Cours d'Henri Sztulman : Les états-limites Flashcards
Entre les deux lignées, névrotique et psychotique, l’organisation état-limite est marquée au plan génétique par une évolution œdipienne anormale en raison d’un traumatisme psychique précoce, qui est désorganisateur de la psyché. Quelles en sont les grandes étapes ?
- traumatisme vécu comme frustrations et menaces narcissiques
- la triangulation oedipienne ne se fait pas, à sa place s’instaure une triade narcissique
- par la suite, pseudo-latence durable : le tronc commun aménagé
- cet aménagement peut toutefois être remis en question et décompenser à la suite d’un traumatisme désorganisateur tardif qui donnera alors lieu à
- régression du Moi avec souvent des éléments de dépersonnalisation
- divers aménagements peuvent succéder dans la phase post-traumatique, caractériels ou pervers
Au point de vue structural, l’état-limite est marqué par quoi ?
conflit : entre le Moi et l’Idéal du Moi. L’affect dépressif est central et est en relation avec les besoins anaclitiques d’étayage narcissique.
Principaux mécanismes de défense : dans la classe des évitements du conflit psychique, comme le clivage de l’objet perçu qui donne lieu à cette ambivalence caractéristique entre amour et haine, entre idéalisation et dévalorisation de l’objet, la projection et l’identification projective, un déni portant sur certains contenus de pensée pouvant porter atteinte au narcissisme
Quel enchainement s’auto-entretient chez les sujets état-limite ?
déception-dépression-illusion
Les mécanismes d’illusion destinés à lutter contre la dépression essentielle, génèrent à leur tour une déception intrapsychique qui alimente la dépression
Qu’est-ce qu’un paradoxe ?
La liaison dans un même énoncé de deux propositions inconciliables
Qu’est-ce que la paradoxalité ?
L’organisation de la vie psychique sur un mode paradoxal
Définition plus approfondie de paradoxe
C’est une contradiction à laquelle aboutit, dans certains cas, le raisonnement abstrait.
Le paradoxe représente la liaison dans un même énoncé de 2 propositions inconciliables, mais non obligatoirement opposables.
Le paradoxe est bâti sur une relation d’exclusion (A et non A, un terme et sa négation, coexistent), alors que le conflit naît d’une relation d’opposition (A est vrai et A n’est pas vrai)
On rencontre des paradoxes :
- logico-mathématiques (confusion de niveaux ou de types logiques)
- sémantiques (confusions sémantiques entre les mots)
- pragmatiques (distorsions relationnelles de type double contrainte)
Quelle est la fonction de la paradoxalité ?
A l’inverse du conflit psychique, la fonction de la paradoxalité est d’essayer d’éviter le conflit (interpersonnel, intrapsychique ou intrasystémique)
La paradoxalité représente la défense la plus radicale et la plus efficace pour lutter contre l’ambivalence, mais son risque ultime est la dissociation psychique.
Quelle est la fonction du conflit psychique ?
La fonction du conflit psychique est de tenter de lier les termes en opposition (les mécanismes de défense névrotiques luttent sans répit pour résoudre les conflits, dans le cadre des processus secondaires et de leurs dysfonctionnements)
Quels sont les effets de la paradoxalité ?
La paradoxalité parvient à la fois à tromper les processus secondaires (l’illusion paradoxale) et à stupéfier (méduser) les processus primaires, en réalisant un défi extrême et insoutenable pour le narcissisme du sujet.
Chez les sujets psychotiques, la paradoxalité est (3) :
- généralisée
- érotisée
- essentielle (elle porte sur l’existence même du sujet, du Moi : le sujet, l’objet de la relation ne peuvent exister qu’à la condition de ne point exister psychiquement)
Quelle est la conception actuelle concernant les théories de Freud sur les psychoses et les névroses ?
La conception actuelle est celle d’un continuum entre les structures et les organisations, partant de la névrose à l’état-limite, de ce dernier à la psychose et enfin aux perversions.
