Cours d'Henri Sztulman : Les états-limites Flashcards

1
Q

Entre les deux lignées, névrotique et psychotique, l’organisation état-limite est marquée au plan génétique par une évolution œdipienne anormale en raison d’un traumatisme psychique précoce, qui est désorganisateur de la psyché. Quelles en sont les grandes étapes ?

A
  • traumatisme vécu comme frustrations et menaces narcissiques
  • la triangulation oedipienne ne se fait pas, à sa place s’instaure une triade narcissique
  • par la suite, pseudo-latence durable : le tronc commun aménagé
  • cet aménagement peut toutefois être remis en question et décompenser à la suite d’un traumatisme désorganisateur tardif qui donnera alors lieu à
  • régression du Moi avec souvent des éléments de dépersonnalisation
  • divers aménagements peuvent succéder dans la phase post-traumatique, caractériels ou pervers
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2
Q

Au point de vue structural, l’état-limite est marqué par quoi ?

A

conflit : entre le Moi et l’Idéal du Moi. L’affect dépressif est central et est en relation avec les besoins anaclitiques d’étayage narcissique.

Principaux mécanismes de défense : dans la classe des évitements du conflit psychique, comme le clivage de l’objet perçu qui donne lieu à cette ambivalence caractéristique entre amour et haine, entre idéalisation et dévalorisation de l’objet, la projection et l’identification projective, un déni portant sur certains contenus de pensée pouvant porter atteinte au narcissisme

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3
Q

Quel enchainement s’auto-entretient chez les sujets état-limite ?

A

déception-dépression-illusion

Les mécanismes d’illusion destinés à lutter contre la dépression essentielle, génèrent à leur tour une déception intrapsychique qui alimente la dépression

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4
Q

Qu’est-ce qu’un paradoxe ?

A

La liaison dans un même énoncé de deux propositions inconciliables

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5
Q

Qu’est-ce que la paradoxalité ?

A

L’organisation de la vie psychique sur un mode paradoxal

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6
Q

Définition plus approfondie de paradoxe

A

C’est une contradiction à laquelle aboutit, dans certains cas, le raisonnement abstrait.

Le paradoxe représente la liaison dans un même énoncé de 2 propositions inconciliables, mais non obligatoirement opposables.

Le paradoxe est bâti sur une relation d’exclusion (A et non A, un terme et sa négation, coexistent), alors que le conflit naît d’une relation d’opposition (A est vrai et A n’est pas vrai)

On rencontre des paradoxes :

  • logico-mathématiques (confusion de niveaux ou de types logiques)
  • sémantiques (confusions sémantiques entre les mots)
  • pragmatiques (distorsions relationnelles de type double contrainte)
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7
Q

Quelle est la fonction de la paradoxalité ?

A

A l’inverse du conflit psychique, la fonction de la paradoxalité est d’essayer d’éviter le conflit (interpersonnel, intrapsychique ou intrasystémique)

La paradoxalité représente la défense la plus radicale et la plus efficace pour lutter contre l’ambivalence, mais son risque ultime est la dissociation psychique.

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8
Q

Quelle est la fonction du conflit psychique ?

A

La fonction du conflit psychique est de tenter de lier les termes en opposition (les mécanismes de défense névrotiques luttent sans répit pour résoudre les conflits, dans le cadre des processus secondaires et de leurs dysfonctionnements)

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9
Q

Quels sont les effets de la paradoxalité ?

A

La paradoxalité parvient à la fois à tromper les processus secondaires (l’illusion paradoxale) et à stupéfier (méduser) les processus primaires, en réalisant un défi extrême et insoutenable pour le narcissisme du sujet.

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10
Q

Chez les sujets psychotiques, la paradoxalité est (3) :

A
  • généralisée
  • érotisée
  • essentielle (elle porte sur l’existence même du sujet, du Moi : le sujet, l’objet de la relation ne peuvent exister qu’à la condition de ne point exister psychiquement)
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11
Q

Quelle est la conception actuelle concernant les théories de Freud sur les psychoses et les névroses ?

A

La conception actuelle est celle d’un continuum entre les structures et les organisations, partant de la névrose à l’état-limite, de ce dernier à la psychose et enfin aux perversions.

