoir de droit n’est pas direct, mais indirect. Les individus consentent à l’institution qui incarne le pouvoir (la Couronne, l’État), et le chef exerce son pouvoir en tant que représentant de cette institution.
10Question 1 : Quel est le problème fondamental que le contrat social cherche à résoudre selon Rousseau ?
Réponse : Le contrat social vise à concilier la liberté individuelle et la sécurité collective. Il s’agit de trouver une forme d’association qui protège les individus tout en leur permettant de rester aussi libres qu’à l’état de nature.
11Question 2 : En quoi consiste l’aliénation totale de chaque associé à la communauté ?
Réponse : Dans le pacte social, les individus abandonnent tous leurs droits à la communauté, créant ainsi un corps politique souverain. Cette aliénation totale est nécessaire pour garantir l’égalité entre les citoyens et éviter le retour à l’état de nature.
12Question 1 : Quels sont les deux éléments qui constituent l’âme d’une nation selon Renan ?
Réponse : Renan met en avant le passé et le présent comme les deux piliers de l’identité nationale. La nation se construit sur un héritage de souvenirs communs et un désir actuel de vivre ensemble.
13Question 2 : Quel est le critère déterminant pour l’appartenance à une nation selon Renan ?
Réponse : Pour Renan, le consentement est le critère fondamental de l’appartenance nationale. Une nation se fonde sur le désir clairement exprimé de ses membres de continuer la vie commune.
14Question 1 : En quoi la Constitution de la Bosnie-Herzégovine présente-t-elle un caractère particulier ?
Réponse : La Constitution bosnienne est un cas unique car elle a été rédigée dans le cadre d’un traité de paix et n’a jamais été soumise à un vote populaire. Elle a été négociée et publiée en anglais, sans traduction officielle dans les langues du pays.
15Question 2 : Quel système de partage du pouvoir a été mis en place en Bosnie-Herzégovine ?
Réponse : La Constitution bosnienne reconnaît trois “peuples constituants” et institue un système complexe de partage du pouvoir, avec un veto au nom d’intérêts vitaux, un veto des Entités, une Chambre des peuples et une présidence collégiale tripartite.
16Question 1 : Selon Kelsen, quelle est la caractéristique principale de la Constitution au sens matériel ? Comment la Constitution s’articule-t-elle avec les autres normes juridiques ?
Réponse : Pour Kelsen, la Constitution au sens matériel représente la norme positive suprême qui régit la création de toutes les autres normes juridiques d’un ordre juridique donné. Elle occupe le sommet de la pyramide des normes, fondant la validité de toutes les normes inférieures. Kelsen utilise l’image d’un édifice à plusieurs étages pour illustrer cette hiérarchie, la Constitution se trouvant au sommet et les normes de droit commun à la base. La validité d’une norme inférieure découle directement de sa conformité à la norme supérieure qui la fonde.
Question 2 : Quelle distinction Kelsen établit-il entre la Constitution au sens matériel et la Constitution au sens formel ? 17
Réponse : Kelsen distingue la Constitution au sens matériel, définie par son contenu, de la Constitution au sens formel, définie par sa forme. La Constitution matérielle englobe toutes les normes qui réglementent la création des normes juridiques générales, qu’elles soient écrites ou coutumières. La Constitution formelle, en revanche, est un document écrit qui contient non seulement les normes relatives à la législation, mais aussi d’autres dispositions sur des sujets politiques importants. Sa caractéristique principale réside dans les procédures spécifiques et plus difficiles de modification et d’abrogation de ses normes, ce qui lui confère une certaine rigidité.
Question 1 : Quelles sont les deux conceptions de la Constitution décrites par Beaud ? En quoi s’opposent-elles ? 18
Réponse : Beaud identifie deux conceptions de la Constitution : la conception normative et la conception institutionnelle. La conception normative, dominante dans la doctrine française contemporaine, définit la Constitution comme un ensemble de normes juridiques suprêmes qui organisent et limitent le pouvoir de l’État. Elle met l’accent sur la hiérarchie des normes et le contrôle de constitutionnalité des lois. La conception institutionnelle, quant à elle, perçoit la Constitution comme un régime politique, un système de gouvernement qui définit la forme de l’État et l’organisation des pouvoirs publics. Elle s’intéresse davantage aux rapports de force politiques et au fonctionnement concret des institutions.
Question 2 : Comment l’évolution de la science du droit constitutionnel et le développement de la jurisprudence constitutionnelle ont-ils influencé la perception dominante de la Constitution ? 19
Réponse : L’essor de la jurisprudence constitutionnelle, notamment après la Seconde Guerre mondiale, a favorisé la conception normative de la Constitution. Le développement du contrôle de constitutionnalité des lois a conduit les juristes à s’intéresser davantage à la dimension juridique de la Constitution, perçue comme un ensemble de normes susceptibles d’être sanctionnées par un juge. Cette évolution a relégué au second plan la conception institutionnelle, jugée trop descriptive et insuffisamment normative.
Question 1 : En quoi la Constitution britannique se distingue-t-elle des constitutions écrites ? Quelles sont ses spécificités ? 20
Réponse : Contrairement aux constitutions écrites, la Constitution britannique n’est pas contenue dans un document unique et codifié. Elle se compose d’un ensemble complexe de règles de différentes natures : législatives, jurisprudentielles, coutumières et conventionnelles. Cette particularité lui confère une grande flexibilité et une capacité d’adaptation aux changements historiques et politiques.