Une telle conception implique de distinguer, pour chaque structure ou organisation, un état “compensé” (sans manifestation symptomatique mais avec un type particulier de fonctionnement mental : type de relation d’objet, nature de l’angoisse, choix des mécanismes de défense prépondérants, modalité du conflit intrapsychique, niveau des points de fixation-régression du Moi) et un état “décompensé”, dans lequel la sémiologie est clairement observable.
Quelle est la définition en psychanalyse de la névrose ?
La névrose est une “affection psychogène où les symptômes sont l’expression symbolique d’un conflit psychique trouvant ses racines dans l’histoire infantile du sujet et constituant des compromis entre le désir et la défense”.
Ces conflits infantiles sont essentiellement des conflits sexuels.
L’économie de fonctionnement de la névrose est placée sous le primat du principe de réalité et de la prévalence des processus secondaires.
Quelle est la définition de la psychose en psychanalyse ?
La psychose est une “perturbation primaire de la relation libidinale à la réalité, la plupart des symptômes manifestes étant des tentatives secondaires de restauration du lien objectal”.
Les troubles psychotiques sont sous le primat du principe de plaisir et des processus primaires.
En psychiatrie, on dit que le psychotique a perdu le contact avec la réalité, quel est le point de vue de la psychanalyse ?
La question du statut de la réalité est posée : qu’est-ce que la réalité ?
La psychanalyse propose une réponse, en prenant appui sur la clinique groupale et familiale selon 3 différenciations et une donnée existentielle :
- la différenciation de sexe (ou de genre)
- la différenciation de génération
- la différenciation d’identité
- la donnée existentielle
Dans la vision psychanalytique, qu’est-ce que la différenciation de génération ?
Chacun appartient à sa propre génération selon sa naissance, les grands-parents, les parents, les enfants etc
Dans l’indifférenciation générationnelle, un enfant est “parentifié” et il accède précocement à des secrets d’adultes; il peut aussi remplir une fonction parentale de soutien de la dépression d’un de ses parents; les relations incestueuses ou incestuelles dans une famille
Qu’est-ce que l’incestuel ?
Selon Racamier, l’incestuel se distingue de l’incestueux où des actes sexuels sans équivoque sont perpétrés, par un ensemble d’attitudes et de comportements qui mettent à mal la barrière des générations (un parent qui révèle sa vie sexuelle à son enfant et en fait son confident, la possibilité pour un enfant de dormir avec l’un de ses parents, une érotisation excessive du contexte familial etc)
Selon la psychanalyse, qu’est-ce que la différenciation d’identité ?
Chacun est un être autonome corporellement et psychiquement
Dans l’indifférenciation d’identité, une mère ne se sent pas séparée corporellement et/ou psychiquement de son enfant; une famille dont tous les membres se considèrent comme équivalents et interchangeables
Dans le point du vue psychanalytique, qu’est-ce que la donnée existentielle ?
Elle est double, liée aux 3 états de différenciation ou d’indifférenciation (de sexe, de génération, d’identité) et concerne notre origine, être né d’une femme et notre fin, être mortel
Quelle est la question au coeur de la problématique limite ?
La question du statut psychique de la “réalité”
au sens où si le fameux “contact avec la réalité” doit être considéré comme patent chez le névrosé “idéal” et comme “absent chez le psychotique “idéal, la clinique montre que ce contact avec la réalité n’a jamais un caractère aussi tranché et définitif.
Normalement, le monde extérieur exerce sa domination sur le Moi de deux manières : par les perceptions actuelles et par le capital mnésique des perception antérieures. Que se passe-t-il dans la psychose ?
- les perceptions actuelles sont refusées, elles font l’objet d’un déni (retrait d’existence)
- les perceptions antérieures se voient refusées leurs significations, elles font l’objet d’une forclusion (retrait de signification)
Dans la psychose, les perceptions actuelles sont refusées et les perceptions antérieures se voient refusées leurs signification.
De ces mécanismes au fondement de la psychose résultent 2 conséquences psychopathologiques, lesquelles ?
1) La rupture entre le Moi et la réalité
2) La création d’une “néoréalité”, c’est à dire d’un nouveau monde, à la fois interne et externe, résultat du déni de la réalité elle-même et bâtie selon les désirs du ça.