Une telle conception implique de distinguer, pour chaque structure ou organisation, un état “compensé” (sans manifestation symptomatique mais avec un type particulier de fonctionnement mental : type de relation d’objet, nature de l’angoisse, choix des mécanismes de défense prépondérants, modalité du conflit intrapsychique, niveau des points de fixation-régression du Moi) et un état “décompensé”, dans lequel la sémiologie est clairement observable.

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12
Q

Quelle est la définition en psychanalyse de la névrose ?

A

La névrose est une “affection psychogène où les symptômes sont l’expression symbolique d’un conflit psychique trouvant ses racines dans l’histoire infantile du sujet et constituant des compromis entre le désir et la défense”.

Ces conflits infantiles sont essentiellement des conflits sexuels.

L’économie de fonctionnement de la névrose est placée sous le primat du principe de réalité et de la prévalence des processus secondaires.

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13
Q

Quelle est la définition de la psychose en psychanalyse ?

A

La psychose est une “perturbation primaire de la relation libidinale à la réalité, la plupart des symptômes manifestes étant des tentatives secondaires de restauration du lien objectal”.

Les troubles psychotiques sont sous le primat du principe de plaisir et des processus primaires.

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14
Q

En psychiatrie, on dit que le psychotique a perdu le contact avec la réalité, quel est le point de vue de la psychanalyse ?

A

La question du statut de la réalité est posée : qu’est-ce que la réalité ?

La psychanalyse propose une réponse, en prenant appui sur la clinique groupale et familiale selon 3 différenciations et une donnée existentielle :

  • la différenciation de sexe (ou de genre)
  • la différenciation de génération
  • la différenciation d’identité
  • la donnée existentielle
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15
Q

Dans la vision psychanalytique, qu’est-ce que la différenciation de génération ?

A

Chacun appartient à sa propre génération selon sa naissance, les grands-parents, les parents, les enfants etc

Dans l’indifférenciation générationnelle, un enfant est “parentifié” et il accède précocement à des secrets d’adultes; il peut aussi remplir une fonction parentale de soutien de la dépression d’un de ses parents; les relations incestueuses ou incestuelles dans une famille

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16
Q

Qu’est-ce que l’incestuel ?

A

Selon Racamier, l’incestuel se distingue de l’incestueux où des actes sexuels sans équivoque sont perpétrés, par un ensemble d’attitudes et de comportements qui mettent à mal la barrière des générations (un parent qui révèle sa vie sexuelle à son enfant et en fait son confident, la possibilité pour un enfant de dormir avec l’un de ses parents, une érotisation excessive du contexte familial etc)

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17
Q

Selon la psychanalyse, qu’est-ce que la différenciation d’identité ?

A

Chacun est un être autonome corporellement et psychiquement

Dans l’indifférenciation d’identité, une mère ne se sent pas séparée corporellement et/ou psychiquement de son enfant; une famille dont tous les membres se considèrent comme équivalents et interchangeables

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18
Q

Dans le point du vue psychanalytique, qu’est-ce que la donnée existentielle ?

A

Elle est double, liée aux 3 états de différenciation ou d’indifférenciation (de sexe, de génération, d’identité) et concerne notre origine, être né d’une femme et notre fin, être mortel

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19
Q

Quelle est la question au coeur de la problématique limite ?

A

La question du statut psychique de la “réalité”

au sens où si le fameux “contact avec la réalité” doit être considéré comme patent chez le névrosé “idéal” et comme “absent chez le psychotique “idéal, la clinique montre que ce contact avec la réalité n’a jamais un caractère aussi tranché et définitif.

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20
Q

Normalement, le monde extérieur exerce sa domination sur le Moi de deux manières : par les perceptions actuelles et par le capital mnésique des perception antérieures. Que se passe-t-il dans la psychose ?

A
  • les perceptions actuelles sont refusées, elles font l’objet d’un déni (retrait d’existence)
  • les perceptions antérieures se voient refusées leurs significations, elles font l’objet d’une forclusion (retrait de signification)
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21
Q

Dans la psychose, les perceptions actuelles sont refusées et les perceptions antérieures se voient refusées leurs signification.

De ces mécanismes au fondement de la psychose résultent 2 conséquences psychopathologiques, lesquelles ?

A

1) La rupture entre le Moi et la réalité
2) La création d’une “néoréalité”, c’est à dire d’un nouveau monde, à la fois interne et externe, résultat du déni de la réalité elle-même et bâtie selon les désirs du ça.