Question 2 : Quelle est la place de la rule of law dans la Constitution britannique ? Comment ce principe influence-t-il le fonctionnement du régime ? 21
Réponse : La rule of law est le fondement de la Constitution britannique et du système juridique anglais. Ce principe libéral garantit l’égalité de tous devant la loi et limite le pouvoir des autorités gouvernementales. Il implique des élections libres, un gouvernement responsable devant la nation, la protection des libertés fondamentales et l’exclusion de l’arbitraire.
Question 1 : Comment la Cour suprême définit-elle la Constitution britannique ? Quels sont les éléments qui la composent ? 22
Réponse : La Cour suprême du Royaume-Uni reconnaît l’existence d’une Constitution britannique, bien qu’elle ne soit pas codifiée dans un document unique. Cette Constitution se compose de quatre éléments:
La législation: le Parlement britannique intervient régulièrement pour résoudre des questions constitutionnelles ou mettre en place des réformes. Des documents historiques, tels que la Grande Charte, ont une valeur symbolique importante, incarnant les principes libéraux.
Le « case law »: les décisions des juges, bien que moins importantes politiquement que dans les systèmes avec contrôle de constitutionnalité, contribuent à définir et protéger les libertés des citoyens.
Le « Law and Custom of Parliament »: certaines règles relatives aux pouvoirs publics ne sont pas codifiées et échappent à la compétence des tribunaux. Les deux chambres du Parlement définissent leur propre procédure, et le système des partis politiques ainsi que la pratique des questions orales relèvent du droit et des coutumes du Parlement.
Les conventions constitutionnelles: élément caractéristique de la Constitution britannique, ces conventions non écrites, basées sur des précédents, régissent le fonctionnement du régime parlementaire, comme la responsabilité politique du Cabinet envers la Chambre des Communes. Elles complètent, modifient l’interprétation, et parfois paralysent les effets du droit écrit.
Question 2 : Quels sont les deux principes fondamentaux du droit constitutionnel britannique mis en avant par la Cour suprême dans l’affaire Miller 2 ? 23
Réponse : Dans l’affaire Miller 2, la Cour suprême met en avant deux principes fondamentaux du droit constitutionnel britannique : la souveraineté parlementaire et la responsabilité parlementaire du gouvernement. La souveraineté parlementaire signifie que les lois adoptées par le Parlement sont la forme suprême de droit, s’imposant à tous, y compris au gouvernement. La responsabilité parlementaire implique que le gouvernement est tenu de rendre des comptes au Parlement pour ses actions, notamment à travers les questions parlementaires et le contrôle de la législation déléguée.
Question 1 : Quelle distinction Pradier-Fodéré établit-il entre les lois fondamentales et les lois secondaires ? Quel est le rôle de chacune de ces catégories de lois ? 24
Réponse : Pradier-Fodéré distingue les lois fondamentales, qui définissent la distribution des pouvoirs dans l’État (la Constitution), des lois secondaires qui réglementent les détails de l’organisation et du fonctionnement de l’État. Les lois fondamentales énoncent les grands principes, tandis que les lois secondaires les développent et les mettent en application.
Question 2 : En quoi les lois organiques complètent-elles les lois fondamentales ? 25
Réponse : Les lois organiques sont une catégorie de lois secondaires qui précisent et complètent les dispositions générales des lois fondamentales. Elles permettent de donner un contenu concret aux principes constitutionnels et de garantir leur application effective.
Question 1 : Quelle importance Saleilles accorde-t-il à la coutume dans le domaine constitutionnel ? Comment la coutume interagit-elle avec les textes écrits ? 26
Réponse : Saleilles souligne l’importance cruciale de la coutume dans la formation et le fonctionnement des constitutions. La coutume peut créer une constitution, comme en Angleterre, ou compléter et modifier l’application des constitutions écrites. Elle représente une force organisatrice qui façonne la vie politique et permet d’adapter les institutions aux réalités concrètes.
Question 2 : En quoi l’interprétation jurisprudentielle des principes constitutionnels participe-t-elle à la création du droit public ? 27
Réponse : L’interprétation jurisprudentielle des principes constitutionnels joue un rôle essentiel dans la création du droit public, car elle permet de donner un sens concret aux dispositions générales de la Constitution. Les juges, en appliquant les principes constitutionnels à des cas concrets, contribuent à préciser leur portée et à les adapter aux évolutions de la société.
Question 1 : Pourquoi Hauriou estime-t-il que l’État a besoin d’un consentement coutumier, même lorsqu’il possède une Constitution écrite ? 28
Réponse : Selon Hauriou, l’État, même doté d’une Constitution écrite, ne peut se passer d’un consentement coutumier qui lui confère une légitimité profonde et durable. Les constitutions écrites et les lois organiques sont des actes juridiques qui ne vivent que dans l’actuel, tandis que le consentement coutumier ancre l’institution étatique dans la durée.
Question 2 : Quel rôle Hauriou attribue-t-il aux principes constitutionnels dans le cadre du contrôle juridictionnel de la constitutionnalité des lois ? 29
Réponse : Hauriou considère que le contrôle de constitutionnalité des lois s’effectue non seulement au regard de la lettre de la Constitution, mais aussi et surtout au nom des principes constitutionnels qui la dominent. Ces principes, souvent non écrits, constituent une véritable “légitimité constitutionnelle” et fondent la validité des lois.