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22
Q

Comment est caractérisée l’angoisse dans les états-limites ?

A
  • Elle est constante, labile, polymorphe
  • Elle traduit une incapacité à mentaliser un trop plein énergétique et s’accompagne souvent d’un besoin de décharge
  • Elle ne s’inscrit pas dans la peur du morcellement ni dans la série échec-culpabilité-punition mais elle est une angoisse d’abandon, d’éloignement de l’objet (plus encore que sa perte)
  • Elle s’accompagne d’autres formations symptomatiques qui ne semblent pas la limiter, les opérations défensives et les formations de compromis se trouvant toujours débordées.
23
Q

Comment est caractérisé le mouvement dépressif dans les états-limites ?

A
  • La dépression représente l’élément central du fonctionnement de ces patients, sous la forme d’une dépression essentielle
  • Elle est marquée par :
  • la labilité (son intensité peut varier d’un instant à l’autre, par l’utilisation de mécanismes maniaques)
  • la rareté ou absence d’inhibition
  • l’absence de culpabilité
  • le sentiment de déception
  • Elle s’accompagne d’une impression de vacuité, d’ennui, de lassitude
  • On ne peut repérer ni perte d’objet au déclenchement de la dépression, ni l’élaboration d’un mouvement dépressif
24
Q

Comment sont caractérisées les manifestations pseudo-névrotiques des états-limites ?

A

Les états-limites empruntent aux 3 névroses symptomatiques : hystérie, obsession et phobie

  • Emprunts de la symptomatologie hystérique :
  • Les phénomènes de conversion se révèlent atypiques, multiples et sévères. Ils sont facilement résolutifs, présentent un aspect manipulatoire dans une dimension beaucoup plus agressive qu’érotique
  • Emprunts à la symptomatologie obsessionnelle :
  • Les idées obsédantes font l’objet de rationalisations intenses, mais sans lutte contre ces idées, sans aucune critique des actes ou pensées illogiques
  • Emprunts à la symptomatologie phobique :
  • Les phobies des états-limites sont multiples, erratiques, aussi intenses que fugitives. Elles sont aussi significatives en ce qu’elles touchent au corps supposé malade et à l’image du patient. L’ensemble de ces phobies s’inscrit dans une économie de rationalisation, de malveillance et souvent avec une note interprétative.
25
Q

Comment sont caractérisées les manifestations pseudo-psychotiques dans les états-limites ?

A

Il peut apparaître :

  • des états de type pseudo-confusionnel, avec dissolution des repères spatiaux et temporels
  • des ébauches délirantes flottantes et mal systématisées
  • ou des systématisations atypiques, qui disparaissent comme elles sont venues
26
Q

Comment sont caractérisées les manifestations pseudo-psychopatiques dans les états-limites ?

A

Elles sont dominées par :

  • la dépendance anaclitique et
  • l’incapacité à tolérer la frustration

Ces patients recourent à des satisfactions primitives orales, régressives, excessives et transgressives

Ils se manifestent par des comportements impulsifs et antisociaux réversibles et répétitifs car ils sont incapables d’intégrer leurs mouvements psychiques, d’élaborer ce qui se passe en eux et d’en faire quelque chose. Ils sont donc conduits à la mise en acte et au passage à l’acte, qui tout à la fois facilitent la décharge, sidèrent la pensée et donnent aux équipes soignantes le sentiment d’être manipulées et agressées.

27
Q

Synthèse des caractéristiques de la structure psychotique

A
  • Le fonctionnement psychique s’établit autour de points de fixations-régressions archaïques
  • Le conflit se situe entre le ça (via le Moi) et la réalité
  • L’angoisse de morcellement
  • Un déni portant sur l’existence de la réalité et une forclusion portant sur sa signification ainsi qu’un clivage du Moi
  • La dominance de la libido narcissique primaire
  • Une relation d’objet fusionnelle
  • La prédominance des processus primaires de la pensée, avec leur caractère impérieux, immédiat, automatique, sous l’emprise du principe de plaisir
28
Q

Synthèse des caractéristiques de la structure névrotique

A
  • L’élément immuable est l’organisation du Moi autour du primat génital et du complexe d’Œdipe
  • Le conflit se situe entre le Moi (via le Surmoi) et les pulsions émanant du ça
  • L’angoisse de castration
  • Le refoulement des représentations pulsionnelles domine les autres défenses, l’intégrité du Moi étant maintenue
  • L’implication de la libido objectale
  • Une relation d’objet génitale
  • La prédominance des processus secondaires de la pensée, avec leurs fonctions élaboratrice et de compromis qui respectent le principe de réalité
29
Q

Synthèse de l’organisation état-limite

A
  • Les points de fixation-régression ont pu dépasser l’archaïsme oral et anal, sans toutefois atteindre l’Oedipe
  • Le conflit s’organise entre l’Idéal du Moi et le ça (via le Moi) et la réalité
  • L’angoisse de perte d’objet
  • Le clivage des objets et la forclusion des signifiants de la réalité sont présents, ainsi que la déformation du Moi (par le recours au refoulement)
  • La pathologie porte sur le narcissisme secondaire
  • Une relation d’objet anaclitique
  • Processus primaires et secondaires, principes de plaisir et de réalité, s’entremêlent en des proportions et selon des figures variables, rendant compte de la complexité et de la labilité de cette organisation
30
Q

Du point de vue génétique, on distingue habituellement 5 stades pour la lignée psychotique, lesquels ?

A

1) L’indifférenciation somato-psychique
2) Les frustrations précoces
3) La pré-organisation du Moi psychotique
4) Le pseudo-silence de la période de latence
5) Le remaniement contemporain de la poussée pubertaire

31
Q

Définition de la fixation

A

C’est un mode d’inscription de certains contenus représentatifs (expériences, images, représentations, fantasmes) qui persistent dans l’Inconscient de façon inaltérée et auxquels la pulsion reste reliée.

La fixation a pour cause : une prédisposition constitutionnelle, un traumatisme, une carence, ou au contraire, un excès d’apports affectifs

L’effet d’une fixation est d’empêcher le passage d’un stade psycho-sexuel au suivant, de définir le pathologique comme un anachronisme et de reproduire par la suite ce type d’attachement désorganisé selon la structure caractéristique de l’un des stades évolutifs.

32
Q

Définition du Moi Idéal

A

Formation intrapsychique, qu’il faut bien différencier de l’Idéal du Moi, et qui se définit comme un idéal de toute-puissance narcissique forgé sur le modèle du narcissisme infantile.

Le Moi Idéal est donc bien une instance pré-oedipienne, archaïque, de toute puissance et de perfection narcissiques (narcissisme primaire).

Sujet et objet n’ont qu’une distinction embryonnaire et inopérante.

Le principe de plaisir et la pensée magique sont omnipotents.

33
Q

Définition de l’Idéal du Moi

A

Instance de la personnalité résultant de la convergence du narcissisme (secondaire, idéalisation du moi) et des identifications aux parents, à leurs substituts et aux idéaux collectifs.

En tant qu’instance différenciée, l’Idéal du Moi constitue un modèle auquel le sujet cherche à se conformer. Ce modèle représente ce que le sujet cherche constamment à atteindre, avec le sentiment d’y parvenir, mais de manière imparfaite : il y a bien entendu toujours un au-delà à l’idéal.

L’Idéal du Moi est un aspect de la représentation mentale de soi qui respecte à la fois la réalité et le Surmoi. Il s’agit donc d’une instance post-œdipienne comme modèle auquel le sujet adhère.

On peut dire que le Surmoi (qui représente l’intériorisation des exigences et interdits parentaux) est proscriptif et l’Idéal du Moi prescriptif.

34
Q

Les fonctions du Moi psychotique peuvent être considérées selon 4 points de vue, lesquels ?

A
  • la bipartition du Moi
  • l’automutilation mentale
  • l’identification projective
  • la pensée psychotique
35
Q

Dans la psychose, l’incohérence de Moi se manifeste par :

A
  • la non intégration des processus primaires et secondaires
  • la confusion entre les mondes intérieur et extérieur
  • l’indistinction entre la haine et l’amour
  • la chaotisation anarchique de la psyché où toutes les instances sont absorbées par le ça
36
Q

Qu’est-ce que le concept de bipartition du Moi (Bion, 1954) utilisé pour comprendre la configuration psychotique ?

A

Le Moi est composé de 2 sous-ensembles :

  1. une partie dite “observante” qui reste plus proche du Surmoi collectif et représente la partie non psychotique (qui existe toujours) du fonctionnement mental
  2. une seconde partie éprouvante et éprouvée qui demeure immergée dans le ça et représente la partie psychotique

Cette bipartition est essentielle car elle permet l’espérance d’une action thérapeutique, le thérapeute nouant une alliance avec la part non psychotique pour faire reculer la part psychotique.

C’est une lutte permanente car la partie non psychotique s’efforce en permanence de protéger l’accès à la réalité en usant du mécanisme de refoulement, alors que la partie psychotique inonde la réalité avec les contenus du ça

37
Q

L’automutilation mentale est un point de vue sur la structure psychotique qui permet d’éclairer quoi ?

A

le double mouvement contradictoire de ces patients dans la relation avec les soignants :
- d’une part, l’intention d’élargir et d’approfondir la relation avec le thérapeute
- d’autre part, le besoin inlassable de détruire ce lien
(ces deux éléments coexistant comme en état de guerre)

38
Q

Qu’est-ce que l’identification projective ?

A

Un concept introduit par Mélanie Klein, décrivant un mécanisme fantasmatique de possession et de contrôle de l’autre.

L’identification projective correspond à la production de fantasmes sadiques d’intrusion violente dans le corps maternel, afin d’y contrôler les mauvais objets qui pourraient s’y trouver projetés : les autres enfants, le pénis du père, les matières fécales.

39
Q

En quoi le concept d’identification projective éclaire-t-il la relation entre le patient psychotique et le thérapeute ?

A

Le patient psychotique déverse des morceaux ou la totalité de son appareil psychique dans un mouvement de colonisation et de parasitage du thérapeute.

Ce premier mouvement est renforcé par un second : le patient s’efforce, par un mécanisme d’introjection ou d’incorporation, de s’approprier le propre fonctionnement psychique du thérapeute qu’il tente de spolier.

Le thérapeute se retrouve vidé de ce qui le fait vivre (les bons objets) et rempli de ce qui peut le rendre fou (les mauvais objets projetés par le patient)

40
Q

Face à l’identification projective utilisée par le patient psychotique, que peut faire le thérapeute ?

A

Le risque est de ne pas pouvoir analyser cette situation lorsque le thérapeute blinde son système pare-excitation et finalement refuse l’accès à l’autre : c’est le mécanisme de l’exclusion.

Dans le cas contraire, les mauvais objets psychiques du patient méritent un traitement en 3 temps :

1) contenir : le thérapeute accueille en lui-même, sans être inquiété, tous ces mauvais objets, en étant capable de les apprivoiser, de leur ôter leur caractère “d’inquiétante étrangeté”
2) élaborer : il s’agit d’un travail de mentalisation pour transformer des objets mystérieux, étranges, destructeurs, en objets assimilables et intégrables à un fonctionnement normal
3) restituer : cette partie du traitement concerne des interprétations reconstructrices mais encore, au plan institutionnel, le travail soignant en l’affectant d’une plus-value symbolique

41
Q

Chez les patients limites, le mouvement dépressif est central, toujours présent et quasi “organisateur” de leur fonctionnement psychique. Quels traits cliniques caractéristiques permettent de le distinguer de l’affect dépressif observable dans d’autres pathologies ?

A
  • la labilité : variations incessantes et fortes de la nature et de la qualité de l’affect
  • le dynamisme : absence d’inhibition psychique majeure et de ralentissement psychomoteur, absence de sentiments conscients de culpabilité ou de honte, mais présence d’affects forts comme la colère, la rage, le désespoir
  • la dysphorie de fond : sentiments d’ennui, de lassitude et surtout de vacuité
  • Incapacité à accéder seuls et spontanément à un travail de mentalisation et d’élaboration suffisant : en effet ces décharges ou éprouvés affectifs ne trouvent pas forcément leur origine dans une perte d’objet réel ou fantasmatique
42
Q

Chez les patients limites, l’Idéal du Moi joue un rôle particulier, lequel ?

A

Il est le moteur à la fois de la déception et de l’illusion narcissique.

-> La relation d’objet (anaclitique) de l’état-limite, perçue comme toujours décevante, est subordonnée à une déception intrapsychique originelle.

43
Q

Concernant la notion de guérison, la thérapie d’inspiration psychanalytique a pour ambition d’obtenir des progrès significatifs en distinguant bien quoi ?

A
  • buts de vie

- buts thérapeutiques

44
Q

Concernant les buts de vie la thérapie d’inspiration psychanalytique cherche à quoi ?

A
  • aguerrir plutôt qu’à guérir,
    en visant une réduction de la souffrance psychique
  • conduire le patient vers plus d’autonomie et d’optimiser sa relation avec la réalité
45
Q

Du côté des buts thérapeutiques, la psychothérapie psychanalytique se fixe 2 buts, lesquels ?

A
  • une reprise du processus de développement psychique
  • une mutation fondamentale qui dénoue et déjoue les enjeux d’une économie libidinale rigidifiée
  • > En restituant ainsi au Moi des ressources incarcérées dans les agrégats psychiques fixés,
  • > en amenant les mécanismes de défense à un niveau moins archaïque et à plus de flexibilité
  • > en favorisant la secondarisation des processus primaires prévalents
46
Q

Quelles sont les étapes d’un travail psychanalytique réussi d’un patient psychotique ou état-limite selon H. Searles ?

A
  1. La phase hors contact d’attente patiente
  2. La phase de symbiose ambivalente
  3. La phase de symbiose pleine
  4. La phase de résolution de la psychose de transfert
  5. La phase d’analyse de la névrose de transfert
47
Q

Bion distingue 3 étapes dans l’élaboration psychique issue du travail psychanalytique avec un patient psychotique ou état-limite, lesquelles ?

A
  1. L’étape de la contention
  2. L’étape de la collaboration
  3. L’étape de la restitution
48
Q

Qu’est-ce que l’ordalie ?

A

une épreuve unique, sans appel, le jugement de Dieu

49
Q

Qu’est-ce qu’une conduite ordalique ?

A

Un comportement répétitif de l’acte de s’hypothéquer

50
Q

Qu’est-ce que le fantasme ordalique ?

A

la production d’un travail psychique, d’une élaboration, qui protège le sujet d’une plongée dans la compulsion de répétition et l’enchaînement des conduites ordaliques

51
Q

Quelles sont les principales différences entre les conversions somatiques des névroses et celles présentées par les sujets limites ?

A
  • Les phénomènes de conversion surviennent et ressurgissent essentiellement à la faveur de frustrations et n’ont que peu de pouvoir de minoration de l’angoisse, angoisse qui puise ses sources dans un conflit entre l’Idéal du Moi et le ça (via le Moi) et la réalité
  • Alors que dans les conversions “purement” névrotiques, le bénéfice primaire des symptômes est la minoration voire l’annulation de l’angoisse générée par le conflit, désirs/interdits, d’où la “belle indifférence” que l’on constate chez le sujet à l’égard de son trouble.
  • Les conversions limites se spécifient par leur caractère manipulatoire dans une dimension beaucoup plus agressive qu’érotique donnant donc aux soignants des sentiments de fausseté, de mensonge et de tromperie qui favorisent des contre-attitudes du type rejet ou mise à distance, là où les conversions somatiques produites par des sujets hystériques dans une économie de séduction mobilisent plutôt des envies de réparation.
52
Q

Quelles sont les spécificités de la dépression essentielle du sujet limite qui permettent de la distinguer du syndrome dépressif “classique” ?

A
  • sa permanence : elle ne se déclenche pas mais se réactive sur une perte d’objet repérable
  • sa labilité : elle est marquée par l’absence d’inhibition psychique majeure et de ralentissement psychomoteur
  • l’absence de sentiments de culpabilité ou de honte auxquels se substitue la déception et la présence d’affects comme la colère, la rage ou le désespoir
  • la dysphorie de fond : ce mouvement dépressif s’accompagne de sentiments d’ennui, de lassitude et surtout de vacuité bien davantage que de tristesse
  • son lien singulier et circulaire avec une relation d’objet de type anaclitique, une angoisse d’abandon, la pression de l’idéal du moi et les problématiques de la déception et de l’illusion
53
Q

Définition synthétique de la dépression essentielle du sujet limite ?

A

La dépression du sujet état-limite est centrale. Elle ne se déclenche pas, mais se réactive sur une perte d’objet repérable et ne s’élabore jamais spontanément.

54
Q

pathognomonique =

A

caractéristique et exclusif à une maladie

Le tableau symptomatique présenté par les patients “limites” est marqué par l’extrême polymorphisme des manifestations. Aucun de ces éléments ne s’avère pathognomonique.